Le catalanisme : arnaque électorale ou renaissance d’un nationalisme ?

Le catalanisme : arnaque électorale ou renaissance d’un nationalisme ?

Le Catalanisme apparaît aujourd’hui comme la forme ultime de la lutte jeune et dynamique contre « l’oppresseur. »
A se demander d’ailleurs si l’on pourra un jour concevoir de nouveau une aspiration indépendantiste crédible dans une région pauvre (exception faite de la terre repue de colline et de ruisseaux au nord du mur d’Hadrien).
Ce qui apparaît aujourd’hui être une mauvaise idée pour une courte majorité de catalans serait unanimement qualifié de catastrophe par les habitants du pays basque.

Ce qui est clair c’est que l’indépendance constitue un filon électoral très rentable. L’indépendantisme, c’est vendeur, ça fait vibrer la fibre patriotique, ça fédère l’électorat autour de son chef « légitime », défenseur de la cause catalane, contre un ennemi commun, en l’occurrence Madrid.

Quand les dirigeants de l’Espagne font l’autruche

Il faut dire que le gouvernement madrilène fait depuis de nombreuse années un effort régulier et constant pour passer pour le méchant dans l’histoire.
En deux ans, les institutions représentatives du pouvoir central espagnol ont retoqué 17 fois le projet de référendum sur l’indépendance catalane. Leur obstination imbécile fut le meilleur argument des partisans de Puidgemont. Comment ont-ils pu croire avec tant de conviction que c’est en secouant la tête une dix-sept fois de suite en deux ans que le problème catalaniste se réglerait ? Comment croire qu’à une foule compacte, criant d’une seule voix leur volonté de ne plus être espagnols, on peut opposer l’enjeu de la conformité à la constitution… espagnole.
Il était évident que l’attitude de Madrid ne pouvait mener qu’à l’impasse. Par là même d’aucun peut cautionner la démarche des indépendantistes qui consiste, devant cette attitude de déni, à se passer de l’opinion de Rajoy et de l’Espagne.

Mais l’indépendance a ceci de pratique qu’elle occupe l’électeur. Elle permet de ne laisser aucun blanc sur l’agenda politique. Celui de la Catalogne aurait pourtant de quoi être remplie à raz-bord.
Se focaliser sur l’attitude stupide du gouvernement espagnol, c’est occulter le fait que les indépendantistes ont gouverné la région depuis le retour de la démocratie en Espagne, soit 30 ans presque ininterrompu de règne sans partage.

Pour une Catalogne à 3%

Jordi Puyol président de la Generalitat de Catalogne, a dirigé la région depuis la transition démocratique. Démocrate-chrétien, indépendantiste, bon père de famille, le bonhomme est impliqué dans des affaires de corruption, accusé d’avoir détourné près de 100 millions d’euros en totalité, via l’attribution de marchés publics à des sociétés catalanes. A titre de comparaison, les accusations formulées à l’encontre de Patrick Balkany ne font état « que » de quelques millions d’euros d’enrichissement personnel

Le parti Convergencia y Unio (dont Puidgemoment est issu) n’en est pas à son coup d’essai, en ce qui concerne les détournements et les abus de biens sociaux. L’affaire des 3% en est la meilleure illustration. Cette affaire constitue certainement le scandale politco-financier ayant eu les répercussions les plus lourdes sur le parti indépendantiste. 3%, comme le pourcentage que prenait les responsables de la Generalitat en commissions sur l’attribution de chaque marché public pendant près de 20 ans.

Pourtant force est de constater que les indépendantistes et les socialistes (au pouvoir pendant 7 ans durant les années 2000) firent régner jusqu’alors la plus grande omerta sur ces commissions dans toutes les instituions. On n’a pas compté plus d’un député régional pour sortir du silence.

La tentation est forte, dans ces conditions, de faire converger les mouvements catalanistes et fillonistes. Se poser comme un chef d’état en puissance, ça a autrement plus de tête lors d’une négociation avec des politiciens madrilènes ou des juges. Les référundums illégaux ou non détourne l’électeurs des affaires de corruption, et force la main d’un pouvoir judiciaire ennuyeux. Un remède efficace contre l’obligation de rendre l’argent !

Catalanisme, régionalisme particularisme et nationalisme

Le catalanisme peut-il pour autant se résumer à une simple escroquerie électorale ? Peut-on vraiment passer outre l’aspiration, non d’une majorité de citoyens comme on veut bien nous le faire avaler, mais d’une tranche non négligeable de la population ? Question rhétorique, bien évidemment.

Comprendre le mouvement indépendantiste catalan est devenu plus compliqué, au sens où il est aujourd’hui à cheval entre deux paradigmes. D’un particularisme régional, le catalanisme s’est fait nationalisme.
Avant de se demander quel crédit donner aux mouvements régionalistes comme le catalanisme il convient de s’accorder sur une définition du régionalisme.
Un courant politique qualifié de régionaliste a cette particularité qu’il considère que le pouvoir politique doit être donné aux régions.
Le particularisme régional est une forme de régionalisme à la nuance près qu’il considère que sa région plus que n’importe quelle autre est spéciale et que cette spécificité doit légitimement lui conférer une autonomie politique vis-à-vis du pouvoir central

En quoi peut-on le distinguer du nationalisme et surtout à quel moment un régionalisme devient nationalisme ? En somme la frontière aujourd’hui tient surtout de l’avis de l’opinion publique.

L’assistanat, « cancer de notre société » ?

L’assistanat, « cancer de notre société » ?

Lorsque l’on parle d’allocations sociales en France, il demeure encore dans de nombreux esprits que les bénéficiaires sont des profiteurs et des gens qui vivent au crochet de l’Etat, qui les assiste. Les mentalités évoluent et cette vision est bien moins présente qu’il y a quelques années, et la preuve la plus flagrante est la vision du chômage : là où, dans les années 70, un chômeur était un fainéant refusant de travailler, il est de plus en plus de nos jours une victime de l’infernal marché du travail. Mais ce changement n’est pas encore opéré dans tous les esprits, et il n’y a pas de fumée sans feu. Se pourrait-il que la société française soit effectivement une société d’assistés ?

Une société qui semble assistée sur le plan des aides sociales

Pour se mettre dans le bain, voici les paroles prononcées par Laurent Wauquiez sur l’assistanat, qui illustre bien la pensée de nombreux Français.

La métaphore de l’assistanat comme « cancer de notre société » est d’ailleurs signée de lui et date de 2011. On pourrait croire que cela relève d’une vision politique et sociétale marginale, ou du moins peu répandue. Et pourtant, en 2013, une enquête du JDD montre que 8 Français sur 10 trouvent qu’il y a trop d’assistanat et que les gens profitent trop des aides sociales. Et on ne peut pas les blâmer pour cela, c’est la vision la plus logique. Prenons l’exemple de l’allocation chômage : même si l’on ne va pas travailler, on touche une aide de l’Etat. Dès lors, si l’on ne prend en compte que l’aspect pécuniaire du travail, pourquoi aller faire les 3-8 chez Michelin si l’on peut rester tranquillement chez soi ?

Là où le raisonnement est également compréhensible, c’est quand on regarde la part des aides sociales dans le revenu des ménages Français depuis 1970 : elles représentaient 20% en 1970, 30% en 2000 et 35% en 2010.
Pour ne rien arranger, La France a un des régimes les plus favorables d’Europe : les indemnités chômage représentent environ 67% du dernier salaire. De plus, il suffit de travailler 4 mois pour y avoir droit. La durée de couverture est aussi la plus élevée d’Europe avec en moyenne 2 ans pour l’hexagone contre par exemple 6 mois en Allemagne ou 8 mois en Italie.

La pochette pour les cotisations sociales représente tout de même 23 milliards d’euros dans un Etat où l’on cherche à réduire les dépenses au maximum. Si l’on rajoute à cela un fond de xénophobie en se disant que les étrangers qui viennent en France pour profiter de ces aides généreuses comme on entend très souvent, on aboutit à une situation d’exaspération totale. Et c’est précisément ce qui gêne les Français : ils ont l’impression de travailler dur et de payer beaucoup d’impôts pour des Français ou immigrés fainéants qui en profitent.

Une réalité qui est en réalité bien différente

Pour autant, il apparaît nécessaire d’aller à l’encontre des idées reçues et des chiffres qui occultent une part importante de la société.
Déjà, pour reprendre l’exemple du RSA, il est certes élevé face à celui d’autres pays, mais il reste tout de même largement insuffisant pour vivre, puisque la valeur socle est à 524€. Il représente presque la moitié du seuil de pauvreté, qui s’élève lui à 1008€ pour un seuil à 60% du revenu médian. Pour prendre une situation plus parlante, prenons la situation d’un couple avec deux enfants chacun. Le premier, nommé le couple Sarkosi, est au chômage et touche entre autres le RSA. Le second couple, nommé le couple Fyllon, compte un travailleur au SMIC et un chômeur. L’image parle d’elle-même.

 

Par contre, un ménage comportant une personne seule sans enfant peut arriver à toucher sensiblement la même chose avec le SMIC ou le RSA et avec toutes les aides disponibles, mais cela représente seulement 5% des ménages.
Concernant la fraude aux allocations, c’est-à-dire les personnes qui touchent des allocations auxquelles ils n’ont pas droit, elle représente entre 1% et 5% des personnes selon les sources. La fraude totale s’élève aux alentours de 350 millions d’euros, là où, à simple titre comparatif, la fraude aux cotisations salariales s’élève à 25 milliards d’euros.

Mais le fait le plus marquant est peut-être le nombre de personnes renonçant à leurs droits alors qu’ils y ont droit : ils représentent entre 50% et 70% selon les aides. Plusieurs raisons à cela : la première est le manque d’informations. En effet, certaines personnes ne savent tout simplement pas qu’elles ont le droit à certaines aides. Vient ensuite le refus de la stigmatisation : ces aides sont principalement réservées aux personnes les plus démunies, et demander ces aides revient à accepter et affirmer à la société que l’on est pauvre, ce qui est peu valorisant. Il faut aussi mentionner la difficulté à se sortir indemne du calvaire de l’administration française… On aboutit à un total des allocations non demandées dépassant les 10 milliards d’euros.

Il faut donc dépasser les idées reçues concernant les aides sociales. Mais ces aides ne sont pas le seul assistanat concernant la société française.

Une mentalité assistée ?

Tout d’abord, ce genre de réflexions d’exaspération est en partie dû à une spécificité de la mentalité française, qui est de jalouser celui qui a plus que soi et de le critiquer, invoquant l’injustice et l’équité à tout va. Mais plus généralement, c’est la mentalité française que l’on peut qualifier d’assistée. En effet, imaginez un instant qu’une catastrophe naturelle et que tout système d’électricité, d’eau courante, d’égouts, de routes, soit détruit. Evidemment, tous les Hommes ne mourraient pas, mais il y aurait certainement des pertes importantes dues au manque d’adaptation. L’Homme, au fil des siècles et des évolutions technologiques, a appris à s’accommoder à ces derniers et à ne plus pouvoir s’en passer, et ce dans la majorité des cultures, mais plus encore dans la culture occidentale. En ce sens, elle est devenue assistée du système plus ou moins institutionnalisé par l’Etat. Elle ne lutte plus pour sa survie, ce qui l’obligeait à se débrouiller et à innover en permanence pour survivre. Mais on ne peut pas la blâmer pour cela : qui échangerait sa situation actuelle contre une situation préhistorique ?

Cette mentalité d’assisté concerne plus particulièrement une certaine tranche d’âge de la population : les enfants et les jeunes. Bien sûr, il y a ici encore de nombreuses exceptions, dont beaucoup d’entre vous se revendiqueront peut-être (et à juste titre) ! Mais de manière générale, il faut reconnaître à la jeunesse française actuelle une mentalité débrouillarde moins prononcée qu’il y a quelques décennies. Ceci est en partie dû, à mon sens, a une société de l’instantanéité, de l’opulence et de manière plus profonde, de la standardisation. L’instantanéité d’abord, parce que ces jeunes ont toujours connu internet et les nouvelles technologies. L’opulence, car cette génération, même si elle a grandi avec les crises, connaît une abondance matérielle jamais vue auparavant. En combinant ces deux éléments, on obtient une catégorie qui, en moyenne, a presque tout ce qu’elle désire et de manière quasi instantanée. Elle a perdu le goût de l’effort et du travail pour arriver à ses fins. Si l’on rajoute la standardisation, cette catégorie devient une jeunesse se conformant aux normes, incitées à rester dans leur case et à suivre les tendances, à se plaire dans sa zone de confort, certes désireuse de se différencier mais désireuse plus encore d’appartenir au groupe.

Ce phénomène est encore accentué par une évolution des rapports parents-enfants puisque depuis quelques années, on assiste à un renversement de la hiérarchie parentale : de plus en plus d’enfants dictent leurs règles à leurs parents. Ces derniers, voulant absolument rendre leurs enfants heureux, se laissent dépasser. Encore un endroit où les enfants et les jeunes n’ont aucune difficulté à obtenir ce qu’ils veulent ! Mais il faut nuancer cette observation. En effet, depuis quelques années, on assiste à une évolution des mœurs des jeunes. Certes, ils restent un groupe de l’instantanéité, et le deviennent de plus en plus, mais l’opulence et la standardisation dans une moindre mesure semblent se réduire, notamment avec la crise et l’évolution des mœurs. La rudesse extrême de l’actuel marché du travail est également intégrée beaucoup plus tôt par les jeunes, qui intègrent donc très tôt qu’ils doivent se battre pour gagner leur place.

Conclusion

On pourrait donc croire que la société française est assistée sur le plan des aides sociales, et que l’on paye des fainéants ne voulant pas travailler. Cette opinion est largement répandue, et les chiffres laissant penser cela sont réels. Cependant, si l’on creuse un peu plus, on se rend compte que cette opinion est fausse, ou au moins disproportionnée : les profiteurs sont bien présents et le seront toujours, mais ils ne représentent qu’au maximum 5% des ayant droits. Mais ce ne sont que des chiffres, et on ne pourra jamais réellement connaître les motivations de chacun. Cependant, une partie plus ou moins importante de la population française présente des traits d’assistanat dans la mentalité, notamment les jeunes, même s’il faut nuancer.

Mais pour prolonger la réflexion, il apparaît aussi intéressant de se demander si la notion d’assistanat est inhérente à l’être humain ou seulement à la société capitaliste ou occidentale.

Les élections présidentielles libanaises entre espoir et blocages persistants.

Les élections présidentielles libanaises entre espoir et blocages persistants.

Le Premier ministre Saad Hariri déposant son bulletin dans l’urne, le 8 mai à Beyrouth. (rfi.fr)
 
Entre les élections américaines et les futures élections françaises, s’il y a une élection dont pas grand monde n’a dû entendre parler, c’est bien l’élection d’un nouveau président au Liban. Elle intervient pourtant dans un contexte de crise politique sans précédent marqué par l’absence de Président de la République en fonction depuis deux ans et demi. Retour sur 30 mois de crise politique, entre espoirs et blocages persistants à l’issue de laquelle Michel Aoun est élu Président de la République.
 
Mais pour commencer, comment fonctionne le système politique au Liban ? Les députés siégeant au Parlement sont élus par la population et c’est cette même Chambre des députés qui élit le Président de la République… d’où l’absence de Président en fonction, depuis la fin du mandat de Michel Sleimane le 25 mai 2014. Pas une fois le seuil de 86 députés sur 128 (nécessaire au vote) n’a été atteinte notamment en raison de l’absence volontaire d’un tiers des députés. Les fonctions institutionnelles sont réparties selon les différentes communautés au Liban. On retrouve ainsi un chrétien maronite à la tête de la Présidence de la République, un musulman sunnite à la tête du conseil des ministres (Premier ministre) et un musulman chiite en tant que Président de la Chambre des députés… Autant dire que cette répartition pourtant nécessaire peut parfois être source de conflit.

Un Liban divisé autour de l’axe sunnite / chiite

Derrière cette paralysie institutionnelle, on retrouve une opposition entre le clan « anti-syrien » qui réunit les maronites des Forces Libanaises (FL), ceux des Phalanges chrétiennes ainsi que les sunnites du Courant du Futur de Saad Hariri. Ce clan soutient successivement les candidats Samir Geagea et Sleiman Frangié sans grand succès.
De l’autre côté, le clan dit du « 8 Mars » regroupe le Courant patriotique libre – fondé par l’ancien général de 82 ans, Michel Aoun – et le Hezbollah chiite du controversé Hassan Nasrallah qui considère par ailleurs que le seul candidat à pouvoir être élu n’est autre que M.Aoun.
En réalité, cette opposition n’est que le reflet d’une « guerre froide » de pouvoir et d’influence entre l’Arabie Saoudite sunnite et l’Iran chiite.

Un dénouement qui laisse place à de l’espoir

C’est le 20 octobre dernier que la situation finie par se dénouer enfin, après l’annonce du soutien de Saad Hariri à la candidature de Michel Aoun. Un soutien inopiné, plus une entente sur la forme pour un Hariri lâché par l’Arabie Saoudite qui ne fait plus du Liban une priorité. Il sait également qu’un soutien à Aoun est le seul moyen d’accéder à nouveau à la tête du conseil des ministres, poste qu’il avait déjà occupé entre 2009 et 2011. Le député du Courant du Futur Nabil de Freige confirme la tendance : « Il ne s’agit pas d’une adhésion de notre parti aux valeurs et à la personne de Michel Aoun mais d’un nécessaire soutien à notre démocratie en état de déliquescence ». Le 31 octobre, Michel Aoun est élu à la présidence de la République du Liban. Saad Hariri devient son Premier ministre.
La crise politique, longue de 30 mois aura fragilisé le pays notamment l’économie, touchée par l’accueil d’1,5 millions de réfugiés syriens. Cette élection laisse place à beaucoup d’espoir, l’espoir de relancer le pays, relancer ses institutions, son économie… finalement relancer son système et de vaincre la corruption qui le gangrène, pour ce pays classé parmi les 50 pays les plus corrompus, permettons-nous de rêver un peu.

« Dans les faits, ces élections pourraient ne rien changer … »

L’un des gages principaux du soutien d’Hariri à la candidature de M. Aoun résidait dans la prise de distance avec la crise syrienne, chose que le Président fraîchement élu a accepté. Ceci entre en contradiction avec les agissements du principal allié du Président Aoun, le Hezbollah qui « compte bien se battre aux côtés de Bachar Al-Assad jusqu’à la victoire finale ».
La formation d’un gouvernement, censé être paritaire entre musulmans et chrétiens, risque d’être plus compliquée qu’il n’y paraissait. Les divergences politiques restant fortes, Saad Hariri risque de s’y reprendre maintes et maintes fois avant de parvenir à la formation d’un gouvernement, s’il y parvient un jour…
« On va potentiellement passer d’un pays sans président mais avec un gouvernement, à un pays sans gouvernement mais avec un président, ce qui serait tout aussi grave ! » s’alarme Nabil de Freige. Alain Aoun, député du Courant Patriotique Libre, quant à lui nuance : « Certains partis ne soutiennent pas le consensus opéré avec le clan Hariri, mais le temps nécessaire sera donné aux négociations et, au moment venu, Michel Aoun saura trancher »
Retour (ou presque) à la case départ donc, pour un Liban entravé par son système confessionnel pourtant nécessaire à sa survie… wait & see.
Le vote : quels patchs correctifs ?

Le vote : quels patchs correctifs ?




Insatisfaction croissante des électeurs, abstention toujours plus élevée, élus toujours plus coupés de la réalité de ceux qui les portent au pouvoir : la démocratie est bel et bien le pire des systèmes… à l’exception de tous les autres. Nombre des défauts imputés aux régimes démocratiques sont en fait dus aux modes de scrutin. Alors quels pistes pour améliorer le vote ?

(suite…)

Donald Trump élu Président des Etats-Unis : Charlie téléphone maison.

Donald Trump élu Président des Etats-Unis : Charlie téléphone maison.

Si la candidate de Wall Street, de l’Establishment politique, économique, militaire et médiatique a été défaite, alors à qui appartient la victoire de Donald Trump ? Au peuple américain.

 

« Il est désormais temps de fermer les blessures de la division et de nous réunir en un seul peuple (…) il est temps pour nous de nous rassembler en un peuple uni » Donald Trump, première prise de parole après son élection.

Peuple : masse informe aux mains rêches et calleuses, aux faciès putrides et aux gueules béantes. Agrégat souffreteux dont aimeraient fort bien se débarrasser nos tenants du grand capital et leurs savants montages transnationaux. Gageons qu’au paradis Bukowski doit exulter, la choppe à la main et la cibiche au bec : Le capitaine est parti -comprenez Obama- et les marins se sont emparés du bateau. Prolétaires WASP errants, rebuts de la mondialisation,tous Average Joes ventripotents terrassés par une mondialisation dont ils ne veulent plus, réduits à n’être plus « qu’un pas grand chose » dans une Amérique aux allures de contes de la folie ordinaire.

Trump, l’homme que vous haïriez aimer. Grandiloquent, outrancier, incontrôlable -et c’est plutôt rassurant, dans une Amérique minée par l’influence toujours grandissante des néo-conservateurs-, son élection est un authentique crachat aux visages affadis des satyres de l’idéologie dominante, qui n’ont eu cesse de prêcher le mépris des humbles et des nécessiteux, tous petites gens, qui, il est de bon ton de le rappeler à ceux dont la conscience sociale se résume aux applications de rencontre, assure la production de richesse et de valeur.
Victoire qui sonne comme la revanche de ce brelan d’excommuniés, dont Michael Moore s’était fait fut un temps le porte-parole, avant de céder aux sirènes impériales (cf son retournement de veste aberrant et soutien de dernière minute à la candidate Clinton).

D’un candidat l’autre. Risible ballet médiatique et déclarations creuses qui sonnèrent comme autant d’épitaphes d’un establishment exsangue, ployant sous le poids de ses propres compromissions. Pourtant, mégères, succubes et autres sorcières avaient urné- a défaut d’ovuler, puisque ces féministes raffinées considèrent la maternité comme une aliénation !- correctement, appelant à boycotter Donald « la bête immonde » Trump. Analystes malingres et béotiens condamnèrent d’une même voix l’homme d’affaires, un philosophe ayant pignon sur rue dans nos vertes contrées -BHL, pour ne pas le nommer- se fendant même d’un édito dans « Le Point » (reste à savoir ou il peut se le mettre désormais…) expliquant que la victoire de Trump était impossible ! Ultime prophétie d’un ordre médiatique qui n’a plus rien à nous offrir d’autre que son agonie.

Ce jour d’élection restera comme celui ou l’écho des soliloques des pauvres et des déshérités parvinrent enfin à l’establishment. L’éternel retour du concret.

 

Des oligarques de Wall Street aux cœurs déchirés par une douleur démocratique aiguë, des directeurs de rédaction de grands journaux en position latérale de sécurité, des cadres supérieurs dont le mépris de classe s’étale au grand jour de ce sombre hiver, des responsables d’associations LGBT qui lancent dès à présent des études comparatives entre les régimes nord-coréens et américains, des architectes du Chaos permanent, au Pentagone, qui se cachent sous les tables pour verser quelques larmes de crocodile.
Comment pardonner la bêtise des classes moyennes américaines, paupérisées par la mondialisation et son catéchisme libre-échangiste, (usées par le chantage moral qu’elles subissent au quotidien dans les médias de masse)? Le dressage anthropologique, éducatif, médiatique n’a pas eu raison du purulent patriotisme, de l’enracinement malodorant, des valeurs traditionnelles de ces couches frappées de maladies infectieuses qui rappellent indubitablement les heures les plus sombres de notre Histoire convoquées par des petits-bourgeois pantouflards convaincus de leur haute vacuité intellectuelle et morale.
Définitivement les américains doivent manquer d’intelligence et d’éducation pour préférer le « sexisme » à la promesse d’un conflit militaire mondial avec la Russie, pour préférer un programme national à un programme mondialiste, pour préférer un monde multipolaire à un monde terrorisé par la machine de guerre américaine.
Forts de ce constat, nous pensons qu’il est urgent de remettre en ordre un certain nombre de faits totalement occultés par ceux qui, dès ce matin, se sont noyés dans une suffisance et un esprit analytique à tout le moins indigent, quand il n’était pas totalement absent. Nous nous étonnons du fait que la collusion totale et le consensus éhonté entre les milieux médiatiques, politiques et financiers américains-européens ne soulève aucune question sur la valeur réelle et la signification de cette présentation binaire des candidats. N’y a t-il pas déjà un problème démocratique à ce qu’une seule et même opinion soit relayée dans nos aimables médias propagandistes ? Que pourrait démontrer une analyse objective dépourvue de quolibets ressassés jusqu’à satiété ? Il ne doit donc pas exister un débat démocratique, il y a un unique format de pensée acceptable, sorti de celui-ci, les idées sont rances et sentent le souffre dans la bouche de ceux qui éructent et prêtent allégeance au Mal.
Commençons par ordonner nos priorités intelligemment dans notre appréhension de cette élection. En premier lieu, il s’agit de dire qu’il n’y aura évidemment pas, au plan intérieur, de catastrophe. Il est évident que si Donald Trump a eu des déclarations hautement provocatrices ou déraisonnables, il jouera la carte du rassemblement. Il n’a pas d’autre choix politique. Ses premières déclarations vont exactement dans ce sens. Il n’y aura pas de « déportation » de musulmans, de latinos et autres minorités chère aux distributeurs automatiques de morale. Il n’y aura pas de code de l’indigénat, d’apartheid ou de ségrégation raciale mais des modifications des lois relatives à l’immigration, certainement, et cela n’a rien à voir avec des mesures tyranniques ou xénophobes. S’il est évidemment impératif que chaque américain, qu’importe ses déterminismes, puisse trouver sa place dans la société américaine, il paraît évident qu’un nombre grandissant d’américains se sent appartenir à l’arrière garde – quand même, M. Valls – de la démocratie américaine, parce qu’il n’a pas d’élément différenciateur à commercer.
Aussi, il convient d’analyser la sociologie de l’électorat de Trump pour comprendre cette élection. Au risque de paraître triviaux, l’électeur « blanc hétérosexuel des classes moyennes » et qui incarne les valeurs traditionnels des Etats-Unis – virilité, morale puritaine, méfiance vis-à-vis du libéralisme irréfréné – trouve refuge dans la ligne d’un Donald Trump ne faisant que peu de cas de la tendance à la politique sociétale des nouveaux droits – homosexuels, féministes, progressistes – qui sont incarnés par Hillary Clinton et sa ligne libérale-libertaire.
Cette élection sanctionne donc un changement de paradigme majeur que notre lectorat semble percevoir, sans toutefois s’en féliciter, ce qui est son plus strict droit. Il n’a échappé à personne que les propositions de fond de Donald Trump ont été occultées par des polémiques souvent directement orchestrées par le camp adverse et des médias complices. Il n’a échappé à personne qu’il est effarant de constater l’abysse entre le peuple et ses aspirations  et les élites mondialisées et progressistes.
L’élection de Donald Trump sanctionne en somme le haut niveau de corruption des dirigeants politiques américains, leur distance vis-à-vis des attentes populaires, ainsi qu’une fracture définitive entre le peuple américain dans sa sociologie courtement majoritaire – enracinement, attachement à la Nation, aux traditions – et des élites hors-sol qui ont totalement abandonné ces sujets au profit de préoccupations sociétales – et non sociales – telles que l’Environnement, la représentation des minorités, le féminisme etc. Le catéchisme social-démocrate libéral-libertaire, sans-frontièriste, ne fonctionne plus, malgré des moyens de propagande inégalés. C’est un choix de civilisation qui était proposé au peuple américain. Il y a répondu en décidant d’en changer.
Reste à ajouter que Trump s’est inscrit cette campagne durant dans la tradition viriliste républicaine, stratégie de communication qu’avait déjà employé Bush Junior, opposant à l’Amérique New-Yorkaise féminisée et décadente le mythe du cow-boy conquérant et solitaire, ou tout signe de raffinement de la pensée ou du langage est vu comme autant de preuves d’un manque de gonades. Osons affirmer que voter pour Trump a été vu par l’Average Joe-le mâle blanc américain de la classe moyenne- comme une délivrance face à un féminisme castrateur et à une mondialisation qui l’a appauvri et relégué au simple rang de chomeûrs ou de travailleur servile du tertiaire. Retrouvant ainsi une virilité – bien réelle mais également de substitution-, le mâle blanc moyen a donc en toute logique plébiscité Trump, qui incarne -qu’on le veuille ou non- une certaine virilité tapageuse et décomplexée,droit à la fierté sans apparat que les idéologues du progressisme lui ont ôté.
En second lieu, il s’agit de rappeler à notre lectorat – français, par essence – qu’il est crucial, au delà de la politique intérieure des Etats-Unis, de s’intéresser aux répercussions qu’aura cette élection sur l’état du monde en général et sur l’Europe et la France en particulier.
Ces répercussions seront probablement majeures. C’est bien là qu’il y a lieu de saluer le programme de politique étrangère de Donald Trump et de mesurer son écart avec les folies guerrières de son ex-concurrente.
L’urgence géopolitique consiste actuellement à renouer un dialogue constructif avec la Russie, sous peine d’un conflit majeur et direct à venir,d’aucuns parlaient d’un risque de troisième guerre mondiale non négligeable. Le président Trump est l’homme de la situation en la matière, il a promis d’entretenir des relations apaisées voire cordiales avec son homologue russe. En tant que la France est dans l’OTAN, elle aurait probablement eu à assumer d’entrer en conflit avec la Russie si les lobbys de Wall Street et du complexe militaro-industriel avaient pu placer Hillary Clinton à la tête des Etats-unis.
Une escalade militaire dans ce conflit aurait pu mener à une guerre d’ordre nucléaire, cela était anticipé par tous les Etats-majors des chancelleries occidentales.
Si Trump parvient à résister aux pressions du Pentagone, des agences de Renseignement et des lobbys les plus belliqueux, nous sommes garantis de sortir de cette phase de confrontation avec la Russie, puissance qui participe de la renaissance d’un monde multipolaire et équilibré, susceptible de décourager toutes les actions hégémoniques unilatérales qui ont eu cours depuis la chute de l’URSS.
Il est désormais possible que les conflits impliquant les Etats-Unis et la Russie trouvent des sorties de crise honorables, notamment en Syrie et en Ukraine.
Nous traitions des soutiens inquiétants d’Hillary Clinton dans un article précédent, intitulé « Hillary Clinton, la va-t-en guerre des néoconservateurs ». Nous rappelons que tous les amoureux de la guerre, du sang des peuples et de la domination sans partage des Etats-Unis sur le monde soutiennent Hillary Clinton. Nous estimons ainsi qu’il est hautement immoral de se trouver dans le camp de ceux qui ont pensé ces guerres meurtrières en Afghanistan, en Irak et partout ailleurs où ces stratèges ont tenté de façonner le Choc des Civilisations.
Fort de sa doctrine isolationniste, il s’interdira toute intervention militaire arbitraire. La doctrine de sa concurrente était exactement contraire à cette aspiration.
Il est donc un grave contresens de dire que confier l’arsenal militaire américain à Donald Trump est le plus grand danger que court le monde. Hillary Clinton était incontestablement la candidate de la guerre et de l’impérialisme de la machine de guerre américaine.
Il y a donc fort à parier que l’OTAN en tant que force agressive soit contrainte dans ses actions illégitimes par une volonté d’apaisement des relations internationales chère à Donald Trump. Cette analyse doit être faite et sue, qu’importe le jugement que l’on porte sur l’homme.
Cette dimension géopolitique, qui concerne la paix et la sécurité internationale ne saurait être subalterne dans l’esprit de nos lecteurs. Cette dimension détermine avant tout jugement moral, notre position réaliste au sujet de cette élection.
Il y a très fort à parier que cette élection aura des répercussions positives dans les relations internationales, en nous éloignant d’un potentiel conflit planétaire qui nous était promis par les chantres de Clinton. Il est probable que les échéances électorales en Europe seront influencées par ce résultat. Les partis politiques qui ne s’inscrivent pas dans l’ordre euro-atlantiste peuvent se frotter les mains, après le Brexit, ils disposent maintenant de la preuve irréfutable qu’un peuple, fut-il celui de la première puissance mondiale, n’est pas systématiquement malléable aux désirs oligarchiques.
La magie de la propagande politico-médiatique en faveur de la battue du jour a été d’entériner les devises orwelliennes qui semblent avoir tant de prise sur nos sociétés moribondes : « La guerre c’est la paix ; la liberté c’est l’esclavage ; l’ignorance c’est la force ».

 Mehdi Brochet.

Clinton, Trump… et les autres

Clinton, Trump… et les autres

Clinton, Trump, Trump, Clinton… A force de matraquage des grands médias américains en quête d’audience, on en oublierait presque que des centaines de candidats seront en lice pour l’élection présidentielle américaine le 8 novembre. Alors que le D-Day approche à grands pas, il est difficile d’imaginer qu’il existe d’autres candidats dans la course à la Maison Blanche tant les deux représentants des deux partis majeurs américains monopolisent l’attention. Rapide tour d’horizon des forces en présence.

Au milieu d’une campagne parasitée par les énormes appareils de campagne des partis républicains et démocrates, les « third parties » essaient de faire entendre leur voix, non sans difficultés. Vous ne les avez pas vus aux trois débats présidentiels, ils n’ont en effet pas atteint la barre des 15% dans les sondages requis par la sacro-sainte commission des débats présidentiels, évidemment contrôlée par les partis républicains et démocrates. Cette situation, désormais largement acceptée par la population américaine, ne surprend pas dans un pays où la frontière entre politique, économique et médiatique est toujours plus fine.
Historiquement, les candidats des petits partis américains ont rarement pesé dans l’élection présidentielle. Ils font généralement campagne sur un problème spécifique, qui trouve un écho plus ou moins fort après de l’opinion publique selon l’actualité et les inquiétudes du moment. Anti-maçonnique, abolitionnistes, prohibitionnistes, constitutionnalistes et plein d’autres courants tout aussi -istes y sont passés. Le candidat le plus fameux d’un troisième parti est sans aucun doute Théodore Roosevelt à l’élection de 1912 qui avait décidé de former le Parti progressiste après que la nomination du Parti républicain soit revenue à William Taft au terme d’une bataille aux allures de duel entre Fillon et Copé, un siècle avant… Le bureau oval était alors facilement revenu à Woodrow Wilson à la faveur d’un partage des voix entre Taft et Roosevelt. Plus récemment, Ross Perot avait emporté 18% des votes en 1992 au terme d’une campagne fondée sur la réduction de la dette publique. Enfin, on se souviendra de Ralph Nader qui avait sûrement privé Al Gore des quelques voix qui lui manquaient pour être élu face à George Bush en 2000, changeant peut-être ainsi le cours de l’Histoire…
Quid des deux « beautiful losers » de cette cuvée 2016 donc ? On retrouve tout d’abord Gary Johnson, candidat républicain jusqu’en 2012, qui s’est depuis tourné vers le parti libertarien, petit parti formé en 1971. Souvent caricaturé par les médias américains, ne possédant pas une armada de communiquants à la hauteur d’Hillary Clinton, il s’inscrit dans la droite lignée des républicains les plus libéraux, en héritier d’un Ron Paul. On retrouve donc chez lui un programme très axé sur les libertés individuelles, par opposition à l’omniprésence du gouvernement fédéral, avec notamment une baisse drastique de la fiscalité mais aussi des mesures bien plus progressistes que celles que l’on peut retrouver chez les républicains traditionnels telles que le mariage homosexuel, la légalisation du cannabis, le droit de boire de l’alcool à 18 ans au lieu de 21 actuellement ou encore le renforcement du droit à l’avortement. Avec parfois aussi quelques propositions qui retiennent l’attention, comme la suppression de la NSA, coupable de surveiller d’un peu trop près la population américaine. Gary Johnson a d’ailleurs largement soutenu Edward Snowden.
Mais s’il y a bien un point qui le distingue des programmes traditionnels des candidats à l’élection présidentielle, ce sont probablement ses idées en matière de politique extérieure. Non-interventionnisme sauf en cas d’agression sur le territoire américain, désengagement total au Moyen-Orient, collaboration avec la Russie et la Chine… autant d’aspects sur lesquels il va beaucoup plus loin que ses concurrents. Johnson promet également l’interdiction des frappes de drone sans autorisation de conflit armé. On ne peut pas reprocher à Johnson de ne pas aller au bout de ses idées et c’est probablement ce qui explique son regain de popularité.
Face à lui, on retrouve la candidate écologiste, Jill Stein. Elle présente un programme finalement assez proche de ce qu’on peut retrouver chez les partis écologistes français, avec une dimension anti-système plus présente, mais qui passerait pour presque fou dans un pays où l’hypothèse d’un changement climatique inventé par la Chine pour nuire à l’économie américaine convainc plus de 40% des électeurs. Elle est finalement reléguée à la gauche de Bernie Sanders sur l’échiquier politique, lui qui passait déjà pour un communiste aux yeux d’une frange de la population… Difficile dans ces conditions de trouver grâce aux yeux des électeurs.

Et pour les autres, encore moins médiatisés ? En apparence il semble facile d’être candidat à l’élection présidentielle américaine ce qui explique la participation d’une multitude de personnalités, des plus sérieuses aux plus excentriques. Quatre critères à remplir : être âgé de plus de 35 ans, être citoyen des États-Unis à la naissance, avoir résidé aux États-Unis pendant au moins 14 ans et ne pas être candidat à un troisième mandat.

Dans les faits, bien sûr, la multitude de candidats qui décide de se lancer ne jouit que d’une très faible exposition médiatique dans un pays où une campagne peut coûter jusqu’à 2 milliards de dollars. Autre problème majeur : les candidats n’ont pas tous le droit à être présent sur les bulletins de vote. Les états requièrent de la part des candidats un certain poids dans les sondages, des signatures de pétition voire même une certaine somme d’argent pour inclure leur nom aux côtés des candidats dits traditionnels. Les autres sont condamnés à rester des « write-in candidates », c’est-à-dire que les électeurs doivent écrire leur nom sur le bulletin de vote s’ils souhaitent leur donner leur voix. Autant dire que tout est fait pour protéger un bipartisme qui menace toujours plus la déjà fragile vie politique américaine.

Malgré ces facteurs défavorables, la vacuité idéologique de la campagne et la faiblesse des profils des deux candidats des partis historiques a permis à Gary Johnson et Jill Stein de se tailler une part modeste dans les sondages, à 6 et 2% respectivement. C’est là l’un des paradoxes de cette élection. Si la méfiance envers les politiciens, les bourdes de Trump et Clinton, Washington et les partis traditionnels n’a jamais été aussi grande, les autres candidatures peinent à réellement décoller. Il reste difficile pour eux d’exister dans l’espace médiatique, monopolisé par les frasques de Trump et les accointances avec la dynastie Clinton. Leurs partis n’ont a fortiori pas les ressources des machines de guerre démocrates et républicaines, dans une campagne où Hillary Clinton a déjà dépensé près de 300 millions de dollars contre un petit demi-million pour Gary Johnson. De quoi faire pâlir d’envie Bygmalion…
Bien conscients de ce combat à armes inégales, les électeurs favorisent depuis toujours le vote utile, persuadés que donner leur voix à un petit candidat ne ferait qu’éparpiller les votes sans réelle finalité. Ce phénomène est particulièrement présent lors de cette élection, où les médias n’ont cessé d’appeler à empêcher Trump d’accéder à la présidence. On retrouve ainsi la loi de Duverger qui affirmait déjà dans les années 1950 qu’un scrutin majoritaire uninominal à un tour favorise fortement un système bipartite. A l’heure actuelle, une alternative aux partis démocrates et républicains semble bien improbable. Toutefois, une chose est sûre, la médiocrité constante des candidats à l’élection présidentielle et de leurs campagnes commence fortement à lasser l’électorat américain.
Alexandre Welcklen