Le Street Art vu par une curieuse

Le Street Art vu par une curieuse

 

Article rédigé par Maëva.B

 

 

Banksy

 

 

 

?David Zinn, Michigan
Swen Schmitz, Catalogne

 

Seth, Paris

 

Daniel Siering, Mario Shuin, Allemagne

 

Le Graffiti, un gros mot qui s’affiche sur les murs sales de la Cité. Gros mots aux grasses lettres, qui s’imposent à la vue de tous. De tous ? Non, à la vue des initiés d’abord. Historiquement, le graffiti était une pratique fermée aux seuls Crews, les graphismes complexes dessinés sur les rames de RER demeurant pour la plupart des gens illisibles, donc incompréhensibles et par conséquent… effrayants. Comme une langue qui demeure étrangère et menaçante.

 

Le graffiti, comme le Street Art de nos jours, ne sont pas toujours à la vue de tous. Et pourtant, ils ont vocation  -dans leur forme même – à l’être. C’est donc à nous d’être plus attentifs, et je vous y invite. Le mieux est encore, je crois, de se perdre dans la ville, car alors rien ne presse notre course, et notre oeil peut s’attacher aux nouveautés qu’il croise au détour d’une rue. Il faut dire que l’artiste nous complique souvent la tâche en choisissant des lieux atypiques, des non-lieux précisément, pour apposer le pinceau ou la bombe. Ce sont ces lieux hors du commun, à la frontière du visible et de l’invisible – telle ruelle à l’écart, tel renfoncement ou coin de mur- que je vous propose de chercher, pour pouvoir comprendre ce qui suit.

 

 

Qu’est-ce qui fait la spécificité du Street Art ? Pourquoi séduit-il un public toujours plus large ?

 

Reprenons depuis le début… Le Graffiti n’est qu’une infime partie du Street Art. Le Street Art regroupe les formes artistiques réalisées dans la rue, dans des lieux a priori publics. Ainsi, tandis que le graffiti est une forme d’art particulière, le Street Art peut recouvrir des formes aussi diverses que les collages (Levalet, collages de personnages grandeur nature peints à l’encre de chine), les dessins à la craie (Baudelocque), la peinture au pinceau fin, la pratique du pochoir (miss tic, C215) la mosaïque (Space Invaders). Et en outre, on ne trouve plus seulement des messages écrits ou des signatures (les tags) mais aussi des messages barrés (RERO, qui biffe ses majuscules en police Verdana), des visages, des animaux, voir des formes non identifiées (THTF)…

 

 

THTF, Lyon

 

 

 

Levalet, Paris

 

 

BAUDELOCQUE, Paris

 

Space Invaders, Paris

 

 

RERO
Ce qui rassemble des pratiques aussi éclectiques pourtant est une commune démarche : passer à la rue. S’afficher sur un mur. Transformer une technique d’atelier en art in situ. Car l’essence même du Street art est de se constituer en temps qu’art de l’espace, et de composer avec ce dernier pour offrir un dialogue. C’est un Levalet qui colle un photographe pointant son appareil vers une fenêtre qui se trouvait là, par exemple. En somme, chaque oeuvre se transforme ainsi en clin d’oeil destiné à son spectateur. Lors de la promenade, c’est un petit bonheur pour moi que de tomber sur ce « clin d’oeil ». Car quand on se rend au musée, la surprise n’est jamais grande : on connait, de près ou de loin, l’artiste et on se représente son style. A l’inverse, avec le Street Art, on ne sait jamais à quoi s’attendre. Cette chasse au trésor a le charme de l’inattendu. Et le terrain de jeu du Street Art, urbain, français, mais aussi mondial, est infini … il ne connait pas la limite.
C215, Senegal
Tandis que d’autres formes artistiques s’enferment dans des musées et se livrent codées, difficiles à comprendre, le Street Art s’offre dans son humilité. C’est un visage, comme un miroir de notre humanité (C215) ; ou une jeune fille tenant un ballon (Banksy) qui, prête à s’envoler, nous rappelle à nos rêves. En somme, le Street Art nous raconte des histoires simples, et peut être apprécié par tous. Il n’est pas réservé à un public spécifique -ni dans le fond ni dans la forme- si ce n’est qu’il n’est visible que par ceux qui sont sensibles aux variations et aux détails de la promenade urbaine. Ouvrez donc l’oeil !
source photos : artfido blog
 Maëva B.