Le Brésil dans la tourmente

Le Brésil dans la tourmente

Depuis plusieurs mois, le monde dérivait déjà vers les contrées les plus lointaines et les plus haineuses des mouvements d’extrême droite. Ce mois-ci, le Brésil, qui doit élire son prochain président, n’échappe pas à la tendance. Les chaînes d’infos ne parlent que de ça, ou plutôt de lui : Jaïr Bolsonaro, soutenu par le parti démocrate-chrétien brésilien et candidat à la présidentielle. Cet ancien militaire a recueilli près de 46% des voix au premier tour de l’élection le 4 octobre, ce qui lui a presque valu d’être élu au premier tour. Il affrontera le 28 octobre prochain le candidat de gauche, Fernando Haddad, héritier controversé de l’ancien président Lula, dont les différents mandats avaient été placés sous le signe de la corruption.
La corruption dans le pays justement, c’est ce qui révolte les brésiliens et semble expliquer leur vote en faveur de Bolsonaro. Depuis plusieurs années le pays est plongé dans une grave crise économique et politique, principalement due, selon le peuple, à l’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva. En effet, les affaires de pots-de-vin, d’entrave à la justice et de contrats illégaux au sein même du gouvernement explosent dans le pays depuis la fin de la dictature militaire en 1985.

 

Le changement… c’est maintenant ?

Pour les brésiliens, Jaïr Bolsonaro semble être la seule solution possible pour enclencher un vrai changement, bien que pour le monde entier, ses prises de positions virulentes à l’égard des femmes et des homosexuels ainsi que sa nostalgie pour la dictature militaire, constituent de vraies raisons de s’inquiéter pour l’avenir du pays. Les dirigeants occidentaux s’alarment d’ailleurs d’une possible « gangrène » aux pays voisins, qui pourraient dans les prochains mois ou dans les prochaines années voir les candidats d’extrême droite monter en puissance au sein des gouvernements. Mais comment Bolosonaro peut-il bien avoir un tel impact politique et une telle aura auprès du peuple brésilien, pourtant déjà si blessé et torturé par le passé ?

 

L’insécurité, un sujet récurrent au Brésil

Comme la plupart des programmes des candidats d’extrême droite dans le monde, celui du brésilien se tourne principalement sur la sécurité intérieure. Alors que le pays est rongé par les trafics de drogues et d’armes, qui mettent en péril de nombreuses vies innocentes même dans les plus grandes villes, le candidat entend bien remettre de l’ordre dans les affaires du pays. L’ancien militaire propose notamment de donner l’accès au port d’arme à « tous les gens bien », mais aussi de renforcer la sécurité judiciaire en faveur des policiers, qui seraient moins inquiétés en cas d’utilisation de leurs armes de service sur un suspect.
De plus, n’ayant jamais été soupçonné ni pointé du doigt pour des affaires de corruption, le candidat se vante de pouvoir remettre de l’ordre au sein du gouvernement, ce qui séduit les brésiliens, trop souvent victimes de la corruption pratiquée sur l’échiquier politique. Il promet ainsi de reconstruire un « gouvernement décent », plus à l’écoute et apte à comprendre les problématiques du peuple. Alors que le pays compte près de 60000 homicides par an, le slogan du candidat « Un bon bandit est un bandit mort ! » fait mouche auprès des brésiliens, qui selon un sondage, seraient plus de 50% à avoir la même pensée.

Sur le plan économique, difficile cependant de pouvoir dessiner précisément le programme de Bolsonaro. Alors qu’il avouait publiquement en avril dernier ne rien connaître à l’économie, il promet cependant des mesures « chocs », inspirée très fortement de la vision ultra-libérale de l’économiste Paulo Guedes. L’une de ces grandes propositions serait de privatiser à tout va afin de réduire la dette brésilienne de plus de 20% (ce qui semble malgré tout quasiment impossible).

 

Et la planète dans tout ça ?

Sur le plan environnemental, le programme n’est guère plus précis. Alors que la forêt amazonienne représente plus de 60% du territoire, Bolsonaro n’a aucune intention de la protéger ni de s’inquiéter du changement climatique. Triste nouvelle pour l’Amérique du Sud donc, qui pourrait bien voir une fois de plus les intentions économiques passer au-dessus des questions planétaires de protection du climat…

 

Un candidat adulé par les uns, détesté par les autres

Il reste cependant à rappeler que les brésiliens sont nombreux à ne pas soutenir le candidat d’extrême droite. Depuis plusieurs mois, les femmes défilent dans la rue pour protéger leurs intérêts. Le candidat, qui ne cache pas son antiféminisme, son homophobie, son racisme envers les brésiliens noirs (nombreux par ailleurs, et faisant déjà l’objet d’une réelle discrimination au sein du pays) ou les autochtones, semble bien vouloir respecter le mythe de l’homme blanc raciste, peu ouvert d’esprit et partisan d’un modèle patriarcal. Il a d’ailleurs été poignardé en pleine manifestation de campagne par un ancien militant du parti de gauche PSOL au chômage, qui se serait senti « directement menacé » par le discours du candidat d’extrême droite (et on le comprend).

Le monde entier se tourne donc vers le Brésil pour ces 15 prochains jours, espérant un miracle de la part du peuple brésilien. Le candidat, qui ne cache pas son admiration pour Trump (décidément…), pourrait bien souffler un froid glacial sur l’Amérique du Sud et les gouvernements occidentaux frémissent déjà à l’idée de faire affaire avec des gouvernements d’extrême droite.

Corée du Nord/Corée du Sud : vers une normalisation des relations?

Corée du Nord/Corée du Sud : vers une normalisation des relations?

Les tensions sur la péninsule coréenne ont atteint des sommets en 2017. La Corée du Nord a marqué le début de l’été en annonçant avoir réussi son premier tir de missile intercontinental, en direction du continent américain, et plus particulièrement des Etats-Unis.

Pourtant… Janvier 2018 : Jeux Olympiques d’hiver de Pyeonchang… Une équipe de hockey commune aux deux Corées (une première depuis 1991). Différences de mots techniques, pom-pom girls et défilés nord-coréens dignes de l’URSS de Staline, hockeyeuses « sacrifiées » dans un intérêt politique pour les Sud-Coréens… face à cet événement, les divergences et critiques ont été nombreuses.

Mais comment la Corée du Nord est-elle devenue une menace ?

Frontalière de la Chine, de la Russie et de la Corée du Sud, la Corée du Nord subit un des régimes les plus répressifs au monde. Annexée par le Japon 1910, la Corée est divisée en deux Etats en 1945. Elle a subi la logique de la Guerre froide lors de la guerre de Corée (1950-1953). Aujourd’hui, la Corée du Nord est le seul pays dans lequel un véritable pouvoir dynastique, celui des Kim, est encore en place. Aujourd’hui, on dénombre entre 80 et 100 mille personnes détenues dans des camps de prisonniers politiques, situés dans des régions interdites d’accès, et dont l’existence est niée par le régime en place. Les purges sont plus que nombreuses et Kim Jong-un est accusé d’avoir exécuté plus de 70 hauts fonctionnaires du régime, y compris son oncle, numéro 2 du régime, son ministre de la défense et son demi-frère !!

En plus de cette répression interne à haut niveau, la Corée du Nord mène une politique extérieure particulièrement agressive. Tunnels destinés à une éventuelle annexion de son voisin, torpillages de bateaux Sud-Coréens, bombardements d’îles… La Corée du Nord tente à tout prix d’intimider ses voisins et de consolider son pouvoir.

Les différentes tentatives du pays de se doter de la bombe nucléaire constituent un point chaud (on pourrait même dire explosif !) des relations entre les deux Corée. Après s’être retiré du TNP (traité de non-prolifération atomique) en 2003, Kim Jong-il, puis son fils Kim Jong-un ont tenté de se doter de l’arme atomique. Après de nombreux essais, qui ont valu au pays sanctions économiques sur sanctions économiques, la Corée du Nord a finalement réussi son premier test l’année dernière. La Chine, seule alliée du pays voit cependant d’un mauvais œil la prolifération nucléaire dans une région où elle voudrait seule exercer son influence. Les Etats-Unis, quant à eux, s’inquiètent de cette menace posée directement sur eux. Depuis l’élection de Donald Trump, les tensions sont exacerbées et les menaces de moins en moins voilées (« Be careful Rocket Man ! » avait tweeté Donald Trump).

Le pays était isolé par la communauté internationale jusqu’à aujourd’hui. Après les premiers essais nucléaires nord-coréens (sans succès) en 2006, le Conseil de Sécurité de l’ONU a pris des sanctions économiques contre le pays : réductions des exportations de pétrole, interdiction d’accueillir des travailleurs nord-coréens envoyés par le régime à l’étranger, gels des avoirs et interdiction de voyager des proches de Kim Jong-un, embargo sur les armes… Pas moins de dix sanctions commerciales à l’encontre du pays ont été mises en place. Ces sanctions ont été qualifiées « d’actes de guerre » par le dictateur.

Vers la réconciliation… ou tout du moins une coopération

Cependant, depuis le mois de mars, les tensions semblent retomber. La Corée du Sud et la Corée du Nord se sont mises d’accord sur la tenue d’un sommet entre les deux pays, dans le village de Panmunjom, au milieu de la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux pays. Kim Jong-un et le président Sud-coréen Moon Jae-in ont traversé, main dans la main, dans un sens puis dans l’autre cette frontière.  Rencontre symbolique, mais pas que… L’espoir d’une réconciliation dépasse la péninsule coréenne, où la tension était encore à son comble il y a seulement quelques mois. Le risque de prolifération concerne la planète entière, et une guerre entre les deux pays aurait eu des conséquences désastreuses pour les Etats-Unis mais aussi l’Asie toute entière.

Il ne faut cependant pas être naïfs… Ce n’est en effet pas la première rencontre intercoréenne. L’entrée des Etats-Unis dans le jeu va peut-être pouvoir influencer dans le bon sens les négociations. Il est également possible que la Corée du Nord se place, dans ces négociations en position de force, étant donné qu’elle a réussi son programme nucléaire. Autre facteur possible : le poids des sanctions internationales qui pèsent de plus en plus sur l’économie du pays…

Si la déclaration de Panmunjom fait état d’une dénucléarisation complète du pays, rien n’est dit sur les mécanismes de vérification du démantèlement et aucun calendrier précis ne vient encadrer cette décision. Alors à quel point cette information est-elle fiable ? Lors de la rencontre, Kim Jong-un s’est engagé à fermer au mois de mai le principal site d’essais nucléaires, sous les yeux du monde extérieur. Il a en effet promis d’inviter des experts Sud-coréens et Américains, ainsi que des journalistes pour « révéler le processus à la communauté internationale de manière transparente ». Un problème important est soulevé cependant… Selon certains experts, ce site serait déjà hors d’usage et la coopération du dictateur Nord-coréen ne serait donc qu’une simple façade.

Pour continuer sur la voie de la coopération, Donald Trump a accepté de rencontrer son homologue Nord-coréen. Le sommet entre les deux chefs d’Etats a eu lieu à Singapour et a permis de montrer à la communauté internationale la volonté de compromis des deux parties prenantes. La Chine, seule alliée de Pyeonchang, a toujours poussé les Etats-Unis à dialoguer avec la Corée du Nord, et n’entend pas rester à l’écart pendant ces discussions.

En attendant, un sommet entre le Japon, la Chine et la Corée du Sud a eu lieu le 9 mai à Tokyo, pour « confirmer la coopération ». Les trois pays voisins ont des relations particulières avec Pyeonchang et sont impliqués dans la crise avec la Corée du Nord : la Corée du Sud en tant que voisin et ancien adversaire pendant la guerre de Corée de 1950-1953, le Japon en tant qu’allié-clé des Etats-Unis dans la région et cible potentielle des missiles nord-coréens et la Chine en qualité de principal partenaire diplomatique et commercial du pays. Et le rapprochement continue avec l’ouverture d’une ambassade commune aux deux Corées sur la DMZ…

 

 

Petite histoire des villes sous statut international

Petite histoire des villes sous statut international

Depuis ce mercredi 6 novembre, le président américain a annoncé que l’ambassade américaine en Israël ne serait plus à Tel Aviv, mais à Jérusalem.

Donald Trump, sans doute moins animé par une aspiration à la nuisance que par une volonté de détourner l’attention (coucou monsieur Flynn) a donc décidé que son pays allait considérer la ville de Jérusalem comme la capitale d’un état, l’état d’Israël.

Outre le nombre de décès que ce déplacement d’ambassade impliquera de manière directe, on peut seulement regretter que la décision de l’excentrique locataire de la maison blanche n’ait, selon les traités internationaux signés et ratifiés par son pays, aucun fondement juridique.

En effet Jérusalem, « la capitale unique et indivisible de l’état d’Israël », n’est pas sur le territoire israélien, pas plus qu’elle n’est sur le territoire palestinien. Depuis le plan de partage de la Palestine de 1947, toujours officiellement en vigueur, Jérusalem est un corpus separatum (ou corps séparé en français) autrement dit une forme particulière de ville sous statut international.

Le problème n’est donc pas que Donald se range à l’opinion du gouvernement israëlien dans une méconsidération totale des revendication de l’autorité palestinienne. Le plus litigieux dans ce transfert d’ambassade est que par ce geste, lui et son administration crachent ouvertement sur le droit international.

Et pourtant, une ville sous statut international en droit au onusien ça existe. En réalité le problème concernant ce statut réside surtout en ce qu’il n’a pas de définition officielle ; c’est pourquoi chacune de ces villes sont devenues internationales à la suite de négociations multilatérales, entre plusieurs pays ou entités politiques.

Toutes ces villes ont néanmoins un point commun : à un moment de leur histoire elles ne furent pas la propriété d’un seul et même état (contrairement à 99,9 % des villes du monde). Leur organisation politique fut le fruit d’une négociation, d’une cogestion entre plusieurs puissances politiques.

Revenons sur l’histoire de trois villes qui vécurent une partie de leur histoire sans appartenir à un seul et même pays.

Tanger

Peut-être y’a-t-il parmi vous des gens qui pensent qu’une ville effectivement administrée par deux pays ça serait le bordel. Imaginez alors vivre dans la ville de Tanger, Maroc, entre 1922 et 1956. La ville était alors co-gérée par la bagatelle de 9 pays distincts (La France, l’Espagne, le Royaume-Uni, le Portugal, les États-Unis, la Belgique, l’Italie, les Pays-Bas et la Suède).

Le Maroc, royaume puissant dont plusieurs villes prospéraient depuis longtemps grâce au commerce, suscitait depuis plusieurs siècles la convoitise des européens en matière de colonisation. On peut dire que les Espagnols avaient des prétentions sur le Maroc quasiment depuis la (re)conquête de la péninsule.

Seulement en ce début de siècle, les marocains sentent le vent tourner, et la convoitise des occidentaux grandir à mesure que la gâteau africain se réduit et que les colonisateurs tardifs se réveillent (coucou Kaiser Guillaume). Le royaume est à cet époque l’un des derniers états africains indépendant vis-à-vis des puissances européennes. Il sait qu’il ne pourra plus tenir très longtemps ainsi.

La ville de Tanger et sa gestion internationale est en réalité la caution du passage du Maroc sous protectorat français. Avec Ceuta et Mejilla, elle constitue en quelques sorte la « contrepartie » de la victoire des Français dans cette querelle entre occidentaux pour savoir qui colonisera le Maroc.

Tanger sera en effet jusqu’à la seconde guerre mondiale et son occupation par l’Espagne une zone franche, sans droit de douane, où les 9 pays trouveront leur compte en matière économique et commerciale.

Trieste

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Si Trieste est aujourd’hui une ville italienne à la frontière avec la Croatie, au sortir de la seconde guerre mondiale cela n’avait rien d’évident.

L’Italie, après la première guerre mondiale annexe les territoires qu’elles avaient obtenus suite au traité de Versaille, donc le Trentin (le nord est de d’Italie à la frontière avec l’Autriche), L’Istrie (actuellement en Croatie) et Trieste.

Dans la région de Trieste vivait une majorité d’italophones mais aussi beaucoup de yougoslaves, qu’ils soient croates ou slovènes.

L’accession au pouvoir de Mussolini, qui va être facilitée par la frustration des italiens d’avoir récupéré beaucoup moins de régions que ce qui leur avait été promis par l’Entente, va conduire à une stigmatisation des yougoslaves et une italianisation à marche forcée de la région.

Seulement après la Seconde Guerre mondiale, l’Italie est du mauvais côté, et ses prétentions sur la ville de Trieste sont menacées par la Yougoslavie communiste de Tito.

Les yougoslaves à cette époque soutenus par les soviétiques réclament que la ville et sa région passent sous leur contrôle.

Mais de leur côté les Italiens peuvent compter sur la guerre froide et à leur appartenance au bloc de l’Ouest pour appuyer leurs intérêts. En 1947, soutenus par les américains, les italiens obtiennent que la ville et sa région soient administrée par une instance indépendante de l’Italie comme de la Yougoslavie. Cette administration devait en principe être désignée conjointement par le conseil de sécurité de l’ONU et par les habitants de la région.

Dans la pratique le gouvernement de Trieste n’a jamais existé car l’URSS bloquait systématiquement les résolutions concernant sa désignation, et la ville et ses alentours fut partagée entre la zone d’occupation italienne à l’Ouest et yougoslave à l’Est.

Dans les années 50, le rapport de force entre l’Italie et la Yougoslavie commença à s’inverser sur la question. La rupture de Tito le dictateur yougoslave avec les soviétiques mit un coup d’arrêt au statut de ville internationale. Les deux pays ont fini par se partager la région en 1954 et la ville de Trieste est restée du côté italien.

Jérusalem

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Le statut international de Jérusalem a été décidée par l’ONU et inscrite dans le plan de partage de la Palestine entre juifs et arabes en 1947.

Ce plan de partage constitue l’aboutissement du mandat britannique en Palestine. Depuis la reprise de la région aux Ottomans en 1917 du fait des révoltes arabes, les Britanniques l’administrent, conformément aux accords secrets que ces derniers ont passés avec les Français (Accords Sykes-Picot). Parallèlement les Britanniques veulent aider les sionistes à l’établissement d’un foyer national juif.

Le sionisme est alors une idée de plus en plus en vogue dans la communauté juive de l’époque. Il est présenté comme la solution politique pour que les juifs puissent vivre en paix, et n’aient plus à subir l’antisémitisme : Si les juifs veulent en finir avec les persécutions et les crimes d’état perpétrés contre leurs communauté, la seule solution c’est d’être dans un pays peuplés majoritairement de juifs, gouvernés par des juifs. Cet État devait donc naître sur la terre d’Israël (ça c’est la caution religieuse du projet sioniste qui est avant tout un projet politique).

L’immigration juive en Palestine va donc se renforcer entre 1917 et le début de la seconde guerre mondiale. Les tensions entre les arabes et les juifs, alors près de 7 fois plus nombreux qu’avant le mandat britannique, vont culminer peu de temps avant le début de la seconde guerre mondiale. Les Britanniques vont alors acter le fait qu’un partage de la Palestine doit être réalisé entre les juifs et les arabes, et que cela aboutira nécessairement à la création d’un État juif et d’un État arabe en Palestine. La ville de Jérusalem étant une ville sainte à la fois pour les juifs et les musulmans, l’administration par l’ONU se présentait alors comme la solution qui engendrerait le moins de frictions entre les deux communautés.

Ce plan de partage n’a en réalité pas permis d’aboutir à une véritable administration co-gérée de la ville, que ça soit par le conseil de sécurité de l’ONU ou par une cogestion israélo-palestinienne.

Car si le plan a été adopté par l’ONU en 1947, il a été rejeté par l’ensemble des pays arabes de la région.

La formation de l’état d’Israël s’est alors vue rejetée catégoriquement par l’ensemble du monde arabe, ce qui aboutit à la première guerre israélo-arabe en 1948, remportée par les israéliens. Jérusalem Ouest est alors contrôlée par Israël et Jérusalem Est contrôlée par la Jordanie.

Restriction du port d’armes aux États-Unis : un idéal encore utopique ?

Restriction du port d’armes aux États-Unis : un idéal encore utopique ?

Les États-Unis, nation d’abondance et de richesse, véritable terre d’opportunités, berceau des nouvelles révolutions industrielles et numériques, n’ont cessé (et encore aujourd’hui) de nous faire rêver. Qui n’a jamais eu envie de visiter New York ? Ou d’admirer les paysages sans fin de la Californie ? En effet, cette « terre promise » continue et continuera de nous émerveiller, de nous transporter. Néanmoins, certaines polémiques viennent troubler la tranquillité qui semble y régner. Le mois dernier, Stephen Paddock, a ouvert le feu sur la foule depuis sa chambre d’hôtel, une soixantaine de personnes ont alors trouvé la mort à Las Vegas, lors de la tuerie la plus meurtrière de l’histoire des Etats-Unis à ce jour.  Un évènement qui vient une nouvelle fois raviver les débats sur le port d’armes dans le pays. Alors, quelle place doit-on accorder à cette pratique dans la société américaine? Faut-il supprimer ce droit, considéré par les Américains comme un des fondements de leur liberté ?

Un symbole d’indépendance et de liberté

Le port d’armes, garanti par le 2e amendement de la constitution américaine est considéré comme un symbole de l’indépendance du pays, et par conséquent, une liberté fondamentale qui ne cesse de rappeler aux Américains la force de leur peuple. Ancré dans toutes les mentalités, cet amendement est indiscutable. La National Rifle Association, se targue de répéter qu’il ne s’agit que de la pure défense. Le puissant lobby pro-armes à feu soutient cette hypothèse tout comme les entreprises spécialisées dans le secteur, à l’image de la Boise Gun Company, dont un des managers ne cesse de clamer que « ce ne sont pas les armes qui tuent, ce sont les hommes ».

Enfin, n’oublions pas qu’au pays du dollar «gun is good for business», avant d’être la défense d’une liberté, la vente d’armes génère un chiffre d’affaires de 7 à 8 milliards de dollars par an et produit environ 11 000 emplois, ce qui a de quoi décourager toute réforme pour l’annulation des ventes.

Véritable symbole de la société américaine et business aux impacts non négligeables, la préservation du port d’armes semble irréfutable. Cependant, celle-ci est également au cœur des polémiques du pays et  facteur de fracture, entre une Amérique garante des droits fondamentaux et une plus réformiste.

Un droit de plus en plus contesté

On compterait environ 88 armes pour 100 personnes. Les États-Unis, pays où les violences par armes à feu sont quotidiennes, sont parmi les États occidentaux, celui où la proportion de tués par balle est la plus élevée. Las Vegas, Orlando, Aurora ou Colombine ne sont que des exemples de tuerie parmi d’autres. Mais, à chaque fois, les problèmes que pose le 2e amendement sont montrés du doigt. Sans aller jusqu’à remettre en cause le droit du « carry guns », certains s’inquiètent de leur prolifération et voudraient mettre en place un contrôle et une régularisation plus juste. C’est ce qu’Obama avait d’ailleurs tenté de faire mais sans succès : tout vendeur aurait dû posséder une licence et vérifier le passé judiciaire de l’acheteur. Une vérification sur la santé mentale de certains était aussi requise. L’ancien président n’a cependant pas réussi à mettre en place une législation suffisamment stricte et il en va de pair que ces mesures ont été abandonnées avec l’élection de Donald Trump.

Le président a en effet placé le débat au cœur de sa course à la maison blanche allant jusqu’à dire qu’ «à Paris, personne n’avait d’armes à part les terroristes, mais si les spectateurs avaient eu une arme et le droit de l’avoir sur eux, la situation aurait été différente » concernant les attaques terroristes de Novembre 2015.

Mais alors une solution est-elle actuellement possible ? Peut-on attendre du président des États-Unis un revirement sur ces promesses de campagne au vu des récents évènements ?

Une solution est-elle possible ?

Même après la tuerie de Las Vegas, la situation semble toujours favorable au droit du port d’armes pour deux raisons.

En premier lieu, Trump a été élu grâce au lobby des armes : la NRA a contribué à sa campagne et continue de soutenir les Républicains : 205 Républicains sur 435 membres de la chambre des représentants auraient reçu des donations. Loyal et reconnaissant, le président ne peut aller en sens inverse.

Enfin, même si certaines personnalités sortent de l’ombre pour exprimer leur défaveur à la continuation de la politique sur le port d’armes, ceux-ci ne représentent pas la majorité des Américains et l’opinion publique reste actuellement, et comme elle l’a toujours été, favorable à ce droit.

Ainsi, même si constamment contesté, le port d’armes n’en demeure pas moins un symbole de liberté fondamentale pour les Américains. Liberté, qui comme le dit Tocqueville « répand dans tout le corps social une activité, une force, une énergie». L’arme à feu reste célébrée comme un objet culturel, des westerns et rodéos aux foires et salons organisés. Le sujet interpelle, divise et choque mais piétine si ce n’est qu’il ne reste figé. Reste alors à savoir si, un jour, un compromis sera trouvé entre la liberté que ce droit procure et la dangerosité qu’il engendre.

 

Le football, nouvel enjeu des relations internationales

Le football, nouvel enjeu des relations internationales

Le football, sport le plus médiatisé, occupe une place grandissante dans les relations internationales. Les Etats, conscients du rayonnement et de l’aura conférés par ce sport, lui accordent de plus en plus d’importance.

Le monde bipolaire, celui de la Guerre Froide, a cédé la place, lors de l’implosion de l’URSS, à un monde multipolaire. Les rapports de puissance entre les Etats, déterminés jusqu’alors par un positionnement vis-à-vis des deux grandes puissances de la Guerre Froide, ont dès lors changé du tout au tout. Dans un monde où la force militaire ne garantit plus la prédominance d’un Etat, mais peut conduire au contraire à l’enlisement dans des conflits coûteux et renvoyant invariablement une mauvaise image de l’Etat en question, il est devenu bien plus sûr, pour tout organisme voulant imposer sa volonté, de gagner l’assentiment des autres puissances. Ainsi, nous sommes passés d’un monde où une logique de « hard power » (comprendre : les moyens traditionnels, coercitifs d’exercer sa puissance, tels la puissance militaire ou commerciale) est suffisante pour asseoir sa domination, à un monde où le « soft power » (comprendre : la puissance par l’influence et la persuasion) est toujours plus important, plus sûr et souvent moins coûteux. Ces deux dimensions sont aujourd’hui nécessaires à l’exercice de la puissance, et les Etats en sont conscients. C’est pourquoi ils ont développé leur soft power, privilégiant la diffusion de leurs idées via le cinéma mais aussi le sport, et en particulier le sport-roi : le football.

Avec l’attention toujours plus importante accordée au soft power, il est logique de retrouver le football, le sport suscitant le plus d’engouement, quasiment universellement répandu, dans une dimension qu’on ne lui connaissait pas jusqu’alors : la géopolitique. Ainsi, le football est-il devenu un enjeu important de la géopolitique des Etats. Il suffit de voir les moyens que se donnent la Chine, les Etats-Unis, ou, dans une autre mesure, le Qatar, pour accéder à une place prépondérante dans ce sport. Si leurs moyens divergent, l’objectif visé est le même : accroître leur rayonnement et leur popularité.

Le rôle central et ambivalent de la Fifa

Commençons par l’organisme qui a le privilège de réguler le football, d’en établir les grandes lignes de développement, et de gérer les fédérations nationales et continentales : la Fifa. Celle-ci est une des plus puissantes ONG du monde, qui occupe une place non négligeable dans le théâtre des puissances. La Fifa dispose de moyens financiers conséquents, elle accueille en son sein les fédérations de 211 pays (soit plus que l’ONU, qui n’en comporte que 193), et organise l’événement planétaire le plus médiatisé du monde, avec les Jeux Olympiques, la coupe du monde.

L’attribution des coupes du monde de football par la Fifa a toujours été entachée d’affaires de corruption. Si l’attribution doit se réaliser, théoriquement, par un comité qui statue sur les qualités des différents candidats à la réception de l’événement, des scandales récents ont mis en lumière à quel point cette attribution était plus le fait de pots-de-vin que de critères objectifs. Les sommes brassées par l’événement et son impact médiatique sont tels qu’ils attirent les convoitises des Etats, qui espèrent des grandes retombées médiatiques, touristiques et financières de l’événement. En contrepartie, les capacités d’organisation et les infrastructures doivent être au rendez-vous pour assurer le bon déroulement de l’événement, et sa viabilité pour le pays hôte. Ces exigences ainsi que les gains immenses de notoriété que représente l’accueil d’une coupe du monde attisent la convoitise des Etats, qui n’hésitent pas à corrompre certains responsables de la Fifa pour obtenir l’attribution de cet événement. Les récentes attributions de l’organisation de la coupe du monde, bien qu’entachées de corruption dans la plupart des cas, recèlent une dimension géopolitique puisqu’elles avalisent les montées en puissance de certains pays sur la scène internationale : le Brésil en 2014, la Russie en 2018 sont des pays émergents. Le Qatar, hôte en 2022, est un géant médiatique. Gageons que la Chine obtiendra très vite l’organisation d’une coupe du monde, sans doute dès 2026. Ainsi, l’organisation d’un tel événement planétaire, qui requiert d’excellentes infrastructures et une organisation logistique d’envergure vient souvent couronner l’émergence d’un Etat et son accession au stade de grande puissance.

De même, les scandales liés à la Fifa ont d’autant plus d’ampleur que ce sont les intérêts des Etats, et non plus seulement des amateurs ou pratiquants de football, qui sont concernés. La destitution de Sepp Blatter, président de la Fifa, ainsi que celle de son second, Michel Platini, en 2015, n’a été possible que par l’immixtion du gouvernement américain dans les affaires de la Fifa. Cette immixtion résulte notamment du fait que l’Amérique avait, coup sur coup, perdu l’attribution de la coupe du monde 2022 au profit du Qatar, et la présidence de la Fifa briguée par un américain, obtenue finalement par Blatter. Les Etats-Unis ont employé des moyens conséquents (passant par, notamment, des extraditions depuis la Suisse) afin de protéger leurs intérêts dans les hautes instances du football.

Si la présidence de la Fifa attire tant de convoitise, c’est que cette instance est devenu un acteur international de premier ordre. Elle gère un sport en continuelle expansion, source de revenus qui paraissent inépuisables tant le football peut encore se développer en Asie, en Afrique ou en Amérique du Nord, et entretien des relations privilégiées avec nombre de pays africains et sud-américains (Mali, Venezuela) parfois en froid avec d’autres grandes instances ou Etats. La Fifa, qui gère le football dans tous les pays du monde, a notamment vocation à venir en aide aux fédérations nationales disposant de peu de moyens. Cela se traduit, par exemple, par la construction d’infrastructures footballistiques en Afrique, ou la création de réseaux permettant l’accession au monde professionnel de jeunes footballeurs talentueux venant de pays défavorisés. Dans des pays peu développés, le rôle de la Fifa est un rôle social, complémentaire à celui d’ONG. Le football est un exutoire pour nombre de populations jeunes dans des pays pauvres, et la Fifa l’a bien compris.

Le football pour accroître le rayonnement d’un Etat

Enfin, le football est un moyen qu’ont les Etats pour établir ou renforcer leur puissance et leur image. Le Qatar l’a bien compris : il s’agit d’un petit territoire qui, bien que riche, n’aurait aucune chance en cas d’invasion par son voisin saoudien. Dès lors, pour subsister dans le monde médiatique actuel, il est vital pour le Qatar d’être visible, internationalement parlant, et donc incontournable. Cela se traduit par l’investissement massif dans le football, que ce soit directement dans le club du Paris-Saint-Germain, en tant que sponsor du FC Barcelone, ou comme organisateur de l’édition 2022 de la coupe du monde. Cette visibilité internationale est censée assurer la notoriété internationale du Qatar, ainsi que l’amour qui lui est porté. Dès lors, il lui serait plus facile d’exprimer ses revendications dans des négociations internationales. Cet été a parfaitement illustré cette stratégie : le Qatar, accusé par nombre de ses voisins de financer l’Etat islamique, s’est défendu avec ses propres moyens : sur le plan médiatique. Cela s’est traduit par les 2 transferts les plus chers de l’histoire du football (222 millions d’euros pour acheter Neymar, 180 millions pour MBappé, qui donnent une visibilité sans équivalent au Qatar, et diminuent par là même les risques d’agression des pays proches : on ne s’attaque pas à un pays qui a un poids diplomatique important. Le Koweït avait pâti de son manque de visibilité lors de la guerre du Golfe, le Qatar souhaite éviter à tout prix une situation identique. Gageons de surcroît que la surexposition médiatique du Qatar, inouïe dans une région où beaucoup de pays (Iran, Arabie Saoudite) sont en froid avec les instances internationales et avec une majorité d’État occidentaux, a suscité des rancœurs de la part de pays plus grands et traditionnellement plus puissants. Cette amertume a été un des éléments qui a motivé certains de ces États à accuser le Qatar de financer le terrorisme islamique.

La Chine et les Etats-Unis procèdent différemment, assimilant tous deux le football à une pièce manquante de leur soft power. Dans un monde ultra-médiatisé, il n’est plus concevable que les deux grandes puissances mondiales n’occupent pas une place prépondérante dans le sport le plus populaire. Alors, la Chine et les Etats-Unis ont développé tous azimuts des infrastructures pérennes, des centres de formation à la pointe sensés faire éclore les futurs génies du football. Désormais, leurs championnats respectifs entendent attirer les meilleurs joueurs du monde (et plus seulement les joueurs en fin de carrière), pour des salaires mirobolants et des transferts astronomiques. Par exemple, Oscar, jeune joueur brésilien de 25 ans, faisant partie de l’élite du football et jouant jusqu’alors dans le club prestigieux de Chelsea, a été transféré en 2016 pour 70 millions d’euros et un salaire de 25 millions/ an à la clé, vers le club du Shanghai SIPG, inconnu des amateurs de football jusqu’alors. Cette stratégie vise à apporter la lumière sur ces championnats et, in fine, à les rendre compétitifs par rapport aux grands championnats européens. Par ailleurs, comme expliqué précédemment, la Chine, mais surtout les Etats-Unis, espèrent s’accaparer certains postes clés à la Fifa.

Dans certains pays, le rayonnement d’un footballeur peut être tel qu’il peut suffire à calmer (momentanément) un conflit. Didier Drogba, star ivoirienne, s’est engagé pour la cessation de la guerre civile dans son pays, organisant notamment un match de football international au sein du territoire rebelle. La grande popularité de Drogba en Côte d’Ivoire ont fait que son engagement a aidé à amorcer la fin du conflit.

Ainsi, si le rôle du football dans les relations internationales prend de l’ampleur, celui-ci reste moindre. Le football et le sport en général, par l’adhésion et l’engouement qu’ils provoquent, peuvent faciliter l’amorce de négociations ils ne peuvent en aucun cas les mener à bien.

La Conquête spatiale entre concurrence et coopération

La Conquête spatiale entre concurrence et coopération

 
La Conquête spatiale entre concurrence et coopération


Après la seconde Guerre Mondiale, les ingénieurs allemands, ayant conçu les fusées V2, sont récupérés par l’armée américaine et l’armée soviétique, ces deux puissances souhaitant bénéficier des avancées allemandes. Mais les Anglais et les Français ont aussi largement utilisé ces avancées pour leur propre programme nucléaire. Les USA et l’URSS les utiliseront pour fabriquer les premiers missiles intercontinentaux et des missiles nucléaires, mas aussi pour construire des fusées plus puissantes.
C’est ainsi que commence la course à l’espace entre les deux superpuissances. Les soviétiques seront d’ailleurs pendant longtemps loin devant les américains, ce qui est trop souvent oublié. En effet en 1957 pour le 40éme anniversaire de l’union, Sergueï Korolev (un grand ingénieur aéronautique et chef du programme spatial de l’URSS) réussi à mettre « sputnik 1 » et « sputnik 2 » (avec à bord la chienne « Laïka » premier animal à être allé dans l’espace) en orbite, alors qu’à cette période les américains échouent à lancer leur premier satellite. Seulement quatre ans plus tard, le 12 avril 1961, Youri Gagarine sera le premier homme à aller dans l’espace, cet exploit est salué par la presse du monde entier et consacre l’avance de l’URSS dans la course à l’espace. Légèrement agacés par leur retard et surtout par la réussite très médiatisée de leurs ennemi du moment les américains prévoient de frapper un grand coup en envoyant le premier homme sur la lune, ce qu’ils feront en 1969 avec Neil Armstrong et Buzz Aldrin.
On l’aura compris la course à l’espace est depuis longtemps une histoire de prestige pour montrer au monde et surtout à son ennemi son avance technologique, elle est donc au centre d’une bataille acharnée entre les Etats-Unis et l’URSS.
Pourtant en 1975 lors d’une période de détente, pour la première fois une navette Soyouz s’amarre à une navette Apollo. Un geste de détente fort, symbole de cette période de réchauffement pendant la guerre froide, mais qui n’ira pas vraiment plus loin qu’une simple rencontre entre les astronautes des deux pays. Ce n’est qu’après la chute de l’URSS en 1991 que la coopération va plus loin, les Etats Unis cherchent des partenaires pour construire une station spatiale alors que la Russie, qui connait de grandes difficultés financières, a besoin d’aide pour financer son programme. L’ISS, la station spatiale internationale, dont la construction a commencé en 1998, est la consécration de la coopération internationale dans le domaine spatial (elle regroupe outre Les Etats-Unis et la Russie, l’Europe, le Canada et le Japon, et a depuis accueilli des astronautes de 36 nationalités différentes).
Bien qu’il existe une coopération internationale, l’espace a été depuis que les pays ont envisager la possibilité d’y aller et pendant toute la guerre froide, un théâtre de tensions. Qu’en est-il aujourd’hui?
Actuellement, les différentes agences spatiales mondiales semblent recommencer à se faire concurrence.
Russes et Chinois ont des ambitions spatiales très prononcées, et pas des moindres. Les Russes forts de leur expérience acquise lors de la guerre froide veulent assembler leur propre station spatiale dès 2024, qui pourra servir de point de départ aux vaisseaux de missions de colonisations futures. Cependant bien que réalisable sur le plan technique, ce projet l’est nettement moins sur le plan financier. L’agence spatiale russe (de son vrai nom Roscosmos), a un financement assez limité, son budget en 2012 était de 5 milliards d’euros, ce qui parait bien peu face aux 17 milliards d’euros de la NASA. Alors quand on sait que la NASA a eu besoin d’aide pour l’ISS on s’imagine mal une station construite uniquement pas Roscosmos. D’autant plus que dans un contexte de sanctions occidentales et de contre-sanctions de sa part, la Russie connait des difficultés économiques (une contraction du PIB de 3.73% en 2015). Une augmentation du budget de l’agence spatiale qui serait nécessaire à la réalisation de son ambition ne semble donc pas à l’ordre du jour, ni à celui de demain…
La Chine, quant à elle, a un programme pour préparer l’arrivée d’astronautes chinois sur la lune en 2025-2030 pour à terme exploiter les ressources du sous-sol lunaire, ambition réalisable avec la technologie actuelle et qui parait être une ambition « naturelle » de la Chine compte tenu de ces besoins croissant en matières premières. Cependant les coûts sont tels que pour le moment que ce ne serait pas rentable. Mais à l’horizon 2025 ce pourrait être possible grâce à l’essor considérables des sociétés privées.
 les Etats-Unis qui sont toujours dans la course et semble avoir délaissé la Lune pour Mars.Ils seront, quand même, amenés à retourner sur notre satellite pour tester de nouveaux matériels car les technologies actuelles rendent les voyages vers Mars difficiles et les conséquences sur la santé des astronautes sont encore mal connues ,une étude de l’université d’Irvine en Californie montre que les rayons cosmiques pourraient avoir des dommages à long terme sur le cerveau des astronautes.
Quant est il de l’europe et des autres pays? l’ESA a certes réussi à faire atterrir la sonde Rosetta sur un astéroïde, mais elle n’a pour le moment aucune ambition de conquête spatiale à proprement parler (d’ailleurs seulement 9,3% de son budget sert pour des missions habitées contre 40% pour la NASA). Cette agence est plutôt tournée vers l’observation de la terre grâce aux satellites grâce aux programmes Copernicus et sentinels et à la recherche (20% du budget). C’est pourquoi cet article ne traitera pas de l’ESA malgré son importance évidente. Il y a d’autres agences que l’on pourrait citer qui sont dans ce cas comme l’Organisation Indienne pour la Recherche Spatiale, qui a réussi à mettre en orbite une sonde autour de Mars, mais ces agences sont loin d’avoir suffisamment de moyens pour envisager des projets de taille comparable à celle de la NASA ou Roscosmos.
Nous le voyons les différentes agences nationales ont des objectifs qui n’impliquent pas de partenaires, ces objectifs sont mêmes conçus sans aucun partenaire car les pays (et pas seulement les agences) se font concurrences et les agences spatiales ont de fait des agendas définis par les politiques de leur gouvernement, ce qui n’invite pas à la coopération. Mais il est un problème qui revient régulièrement pour toutes, le financement.
En effet, le coût d’une mission est exorbitant (et c’est peu de le dire, la mission Rosetta de l’ESA a coûté 1.4 milliards d’euros à l’ESA, imaginez le coût d’une colonisation. Ces coûts réduisent donc la marge de manœuvre des pays et de leurs agences spatiales et les poussent à rester en contact, quelle que soit la situation politique, au sein de l’ISECG (International Space Exploration Coordination Group) où 14 agences mènent des travaux de réflexions collectives. L’ISECG défini ces travaux comme étant une « coopération internationale en matière d’exploration humaine et robotique de notre système solaire » ce qui veut simplement dire échange de savoir. Cette coopération reste donc très limitée car l’ISECG n’a pas les moyens de définir ses propres missions, en fait l’ISECG n’est même pas une agence spatiale.
En plus des contraintes économiques, les agences nationales sont souvent assignées à l’envoi et au maintien de satellites (d’écoute et d’observation) destinés à la défense. C’est le cas pour Roscosmos, l’agence spatiale française, chinoise et d’autres (israélienne, iranienne, coréenne…).
Du fait de ces contraintes et de ce manque de coopération, il est très probable que des entreprises privées jouent un rôle de plus en plus important. En effet les acteurs privés même peu nombreux ne sont pas en reste. De nombreuses innovations leur sont dues, on pourra citer la technologie du falcon 9 de Space X qui est la première fusée à avoir atterri, (le 21 décembre 2015) et qui est donc réutilisable, ce qui va permettre de réduire les coûts de construction des vaisseaux.Il faut aussi ajouter à cela les innovations en cours de développement: Boeing est en train de construire une capsule habitée qui pourra être utilisée dès 2018, Bigelow Aerospace développe une station spatiale composée de modules habitables gonflables appelés BEAM (Bigelow Expandable Activity Module). D’autre part Space X a déjà assuré 8 ravitaillements de l’ISS.Il est donc probable qu’au vu de la progression très rapide du secteur privé (Space X existe depuis 2002 et Bigelow Aerospace depuis 1999) ce dernier assurera dans un futur assez proche les missions en orbite basse (ravitaillement, transport pour l’ISS…) pendant que les agences spatiales s’occuperont de repousser les limites de l’univers (ou du moins celles de l’homme). Mais les entreprises spatiales ne semblent pas vouloir s’arrêter là, Space X a déjà comme ambition une mission de colonisation de Mars à l’horizon 2025.
Il semble donc, que l’espace soit un terrain peu propice à une coopération internationale poussée qui permettrait sans doute des avancées plus rapides et plus importantes. Cependant l’émergence du secteur privé et d’une coopération publique/privé est une aubaine pour les états car cela permettra à leurs agences de rediriger leurs moyens vers des missions plus compliquées et coûteuses que celles en orbite basse mais aussi d’éviter que s’organise une coopération plus poussée.
Marc FOUQUET