Les printemps arabes, un révélateur de la dissymétrie Occident-Orient.

 

Le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid (Tunisie), Mohamed Bouazizi, un vendeur ambulant, s’immole par le feu. C’est l’élément déclencheur de l’ensemble des phénomènes de révoltes dans la région que l’on nomme non par hasard « Moyen-Orient ». L’angle d’attaque sensationnel voire fantasmagorique des médias occidentaux face à ces évènements est potentiellement le catalyseur de nos idées reçues et préjugés sur cette région. De ce fait, Il parait légitime et opportun de se demander ce que disent ces évènements de la nature de la relation entre l’Occident et l’Orient.

Il convient de rappeler que le terme globalisant Moyen-Orient est utilisé par les occidentaux pour désigner un théâtre d’opérations stratégiques dans une zone géographique dont la délimitation par des critères ethniques, religieux et politiques est malaisée. Cette vision stratégique est entérinée par les accords Sykes-Picot en 1916 : la France et la Grande-Bretagne qui constituent les deux plus grandes puissances coloniales de ce temps se partagent les terres du feu empire Ottoman. Les frontières naissant de cet accord ne correspondront à aucunes réalités cohérentes en termes sociaux, ethniques, politiques. Ce découpage arbitraire ne sera pas le meilleur vecteur du bien-être des populations le subissant mais en termes de défense des intérêts stratégiques occidentaux, il est indubitablement efficient. L’efficacité de la soumission d’un régime politique étant inversement proportionnelle au nombre d’individus ayant effectivement le pouvoir, la promotion factice de la démocratie par la voie médiatique pouvait bien remplacer la défense de l’intérêt des peuples par un biais diplomatique dans les instances compétentes en la matière. C’est en cela que l’Occident propose un double discours : les régimes autoritaires n’ont pas reçu d’admonestation occidentale concernant leurs dérives liberticides en politique intérieure dans la mesure où ils ont permis la défense des intérêts géostratégiques qui ont poussé les occidentaux à pactiser avec eux. C’est indéniable pour l’Arabie Saoudite (via le pacte de Quincy), pour la Libye et la Tunisie, parce qu’ils servaient de rempart contre le terrorisme au sud de la méditerranée et ont été renforcés post 11 septembre, enfin pour l’Egypte en tant qu’elle était un rempart historique contre l’URSS puis garante de la sécurité du canal de Suez.

La projection de fantasmes liés à cet « ailleurs en mouvement » a gâté l’analyse scientifique des évènements. Il est aisé de constater que le facteur économique, essentiel vecteur de ces révoltes, a été oblitéré par l’immense majorité des médias européens. Et pour cause, il lui a été substitué un vecteur que l’ethnocentrisme nous enjoint à prêter aux révoltés : un désir soudain et inespéré de démocratie, un combat pour le pluralisme politique, le droit des femmes et des minorités. L’Histoire apprend à ceux qui daignent s’y intéresser que les révolutions s’inscrivent d’abord dans un contexte de crise économique et non idéologique. La situation économique d’un grand nombre de pays qui composent la région est désastreux au moment où éclatent les premières manifestations, notamment le chômage des jeunes, c’est ce qui justifie en premier lieu le profil sociologique des « meneurs » des révoltes. Les résultats des élections démocratiques qui porteront les islamistes au pouvoir en Tunisie (Ennahda) et en Egypte (Les frères musulmans) L’idéologie vient ensuite en ce que le  phénomène d’acculturation touche aussi ces jeunes, plus sensibles aux marqueurs sociaux que représente une paire de chaussures floquées d’une virgule qu’aux marqueurs religieux qui les séparent du monde occidental. En somme, les populations occidentales ont voulu croire que leur système de valeurs avait été enfin adoubé par des populations ayant désormais bien du retard sur le fameux printemps des peuples européen de 1848, dont les idées progressistes furent d’ailleurs anéanties dans l’année même de leur émergence.

La caractérisation même des évènements révèle un ethnocentrisme irréfutable. Le terme de « révolution » a été employé très tôt au détriment de « révolte ». Or, une révolution suppose une transformation profonde des institutions, de la société voire des valeurs fondamentales d’une civilisation, ce processus n’étant objectivement pas de mise. La révolte, quant à elle, implique un mouvement collectif de rébellion contre une autorité établie, un gouvernement, un ordre social, des institutions, ce qui est on ne peut plus proche de la réalité.  L’essentialisation si hâtive de ces évènements démontre un besoin profond de l’Occident de projeter un modèle, un système de valeurs sur cette partie du monde, sans tenir compte de la réalité objective de « l’autre » qui doit devenir le miroir réconfortant d’une morale inquisitrice.

Il est en fait question de l’impérialisme européen relatif à la représentation du monde : la projection de Mercator datant de 1569 propose une carte du monde qui ne respecte pas les dimensions des territoires (l’Afrique qui représente un quart des terres immergées du globe s’y trouve moins étendue que les Etats-Unis, la taille de l’Amérique du Sud et du Moyen-Orient étant aussi minorées au profit des grandes puissances de l’Hémisphère Nord). Cette représentation de l’espace est le premier substrat des conquêtes coloniales et des rapports de force engagés avec des territoires minorés. La projection de Peters, plus récente et respectant la dimension des territoires, promue par Willy Brandt dans le cadre de l’ouverture géopolitique de l’Allemagne à l’Afrique en 1973, n’est pas celle qui prévaut à la maison blanche, au palais de l’Elysée et au siège de l’ONU mais aussi dans les écoles. Doit-on pour autant estimer que le rapport de l’Occident à l’Orient est essentiellement guidé par une vision stratégique ? Yves Lacoste ne disait pas autre chose en affirmant « La géographie, ça sert d’abord à faire la guerre ».

Projection de Mercator
Projection de Peters

 

Israël et la Palestine sont sur un bateau, Israël est un Etat depuis 1948, la Palestine tombe à l’eau ?

Israël et la Palestine sont sur un bateau, Israël est un Etat depuis 1948, la Palestine tombe à l’eau ?

Israël et la Palestine sont sur un bateau, Israël est un Etat depuis 1948, la Palestine tombe à l’eau ?

« L’acceptation de la partition ne nous engage pas à renoncer à la Cisjordanie. On ne demande pas à quelqu’un de renoncer à sa vision. Nous accepterons un état dans les frontières fixées aujourd’hui — mais les frontières des aspirations Sionistes sont les affaires des Juifs et aucun facteur externe ne pourra les limiter. »

David Ben Gourion – fondateur de l’Etat d’Israël

Le 28 novembre 2014 nos chers députés français vont devoir voter pour ou contre la reconnaissance de l’Etat Palestinien. Ce n’est pas une action isolée en Europe. Déjà en octobre, le Parlement britannique s’est prononcé en faveur de la reconnaissance de l’Etat Palestinien. En effet, le gouvernement devrait accorder à la Palestine le statut « d’Etat » afin d’aider à l’établissement d’une solution négociée à deux Etats avec Israël. Fin octobre, c’est la Suède qui a totalement reconnu l’Etat Palestinien. Le ministre des affaires étrangères suédois, Margot Wallström, a déclaré que « les critères de droit international pour une reconnaissance de l’Etat de la Palestine sont remplis » : elle possède un territoire – bien que les frontières ne soient pas fixes, une population et un gouvernement.
Il semble qu’ « une décision conjointe des pays européens de reconnaître la Palestine serait une bonne idée » d’après Alain Juppé interviewé sur RMC le 4 novembre 2014. C’est d’ailleurs ce que semble vouloir mettre en place la nouvelle chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini. Lors d’un déplacement à Gaza, elle a clairement déclaré « Il faut un Etat Palestinien ». Il faut savoir que 8 pays de l’Union Européenne reconnaissent déjà l’Etat Palestinien mais, à part la Suède, tous l’ont fait avant d’adhérer à l’Union. La plupart d’entre eux sont des pays de l’ancien bloc soviétique, bloc qui avait déjà en partie reconnu l’existence d’un Etat Palestinien suite de la création de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) le 15 novembre 1988 avec de nombreux pays du Moyen-Orient et d’Afrique.
Malgré la stagnation du processus de paix entre la Palestine et Israël, la communauté internationale semble pourtant vouloir faire avancer les choses : en 2011, le Brésil et l’Argentine reconnaissent l’Etat Palestinien, en 2012 c’est l’ONU qui donne le statut d’ « Etat observateur non membre de l’ONU » à la Palestine, avec 138 voix ‘pour’ sur 193, lui conférant le droit d’assister à la plupart des réunions et de pouvoir consulter les documents onusiens mais pas de voter, de proposer des résolutions et de postuler pour les offices onusiens.
A ce jour, 135 pays reconnaissent l’Etat Palestinien soit 70% des 193 Etats membres de l’ONU mais aucune grande puissance occidentale ne l’a encore fait. Cette dynamique semble pourtant profitable au processus de paix entre Israël et la Palestine puisque Mahmoud Abbas, président de l’Autorité Palestinienne, a promis un nouveau calendrier de négociations avec Israël et estime qu’il faudra 3 ans à la Palestine pour obtenir totalement le statut d’Etat avec comme base les frontières de 1967.

 Finalement, la Palestine ne tombera peut-être pas à l’eau…

Trois français kidnappés au Mexique, l’épopée de Maude Versini [interview].

Trois français kidnappés au Mexique, l’épopée de Maude Versini [interview].

817 jours 15 heures 22 minutes et 15 secondes soit plus de deux ans c’est le temps qui sépare Maude de ses trois enfants Sofia, Adrian et Alexi. Ancienne femme d’un des hommes les plus puissants du Mexique, cette parisienne a saisi la Commission interaméricaine des droits de l’homme pour attaquer l’Etat Mexicain. Elle nous raconte son odyssée, en exclusivité pour TBS Press.

Maude, journaliste française, quitte la France pour développer son activité de l’autre côté de l’Atlantique, en 2002 elle interviewe le Gouverneur de l’Etat de Mexique et probablement l’homme le plus puissant du pays, Arturo Montiel Rojas, c’est le coup de foudre. Ils auront trois enfants dont le plus petit Alexi qui est autiste. Cinq ans plus tard cet amour intercontinental prend fin et Maude, ayant obtenu la garde des enfants, rentre à Paris. 2012, année charnière, Montiel annonce à son ancienne femme que les enfants qui étaient avec lui lors des vacances de Noel « ne rentreront plus jamais en France », la même année son disciple et neveu Enrique du PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel) est élu Président.

(ImageLes trois enfants de Maude kinappés par leur père au Mexique)

La justice mexicaine est sous la tutelle des personnes comme Montiel qui peuvent dicter les lois et bénéficient des privilèges exorbitants que seule la Nomenklatura soviétique avait connu dans l’histoire récente de l’humanité. Le Mexique, le pays le plus corrompu d’Amérique Latine (d’après Transparency International), abrite des criminels qui bénéficient d’une impunité totale et la « nouvelle ère dans la justice mexicaine » promise par Enrique Peña Nieto n’a toujours pas vu le jour. Arturo Montiel est classé parmi les 10 personnes les plus corrompues du Mexique d’après le magazine Forbes. Depuis 2012 Maude essaye de récupérer ses enfants ou du moins de les voir, efforts qui jusqu’à présent n’ont pas porté leurs fruits du fait de la manipulation de la justice exercée par l’ancien Gouverneur. Maude a donc décidé d’attaquer l’Etat mexicain à travers la Commission interaméricaine des droits de l’homme qui siège à Washington DC. Les relations franco-mexicaines, rétablies récemment après l’affaire Cassez, pourraient être mises en danger encore une fois.

Aviez-vous déjà remarqué que Montiel pouvait contrôler jusqu’à la justice ? 

Non, pas lorsqu’on était marié, mais par contre je l’ai vu manipuler la justice lorsqu’il m’a demandé en mariage. Pour pouvoir se marier avec moi il a changé un texte de loi pour qu’une personne divorcée au lieu d’attendre un an pour se remarier puisse le faire en 15 jours.

Vous dites souvent que Montiel a « le bras » long, avez-vous des exemples ?

Oui, dans mon cas par exemple, la juge dite impartiale Guadalupe Escalona Valdez qui gère notre cas m’avait donné raison à deux reprises, elle a changé d’avis lors du troisième procès. J’ai vu, dans une vidéo du procès, Montiel la tutoyer et l’appeler Lupita. Il manipule magistrats et juges ainsi que mes enfants qui sont victimes d’une aliénation parentale (endoctrinement psychologique).

Enrique Peña Nieto (EPN) a déclaré qu’il s’agit d’une « affaire privée » et qu’elle doit être « réglée entre particuliers », pensez-vous que le Président est neutre et impartial ?

C’est complètement faux ce n’est plus une affaire privée depuis longtemps, Montiel l’a rendu politique, et elle est devenue publique. Il est plutôt du côté de son oncle Montiel, il disait qu’il allait laisser la justice mexicaine faire son travail mais quand on voit la manipulation des juges je vois que EPN n’est pas de mon côté. Le fait qu’on ne me laisse pas voir mes enfants, même pas le droit de visite pendant que la justice fait son travail est complètement déplorable. Il s’agit de sa justice, il prétend que sa justice est impartiale et il cependant permet que les droits des enfants et d’une mère soient bafoués.

Que pensez-vous de la « nouvelle ère » dans la justice mexicaine promise par EPN ?
 

Je suis très sceptique. Lorsque Florence Cassez a été libérée et il parlait de cette nouvelle ère j’étais optimiste en me disant que j’allais bénéficier de celle-ci. Aujourd’hui la seule justice qui existe est celle de la Cour Suprême, dernière instance de recours, mon dernier espoir.

Pensez-vous que l’affaire Florence Cassez peut influencer votre cas ? 

L’affaire Cassez m’a beaucoup desservi puisque depuis l’affaire la France n’agit plus de la même manière dans les relations bilatérales avec le Mexique, les diplomates français prennent plus de pincettes, ils font davantage attention à ne pas blesser les mexicains. Aujourd’hui, ils ne veulent plus politiser les conflits entre les deux pays, ils ne veulent pas intervenir et malheureusement mon problème ne peut pas se régler par la voie douce, il ne se réglera que lorsque le Président François Hollande tapera du poing sur la table, aujourd’hui la France est incapable de le faire.

L’ex compagne du Président François Hollande, Valérie Trierwieler vous a reçu deux fois à l’Elysée et a promis de vous soutenir. Qu’est-ce qu’elle a fait concrètement ?

Elle a envoyé une lettre aux avocats mexicains en leur disant qu’il fallait qu’ils trouvent une solution avant que ça devienne un conflit international. Je suis bien attristée qu’elle soit partie, elle m’a dit sur Twitter que sa souffrance n’était rien par rapport à la mienne. Je pense que c’est une personne sur qui je peux toujours compter. 

(Image: Les 4 enfants de Maude)
En avril François Hollande ira au Mexique rencontrer son homologue EPN. Va-t-il aborder votre cas ? Avez-vous réussi à contacter d’autres autorités ou personnalités? 
Le dossier est suivi par son cabinet et par le Quai d’Orsay. J’espère qu’il pourra non seulement traiter le dossier mais aussi récupérer mes enfants et les ramener en France. J’ai écrit à Carla Bruni mais je n’ai pas eu de réponse. J’ai été reçue au Quai d’Orsay à deux reprises. Le Quai d’Orsay gère les relations entre moi, le consul et l’ambassadeur français au Mexique, et suit très bien mon affaire, mais on a une échéance celle de la visite de François Hollande au Mexique en avril et s’il ne tape pas du poing sur la table pour me récupérer mes enfants je les aurais définitivement perdu, tous mes espoirs reposent sur cette visite.
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Lire aussi:
Voir:
Documentaire sur l’Affaire Versini sur M6: Maude voyage au Méxique pour voir ses enfants
Venezuela: La fin de l’autoritarisme ?

Venezuela: La fin de l’autoritarisme ?

Leopoldo Lopez, leader de l’opposition.

Une nouvelle étape dans la dictature vénézuélienne : la répression brutale pourrait mettre un terme au régime qui gouverne depuis plus de 15 ans.

Attention !

Cet article n’est pas pour ceux qui sont nostalgiques des héros révolutionnaires latino-américains de la deuxième moitié du XXème siècle (plus mythologiques qu’autre chose) et autres mélenchonistes qui gobent ou contribuent à la très huilée propagande chaviste en France (ça risque de vous désenchanter).

L’année 2014 démarre avec du changement, les peuples ne cessent de se débarrasser (plus ou moins facilement) de leurs dictateurs (et ceci depuis le détonateur initial : Le printemps arabe). C’est maintenant le tour de l’Ukraine qui, après de sanglantes manifestations, a finalement réussi à se débarrasser de Viktor Ianoukovitch. Cependant malgré cette victoire les manifestations à Kiev ont accaparé les regards et les medias, ce qui n’a pas été favorable pour dévoiler ce qui se passe à 9 000 Km de distance de l’autre côté de l’Atlantique : « Le printemps bolivarien ». (Image:Des milliers de manifestants à Caracas le 18 février (Source: La nacion))

Le 12 février les étudiants vénézuéliens de tous les milieux et classes sociales ont manifesté contre le gouvernement de Maduro, héritier politique de Chavez formé et dirigé par les frères Castro. La riposte de ce dernier fut plus laconique : faire taire les étudiants (ou « les fascistes payés par la CIA pour faire un coup d’Etat ») manu militari. Cette brutale répression a fait jusqu’à aujourd’hui plus de 10 morts, plus de 150 personnes blessées et torturées et nombre de prisonniers politiques (220 jusqu’à aujourd’hui pour être exact) dont l’un des principaux leaders de l’opposition Leopoldo Lopez. C’est ainsi que Maduro a ouvert la boite de Pandore.

Analysons donc les motifs qui ont poussé les étudiants à manifester, en supposant bien sûr qu’il ne s’agisse pas des espions américains ou des agents de l’ « Empire ».

–       –   Les pénuries des biens et services de première nécessité, le papier toilette étant le symbole même, mais aussi la nourriture en général, le beurre, le lait, la viande, le sucre, les médicaments, etc., ainsi que les pénuries d’électricité et d’eau (les coupures de ces derniers sont constantes). Ce qui est très contradictoire s’agissant du premier pays pétrolier (en termes de réserves) et d’un des pays les plus riches (en termes de revenu pétrolier).

–     –   L’insécurité, en 1999 (année où Chavez arrive au pouvoir) il y avait 5 000 homicides par an (chiffre déjà élevé par rapport aux pays voisins) aujourd’hui ce chiffre dépasse les 25 000 (d’après l’Observatoire
      Vénézuélien de la Violence) soit plus d’un homicide toutes les 30 minutes.

–     –  L’inflation, la flambée des prix de plus de 55% accable le pouvoir d’achat des vénézuéliens (surtout des plus pauvres).

–   –  L’avenir, le Venezuela sombre depuis quelques années dans une profonde crise économique due notamment au manque d’investissements productifs.
(    Image: Manifestant annonçant la fin de la dictature au Venezuela (« loading ») (Source:Reuters))
       Le « chavismo » a kidnappé voire détruit l’avenir du pays. Quinze ans au pouvoir ne permettent plus de dire que c’est la faute aux anciens gouvernements.
         De même que des étudiants courageux français ont déclenché les mouvements de Mai 68 à Nanterre (le 6 mai pour être précis) pour répudier la société gaulliste traditionnelle et conservatrice, des étudiants vénézuéliens ont déclenché à Caracas ce que j’appelle le printemps bolivarien, pour rejeter la société chaviste, la dictature et pour avoir un avenir.

Samedi 22 février (ou le 22F) fut une deuxième journée historique, la concentration massive de plus d’un million de personnes à Caracas ainsi que dans toutes les villes et villages du Venezuela et dans le monde entier (dans plus de 60 pays) pour :

–         – Répudier les actions menées par le Gouvernement (notamment la répression brutale, la persécution, torture et extorsion de la part de la police politique ou des services d’intelligence cubains).

–        –  Exiger la libération des 220 prisonniers politiques (dont Leopoldo Lopez, arrêté par le simple fait de diverger et de manifester)

       –  Demander le désarmement des « collectifs » (groupes paramilitaires armés par Chavez pour défendre la perpétuité de la « Révolution bolivarienne »)

–       –   Avoir une justice impartiale et la séparation des pouvoirs

–       –  Liberté d’expression et d’opinion.

La fin de la dictature ?


Ce n’est pas la fin de la dictature bolivarienne mais c’est le début de la fin, ces manifestations ont (dé)montré que les vénézuéliens ne soutiennent plus le modèle pseudo-socialiste-communiste chaviste qui n’est qu’un régime fasciste-populiste en réalité. Et ceci on peut le voir aujourd’hui, le Venezuela est un pays en crise (économique, structurelle, d’insécurité, de pénurie, sociale et sociétale) qui rentre dans une spirale infernale inflationniste qui devrait déboucher dans une hyperinflation similaire à celle du Zimbabwe il y a quelques années. (Image: Concentration pacifique du 22F à Caracas. (Source: Maduradas) )

Mon opinion : 0n ne renverse pas un dictateur en un ou deux jours (l’Egypte : 3 mois, la Syrie plus de 2 ans, La Libye : 1 an, l’Ukraine : 1 mois…) mais le processus a commencé et il va perdurer. Le chavisme est moribond.
Le printemps bolivarien qui n’est qu’une conséquence du printemps arabe (qui a déclenché un mouvement de libération à effet domino), aura-t-il un effet dans les autres pays de l’Alba ? (Alliés et protégés du Chavisme) Oui mais pas instantanément, l’effet se traduira surtout lors des prochaines élections (dont la plupart aura lieu en 2014).

(Image: #SOSVenezuela, cliquez pour agrandir)

« S’il n’y a pas de nourriture lorsqu’on a faim, s’il n’y a pas de médicaments lorsqu’on est malades, s’il y a de l’ignorance et si on ne respecte pas les droits fondamentaux des individus, la démocratie n’est qu’une coquille vide, même si les citoyens ont un parlement et peuvent voter » – Nelson Mandela

–          « Maudit soit le soldat qui tire sur son peuple » – Simon Bolivar




Anecdote :

Chavez et son régime se proclament de Bolivar (héros qui a libéré l’Amérique Latine de la Couronne Espagnole au XIX siècle) d’où la « Révolution bolivarienne », ils disent continuer sa révolution.  Leopoldo Lopez (ennemi juré du régime et prisonnier politique) est descendant de Simon Bolivar, ainsi que de Cristobal Mendoza, le premier Président du Venezuela.

*Image de couverture: Leopoldo Lopez arrêté (leader de l’opposition, il fut également arrêté en 2002, interdit de
candidater aux élections présidentielles et arrêté à nouveau le 18 février 2014).(Source:Noticias24)

                     #HopeForVenezuela #SOSVenezuela #PrayForVenezuela #YoSoyVenezuela

La France a-t-elle eu raison de vouloir entreprendre une intervention en Syrie ?

Rappel rapide des faits:

    Depuis plus de 2 ans nous n’avons de cesse d’entendre parler du conflit syrien et plus exactement une guerre civile qui a fait plus de 100 000 morts en 2013 d’après les Nations Unies. Pourtant au départ ce n’était que des manifestations pacifiques entre pro et anti-régime. Cependant il ne sert à rien ici de raconter le déroulement de la crise car il est aisé de le trouver sur internet. 
En revanche il serait judicieux de se préoccuper du cas de la France et du rôle que celle-ci a voulu jouer… mais sans succès.

Était-il raisonnable d’envisager une intervention française en Syrie ?

       I. En se basant sur les résultats de l’intervention au Mali pourquoi pas ?

        

   
    Il est vrai qu’on ne peut nier le fait que le régime syrien s’apparente à une dictature où Bachar El Assad tire les ficelles. On aurait pu penser également qu’après être intervenu au Mali pour mettre un terme à l’action des rebelles touaregs et du mouvement salafiste pour ne citer qu’eux, les français auraient soutenu cette intervention. D’autant que la France a fait preuve de courage en décidant d’agir pour arrêter cette destruction du patrimoine malien, de ses mausolées datant du 12ème siècle remplis d’histoire que les salafistes n’ont eu aucune pitié à détruire pierre par pierre et ainsi tenter d’effacer l’Histoire d’un pays et surtout de cette terreur instaurée par ces rebelles.
    De plus l’inaction internationale face à ces exactions devenait préoccupante comme si un pays n’ayant pas d’or noir n’avait aucun intérêt, c’est alors que François Hollande a décidé d’intervenir et d’entrer en guerre, en collaboration avec l’armée tchadienne et des troupes venant de différents pays d’Afrique de l’ouest, pour mettre fin à cette insoutenable inaction internationale.
    Aujourd’hui la guerre est terminée même si de très vives tensions persistent notamment entre l’armée malienne et le mouvement de libération de l’Azawad. La situation actuelle au Mali ne prête tout de même pas à la réjouissance car la paix est très instable et peut basculer à tout moment.

      Mais est-il sensé de comparer une intervention militaire au Mali avec une intervention militaire en Syrie ?

        II. Le conflit syrien n’a rien à voir avec celui malien et les    enjeux stratégiques sont tout autre. Explications.

    Force est de constater que ce succès n’aura pas permis de convaincre le peuple français de la nécessité de cette intervention. Pourtant d’autres obstacles, quant à cette intervention, sont à souligner pour comprendre cette impossibilité d’intervenir militairement. Ainsi nous développerons les idées pour montrer que dire au monde entier que la France voulait intervenir en Syrie n’avait aucun sens. Une simple analyse des faits et du passé suffisent pour comprendre. Je vais ici vous faire une liste concise afin de vous démontrer qu’une intervention française militaire était irréalisable et dénuée de raison.

   1.       Impossibilité de connaitre la légitimité des groupes rebelles qui se divisent en une multitude de groupes armés certains financés par le Qatar et l’Arabie Saoudite., d’autres qui se revendiquent ouvertement d’Al Qaida. Tout cela fait craindre au monde entier qu’une intervention en Syrie serait inopportune et dangereuse pour l’occident.

Ainsi constituer un nouveau gouvernement sans avoir un chef commun à tous les groupes rebelles, malgré des « représentants » de l’armée syrienne libre, serait preuve d’une grande irresponsabilité.

    2.       La Russie bloque tout processus de négociations d’autant plus que la Syrie est l’un des derniers pays du Moyen-Orient allié à la Russie et surtout c’est un moyen de montrer au monde entier l’incohérence occidentale face au conflit syrien. 

    3.       Le pouvoir syrien manie parfaitement la communication et arrive à créer un climat d’incertitude notamment lorsque B. el Assad déclare qu’il protégera les chrétiens et les minorités de son pays à l’inverse des groupes islamistes. Et connaissant la situation des chrétiens Coptes en Egypte qui sont persécutés ou encore au Pakistan qui le 22 septembre a connu un attentat meurtrier dans une église faisant 72 victimes.

    4.       Risque de propagation du conflit à l’Iran qui fait des recherches sur l’enrichissement nucléaire et est un pion central pour garder la paix, toute relative, au Moyen-Orient.

    5.       Frontières communes avec Israël. 

    6.       Cette zone géographique a toujours été une zone stratégique et sensible.

    7.       L’occident ne peut plus se permettre d’intervenir dans ces pays afin de vouloir établir la paix comme ce fut le cas en Irak et en Afghanistan qui sont 2 échecs. Cela attiserait la haine de nombreux pays du Moyen-Orient et ferait le lit de groupuscules terroristes. 

    8.       La France n’a plus les moyens financiers pour pouvoir attaquer un pays seul surtout 7 mois après être intervenu au Mali.

    9.       la Syrie est d’une part l’alliée de la Russie mais surtout la Russie a une base militaire navale stratégique en Syrie dans la ville de Tartous, depuis 1971, qu’elle ne veut lâcher sous aucun prétexte car permet d’avoir un contrôle militaire en méditerranée. 

   10.   La Russie considère aussi que le Qatar et l’Arabie saoudite financent les groupes terroristes du Moyen-Orient et Tchétchènes.

    Après cette petite liste explicite des raisons pour lesquelles on peut s’apercevoir que parler d’une intervention en Syrie était trop attentive et montrait une méconnaissance du dossier car la seule solution ne peut être que diplomatique et non militaire même si on doit se révolter contre les massacres perpétrés par l’armée de Bachar el Assad. Néanmoins certains diront que lors d’une guerre il y a des victimes des deux côtés. Cela montre toute la complexité du dossier et de l’influence de la Russie.
  
François-Xavier Roux