La pollution numérique : une réalité dure à accepter

La pollution numérique : une réalité dure à accepter

Si je vous disais que le numérique en général est responsable de 4% des émissions de gaz à effet de serre et que ce pourcentage devrait augmenter dans les années à venir. Vous me diriez sans doute : Comment ça se fait ? Comment est-ce possible ? Parce que la pollution numérique dont je vous parle n’est pas aussi connu que les autres types de pollution comme celle causée par les transports, ou encore celle causée par les déchets jetés dans la nature. Et normalement, après avoir lu cet article vous saurez à quel point nous, les étudiants, nous y contribuons à cette pollution numérique.

 

Déjà, qu’est-ce que la pollution numérique ?

La pollution numérique désigne toutes les formes de pollution engendrées par le secteur informatique : émissions de gaz à effet de serre, contamination chimique, érosion de la biodiversité, production de déchets électroniques.

Et comme l’a dit Inès Leonarduzzi, fondatrice et présidente de l’ONG Digital For The Planet :

« Le numérique est un outil fabuleux qui permet des avancées extraordinaires mais en l’état il pollue. Quand le numérique a été placé dans nos mains, ces sujets n’ont pas été traités, structurés. Il est nécessaire de trouver des solutions et de mettre des mots sur ces externalités négatives ».

A partir de cela, on se rend bien compte de l’importance de cette pollution car même si elle est minime face aux autres à l’heure d’aujourd’hui, elle ne fera qu’augmenter puisque la sollicitation des objets informatiques est de plus en plus forte. Il n’y a qu’à regarder une salle de classe à Toulouse Business Education et sans grande surprise, pratiquement tous le monde a un ordinateur et téléphone. Nous utilisons nos ordinateurs pour prendre des notes et là certains me diront que c’est plus écologique que d’utiliser un cahier ou du papier tous ça parce que ceux-ci sont l’une des causes de la déforestation. Eh bien, je n’aurais pas d’argumentaire pour répondre à cela puisque ce n’est pas mon domaine d’expertise mais ce qui est sûr c’est lorsque nous utilisons notre ordinateur ou notre téléphone pour enregistrer des données ou autre la pollution numérique est instantanée.

 

 

Quand avons-nous commencer à prendre réellement conscience de cette pollution numérique ?

Eh bien moi je vais parler en tant qu’étudiante de L3 à TBS. Pour être honnête, je me suis rendu compte de cette pollution tout simplement lorsque l’un des jurys aux oraux de TBS éducation m’a posé la question. J’en avais déjà entendu parler mais je ne m’étais pas attardée sur le sujet car je n’avais pas conscience de l’importance de ce type de pollution.

Et puis, je me suis souvenue de la période du premier confinement où nous étions tous enfermés chez nous et que notre seul moyen de communiquer, de voir ce qui se passe dans le monde était la télé, le réseau téléphonique et internet. Et c’est aussi à cette période Netflix, notre fameuse plateforme qui propose des films, des séries et des documentaires a connu son apogée. En effet, durant cette période, on a vraiment connu ce que signifiait l’ennui et le fait d’être enfermé entre 4 murs. Sans s’en rendre compte, nous avons énormément pollué puisque nous étions H24 sur Netflix, TikTok , Snapchat , Instagram pour la plupart d’entre nous.

Moi, je ne le savais pas et peut-être que vous non plus mais le streaming est un exemple assez concret de la pollution numérique. En effet, chaque année, la consommation de vidéos en streaming émet 300 millions de tonnes de CO2 dans le monde. D’après un rapport du Sénat publié en juin 2020, le streaming vidéo représente environ 60% du trafic en France.

 

 

Quelles sont les causes de la pollution numérique ?

Je pense qu’on a tous une petite idée des causes de la pollution numérique mais je vais quand même m’y attarder. En effet, il y a 4 principales causes de la pollution numérique. La première cause est la fabrication des appareils informatiques et contrairement à ce que l’on pourrait penser la fabrication des appareils informatiques représente la plus grande partie de la pollution numérique. En effet, près de la moitié des gaz à effet de serre émis par la filière numérique provient en fait de cette phase de fabrication (47%). La deuxième cause la pollution numérique est le fonctionnement ; le fonctionnement du réseaux internet et téléphonique demeure un grand mystère pour nous tous. Et d’ailleurs, pour la plupart on ne sait même pas comment celui-ci fonctionne. Le réseau internet n’est pas « immatériel » comme beaucoup le pensent : il est composé d’une multitude d’équipements informatiques (ordinateurs, câbles, antennes, etc.), qui permettent de stocker et de transférer des données (vidéos, photos, emails, pages web, etc.) vers nos terminaux domestiques. Toutes ces technologies numériques doivent être fabriquées et alimentées, générant un coût écologique important. La troisième cause est l’utilisation des équipements numériques. Et là tu te demandes surement où je veux en venir. Je vous donne donc un exemple un peu plus concret : les e-mails que nous recevons tous les jours.

Saviez-vous que 10 milliards sont envoyés à travers le monde chaque heure, ce qui correspond à 4 000 vols aller/retour Paris-New York ? Cela paraît tellement étrange mais c’est le cas !

Et la dernière cause de cette fameuse pollution est la destruction des équipements numériques. Il est donc très compliqué de recycler les équipements numériques et ils sont donc détruits ce qui contribue fortement à la pollution des sols et de l’air.

 

 

Que devrions-nous faire face à cela ?

Afin de réduire son bilan carbone numérique, Inès Leonarduzzi conseille :

  • De conserver les appareils le plus longtemps possible car plus des 2/3 de la pollution numérique environnementale est due à leur fabrication,
  • D’utiliser le wifi au lieu de la 4G car celle-ci utilise quatre fois plus d’énergie,
  • De débrancher sa boxe wifi tous les soirs. Ce geste permet d’ailleurs d’économiser 80 à 100 euros sur une année.

Ce dont, je viens de vous faire part sont les solutions proposées par la plupart des professionnels mais honnêtement, débrancheras-tu ta box wifi tous les soirs ?

D’autre part, aujourd’hui il y a de plus en plus de métiers dans le numérique comme le marketing digital, le trading, l’intelligence artificiel donc n’est-ce pas paradoxal de vouloir réduire nos utilisations ?

Tous cela pour vous dire de faire attention quand vous regarderez vos séries Netflix !

 

Par Chloé CARMASOL

Election brésilienne 2022

Election brésilienne 2022

Préambule  

 

Le mois dernier, les Brésiliens étaient appelés aux urnes pour élire leur nouveau président dont le scrutin est décisif pour la population brésilienne. 

Au cours de cette campagne, la population brésilienne a dû faire face à de nombreuses désinformations diffusées sur les réseaux sociaux constituant pourtant la principale source d’information des Brésiliens. Ainsi, certains Brésiliens ont donc pu être induit en erreur sur les intentions de chacun des deux candidats. 

Cette année, Lula et Bolsonaro sont les deux principaux adversaires. En effet, il y a 4 ans, lors de la précédente élection, Lula n’avait pu se présenter puisqu’il avait été incarcéré pour des faits de corruption entre avril 2018 et novembre 2019. En 2021, la Cour Suprême a annulé la condamnation ce qui lui a permis de récupéré tous ses droits politiques.  

 

 

Mandat de Bolsonaro  

 

Lors de son élection en 2019, Bolsonaro avait pour projet de déconstruire ce qui avait été fait par les précédents présidents depuis le retour de la démocratie au Brésil en 1988. 

La déforestation de l’Amazonie a progressé de 75% ; les terres indigènes ont subi de nombreuses invasions ; et la possession d’armes à feu a explosé de 474% en 4 ans. 

Au fur et à mesure de son mandat, le gouvernement est devenu de plus en plus autocratique en partie au moment de la pandémie où il a été vivement critiqué pour sa gestion de la crise. En effet, le président ne s’est pas inquiété de l’ampleur de la pandémie et a longuement réfuté l’idée de mettre en place un confinement national. Le pays a donc gravement été touché par la crise sanitaire qui a fait pas moins de 685 000 morts.  

Aujourd’hui, le président sortant est la cible de plusieurs enquêtes et est menacé d’inculpation pour « crime contre l’humanité » face à son manque d’empathie devant la souffrance du peuple lors de la pandémie. 

 

 

Premier tour 

 

11 candidats se présentaient cette année aux élections présidentielles Brésiliennes. Ce 2 octobre, 93% des Brésiliens ont voté pour Bolsonaro ou Lula reléguant ainsi les 9 autres prétendants à l’arrière-plan. De nombreux sondages donnaient Lula vainqueur dès le premier tour, mais cela n’a pas été le cas, imposant ainsi 4 semaines supplémentaires de campagnes aux deux favoris. Ce jour-là, les Brésiliens élisaient également les députés fédéraux, un tiers des sénateurs ainsi que les gouverneurs des 27 Etats et les députés régionaux. Une journée marquée par des choix cruciaux pour la population Brésilienne.  

 

Deuxième tour  

 

Le dimanche 30 octobre a eu lieu le second tour des élections qui opposait Lula à Bolsonaro. Selon la Tribune Supérieur Electorale, Lula a été élu à 50,9% des suffrages. Il remporte donc son troisième mandat 11 ans après ses deux mandats présidentiels de 2003 et 2010 et sera investi le 1er janvier 2023. 

Il aura fallu attendre deux jours pour que Bolsonaro sorte du silence et reconnaisse à demi-mot sa défaite durant une conférence de deux minutes dans laquelle il remercie également les Brésiliens qui ont voté pour lui. Il dénonce cependant une supposée fraude électorale mais ne compte pas aller à l’encontre de la constitution. Par ailleurs, le principal ministre de Bolsonaro, Ciro Nogueira, a déclaré que le président sortant l’avait autorisé à entamer la transition avec l’équipe du président Lula ce qui peut être considéré comme une acceptation des résultats de la part de Bolsonaro.  

 

Les nombreux défis du président élu 

 

Lula aimerait revenir sur les politiques de réduction des inégalités qui ont fait sa réputation lors de son précédent mandat. En effet, le Brésil est lui aussi confronté à une inflation élevée qui affecte des dizaines de millions de Brésiliens. Parmi eux, 33 millions sont confrontés à la famine et plus de la moitié de la population vit dans l’insécurité alimentaire. On comptabilise aussi plus de 10 millions de chômeurs au sein du pays.  

Dans un contexte politique très tendu au Brésil, Lula va devoir composer avec un Congrès très conservateur. En effet, le 2 octobre dernier, les Brésiliens ont renouvelé l’entièreté de la Chambre des députés ainsi qu’un tiers des sièges de sénateurs permettant à l’extrême droite de progresser au sein du Congrès. Par ailleurs, la moitié de la population est en désaccord avec les résultats de l’élection. Lula va donc devoir réunifier le pays afin d’éviter tout débordement de la population pour la suite de son mandat.  

Mais l’avenir s’annonce positif pour Lula qui reprend les idées de ses précédents mandats tout en y ajoutant de nouvelles pour faire face à la situation actuelle du pays. Son programme a de quoi donner beaucoup d’espoir aux Brésiliens puisqu’il a souvent eu un impact positif sur leur vie lors de ses précédents mandats notamment grâce à la lutte contre la faim, la pauvreté et la destruction de l’environnement. Lula pourrait aussi renforcer les relations internationales. 

Enfin, d’un point de vue géopolitique, le Brésil devient le cinquième pays d’Amérique Latine à être dirigé par la gauche. Cette élection montre ainsi que la démocratie résiste sur le continent.  

 

Par Ambre LE RAY

Comment la réglementation SFDR change-t-elle les pratiques dans le secteur financier ?

Comment la réglementation SFDR change-t-elle les pratiques dans le secteur financier ?

Alors que les investissements reposaient principalement sur des indicateurs de rendement et de risque financier, la SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) marque une nouvelle étape pour les acteurs des marchés financiers en matière de prise en compte des environnementaux et sociaux dans l‘investissement.

 

Qu’est-ce que la SFDR et quels sont ses objectifs ?

 

La transition écologique vers une économie peu carbonée et respectueuse de l’environnement nécessite une coopération de tous les acteurs de la société : entreprises, citoyens, secteur public et marchés financiers. Depuis le 8 mars 2021, la réglementation SFDR vient transformer le fonctionnement des marchés financiers de l’Union européenne pour accélérer justement la transition écologique à travers la finance durable.

 

Transparence

 

Le premier volet de la SFDR concerne la publication d’informations qui permettent d’évaluer la durabilité et l’impact extra-financier des investissements.

Il s’agit ici d’obliger les acteurs financiers à communiquer de manière transparente sur les risques et les impacts concernant la durabilité des investissements.

L’objectif du règlement SFDR : faciliter l’orientation des flux financiers vers des placements plus responsables et durables.

 

Classification

 

Le deuxième volet concerne la classification des acteurs financiers selon des critères éthiques. Elle met notamment en avant les sociétés de gestion qui sont les plus avancées en matière de critères ESG, ie qui proposent les produits les plus éthiques.

L’objectif du règlement SFDR : permettre de classifier les acteurs financiers selon les types d’investissements et de produits qu’elles proposent.

 

Qu’est-ce qu’un investissement durable selon la SFDR ?

 

Les 4 critères principaux

 

Selon la SFDR, un investissement durable est un investissement dans une activité économique qui :

  • Contribue à un objectif environnemental

Le règlement SFDR comptabilise 5 objectifs environnementaux en matière :

– D’utilisation efficace des ressources
– De production de déchets
– D’émissions de GES
– D’effets sur la biodiversité
– D’effets sur l’économie circulaire

 

  • Contribue à l’amélioration du capital humain

On parle par exemple d’un investissement dans la formation des salariés.

  • Participe à l’amélioration de la vie des communautés économiquement ou socialement défavorisées.

 

  • Contribue à un objectif social

 

En favorisant : l’intégration sociale, la cohésion sociale, les relations au travail ou encore la lutte contre les inégalités.

 

Le principe DNSH et le principe de bonne gouvernance

 

Par ailleurs, un investissement est durable lorsqu’il respecte le principe DNSH (Do Not Significantly Harm) et le principe de bonne gouvernance.

 

Le principe DNSH, c’est le principe selon lequel une activité durable ne doit pas causer de préjudice important à un autre objectif durable (environnemental). Concrètement, cela veut dire que si une activité est considérée comme durable en elle-même mais qu’elle a des effets négatifs sur un des objectifs environnementaux énumérés juste au-dessus, alors elle n’est pas considérée comme DNSH.

Concernant le principe de bonne gouvernance, cela veut dire qu’avant d’investir dans un projet, un fond doit mettre en place une politique d’appréciation de la bonne gouvernance des sociétés dans lesquelles il souhaite investir.

 

SFDR : quels sont les grands changements qu’elle implique ?

 

Le reporting et la publication d’informations sur des critères de durabilité

 

Pour intégrer la SFDR, les acteurs concernés sont dans l’obligation de fournir des informations sur deux facteurs essentiels : les risques en matière de durabilité et les principales incidences négatives.

Ainsi, en plus des rendements et des risques, les investisseurs, analystes et conseillers financiers doivent s’intéresser aux impacts environnementaux / sociaux que peut avoir un investissement.

En fait la SFDR vient rendre plus formelle et comparable l’agrégation des différents impacts sur l’environnement des projets dans lesquels investir.

 

L’identification des produits d’investissement

 

L’application du règlement SFDR implique la classification des fonds et des produits proposés par ces fonds en trois catégories. Avec ce règlement, tous les fonds d’investissement doivent indiquer la manière dont les critères ESG sont intégrés dans les produits financiers.

 

Les fonds article 9

On retrouve ici tous les produits qui poursuivent un objectif d’investissement durable. Il s’agit donc des investissements les plus vertueux : ceux qui visent à réduire les impacts négatifs sur l’aspect Environnemental, Social et de Gouvernance. Ces produits intègrent le respect des droits de l’Homme et la lutte contre la corruption.

Ces fonds peuvent par exemple avoir pour objectif de favoriser la transition bas-carbone ou de favoriser le bien-être au travail.

 

Les fonds article 8

Ici sont regroupés les regroupés les produits qui ne poursuivent pas directement un objectif d’investissement durable mais qui intègrent les critères ESG dans leur démarche.

 

Les fonds article 6

Cette catégorie regroupe tous les autres produits dits “classiques”. Il s’agit en fait des produits qui n’ont pas de démarche ESG.

 

Par Alise DURAND

Le monde face à l’expansionnisme chinois

Le monde face à l’expansionnisme chinois

Quand la Chine s’éveillera…le monde tremblera titrait Alain Peyrefitte dans son ouvrage paru en 1973. Un demi-siècle auparavant, Alain Peyrefitte mettait déjà le monde en garde contre la menace de l’expansionnisme chinois. Depuis, Pékin a connu de profondes mutations aussi bien sur le plan national qu’international. Aujourd’hui plus que jamais, la Chine veut devenir la puissance par excellence. En 2017, lors du XIXe congrès du Parti communiste chinois, Xi Jinping a ranimé « le rêve chinois ». Celui de faire de la Chine la première puissance mondiale d’ici 2049, date du centenaire de la République populaire de Chine. L’Empire du Milieu ne cache plus son aspiration à devenir le numéro 1 dans tous les domaines…ou presque. Ses ambitions de grandeurs sont décuplées : puissance économique, démographique, politique, énergétique, militaire, diplomatique, culturelle, technologique, spatiale, maritime… La Chine entend être présente sur tous les fronts et le fait savoir au monde, en particulier aux Américains qu’elle cherche à dépasser. Elle a d’ores et déjà annoncé son intention de les dépasser d’ici 2030 dans le domaine des technologies, notamment de l’intelligence artificielle. De fait, l’essor de la Chine sur la scène internationale a incité l’administration Obama, dès 2011, à déplacer le centre de gravité de la politique étrangère américaine vers l’Asie, désormais cœur de l’économie mondiale. Ce pivot vers l’Asie a pour but d’intensifier la présence diplomatico-militaire américaine afin de contrer l’influence chinoise dans la région Indo-Pacifique. Néanmoins, une décennie plus tard, la stratégie de rééquilibrage n’a pas eu l’effet escompté. Bien que cherchant à renforcer la coopération avec ses alliés dans la région, les puissances asiatiques semblent douter de la crédibilité de la puissance américaine à un moment où les tensions sino-américaines se sont envenimées jusqu’à atteindre leur paroxysme ces dernières années. Si les Américains et plus largement les Occidentaux pensaient être les maîtres du jeu (du monde) dont ils ont créé les règles, la renaissance de l’Empire du Milieu est venue rappeler qu’un Phœnix pouvait renaître de ses cendres.

 

Chine, une puissance revancharde

Lors de son arrivée au pouvoir en mars 2013, le premier discours de Xi Jinping est marqué par son appel à la « renaissance grandiose de la nation chinoise ». Cet appel n’est pas anodin puisqu’il fait référence à ce que les Chinois ont appelé le « siècle de la honte ».

Alors refermée sur le monde entre le XVIe et le XIXe siècle, l’Empire du Milieu vit en autarcie : un grand marché intérieur, une main d’œuvre abondante et une marchandise conséquente (thé, épices, soie, porcelaine,…) que les puissances coloniales convoiteront. La Chine se pense alors au centre du monde. Cependant, cette prétention de supériorité lui est fatale. Aveuglée, elle n’anticipe pas l’arrivée et l’invasion des puissances européennes sur son sol. La Chine se voit donc obligé de céder des pans entiers de son territoire et plusieurs ports comme celui de Hong-Kong aux Britanniques, après les deux guerres de l’opium (1839-1842, 1856-1860) et la signature d’une série de « traités inégaux », avec les puissances coloniales européennes et japonaise, forçant notamment l’ouverture de la Chine au reste du monde. Ces humiliations successives, tout au long du XIXe et jusqu’au début du XXe siècle, ont considérablement affaibli l’empire chinois, privé de ses débouchés géographiques du fait de l’occupation du littoral chinois. Autrefois berceau de l’humanité, l’empire devient à la fin du XIXe siècle une puissance de second plan au moment où les Occidentaux et les Japonais s’industrialisent. De la proclamation de la République de Chine en 1912 par Sun Yat-Sen, mettant fin à la dynastie Qing, pour tenter de moderniser le pays, à l’arrivée de Mao Zedong qui instaure la République populaire de Chine en 1949, avec un État totalitaire et à la puissance limitée, rien ne permettra de rattraper le retard face aux Occidentaux. Il faudra attendre l’arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping, en 1979, pour que s’opère de profonds changements structurels qui viendront moderniser le pays et ouvrir ce dernier à l’économie de marché.

Depuis les années 1980, la Chine ne cesse d’affirmer sa puissance et souhaite retrouver de sa grandeur. Les contentieux historiques ont attisé le ressentiment chinois. Les plaies sont toujours ouvertes et Xi Jinping a bien l’intention d’effacer ces traumatismes. Cela passera nécessairement pour Pékin par un rééquilibrage des forces en remettant en cause la vision occidentale du monde et notamment la légitimité de l’hégémonie américaine.

 

L’Occident face à ses faiblesses

« Si nous ne fixons pas les règles, la Chine les fixera » alertait Obama, en 2015, pour convaincre Washington de signer l’accord de partenariat transpacifique visant à créer une zone de libre-échange entre les pays de la région Indo-Pacifique et celle d’Amérique. L’ex-président pointait du doigt le fait que la non-signature de l’accord laisserait le champ libre à Pékin d’imposer ses propres règles à la région au détriment des Américains. En sachant que la Chine cherche par tous les moyens à décrédibiliser le pays de l’Oncle Sam qu’elle estime en déclin, le risque est donc trop important pour ne pas le prendre en compte…Pourtant, l’arrivée au pouvoir du président américain Trump vient anéantir la stratégie de rééquilibrage mise en place par l’administration Obama. En effet, trois jours à peine après son investiture, le milliardaire républicain, ne voyant pas d’un bon œil cet accord, décide de ne pas ratifier et décide de retirer par décret les États-Unis de l’accord le 23 janvier 2017. L’administration Trump marque un tournant dans la politique étrangère américaine car elle rentre dans une logique de confrontation avec la Chine, avec qui elle mène notamment depuis 2018 une guerre commerciale à coût de taxes douanières.

 

  • L’Europe : un no man’s land géopolitique ?

Durant son mandat, le républicain n’a pas manqué d’afficher sa défiance vis-à-vis de l’Europe. Plus largement, le fait que les présidents américains montrent davantage d’intérêt pour ce qu’il se passe en Asie et délaissent donc en partie les Européens, pourtant alliés de longue date, confirme les limites de l’influence géopolitique européenne. En effet, l’Union européenne est sous la protection de l’OTAN, donc vassale des États-Unis. De plus, l’Union européenne est composée d’une communauté d’États membres très hétérogène, divisée et qui peine à parler d’une seule voix. Par conséquent, elle limite son potentiel de puissance et apparaît donc comme un acteur de second rang dans le domaine de la géopolitique. Toutefois, certaines puissances y voient une opportunité pour avancer leurs pions sur le Vieux Continent (Chine, Russie, et Turquie entre autres).

La stratégie des nouvelles routes de la soie inaugurée par Xi Jinping en 2013 consistant à relier la Chine à l’Afrique et à l’Europe en est un parfait exemple. « Diviser [les Européens] pour mieux régner » telle serait la façon de résumer la stratégie chinoise en Europe. En effet, Pékin profite des divisions en Europe pour signer des contrats avec certains pays européens et contrôler ainsi des ports comme le Pirée en Grèce ou encore celui de Venise en Italie. Le but de la Chine est clair : accroître son influence en Europe.

 

  • Un leadership à réaffirmer

Par ses choix en matière de politique étrangère, en cherchant notamment à freiner la montée en puissance chinoise, Trump a en réalité accéléré l’ascension de la Chine et a au passage remis en cause la crédibilité des Américains auprès des alliés de la région Indo-Pacifique.

L’arrivée de Biden au pouvoir en janvier 2021 ne rompt pas totalement avec la politique étrangère de son prédécesseur puisqu’il n’atténue pas les tensions sino-américaines. Néanmoins, le président américain à une approche similaire à celle d’Obama. Il cherche donc à redorer le blason de l’Amérique et à renouer des relations solides avec ses alliés de l’Indo-Pacifique afin de retrouver un certain leadership. Ainsi, le 28 et le 29 septembre dernier, les États-Unis ont organisé pour la première fois un sommet avec les États insulaires du Pacifique Sud dans le but de réduire l’influence chinoise dans la région qui menace la souveraineté de ces îles. Le sommet s’est conclu par l’annonce d’un ensemble d’engagements dans de nombreux domaines (climat, économie ou encore coopération sécuritaire) avec une enveloppe d’aide d’une centaine de millions de dollars. Toutefois, un certain nombre d’États insulaires semblent douter de cet engagement américain, pensant notamment qu’il s’agit plus d’une aide temporaire que d’une aide permanente accordée à ces derniers. De plus, ce partenariat avec les États-Unis met les îles dans une position délicate avec la Chine. C’est pourquoi, les Iles Salomon ont déjà annoncé le 4 octobre dernier s’opposer à la première version de la déclaration de partenariat en expliquant qu’ils ne veulent avoir à « choisir un camp ».

Réaffirmer le leadership américain ne va pas être si simple pour Biden. D’autant plus que les États-Unis traversent actuellement une zone turbulence du point de vue de leur politique intérieure. En effet, l’invasion du Capitole le 6 janvier 2021 a mis à mal la démocratie américaine et Pékin s’en frotte les mains. Les élections de mi-mandat du 8 novembre prochain annoncent un scrutin très serré entre le camp démocrate et le camp républicain pour le renouvellement de la Chambre des représentants et une partie du Sénat. La crédibilité du président américain est en jeu aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale. Perdre la majorité dans l’une des deux chambres affaiblirait l’image de l’Amérique et son dynamisme en serait directement affecté face à la montée en puissance chinoise.

Par ailleurs, la Chine prend un malin plaisir à critiquer les États-Unis, qui accusent notamment Pékin de « rejeter l’ordre international fondé sur des règles », des règles que les États-Unis eux-mêmes n’ont pas toujours respectées. Par exemple en Irak. De fait, les règles occidentales ne paraissent plus aussi légitimes qu’auparavant, les puissances du Sud se sentent méprisées par l’Occident, ce qui fait bien les affaires de la Chine…Par conséquent, Washington doit envisager une stratégie prudente vis-à-vis de cette dernière, surtout quand il s’agit de s’aventurer dans une zone aussi turbulente que l’Indo-Pacifique, bien connue de Pékin.

 

L’Indo-Pacifique : théâtre d’une nouvelle bipolarité ?

« Qui tient la mer tient le commerce du monde ; qui tient le commerce tient la richesse ; qui tient la richesse du monde tient le monde lui-même » (Walter Raleigh, explorateur britannique). Cette citation résume à elle seule ce qui se joue actuellement dans la région stratégique de l’Indo-Pacifique qui représente près des 2/3 de la population mondiale et où transite 2/3 du commerce maritime mondial. De fait, il s’agit d’une zone particulièrement stratégique pour des puissances comme la Chine. C’est pourquoi l’Empire du Milieu cherche notamment à maîtriser les routes maritimes par la mer de Chine méridionale où il revendique près de 90% des eaux du fait qu’elles contiennent d’importantes ressources halieutiques et énergétiques. La nation qui parviendra à avoir la mainmise sur cet espace contrôlera l’une des routes commerciales les plus importantes au monde. Maîtriser le Sea Power pour affirmer sa puissance par les mers et océans est donc primordial pour Pékin qui cherche à la fois à sécuriser ses approvisionnements pour sa vaste population, évincer Washington et contrôler la région en acquérant le leadership régional.

 

  • Une stratégie chinoise agressive

La stratégie d’affirmation de la puissance chinoise passe par la revendication de zones économiques exclusives (ZEE) et par une militarisation de la zone. En effet, la Chine souhaite s’emparer d’un certain nombre d’îlots et d’archipels afin d’élargir sa ZEE et accroître ainsi son influence. De fait, depuis 2014, Pékin n’hésite pas à construire des îles artificielles sur l’archipel des Spratleys et des Paracels, appelées également « la grande muraille de sable ». Une aberration environnementale pour un pays qui prône pourtant des engagements climatiques forts pour les années à venir… Ces îles artificielles ont pour but d’y installer des bases militaires afin d’y défendre les eaux territoriales, qui lui appartiendrait de droit selon elle.

La militarisation de la zone fait qu’elle devient le théâtre de conflictualité, en grande partie entre les États-Unis et leurs alliés d’un côté et de l’autre la Chine. Cette dernière souhaite acquérir le leadership régional mais tout le monde ne l’entend pas de cette oreille. En effet, la politique agressive de Pékin se heurte aux revendications d’autres États de la région avec qui la Chine est en concurrence (le Vietnam, les Philippines, l’Indonésie, Brunei, la Malaisie et évidemment Taïwan), ce qui provoque des situations conflictuelles. C’est pourquoi, les deux puissances que sont l’Inde et le Japon rejettent la vision chinoise qui viserait à recentrer l’Indo-Pacifique autour de la Chine. De fait, le Japon rompt avec sa traditionnelle doctrine prônant la neutralité militaire, héritée de l’article 9 de sa Constitution (rédigée sous la houlette des Américains au lendemain de la Seconde Guerre mondiale). Afin de faire face au géant chinois, perçu comme une menace, Tokyo augmente ainsi son budget militaire ces dernières années. De plus, la stratégie du collier de perles, visant à prendre le contrôle de plusieurs ports en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient, mise en place par Pékin représente également une menace pour l’Inde qui y voit un encerclement, en particulier dans l’Océan Indien et chez ses voisins comme le Pakistan, rival historique de New Delhi.

Par ailleurs, l’Empire du Milieu s’impose par la mer en multipliant ses exercices militaires en mer de Chine méridionale afin de dissuader ses rivaux et notamment les États-Unis, qui en font régulièrement du fait de la présence de nombreuses bases militaires américaines dans la région. Dernier exercice en date : celui avec la Corée du Sud au début du mois d’octobre 2022 en réaction à des tirs nord-coréens. Le but de la Chine est clair : montrer aux autres puissances que c’est elle qui fixe les règles du jeu dans cette zone. Le 17 juin dernier, la Chine a d’ailleurs présenté son troisième porte-avions nommé « Fujian » (en référence au nom d’une province chinoise se trouvant en face de Taïwan et dont beaucoup de Taïwanais sont originaires) bien plus grand que les deux déjà existant. Un message fort envoyé aux États-Unis, même si la Chine est encore bien loin de dépasser ceux de la flotte navale américaine, mais aussi à Taïwan que Pékin considère comme une partie intégrante du territoire chinois et non comme un territoire indépendant. De quoi attiser les tensions toujours plus virulentes entre ces deux pays.

 

  • Taïwan et la rivalité sino-américaine : Un casus belli inévitable ?

Le ton est monté entre la Chine et les États-Unis au sujet d’une visite historique de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, à Taïwan le 2 août dernier. Pour riposter à cette visite qui a fortement déplu à Pékin, l’armée chinoise a lancé des exercices militaires de plusieurs jours dans les eaux territoriales de Taïwan. Xi Jinping a toujours affirmé qu’il récupérerait un jour l’île, quitte à le faire par la force si nécessaire. En effet, Taïwan représente un enjeu existentiel pour Pékin. Toute proclamation d’indépendance de l’île provoquerait donc immédiatement un casus belli avec Pékin. Le 18 septembre dernier, le président américain Joe Biden a d’ailleurs affirmé qu’en cas d’invasion chinoise, les États-Unis défendraient Taïwan.

Pourtant, aucun d’entre eux n’a intérêt à provoquer une guerre. En effet, un tel conflit serait non seulement dévastateur pour la région mais aussi pour l’économie mondiale. Une invasion de la Chine engendrerait des pertes humaines et des sanctions commerciales américaines à l’encontre de Pékin, déjà fragilisé par le ralentissement de son économie et le départ de nombreux investisseurs occidentaux. Par conséquent, malgré les litiges avec le pays de l’Oncle Sam, l’Empire du Milieu a besoin des États-Unis, et plus largement du monde entier pour vendre ses produits. Sa dépendance aux exportations ne lui permet donc pas de se mettre à dos une partie du monde.

Par ailleurs, il est dans l’intérêt commun que les Américains et les Chinois coopèrent dans certains domaines tels que le climat ou encore le ralentissement de la prolifération des armes nucléaires. Toutefois, l’ambiguïté de la puissance chinoise rend cette coopération difficile. Il faut donc trouver un juste équilibre pour éviter de tomber dans une relation perdant/perdant.

  • En effet, se mettre à dos la Chine n’est pas non plus dans l’intérêt des puissances mondiales car une Chine moins coopérative risque de réduire à néant les efforts en matière de lutte contre le réchauffement climatique notamment. D’ailleurs, à la suite de la visite de Nancy Pelosi à Taïwan, Pékin a annoncé suspendre les pourparlers sur le changement climatique avec Washington, entamés lors du sommet de la COP26 à Glasgow l’an dernier. En faisant cette annonce, la Chine « punit le monde entier » et pas seulement les États-Unis. Cette décision montre qu’en réalité les intérêts chinois sont avant tout tournés vers sa nation.
  • Pékin et Washington n’ont aucun intérêt à voir d’autres pays se doter de l’arme nucléaire. Or la menace d’une guerre pousse les pays à vouloir s’en doter, perçu comme une « assurance-vie » notamment pour les régimes autoritaires. Posséder l’arme nucléaire dissuaderait par exemple les Occidentaux de venir se mêler des affaires intérieures. De plus, la multiplication des missiles balistiques par la Corée du Nord ne fait pas non plus les affaires de Xi Jinping puisque cela renforce la présence américaine en mer de Chine.

La guerre n’est certes pas inévitable mais il est fort à parier que le sort de l’armée russe, qui perd actuellement du terrain en Ukraine, pousse Xi Jinping à y réfléchir à deux fois, surtout à quelques jours du XXe Congrès du PCC où le président chinois brigue un troisième mandat et doit rester crédible aux yeux de sa population pour maintenir sa légitimé.

 

La Chine face à ses propres défis 

« Le rêve chinois est le rêve de notre État, de notre nation et de chaque Chinois. ». Les motivations de Xi Jinping sont avant tout nationalistes. Nul doute que le président chinois sera reconduit pour un troisième mandat le 16 octobre prochain lors du XX Congrès du PCC car il est celui qui incarne le mieux ce « rêve chinois », c’est-à-dire celui d’une Chine puissante et prospère. Toutefois, le défi n’est pas aussi simple à relever avec des indicateurs en berne : une croissance de 0,4% en un an au deuxième trimestre sur fond de faillites bancaires et immobilières et une stratégie zéro Covid qui montre ses limites… Une mauvaise performance qui affecte particulièrement la classe moyenne chinoise pour qui la colère monte. D’autant plus que les inégalités se creusent et que Pékin est confronté à des problèmes de dégradation de l’environnement. La classe moyenne, qui est au cœur du « rêve chinois » du président, est également celle qui prône le plus les valeurs démocratiques. Par conséquent, Xi Jinping est très attentif aux problèmes nationaux et il est à penser que le régime chinois va encore se durcir par peur d’une possible déstabilisation intérieure. Ainsi, le durcissement du régime chinoise passe notamment par un renforcement du contrôle social avec le système de « crédit social » et la reconnaissance faciale à grande échelle pour veiller à un suivi étroit des individus. Le soulèvement actuel en Iran est une leçon pour la Chine : même les régimes autoritaires peuvent être contestés de l’intérieur.

 

Chine, leader d’un nouvel ordre mondial ?

L’hégémonie d’une seule puissance n’est plus possible ni même souhaitable dans ce monde complexe et polycentrique dans lequel nous vivons. Les États-Unis ne peuvent plus être les gendarmes du nouvel ordre mondial. Même si la Chine souhaite devenir la première puissance mondiale et contribue à modifier l’ordre mondial à son avantage, elle n’a pas non plus l’intention d’endosser le rôle de nouveau gendarme du monde. Le monde dans lequel chacun se dirige fera cohabiter plusieurs puissances. Aucune n’aura une hégémonie incontestable. La Chine s’est éveillée et il est clair qu’elle jouera un rôle majeur dans l’évolution des rapports de forces avec les autres puissances. Toutefois, la complexité et l’ambiguïté des rapports de forces entre puissances aujourd’hui ne permet pas à la Chine de devenir un leader incontestable comme l’a pu l’être autrefois les États-Unis. Par conséquent, le nouvel ordre mondial annonce une recomposition du paysage géopolitique mais Pékin n’en sera qu’un acteur parmi tant d’autres.

Par Jessica LOPES BENTO