Mayotte, un défi d’Outre-mer

Mayotte, avec ses plages et ses cocotiers, est malheureusement de plus en plus boudée par les touristes. Passé par toutes les étapes administratives, le groupe d’iles situé dans l’archipel des Comores est devenu le dernier territoire d’Outre-mer a avoir acquis le statut de département français, grâce à un référendum local en 2009. Une aubaine à l’époque, qui soulève de nombreux problèmes aujourd’hui. La situation économique de Mayotte, en tant qu’ancienne partie des Comores, reste alarmante, même 11 ans après avoir été officiellement déclarée comme département français. Son PIB/hab de 11448$ en 2014 en fait la région la plus pauvre d’Europe. Le taux de chômage est relativement élevé du fait des nombreuses activités non-déclarées et de l’incapacité de l’administration française à y faire face. Pour couronner le tout, sa situation insulaire en fait un département dans lequel tout ou presque est importé, faisant grimper les prix à un niveau phénoménal. Cependant, la situation de pauvreté d’une grande partie des habitants de l’archipel s’explique surtout par sa structure sociale. En effet, Mayotte fait face à une crise migratoire que l’Etat français a bien du mal à enrayer : de nombreux comoriens, notamment des femmes enceintes, viennent illégalement sur le sol mahorais en espérant profiter du droit du sol grâce à leurs enfants. En 2019, 48% des résidents de Mayotte étaient étrangers, dont une immense majorité de Comoriens (environ 95%). Cette situation a conduit à un fort déséquilibre démographique : 1 mahorais sur 2 a moins de 17 ans, rappelle l’Insee. Parmi eux, on considère qu’il y a environ 5000 mineurs isolés, souvent des étrangers dont les parents ont été renvoyés dans leur pays d’origine.

Malgré cela, le solde migratoire de Mayotte reste négatif du fait des nombreux départs des jeunes mahorais pour la métropole. Les raisons sont multiples : la poursuite d’études, la recherche d’emploi, ou tout simplement le manque de reconnaissance. Nombreux sont les habitants qui déplorent une pénurie importante en termes de services publics, dans un archipel où les fonctionnaires restent rarement plus de 4 ans. Un turnover qui aggrave l’instabilité des services publics, notamment dans l’éducation et les forces de l’ordre, où les défis sont conséquents. Mayotte connait une recrudescence de la violence ces dernières années, notamment des affrontements entre jeunes, et les tensions entre mahorais et comoriens restent vives. Avec son statut de française parmi les Comores, Mayotte est donc « à la fois trop riche et trop pauvre » (RFI) et sa situation reste aujourd’hui problématique. En 2018, E. Macron a tenté une percée en 2018 avec une loi qui a fait polémique : Mayotte est à ce jour le seul département français dans lequel le droit du sol est limité. Un enfant né de parents étrangers ne sera considéré comme français seulement si ces derniers peuvent justifier d’un certain temps de présence à Mayotte avant la naissance de cet enfant. Un an et demi plus tard, le bilan semble mitigé : l’insuffisance des contrôles ne permet pas à la loi d’être appliquée correctement et les arrivées clandestines restent nombreuses. Malgré un cadre idyllique, le département ne parvient plus à attirer les métropolitains pour les vacances, qui lui préfèrent des régions moins incertaines. Reste à savoir si les tensions peuvent s’apaiser à quelques semaines des municipales, dans un département où le Rassemblement National est arrivé en tête aux européennes, en réponse aux défaillances des promesses du gouvernement.

Marie-Esther Duron

Les Municipales before de 2022 ?

Il est inutile de douter de cela, les municipales permettent d’éclairer la situation politique du pays à 2 ans de l’élection présidentielle. Les détracteurs diront qu’il s’agit d’une élection locale et que les résultats ne représenteront pas les tendances politiques… pas sûr. En effet, cette élection qui est certes locale revêt aussi un habit national. Tout d’abord il s’agira de mesurer les forces en présence, mais au-delà de cela, ce sera le test de survie de LREM ; s’inscrire localement ou connaître une dure défaite en province (mais aussi dans les grandes villes). Cette élection comporte de nombreux autres enjeux. 

Se rassurer pour l’avenir 

C’est l’idée principale pour LR et le PS. Après 3 années difficiles, un bon résultat aux élections municipales pour rappeler l’ancrage local peut redonner un peu d’air à ces parties. Qui plus est pour LR qui reste le premier parti au niveau local et qui a besoin de cet ancrage pour pouvoir assurer à nouveau le Sénat en 2021. 

Les deux partis devraient conserver leurs grandes villes clés : Bordeaux, Toulouse, Marseille pour LR. Lille, Nantes pour le PS. De quoi montrer que ces villes n’ont pas cédé face à LREM. La province est encore plus facilement acquise à ces partis historiques : rejet de Macron et LREM, ainsi qu’un fort attachement aux élus locaux. 

Du côté de Paris il y a là aussi un enjeu. Alors que Griveaux, soutenu par les médias, était annoncé maire-élu de Paris, la campagne s’est compliquée pour lui. La candidature dissidente de Villani et les petites phrases ont écorché sa campagne, à tel point que Rachida Dati, l’oubliée de Paris – l’exemple de l’édito de Ghislaine Ottenheimer dans le Challenges du 16-22 janvier 2020 qui parle du retournement de campagne pour Griveaux et où ni le nom, ni le parti, ni le score de la candidate ne sont mentionnés – pourrait créer la surprise au soir du 1er tour. Quoiqu’il en soit, la mairie de Paris ne sera certainement pas LREM. *Note post-rédaction: Nous apprenons d’ailleurs ce matin le retrait de Griveaux de la campagne.* 

EELV, confirmer 2019 ? 

L’an passé, le parti avait doublé LR aux élections européennes. Yannick Jadot avait promis un avenir national pour le parti. Il s’agit pour le parti de se montrer. Les sondages donnent de bons scores dans certaines villes pour EELV (certaines étant déjà vertes) : Grenoble, Strasbourg, Montpellier. Les Français sont de plus en plus nombreux à considérer les questions environnementales comme importantes. Cependant un potentiel succès en mars est à relativiser. Profitant de l’explosion des partis à gauche, EELV décroche de nombreuses alliances et listes communes de gauche pour ces élections. Une stratégie qui permet d’éviter à LREM, LR ou RN de gagner au 1er tour. A noter que certains sondages annoncent EELV en tête pour la mairie de Lyon. 

RN le déblocage local ? 

L’autre parti à suivre est le RN. Malgré les scores importants réalisés aux élections nationales, le parti n’a jamais confirmé localement. Ayant encore une certaine défiance par endroit et devant faire face au « front républicain » le parti ne comptait qu’une quinzaine de villes de plus de 9000 habitants. 

Cette année le parti compte faire beaucoup mieux. En plus de ces quelques bastions, le parti entend bien étendre son aire d’influence et il se retrouve ainsi en position de force dans quelques villes. Un sondage à Marseille donne le candidat RN à 1 point derrière la candidate LR. A Perpignan, le ténor Louis Aliot devance largement le candidat LR (26 contre 18). 

Le parti conservera la plupart des bastions déjà acquis, notamment la ville de Béziers, où Ménard l’avait emporté en 2014 marquant un des coups les plus suivis. En 2014 la presse demandait à voir les bilans; 6 ans plus tard le fondateur de reporters sans frontières semble roi en sa ville, il pourrait être réélu maire dès le 1er tour avec 61% des voix. 

Il sera aussi intéressant de voir localement les stratégies d’entre-deux tours. Il se pourrait que LR brise le « front républicain » dans plusieurs communes en acceptant l’alliance avec le RN. Un tout petit pas vers l’union des droites de plus en plus défendue par les militants des deux partis. 

LREM, larguée ? 

C’est un crash test important pour le gouvernement. En cas d’échec un remaniement est même envisageable. Les sondages récents (24% d’opinions favorables pour le président) ne donnent pas le sourire au parti. De plus la fronde de certains députés, les petites phrases, le vote scandaleux sur le congé pour deuil d’un enfant, ne facilitent pas les choses. 

Pour essayer de minimiser la chose, Castaner a tenté de faire passer une circulaire, retoquée par le Conseil d’Etat, pour ne pas prendre en compte dans le décompte national les résultats des villes de moins de 9000 habitants, une stratégie visant à rehausser le score de LREM qui compte la plupart de ses électeurs dans les grandes agglomérations. 

Toutefois le parti devrait gagner la métropole (à ne pas confondre avec la mairie) de Lyon et la ville de Nancy. Cependant la mairie de Lyon, elle, connaît plus d’incertitude. Un récent sondage donne EELV et LR devant LREM, une autre élection à suivre de près. 

Le combat sera aussi intéressant à Périgueux, où les 4 premiers candidats ont des scores compris entre 14 et 15 points. 

Les municipales ne joueront certainement pas en faveur de LREM. Les Français sont attachés à leurs maires et seulement 9% d’entres eux veulent soutenir le gouvernement lors de cette élection. Il ne faut toutefois pas tirer de conclusions trop rapides quant à l’élection de 2022. Chaque parti a ses enjeux pour cette échéance et cette élection locale à caractère nationale promet bien des surprises, des batailles et des révélations intéressantes pour les années qui viennent. 

N’oubliez donc pas d’aller voter, car l’élection est importante pour la localité et les communes ! Même dans sa ville de moins de 9000 habitants, il ne faut pas hésiter à encourager la démocratie locale et ses acteurs quotidiens. 

A. B.

La prochaine pandémie nous sera-t-elle fatale ?

La prochaine pandémie nous sera-t-elle fatale ?

Comme pour la plupart des grandes tragédies du monde, on explique généralement l’arrivée des principales maladies sur Terre par la mythologie. La curieuse Pandore, envoyée par Zeus sur notre belle planète comme un cadeau empoisonné des dieux olympiens, en ouvrant la boîte éponyme, aurait ainsi, au moins de manière fictive, libéré avec elle les maux les plus terribles qui y étaient sordidement renfermés. Qu’on y accorde du crédit ou non, dans tous les cas, la maladie a toujours été indissociable du genre humain. Parmi toutes les populations du monde, au cours de toutes les périodes de l’histoire, la maladie a fait l’objet d’une lutte parfois quotidienne, souvent dramatique. Comment, en effet, combattre une source de danger invisible à l’œil nu, tenant davantage du paranormal que du réel ? Certes, les progrès de la médecine ont permis de jeter les bases d’une prévision plus optimiste pour l’avenir, tendant à dépeindre de plus en plus la maladie comme une menace propre à des temps anciens, immémoriaux et à des sociétés profondément archaïques. Et pourtant, alors même que certaines pathologies demeurent encore incurables, une menace plus grave semble peser sur la survie humaine. Ces maladies ne sont pas individualisées et individualisables, elles sont capables de se propager, d’infecter des êtres humains par centaines et qui sait, si elles le peuvent pour quelques centaines de personnes, pourquoi ne le seraient-elles pas pour quelques milliers, quelques millions voire quelques milliards ?

La maladie fait peur, angoisse, mais la pandémie – l’extension géographique d’une épidémie – constitue un des grands cauchemars de la pensée humaine. Et quoi de plus logique, lorsqu’on sait qu’une maladie, extrêmement virulente, est capable de se propager sans un minimum de précautions hygiéniques ou de mesures d’isolement. L’homme du XXIème siècle regarde avec un léger sourire, un mépris et une indifférence condamnable les grandes pandémies qui ont jalonné les siècles précédents, médisant sur les solutions adoptées pour contrer ces divers cataclysmes génétiques. Mais notre siècle n’est pas celui de la curabilité automatique, celui des solutions forcément pertinentes, et à la différence de ces siècles antérieurs, notre démographie planétaire paraît être l’épicentre de notre propre faiblesse. Notre interdépendance économique et notre mondialisation effrénée, mettant en mouvement des ressources et des hommes en quantité considérable à l’échelle internationale, traversant à une vitesse foudroyante les frontières, plus que jamais poreuses, risque de représenter la source de notre propre annihilation. D’ailleurs, les cas épidémiques récents ne viennent pas infirmer cette inquiétante perspective. Le SRAS a causé à lui seul 132 morts dans le monde selon les statistiques et pas moins de 5 300 personnes contaminées et Ebola peut atteindre un taux de létalité de 90% des personnes infectées. Du reste, que penser du coronavirus chinois ? Surnommé pour le moment 2019-nCoV, il a déjà tué 470 Chinois et contaminé près de 24 000 personnes à travers le monde (chiffres officiels au mercredi 5 février 2020), suscitant des angoisses fondées, suffisantes pour nous demander si nous sommes bien prêts à faire face à une pandémie globale.

Une brève radiographie historique des pandémies et de leurs conséquences : état des lieux

L’Histoire regorge de cas de pandémies qui se sont révélés désastreux pour l’évolution de l’humanité. Du choléra, qui a sévi à sept reprises dans des proportions effroyables, jusqu’à la peste noire ayant causé l’extinction de 30 millions d’individus – soit de 30 à 50% de la population européenne au XIVème siècle – en passant par la variole et le VIH, les pandémies ont connu une ampleur indescriptible. Mais ce qui est le plus à craindre, c’est que la plupart de ces pathologies ne doivent pas être considérées comme éradiquées ; bien au contraire, certaines d’entre elles reviennent, parfois même avec une mutation qui renforce leur létalité. C’est ce qui a caractérisé la grippe espagnole de 1918-1919, dont la sévérité était due à un renforcement de la grippe saisonnière H1. Dans la majorité des cas, la mise en quarantaine a été la mesure phare instaurée pour lutter contre la transmission de la maladie à tel point que l’on considère généralement la lèpre comme l’une des situations les plus liées à ce mode de défense. En outre, certaines maladies, potentiellement guérissables, développent des résistances multiformes et persistent malgré leur ancienneté. C’est le cas de la tuberculose, une des 10 premières causes de mortalité dans le monde, qui touchait encore en 2018 jusqu’à 10 millions de personnes et en tuait 1,5 million.

Alors que faire ? Evidemment, si vaccinations, traitements et précautions sont de rigueur pour des maladies notoires, sommes-nous capables de gérer une nouvelle épidémie inconnue et extrêmement violente en même temps qu’extrêmement contagieuse ? Hélas pour nous, nombreux sont les éléments qui poussent au pessimisme. Ainsi, depuis les moyens employés pour contrer Ebola en 2014, les investissements engagés pour lutter contre une maladie n’ont cessé de baisser pour atteindre désormais leur niveau le plus bas, c’est-à-dire une diminution de 50% des budgets alloués à la sécurité sanitaire. Les financements reculent aux Etats-Unis notamment, eux qui représentent pourtant le centre névralgique de la coopération internationale pour la lutte contre les pandémies mondiales. Or, cette dégradation survient à un moment où la potentialité d’apparitions de maladies zoonotiques est au plus haut. Ebola vient effectivement de se déclarer de nouveau en Afrique, cette fois-ci en République Démocratique du Congo et la Chine semble constituer un nid à pathologies entre le nouveau coronavirus et le renouvellement des épidémies de H7N9. Sachant que la Chine dispose de son propre Centre de détection et de préservation des maladies, ce qui n’a pas empêché le virus de s’étendre et de s’exporter, à quoi devons-nous nous attendre lorsque 30 000 individus traversent quotidiennement le Pacifique et que le surpeuplement guette ? La crainte est fondée, surtout lorsque de nombreuses études estiment que les outils de santé publique de base perçus comme indispensables pour affronter une pandémie sont à 90% insuffisamment développés afin de répondre à la prochaine grande maladie infectieuse.

Ebola et le coronavirus chinois, des cas isolés ou des exemples concluants et annonciateurs ?

Xi Jinping, l’actuel président chinois, a affiché une fermeté claire face au 2019-nCoV, déclarant lors d’une rencontre avec le directeur général de l’OMS à Pékin : « L’épidémie est un démon. Nous ne permettrons pas au démon de rester caché. » Aujourd’hui, malgré les performances et les avancées de la science, il est impossible de déterminer toutes les maladies. Néanmoins, leur quantification reste possible et certaines estimations évalueraient le nombre de virus capables de contaminer des mammifères à plus de 320 000. Malheureusement, comme toute recherche scientifique, leur détermination coûterait 6 milliards de dollars. A la place, les incertitudes pleuvent. Quelle sera la prochaine pandémie, son ampleur, ses dommages ? Nous n’en savons rien. Sa prédiction relève encore de l’irréaliste bien que la piste du virus transmis par un animal reste la plus vraisemblable, elle qui est à l’origine des deux dernières pandémies globales. En un siècle, un peu plus de 330 maladies infectieuses se sont déclarées parmi lesquelles 60% étaient induites de pathogènes zoonotiques. Trois facteurs doivent en fait être réunis pour favoriser un développement infectieux : une population dense, une biodiversité pléthorique et un changement d’emploi des terres. La Chine, au même titre que l’Afrique de l’Ouest, constitue une zone géographique particulièrement exposée à ce mélange mortel. L’épidémie de SRAS, qui est apparue à Hong-Kong en 2002, dans un des territoires les plus densément peuplés du monde – 6 350 habitants au km2 en 2000 – a posé les bases d’un modèle qui risque de se reproduire à l’avenir. Le surpeuplement et le réchauffement climatique rendront ainsi de nouvelles populations aptes à contracter des maladies, par souci d’accroissement de la promiscuité et des animaux vivants dans des zones géographiques chaudes comme les moustiques.

La pandémie, notre apocalypse ?

Une des rares satisfactions vis-à-vis de la menace pandémique concerne sans aucun doute le taux de couverture vaccinale. La plupart des pays ont en effet établi des stocks de vaccins conséquents afin de mener une lutte sans merci contre les principales maladies. Même dans les régions les plus reculées, le taux de couverture s’est accru, constituant une réelle prouesse et une belle promesse pour l’avenir de l’humanité. Mais les résultats probants obtenus face aux dernières maladies et les rêves d’une nette amélioration sont venus se briser face à la dure réalité économique. Stephen Hawking n’avait-il pas lui-même accordé un de ses chapitres aux pandémies globales dans ses théories sur l’extinction de l’humanité ? Et comment ne pas lui donner raison lorsque le spectre de l’insécurité sanitaire plane ? Le monde n’est pas prêt pour combattre sa prochaine pandémie. Les exemples de virus génétiquement modifiés viennent accentuer chaque jour davantage cette conclusion funeste quand ce n’est pas l’ombre d’une guerre biologique mondiale.

Raphaël DELAGNES

L’Impeachment : Donald Trump doit-il être inquiet ?

Depuis son élection en 2016, Donald Trump a multiplié les actes pouvant amener à la procédure d’Impeachment notamment l’affaire Russiagate. L’an dernier, une procédure a été lancé contre le 45ème Président des Etats-Unis après les révélations d’éventuelles pressions exercées sur son homologue ukrainien Zelensky pour lancer une enquête contre le fils de Joe Biden, candidat démocrate à la primaire.

Qu’est-ce qu’une procédure d’Impeachment ?

L’Impeachment est une procédure surtout utilisée aux Etats-Unis grâce à l’utilisation de l’Article II de la Constitution. Elle peut entraîner la destitution de hauts fonctionnaires de l’Etat tel que le Président, le Vice-président et les fonctionnaires civils. Si le Président est évincé, il est immédiatement remplacé par le Vice-président. La procédure peut être lancée si les chefs d’accusations sont les suivants : trahison, corruption ou autres crimes. L’Impeachment se déroule en deux temps : le premier est le vote de la procédure d’accusation comme une loi ordinaire à majorité relative par la Chambre des Représentants. Le second est le démarrage du procès au Sénat. La destitution est adoptée si 2/3 des sénateurs jugent l’accusé comme coupable.

Donald Trump est-il le premier président à subir l’Impeachment ?

La première procédure a été lancée en 1868 contre Andrew Johnson. L’ancien Vice- président avait été accusé de trahison après avoir soutenu l’Union lors de la Guerre de Sécession. Donald Trump est le quatrième Président à être inculpé dans une procédure d’Impeachment. Après Andrew Johnson, Richard Nixon a été le deuxième président à être assis sur le banc des accusés suivi par Bill Clinton. Dans les trois derniers cas, le premier temps de l’Impeachment est passé, soit la Chambre des représentants a voté pour son lancement. En revanche, les trois derniers présidents ont échappé à l’éviction car le Sénat n’a pas adopté la destitution. Seule exception, le cas de Nixon qui a démissionné avant la fin de la procédure. Quant à Bill Clinton, 2 chefs d’accusation avaient été retenu contre lui : la parure car il a menti dans l’affaire Lewinsky et l’obstruction à la justice.

Où en est-on aujourd’hui ?

Le 24 septembre 2019, la présidente de la Chambre des Représentants, Nancy Pelosi, lance le vote de l’Impeachment. Elle est depuis la cible de Donald Trump sur son compte Twitter. Le 10 décembre, la loi est adoptée parce que les Démocrates sont majoritaires dans la Chambre des Représentants. 2 chefs d’accusation sont retenus : abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès. Le procès a démarré le 21 janvier dernier. Pour l’avancement du procès, il faut que les sénateurs votent pour ou contre l’apport de nouvelles preuves, de nouveaux témoins, … A chaque fois, les Républicains ont voté contre. Le 27 janvier, le second tour du procès a été lancé. Une preuve de taille peut sûrement modifier le cours des choses : le livre de John Bolton, l’ex-conseiller à la Sécurité Nationale. En effet, c’était une aubaine pour les Démocrates car dans son livre, John Bolton assure que Donald Trump a abusé de son pouvoir. Ces extraits ont fait pencher la balance car les Républicains ont perdu le nombre de voix nécessaires, soit 51, pour empêcher la nouvelle convocation de témoins. Les Démocrates souhaitent faire venir à la barre des proches du Président.

Trump pourrait-il vraiment être destitué ?

Bien que les derniers jours aient fait pencher la balance, Trump semble être épargné de la destitution. En effet, les Républicains sont majoritaires au Sénat. Certes, les sénateurs républicains plus modérés peuvent apporter leurs voix aux démocrates mais ce sera insuffisant. Sauf retournement de situation exceptionnel, Trump ne sera pas destitué. Les Républicains appellent à finir ce procès le plus tôt possible. Le président est en campagne pour les futures élections. Ces dernières actions politiques peuvent être expliquées par la motivation de préserver ses fidèles. Il ne sera pas destitué mais ce procès ne sera pas sans conséquences pour la suite et pour la campagne du 45ème Président des Etats-Unis.

Bernardini Guillaume

« Oh miroir, mon beau miroir, dis- moi qui est la plus belle ! »

« Oh miroir, mon beau miroir ! Dis-moi qui est la plus belle ! 

– Ce n’est certainement pas vous ! Non mais sérieusement, regardez-vous ! Vous avez des cuisses énormes, un nez bossu, des cheveux pas très soyeux, des traits grossiers, un corps sans formes, des lèvres toutes fines … Vous êtes bof ! Face à Scarlett Johansson vous n’avez aucune chance ! C’est une Aphrodite moderne quoi ! – Hum… PAF (un coup de poing dans ce miroir). Miroir corrompu ! Je n’ai pas le temps pour tes imbécilités, j’ai une vie à vivre moi ! » 

On connait tous ce sentiment : on passe une bonne journée jusqu’au moment où l’on se rend compte qu’on est entouré de gens, que ces gens sont beaux, intelligents, attirants, qu’ils ont un style : qu’ils dégagent quelque chose ! Ce mélange entre envie, désir, jalousie qui nous prend à la gorge et qui ne nous quitte plus jamais vraiment. C’est désolant ! Et le pire, c’est que cela a un impact sur notre vie. On se sent nul, on n’ose plus rien faire. On ne s’octroie plus le droit de faire ce dont on a envie. 

Dans toutes les sociétés, des canons de beauté sont nés et cela autant chez les femmes que chez les hommes. Dans les sociétés occidentales, ils sont exacerbés. L’idéal de la beauté au féminin est représenté par la femme de type caucasien, grande et élancée, à la peau légèrement colorée, aux longs cheveux lisses et aux traits fins, et l’homme est représenté comme un être fort, musclé, athlétique et grand. Cette vision de la beauté qui nous est imposée est la source de nombreux complexes qui touchent, selon Ouest France, 67% des Français. Alors, on cherche à les faire disparaitre par tous les moyens : sport, régimes draconiens à outrance, pilules amincissantes, crèmes et la meilleure de toutes : la chirurgie. Et le pire, c’est que l’on veut tellement ressembler à ce que la société attend de nous que nous achetons ces soi-disant « produits miracles ». Sérieusement, est-ce que vous pensez vraiment que l’on peut perdre un tour de taille en mettant une crème amincissante bourrée de produits chimiques tous les soirs avant d’aller se coucher ? Alors, au lieu de se faire du mal en cherchant à ressembler à tout le monde, pourquoi ne pas tout simplement s’accepter ? C’est justement ce que prône le body positivisme

Le Body positivisme, contrairement à ce que l’on peut croire, n’est pas un mouvement récent. Il est né aux États-Unis durant les années 1990 mais a été remis au goût du jour par les réseaux sociaux, et notamment par Instagram. C’est un mouvement qui vise à apprendre aux femmes et aux hommes à aimer leur corps tel qu’il est et à ne plus le dénigrer. Il a pour but de combattre les images de beauté transmises par les médias. Il nous réapprend à voir la beauté. En effet, c’est lorsque l’on voit les modèles de beauté diffusés par les médias que l’on se rend compte qu’il n’y a pas eu de prise de 

conscience par rapport à la diversité des corps. Nombreux sont celles et ceux qui aimeraient voir des mannequins qui leurs ressemblent. 

Mais, posons-nous un instant. La phrase « elle est trop belle ! », que signifie-t-elle vraiment ? Qu’est-ce que la beauté ? On a tendance à penser qu’elle est unique et on la réduit souvent à la beauté véhiculée dans les pays occidentaux mais, allons voir plus loin que le bout de notre nez ! Parce qu’il n’y a pas une beauté : la beauté est plurielle non seulement entre les pays mais aussi à travers les siècles. Alors que Barbie, née en 1959, a su voir que la beauté est subjective et a su s’adapter aux vraies beautés (oui car ce mot ne devrait pas être singulier mais bien pluriel !), nos médias ont du mal à faire de même. En Éthiopie, chez les Mursis, la beauté est tout autre : dès l’âge de 10 ans, les filles commencent à porter le labret, appelé aussi le dhebbi – ornement labial en forme de disque placé à la lèvre inférieure – signe de leur beauté et de la séduction. De même, dans la majorité des pays asiatiques tels que la Chine, la Corée, les Philippines, le Japon et la Thaïlande, c’est la peau blanche qui fait office de beauté. Enfin, alors que nous, occidentales, cherchons à faire très « femme » et cela de plus en plus tôt, au Japon, ce sont les femmes Kawaii, autrement dit enfantines, qui font chavirer le cœur de ces messieurs : c’est la femme mignonne, aux dents de travers, aux yeux ronds et débridés et à la petite voix. Mais là encore, dans tous ces exemples, des femmes ont des complexes parce qu’elles ne répondent pas aux critères de beauté de leur pays. A votre avis, est-ce que j’ai oublié de dire quelque chose sur la beauté ? Oui mille fois ! Je viens de vous décrire la beauté extérieure mais il manque la beauté intérieure ! Eh oui, on l’oublie souvent alors qu’elle est essentielle. C’est elle qui donne du charme, qui nous pousse vers une personne, qui nous donne envie de passer du temps avec elle. Alors que la beauté extérieure s’altère au fur et à mesure que le temps passe, la beauté intérieure reste intacte. Parmi les proverbes malgaches, on peut entendre « Tsara ivelany ohatran’ny ny fasana » (« agréable à voir de l’extérieur, comme une tombe ») ce qui n’est pas très flatteur pour les personnes uniquement belles physiquement et d’ailleurs le mot « tsara » peut signifier beau mais également, bien ou bon. 

Le body positivisme aide donc les femmes et les hommes qui se sentent mal dans leur peau à se détacher de l’image de la beauté que la société leur donne. Il faut bien comprendre que les modèles de body positivisme tels que Ashley Graham ou encore Louise Aubry ne sont pas des modèles à copier, elles sont des ambassadrices du mouvement, elles sont des sources de courage et d’inspiration et là est la différence. Être body positive c’est apprendre à aimer son corps et donc c’est une relation que chacun construit avec lui-même. 

Le chemin vers le bien-être intérieur est cependant semé d’embûches. Notre société est construite selon un modèle de comparaison et de cases. Par cases, j’entends qu’elle essaie de tous nous faire entrer dans un moule qu’elle a elle-même conçu. Par exemple, si on ne s’adapte pas au système qu’est l’école alors on sera considéré comme des ratés. La similitude. La société nous pousse à être 

semblables alors que nous sommes, par essence, différents, uniques. Ainsi, par peur de la marginalisation, nous n’osons pas nous montrer tels que nous sommes vraiment. Depuis notre tendre enfance, nous sommes comparés et nous nous comparons sans répit, à l’image de la reine Grimhilde dans Blanche Neige et les 7 nains qui devant son miroir se compare à tout le royaume. C’est exactement ce que nous faisons avec le monde qui nous entoure. Et cette comparaison nous rend malade parce que nous comparons ce qui ne nous plait pas chez nous à ce qui nous plaît chez les autres sans voir peut-être que les autres nous envient pour ce que nous avons. Arrêtons de nous comparer, soyons qui nous sommes, parce que nous sommes beaux. 

Vous l’avez bien compris : pour moi, la beauté est universelle. Il n’y a pas de complexes, parce qu’originellement les complexes n’existent pas. Ce mot ne devrait pas exister pour désigner une partie de notre corps que nous n’aimons pas. D’ailleurs, si vous tapez « complexe » sur google, vous ne trouverez pas en premier une définition qui parle des complexes que nous pouvons avoir mais bien de « nombres complexes » ou de « complexes » dans le domaine de la physique et la chimie, de la « complexité d’une chose ». Le complexe est une invention pour mettre un mot sur tout ce qui n’est pas semblable à l’idéal qu’on veut nous imposer et qui nous rend mal à l’aise face au monde. Or, cet idéal n’est que source de torture. La beauté intérieure et les beautés extérieures sont les choses qu’il faut retenir et pas cette beauté médiatique qui nous corrompt l’esprit depuis tout petit. 

Rendons la beauté encore plurielle par nos singularités.