« Oh miroir, mon beau miroir, dis- moi qui est la plus belle ! »


Publié le 16 juin 2020

« Oh miroir, mon beau miroir ! Dis-moi qui est la plus belle ! 

– Ce n’est certainement pas vous ! Non mais sérieusement, regardez-vous ! Vous avez des cuisses énormes, un nez bossu, des cheveux pas très soyeux, des traits grossiers, un corps sans formes, des lèvres toutes fines … Vous êtes bof ! Face à Scarlett Johansson vous n’avez aucune chance ! C’est une Aphrodite moderne quoi ! – Hum… PAF (un coup de poing dans ce miroir). Miroir corrompu ! Je n’ai pas le temps pour tes imbécilités, j’ai une vie à vivre moi ! » 

On connait tous ce sentiment : on passe une bonne journée jusqu’au moment où l’on se rend compte qu’on est entouré de gens, que ces gens sont beaux, intelligents, attirants, qu’ils ont un style : qu’ils dégagent quelque chose ! Ce mélange entre envie, désir, jalousie qui nous prend à la gorge et qui ne nous quitte plus jamais vraiment. C’est désolant ! Et le pire, c’est que cela a un impact sur notre vie. On se sent nul, on n’ose plus rien faire. On ne s’octroie plus le droit de faire ce dont on a envie. 

Dans toutes les sociétés, des canons de beauté sont nés et cela autant chez les femmes que chez les hommes. Dans les sociétés occidentales, ils sont exacerbés. L’idéal de la beauté au féminin est représenté par la femme de type caucasien, grande et élancée, à la peau légèrement colorée, aux longs cheveux lisses et aux traits fins, et l’homme est représenté comme un être fort, musclé, athlétique et grand. Cette vision de la beauté qui nous est imposée est la source de nombreux complexes qui touchent, selon Ouest France, 67% des Français. Alors, on cherche à les faire disparaitre par tous les moyens : sport, régimes draconiens à outrance, pilules amincissantes, crèmes et la meilleure de toutes : la chirurgie. Et le pire, c’est que l’on veut tellement ressembler à ce que la société attend de nous que nous achetons ces soi-disant « produits miracles ». Sérieusement, est-ce que vous pensez vraiment que l’on peut perdre un tour de taille en mettant une crème amincissante bourrée de produits chimiques tous les soirs avant d’aller se coucher ? Alors, au lieu de se faire du mal en cherchant à ressembler à tout le monde, pourquoi ne pas tout simplement s’accepter ? C’est justement ce que prône le body positivisme

Le Body positivisme, contrairement à ce que l’on peut croire, n’est pas un mouvement récent. Il est né aux États-Unis durant les années 1990 mais a été remis au goût du jour par les réseaux sociaux, et notamment par Instagram. C’est un mouvement qui vise à apprendre aux femmes et aux hommes à aimer leur corps tel qu’il est et à ne plus le dénigrer. Il a pour but de combattre les images de beauté transmises par les médias. Il nous réapprend à voir la beauté. En effet, c’est lorsque l’on voit les modèles de beauté diffusés par les médias que l’on se rend compte qu’il n’y a pas eu de prise de 

conscience par rapport à la diversité des corps. Nombreux sont celles et ceux qui aimeraient voir des mannequins qui leurs ressemblent. 

Mais, posons-nous un instant. La phrase « elle est trop belle ! », que signifie-t-elle vraiment ? Qu’est-ce que la beauté ? On a tendance à penser qu’elle est unique et on la réduit souvent à la beauté véhiculée dans les pays occidentaux mais, allons voir plus loin que le bout de notre nez ! Parce qu’il n’y a pas une beauté : la beauté est plurielle non seulement entre les pays mais aussi à travers les siècles. Alors que Barbie, née en 1959, a su voir que la beauté est subjective et a su s’adapter aux vraies beautés (oui car ce mot ne devrait pas être singulier mais bien pluriel !), nos médias ont du mal à faire de même. En Éthiopie, chez les Mursis, la beauté est tout autre : dès l’âge de 10 ans, les filles commencent à porter le labret, appelé aussi le dhebbi – ornement labial en forme de disque placé à la lèvre inférieure – signe de leur beauté et de la séduction. De même, dans la majorité des pays asiatiques tels que la Chine, la Corée, les Philippines, le Japon et la Thaïlande, c’est la peau blanche qui fait office de beauté. Enfin, alors que nous, occidentales, cherchons à faire très « femme » et cela de plus en plus tôt, au Japon, ce sont les femmes Kawaii, autrement dit enfantines, qui font chavirer le cœur de ces messieurs : c’est la femme mignonne, aux dents de travers, aux yeux ronds et débridés et à la petite voix. Mais là encore, dans tous ces exemples, des femmes ont des complexes parce qu’elles ne répondent pas aux critères de beauté de leur pays. A votre avis, est-ce que j’ai oublié de dire quelque chose sur la beauté ? Oui mille fois ! Je viens de vous décrire la beauté extérieure mais il manque la beauté intérieure ! Eh oui, on l’oublie souvent alors qu’elle est essentielle. C’est elle qui donne du charme, qui nous pousse vers une personne, qui nous donne envie de passer du temps avec elle. Alors que la beauté extérieure s’altère au fur et à mesure que le temps passe, la beauté intérieure reste intacte. Parmi les proverbes malgaches, on peut entendre « Tsara ivelany ohatran’ny ny fasana » (« agréable à voir de l’extérieur, comme une tombe ») ce qui n’est pas très flatteur pour les personnes uniquement belles physiquement et d’ailleurs le mot « tsara » peut signifier beau mais également, bien ou bon. 

Le body positivisme aide donc les femmes et les hommes qui se sentent mal dans leur peau à se détacher de l’image de la beauté que la société leur donne. Il faut bien comprendre que les modèles de body positivisme tels que Ashley Graham ou encore Louise Aubry ne sont pas des modèles à copier, elles sont des ambassadrices du mouvement, elles sont des sources de courage et d’inspiration et là est la différence. Être body positive c’est apprendre à aimer son corps et donc c’est une relation que chacun construit avec lui-même. 

Le chemin vers le bien-être intérieur est cependant semé d’embûches. Notre société est construite selon un modèle de comparaison et de cases. Par cases, j’entends qu’elle essaie de tous nous faire entrer dans un moule qu’elle a elle-même conçu. Par exemple, si on ne s’adapte pas au système qu’est l’école alors on sera considéré comme des ratés. La similitude. La société nous pousse à être 

semblables alors que nous sommes, par essence, différents, uniques. Ainsi, par peur de la marginalisation, nous n’osons pas nous montrer tels que nous sommes vraiment. Depuis notre tendre enfance, nous sommes comparés et nous nous comparons sans répit, à l’image de la reine Grimhilde dans Blanche Neige et les 7 nains qui devant son miroir se compare à tout le royaume. C’est exactement ce que nous faisons avec le monde qui nous entoure. Et cette comparaison nous rend malade parce que nous comparons ce qui ne nous plait pas chez nous à ce qui nous plaît chez les autres sans voir peut-être que les autres nous envient pour ce que nous avons. Arrêtons de nous comparer, soyons qui nous sommes, parce que nous sommes beaux. 

Vous l’avez bien compris : pour moi, la beauté est universelle. Il n’y a pas de complexes, parce qu’originellement les complexes n’existent pas. Ce mot ne devrait pas exister pour désigner une partie de notre corps que nous n’aimons pas. D’ailleurs, si vous tapez « complexe » sur google, vous ne trouverez pas en premier une définition qui parle des complexes que nous pouvons avoir mais bien de « nombres complexes » ou de « complexes » dans le domaine de la physique et la chimie, de la « complexité d’une chose ». Le complexe est une invention pour mettre un mot sur tout ce qui n’est pas semblable à l’idéal qu’on veut nous imposer et qui nous rend mal à l’aise face au monde. Or, cet idéal n’est que source de torture. La beauté intérieure et les beautés extérieures sont les choses qu’il faut retenir et pas cette beauté médiatique qui nous corrompt l’esprit depuis tout petit. 

Rendons la beauté encore plurielle par nos singularités. 

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