La Comu, retour sur une “nuit blanche” …

La Comu, retour sur une “nuit blanche” …

 

Article rédigé par Florent CARRIE
18h … l’heure de l’apéro à la comédie de Toulouse. Les journalistes de TBS arrivent dans l’ambiance feutrée de la salle. Entre les fauteuils rouges, une main se tend : Elodie, une des danseuses, nous propose du saucisson. C’est ça l’ambiance de la Comu : une franche camaraderie, des rires qui fusent sur la scène, du partage.

 

La Comu nous a époustouflés … avec des scénettes souvent drôles, parfois poétiques, toujours en musique ! Nous avons été transportés dans un autre univers à tel point que nous rejoignons Proust  « il vaut mieux rêver sa vie ». Alors nous tirons notre chapeau, Romane : très belle pièce,  sympathique histoire d’amour –Encooore une histoire d’amour ? Me direz-vous – OUI, mais un amour qui nait sur fond de douceur, grâce à l’ingénuité d’Agathe, et de rire franc face à l’exubérance du Machistador. Et c’est bien la rencontre de ces différentes émotions qui font de la comédie musicale un cocktail réussi.

 

Pour toi retardataire, levée de rideau … sur le narrateur [Guillaume] :

 

« Attendez-vous à rencontrer des êtres plus vrais que nature, dont le caractère vous attendrira, vous enflammera ou vous troublera » nous clame-t-il de ses grands yeux.

 

Agathe [Noémie], qui a perdu sa mère, a du mal à s’intégrer auprès des domestiques [Victoire] chez la riche Madame Unzucht [Audrey]. Mais Madame ne semble pas porter Agathe très haut dans son cœur malgré ses efforts. Le neveu de Madame [Louis] n’est quant à lui pas insensible au charme fragile d’Agathe. Mais du fait de sa grande timidité, celui-ci ne se déclare pas tout de suite.

 

 Après un voyage onirique, la rencontre du Machistador [Lucas] et de Faustin [Hugo] et moult péripéties, c’est une Agathe changée qui reprendra place sur scène…

 

               Voici les impressions de certains acteurs et organisateurs face à l’évènement.

 

Pourquoi s’être investi dans la Comu ?

 

Romane : Je suis passionnée de théâtre depuis l’âge de six ans. L’année dernière, je n’ai pas participé à la Comu, mais j’avais vraiment adoré. Je fais partie du BDA, et  il n’y a pas que le théâtre qui m’attire : le chant, la danse… Et pouvoir
combiner les trois, c’est vraiment intéressant. J’aimerais travailler dans le secteur culturel, donc organiser la Comu, c’est une expérience géniale.
Manon : Recrutée au BDA en fin d’année dernière, pour la danse et pour la COMU ainsi que le TDA. Cette année, on va être deux ou trois à gérer l’épreuve de danse du TDA. J’en fais depuis que j’ai six ans, principalement du modern jazz, et c’est ce qu’on fait dans la Comu.

 

Romane, comment te sont venues les idées de la pièce ?

 

 « Quand j’ai fait lire le scénario, on m’a dit que je m’étais inspirée d’Alice au pays des Merveilles. Alors qu’en fait c’était plutôt d’Inception. Il y avait aussi des morceaux que je voulais inclure dans la pièce car ils avaient une signification pour moi : la foule, le Machistador… J’ai voulu faire un parallèle entre rêve et réalité. J’ai essayé de créer une histoire autour de ça. »

 

Quelle ambiance à la Comu ?

 

Romane : « Au début, c’était un peu tendu car on ne se connaissait pas. Le théâtre c’est une activité intense, il faut connaitre ses partenaires pour pouvoir bien jouer. Ce n’est pas du mensonge, il faut être sincère. Si on ne connait pas l’autre, si on lui ment, on a du mal à jouer. »
Noémie : « Super joyeux. Parfois, certains sont plus stressés que d’autres, surtout vers la fin, mais on s’adapte. On n’hésite pas à dire les choses. C’est ma première représentation, j’avais jamais chanté et dansé devant un public auparavant. »

 

Un moment de stress ?

 

Audrey : « Le plus grand moment de stress a été derrière sans aucun doute l’attente derrière le rideau rouge, juste avant mon passage. J’ouvrais la pièce avec ma chanson c’était assez impressionnant comme moment ! »

 

Une/des difficultés ?

 

Audrey : « J’avais de grande appréhension vis-à-vis de ma chanson, j’aime bien chanter en soirée ou avec des amis mais je ne considère pas comme une chanteuse. J’avais peur de ne pas être dans les temps mais finalement tout s’est bien passé tout ça grâce à Romane, Sacha et Amaury et à leur aide. »
Noémie : « J’ai eu beaucoup de mal à retenir mon texte. Je n’avais jamais fait de théâtre avant, et donc pour jouer c’était un peu dur au début. »
Manon : « Caler les répétitions, il y a des filles qui bossent le soir. C’était très dur d’avoir tout le monde, de venir à la même heure. Souvent, deux sessions. »

 

De quel personnage tu te sens le plus proche et pourquoi ?
Noémie : « En réalité, je ne me sens pas vraiment proche de mon personnage. C’est une fille discrète, moi je n’ai pas peur de dire les choses. Il n’y a pas vraiment de personnage dans lesquelles je me reconnais. Mais pour rentrer dans la peau du personnage, je n’ai pas eu problème. Je me reconnais dans l’Agathe de la fin. »
Lucas : « J’aime jouer mon personnage, c’est celui qui est le plus drôle à jouer. Moi je suis très romantique, lui aime beaucoup consommer de la femme. Après la première représentation, on m’a dit qu’on avait l’impression de me voir en OB. Mais je suis très attaché au respect. »

 

Un moment de fou rire ?

 

Romane, Lucas : « La scène de la plume bleue quand Agathe dit à Nicolas « dis donc, ce n’est pas commun une plume de cette envergure ».

 

Manon : « Pendant la répétition hier, une de mes danseuses s’est retrouvée en soutif parce que son haut est tombé. Du coup, on a bien fait attention d’attacher les hauts ensuite. »

 

Trois mots pour décrire la Comu ?

 

Audrey : « Emotion, partage et scène »

 

Romane : « Intense, stress et finalité »

 

Qu’est-ce que tu retires de cette expérience?

 

Lucas : « Très bonne expérience car tu arrives à te dépasser. Tu joues aussi pour les autres. Tu t’éclates d’un côté, mais il faut aussi tout donner derrière pour [le public]. Il y avait un bon esprit de groupe : ça nous a permis de jouer, de chanter tous ensemble. »
Noémie : « Un réel enrichissement. J’ai beaucoup appris à travailler avec mon corps, avec les autres, car parfois il n’y a pas forcement d’affinité en dehors de la scène. Bonne connaissance, on s’entend bien, c’est sympa. »

 

Un Mot de la fin ?

 

Manon : « L’année dernière, j’étais seulement danseuse. J’invite les filles qui aimeraient vivre la même expérience à se manifester si elles veulent chorégraphier, c’est une belle expérience. »
Lucas : « Est-ce que tu suces ? »
Ce sont les mots du Machistador … Quoique ? Peut-être que désormais le machistador est en Lucas, c’est à voir !

 

 Florent Carrié

 

Pour TBS Press

 

 

 

 

 

 

Gaspillage alimentaire, quelques idées simples pour le réduire (lu et approuvé par le B3D) !

Le gaspillage alimentaire est un sujet qui n’en finit pas de revenir sur le devant de la scène. En juillet 2014, une quarantaine de députés avaient proposé une loi pour forcer les grands groupes à donner les biens encore consommables qui étaient condamnés à être jetés à des associations. Pourtant les dons de ces derniers grands groupes forment déjà jusqu’à 30% des dons effectués aux associations type restos du cœurs et banques alimentaires. Contrairement aux idées reçus, le problèmes est tout aussi au sein des foyers.

 

 

Les infographies comme celle officielle du ministère de l’agriculture montrent des chiffres alarmants, c’est pour cela que différents mouvements citoyens offrent, grâce à leur créativité, de nouveaux moyens de lutter contre le gaspillage.

 

Des applications pour mieux gérer sa consommation
Checkfood est une application gratuite bien utile pour tous ceux qui ont tendance à oublier certains produits. En scannant le code barre, l’appli vous rappelle qu’un produit est sur le point de périmer grâce à une jauge de péremption, une façon ludique et pratique de vérifier la durée de vie des aliments. Une alerte se lance automatiquement la date de péremption approchant, vous permettant soit de donner ou de cuisiner le produit en question.
Optimiam est une toute jeune application qui permet de détecter les invendus parmi les produits alimentaires. Tout le monde fouine du côté des produits presque périmés pour trouver des plats moins chers sur le point de périmer, l’application permet de géolocaliser ces produits pour ne pas les manquer. Il n’y a pour l’instant que 15 magasins partenaires, mais c’est une initiative appelée à grandir et qui pourrait faire du bien au porte-monnaie.
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Les évènements antigaspillage

 

Tous les ans le 16 octobre a lieu la journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire. Durant cette période sont organisés de nombreux évènements pour sensibiliser le public sur la question (colloques, concerts…). Le gouvernement invite pendant cette période toutes les associations à se faire connaître autour de ce thème.
Depuis 2012, les disco soupes se multiplient en France comme dans le monde. Le concept est simple : plutôt que de jeter les fruits et légumes abimés, des bénévoles choisissent d’en faire des soupes, smoothies. Petit plus, il les donnent gratuitement ou au prix libre aux passants dans une ambiance festive. La disco soupe en 2014, c’était plus de 50 villes et une dizaine de pays.
A ce titre le B3D compte organiser au mois d’Avril une disco salade, on vous attend nombreux !

Sur Kisskissbanbank, un projet propose de créer une marque avec des produits propres à la consommation mais qui ne correspondent pas aux critères esthétiques de l’agroalimentaire. Légumes moches, céréales pas assez bien calibrés ou camembert pas assez lisses, tous ces aliments sont jetés alors qu’ils pourraient tout à fait être consommés. En prime, la marque les vend jusqu’à 30% moins chers que les produits “normaux”. Le projet porte le doux nom de Les gueules cassée et mérite un petit soutien.

Quelques recettes faciles pour ne pas gaspiller

 

Cuisiner les restes peut être un excellent moyen de recycler des produits en fin de vie et éviter de les jeter. Il existe des recettes simples, sans trop d’ingrédients et goûteuses, pour ne pas laisser pourrir des produits qui tendent à perdre de leur fraîcheur rapidement, ou même d’autres recettes pour cuisiner ce que vous n’utilisez pas dans les produits.

 

Pain rassi : Rien de tel qu’un pain perdu pour récupérer vos tranches de pain de mie qui traînent depuis un bout de temps dans votre placard, le tout avec des pommes caramélisés pour ne pas laisser agoniser vos goldens.

 

épluchures : très à la mode, cuisiner les épluchures peut être excellent. Le moyen le plus simple est d’en faire des chips.

Pommes de terre : vous avez encore pris trop de pommes de terre ? Vous pouvez simplement les faire cuire à la vapeur (possible au micro-onde), rajouter votre reste de crème fraîche et des herbes (romarin).  

Adopter une poule : Elle mange toutes vos épluchures, vos restes et vous donne en échange de magnifiques œufs !  Le SIEEOM Grisolles-Verdun propose l’achat de 2 poules par foyer à petits prix et cette année le delta « Pou(bel)le de Table » propose une initiative similaire en projetant d’installer des poules dans des collèges, venez visiter leur page Facebook pour les soutenir.

Camille Barbry

Life is strange, un jeu qui brille par sa singularité

“On a essuyé de nombreux refus” raconte Oskar Guilbert, l’un des co-fondateurs du studio qui vient de sortir life is strange au journal Le monde. Le petit dernier de Dontnod a failli ne jamais voir le jour, et pourtant ce sont aujourd’hui 50 personnes qui travaillent sur ce jeu au gameplay pour le moins original couvé par Square Enix, tout comme Remember me avait reçu l’appui de Capcom. Et pour cause, le jeu se montre audacieux au niveau de nombreux choix artistiques, que ce soit par le choix d’une héroïne lambda, d’un système de jeu controversé dans la communauté du gaming ou du choix de lancement. Il a notamment la particularité de se dérouler sur 5 épisodes, chaque sortie est espacée de plusieurs semaines. Le premier volet est sorti le 30 janvier dernier et l’épisode prochain est prévu pour mars.

 

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Max a le pouvoir de remonter le temps. Timide et introvertie, que va-t-elle faire de cette nouvelle capacité ?

 

Maxine Caulfied est de retour de son Oregon natal pour suivre des cours de photographie, sa grande passion. Elle a quitté sa ville d’origine, Arcadia Bay, il y a 4 ans, une petite ville pas si tranquille que cela. La très populaire Rachel a mystérieusement disparu depuis 6 mois, certains élèves semblent bien instables dans son nouvel établissement et elle a des visions étranges d’une tornade ravageant la ville. Max se découvre rapidement le pouvoir de remonter le temps pour changer ses actions. Dans le premier épisode, elle va devoir sauver sa meilleure amie d’enfance, Chloé, qui a bien changé en 4 ans et a l’air d’avoir pas mal d’ennuis. Cette dernière s’entend notamment particulièrement mal avec son beau-père.

 

Life is strange prend ainsi le parti complexe de pratiquement tout miser sur le scénario. Toute l’importance se retrouve dans l’univers singulier qu’il met en place, ses personnages fouillés et son immersion. La narration est extrêmement soignée est reprend bien sûr beaucoup de codes cinématographiques, mais rappelle également d’autres jeux comme the walking dead, dont le principe est très semblable, mais aussi la recette de jeu ultra-scénarisé du studio français Quantic dream (heavy rain, Beyond two soul…). Il reprend à son compte les principes de choix multiples qui vont influencer la suite du jeu. Vous devez notamment choisir entre différentes actions plus ou moins anodines dont les répercussions apparaissent parfois bien plus loin dans l’histoire. Aucun des choix n’est manichéen et vous aurez toujours quelque chose à sacrifier. Il est difficile d’imaginer les conséquences à long terme de vos actes et c’est là que Life is strange parvient à installer toute sa complexité.

 

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Allez-vous vous cacher face au beau-père de Chloé ou prendrez-vous la défense de votre amie ?

 

C’est dans ce contexte que le pouvoir de Max devient d’autant plus intéressant. Vous pouvez remonter dans le temps, ce qui implique que vous pouvez changer une réponse à une question pour voir la réaction de votre interlocuteur, changer une action passée que vous regrettez ou fouiller un peu partout sans être inquiété puisque de toute façon vous pourrez revenir en arrière. Attention, le jeu fonctionne également en checkpoint, passé un certain laps de temps le retour en arrière n’est plus possible pour une action donnée. Le jeu vous permet de vous promener dans des environnements fourmillant de détails. En fouillant un peu, vous en découvrez un peu plus sur la vie des protagonistes, la disparition de Rachel, la nouvelle vie de Chloé, vos nombreux camarades de classe… Ce qui donne au jeu un aspect voyeur assez jouissif.

 

La narration s’appuie non seulement sur ces derniers points qui apportent au jeu une vraie substance mais aussi sur un design original et soigné et une musique immersive. Life is strange évoque à merveille les troubles de la fin de l’adolescence comme l’avait fait dans un autre registre le film Juno. Le seul bémol est au choix étrange de gameplay pour déterminer les actions, qui vient sans doute du fait qu’il a sans doute été pensé pour une console et non pour un PC, ce qui implique un certain temps d’adaptation quand on ne joue pas sur console.

 

Chrysalis, le premier épisode, se termine en un peu plus de deux heures et pose d’excellentes bases pour un jeu qui s’annonce des plus réussis. Il est bien sûr difficile du potentiel, un épisode parvenant à être à la fois court et très dense. Il s’agit cependant d’un jeu de très bonne facture pour les amateurs de ce type de gameplay très cinématographique et des scénarios poussés.
Camille Barbry

 

Les revenants, la saison 2 est (enfin) en route

Il y a plus de deux ans, une série française a séduit le petit écran, allant jusqu’à convaincre même certains critiques outre-Atlantique, ce qui est assez rare pour le noter. Cette série s’appelle les revenants et possède des arguments de poids qui viennent largement combler certaines lacunes perceptibles. Sans doute semble-t-il étrange de déterrer une série qui commence à être ancienne, mais c’est maintenant officiel après tant d’attente, la saison 2 est en cours de route, ce qui ne peut que nous réjouir et qui mérite bien un petit article sur la première saison.
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Un envoûtement
Dès les premières notes et images du générique, musique composée par le groupe écossais Mogwai qui colle parfaitement à la série, la série attire et intéresse. Entrée en matière mystique, atmosphère délavée, mélancolique, lente et complexe, Les revenants explore le thème du deuil, des secrets des vivants et de ceux qui ne parviennent pas à surmonter leurs difficultés suite à la mort d’un proche. C’est une série au rythme lent, intellectuel et sensible où se côtoient la banalité d’une petite ville française et un surnaturel d’abord discret, puis de plus en plus palpable et inquiétant. Il semble régner constamment dans ce petit village une sorte de brume sans soleil. L’image est pâle, élégamment désaturée, ce ne sera pas un conte joyeux et ces choix esthétiques s’accentuent dans la série à l’approche du final pour donner des sens à des scènes surréalistes qui parviennent à poser une ambiance lourde et inquiétante.
Les revenants ne sont pas des zombies, ce sont juste des gens qui reviennent après des années. Déboussolés, ils tentent de retrouver leur place quand les autres avaient parfois surmonté leur absence. Ils ne sont pas à leur place, semblent décalés dans un monde où leurs connaissances comme les lieux ont changé. Le surnaturel se fait rare dans les séries françaises, seules quelques webséries comme Gabriel s’étaient lancé dans ce domaine boudé des grosses productions. Mais les revenants ne s’emparent du sujet comme le ferait une autre série, des critiques américains avaient en effet salué la série par son traitement très intellectualisé du sujet, comme si comme pour les films d’auteurs français réputés très cérébraux, elle marquait l’apparition d’une patte typiquement hexagonale.
Un casting de premier choix
La série a su trouver les talents nécessaires, et même certaines têtes déjà bien connues : Frédéric Pierrot en père alcoolique rongé par la douleur et la culpabilité, Samir Guesmi en flic d’apparence droit et très (trop) protecteur envers sa fiancée… La jeune fille qui joue Camille est également extrêmement impressionnante et Simon, jeune homme décédé le jour de son mariage est porté à l’écran par Pierre Perrier, image parfaite courante dans les films français des beaux gosses ténébreux/dépressifs/mystérieux/artistes (spécial dédicace à Louis Garrel). Et bien sûr Pierre, le bigot psychologue et abbé Pierre du coin, qui a tendance à vite devenir suspect avec sa tête mielleuse et ses bons sentiments qu’il distribue à la truelle.
Car les vivants ne sont pas beaucoup mieux lotis que les revenants. Rongés, dépressifs, ils cachent tous sans exception une part extrêmement sombre. Il existe une étrange dualité dans chaque personnage, chacun composé d’un Dr Jekyll respectable et d’un Mr Hyde bardé de secrets. Blessures secrètes, douleurs lointaines, culpabilité, les revenants raniment les vieilles meurtrissures et ces personnages torturés ou simplement sont tous parfaitement convaincants.
Mais dotée de certains défauts
On peut bien sûr remettre en question certains choix. Je trouve pour ma part que l’introduction du tueur en série est assez mal incorporée, disons un peu maladroite et apparaît comme assez incongrue. De même, qui laisse des lycéens faire des concours de shots tous les soirs dans le bar glauque du coin ? Ou même cette médium qui n’a des visions qu’en culbutant des hommes consentants ? pourquoi ? Il s’agit sans doute de choix pour apporter maturité et gravité à la série, mais ce sont pour moi des options scénaristiques qui auraient être plus habile dans leur traitement.
Mais ce qui vraiment peut troubler dans cette première saison, c’est que l’on nous laisse avec beaucoup de questions. Le scénario a jalonné de multiples indices et pistes, mais le dernier épisode ne nous éclaire que finalement peu et beaucoup de zones d’ombre demeurent, d’où la joie en apprenant la lancée de la seconde saison. En effet, la fin de cette première saison laissait un certain goût d’inachevé et décevait. Elle laisse la désagréable impression d’avoir affaire à un lost bis qui égraine les pistes à tout bout de champ sans ne serait-ce qu’esquisser une réponse.

 

Série audacieuse et d’excellente facture, Les revenants renouvellent la série française en lui donnant un aspect et une atmosphère particuliers. Avec de bonnes critiques outre-atlantique, elle risque cependant à trop se faire attendre de perdre son public.
Camille Barbry
Les Particules Elementaires

Les Particules Elementaires

Parce-que notre travail au sein du TBS Press n’est pas seulement d’écrire mais aussi de faire partager, je vais vous faire part une nouvelle fois d’un témoignage.
Le 17 décembre dernier au CDRT – Centre Dramatique Régional de Touraine – j’ai eu la chance de pouvoir assister à la meilleure pièce de théâtre que j’ai eu l’occasion de voir : Les Particules Elémentaires de Michel Houellebecq mise en scène et adaptée par Julien Gosselin. Cette pièce, grande révélation du Festival d’Avignon en 2013, fait le tour des théâtres et centres dramatiques de France depuis et sera jouée au TNT du 25 au 28 mars 2015 – à bon entendeur.
Petite mise au point : Les Particules Elémentaires de Michel Houellebecq est un roman publié en 1998 questionnant l’héritage de mai 68 et du mouvement Hippie en France à travers la narration de la vie de deux hommes – Michel Djerzinski, un scientifique de renom et Bruno, un professeur en quête perpétuelle du plaisir sexuel, deux frères qui ne le découvrent que plus tard et qui vont traverser cette période clé de l’Histoire. Ces deux biographies agiront comme révélatrices de l’état de la société française de l’époque : une société en quête de repères, perdue dans le vacarme d’une consommation toujours plus abrupte, refusant tout conformisme, toute aliénation et toute autorité et prônant la paix et la liberté absolue notamment la liberté sexuelle.
Ce roman et l’écriture de Houellebecq en général semblent réellement « fait[s] pour le théâtre » comme a pu le dire Julien Gosselin. Cela tombe sous le sens une fois le roman lu ; il y a de réelles coupures, des « phases » de description, de récits romanesques et de poésie. Le Prologue le met bien en évidence : en deux pages, on a droit à un récit romanesque que l’on pourrait facilement comparer à un hommage mortuaire et à un poème dont je vous fais part de la fin ici :
« Maintenant que la lumière autour de nos corps est devenue palpable
Maintenant que nous sommes parvenus à destination
Et que nous avons laissé derrière nous l’univers de la séparation,
L’univers mental de la séparation,
Pour baigner dans la joie immobile et féconde
D’une nouvelle loi
Aujourd’hui
Pour la première fois,
Nous pouvons retracer la fin de l’ancien règne. »
Loin de moi l’idée de vous révéler tous les détails de la mise en scène, je souhaite simplement attirer votre attention, éveiller votre curiosité et peut-être vous donner envie de voir une pièce de théâtre dépoussiérée, décalée – dû en partie à l’écriture de Houellebecq mais pas que, alliant moments descriptifs avec notamment les apparitions du personnage de Houellebecq interprété par un des comédiens de la troupe qui intervient au fil de la pièce, moments d’humour lorsque Bruno essuie refus sur refus de la part de la gente féminine, et moments forts en émotion. La Valeur Ajoutée de cette pièce de théâtre est l’utilisation de divers procédés de mise en valeur du texte : les nouvelles technologies avec l’utilisation de vidéos, de caméras filmant en direct et retransmises sur l’écran géant, la musique – la majorité des acteurs sont aussi musiciens– si présente que l’on peut avoir parfois l’impression d’être dans un concert et enfin divers procédés théâtraux comme par exemple l’utilisation du nu.

 

Pour ma part, le moment fort de la pièce est le long et fort monologue sur le projet « Tribute to Charlie Manson » et sur les massacres perpétués par un certain David Di Meola. Une musique très puissante et très violente accompagne ce monologue le chargeant d’autant plus en émotions. Celui-ci dénonce les dérives et les limites du mouvement Hippie en décrivant les horreurs commises par les sectes, américaines notamment, qui prirent naissance dans l’essence même du mouvement. Cela est d’ailleurs bien explicité dans cet extrait :
« Selon Daniel Macmillan, la destruction progressive des valeurs morales au cours des années soixante, soixante-dix, quatre-vingt puis quatre-vingt-dix était un processus logique et inéluctable. Après avoir épuisé les jouissances sexuelles, il était normal que les individus libérés des contraintes morales ordinaires se tournent vers les jouissances plus larges de la cruauté […]. En ce sens, les serial killers des années quatre-vingt-dix étaient les enfants naturels des hippies des années soixante. »

 

La force de cette pièce est que l’on peut passer du rire aux larmes – ou du moins à l’émotion extrême en quelques minutes voire quelques secondes. Elle nous incite à nous questionner quant à l’héritage que nous, étudiants et personnes n’ayant pas connu mai 68, avons reçu et quelles conclusions sur nos droits fondamentaux, particulièrement celui de la liberté mis à mal à de maintes reprises ces derniers temps, nous devons en tirer.
Je ne peux donc que conclure par : Allez voir cette pièce !

 

Loren Bousquet