À quoi sert l’Union Européenne ?

À quoi sert l’Union Européenne ?

On pourrait penser qu’en dehors de nous fournir un espace de libre circulation pour partir en vacances – en ayant la générosité de nous permettre d’utiliser nos téléphones sans frais supplémentaires – l’Union européenne nous apporte peu.
Certes, devant les difficultés de s’entendre sur une politique extérieure commune, il semble difficile d’attribuer à l’Union Européenne la capacité de défendre des intérêts communs des pays européens sur la scène internationale.

Tant que les pays membres continueront d’agir comme s’il s’agissait d’une « Europe à la carte », il semblerait que l’Union Européenne soit condamnée à rester en panne. Devant les divergences des intérêts nationaux des pays membres on pourrait se demander si l’Union Européenne sert encore à quelque chose pour les Etats, les entreprises ou les Européens. Nombreuses sont les personnes à penser qu’il faut la réformer. Nombreux sont ceux qui pense qu’il faudrait la quitter.

L’Union Européenne n’est pas un acteur géopolitique comme les autres, car elle est considérée comme un instrument créé par des Etats, par l’intermédiaire d’une accumulation de traités signés dans des contextes différents afin de servir leurs intérêts.
Cependant, ces intérêts divergent, ils sont contradictoires et évolutifs.
Les Anglais semblent ainsi penser que l’Union Européenne ne sert plus leurs intérêts, ce qui n’est pourtant pas le cas des Écossais.

L’Union Européenne est indispensable sur le plan économique 

En revanche, tout n’est pas au point mort. Certes l’Union européenne est confrontée à de sérieux problèmes politiques mais elle n’en demeure pas inutile, notamment sur le plan économique. Si certains encore lui reprochent d’avoir favorisé la concurrence déloyale entre les entreprises européennes, il ne faut pas oublier que c’est aussi grâce à elle que des entreprises ont pu prospérer voire même se créer.
C’est bien d’une impulsion européenne et de la mise en commun de savoirs provenant de citoyens européens qu’est né Airbus, le plus grand constructeur d’avions en forte concurrence avec Boeing.

L’UE au cœur de la politique environnementale

L’Union européenne sert aussi les intérêts de ses citoyens notamment sur les plans sanitaire et environnemental : elle est le plus gros contributeur de l’institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) qui a travaillé sur un vaccin pour le virus Ebola lors de la crise en 2014 et qui travaille aujourd’hui sur un vaccin pour le sida.
L’Union est aussi à l’initiative de 80% de la politique environnementale des pays membres et est assez exigeante en la matière. Elle avait menacé la France de poursuites et de sanctions financières devant la Cour de Justice Européenne pour manquement à ses engagements dans la lutte contre la pollution aux nitrates. L’Union européenne est également à l’origine de la directive Reach de 2007 sur les substances chimiques qui oblige les producteurs à fournir des preuves de la non toxicité de leurs produits. Une des premières réticences à l’accord de libre-échange américain était bien d’ailleurs la crainte des consommateurs européens de se retrouver avec de la nourriture à partir d’OGM, preuve que l’Union Européenne protège davantage ses consommateurs que les Etats-Unis en ayant une réglementation plus stricte.

L’Union européenne aura à nouveau du sens dans l’esprit des citoyens lorsqu’ils prendront conscience que l’Union Européenne n’a pas cessé de servir leurs intérêts. Mais d’ailleurs qui sont nos eurodéputés ? Comment marchent les subventions ? Beaucoup encore l’ignorent…

L’obsolescence programmée, encore et toujours d’actualité

L’obsolescence programmée, encore et toujours d’actualité

« J’ai plus de batterie ». Phrase super malheureuse, mais surtout phrase que l’on entend un peu trop fréquemment. Il faut dire que quand ton téléphone passe à 20% de batterie disponible alors que tu l’as chargé toute la nuit et qu’il est seulement 10h du matin…il y a de quoi devenir rapidement épuisé. Surtout quand ledit téléphone a à peine 2 ans et qu’il t’a coûté plus de 500 euros.

Et si ce n’était que les téléphones…Le problème, c’est que l’obsolescence programmée touche tous les objets électroménagers et électroniques (c’est pour ça que ta mère pète un câble quand sa machine à laver tombe en panne après seulement 3 ans d’utilisation et que tes grands parents lâchent des « c’était mieux avant »…).

Mais alors…c’est quoi l’obsolescence programmée ?

L’obsolescence programmée est l’ensemble des techniques utilisées pour réduire la durée de vie ou d’utilisation d’un matériel pour en augmenter son taux de remplacement. En gros pour faire simple, c’est quand les entreprises jouent sur la composition de leurs produits pour qu’ils tombent plus rapidement en panne et qu’on rachète du matériel neuf (acheter, acheter, toujours acheter…).
Le terme d’obsolescence programmée apparait dès 1932, et c’est un promoteur américain, Bernard London, qui le définit le premier. Ce dernier voulait que le gouvernement américain instaure une législation positive à propos de l’obsolescence, afin de stimuler et maintenir la consommation. Bon, à cette époque, ses idées n’avaient pas vraiment été reprises politiquement.
Et pourtant, dix ans plus tard, en 1942, le célèbre économiste Joseph Schumpeter instaure le principe de « destruction créatrice » et le décrit dès lors comme le fait d’« inculquer à l’acheteur le désir de posséder quelque chose d’un peu plus récent, un peu meilleur et un peu plus tôt que ce qui est nécessaire » (comme quand tu veux acheter le super IPhone X alors que tu as déjà le 8).

Donc pour faire court, l’obsolescence programmée ça fait bien longtemps que ça existe et ça n’a jamais été un sujet tabou !

Les exemples les plus symboliques d’obsolescence programmée qui vous feront dire « ah mais oui ! »

Nombreux sont les exemples de produits touchés pas l’obsolescence programmée. Vous en avez peut-être d’ailleurs un entre vos mains en ce moment même. Mais au-delà des exemples les plus classiques (comme quand ton IPhone ne veut plus télécharger de mise à jour), il existe aussi des exemples tout à fait surprenants.
Depuis quelque temps, les fabricants d’imprimantes sont accusés d’installer des puces dans leurs machines, afin qu’elles se bloquent au bout d’un certain nombre d’impression ou qu’elles indiquent à tort qu’il n’y a plus d’encre pour que l’utilisateur change la cartouche. Et pourtant, ces pratiques sont bel et bien interdites en Europe.
Et pour ces mesdames pas spécialement indignées par l’histoire des imprimantes, sachez que si la plupart de vos collants se filent dès la première ou deuxième utilisation, ce n’est pas votre karma. Pour tout vous dire, lorsque les bas nylons furent mis en vente dans les années 1940, le produit rencontra un énorme succès, mais les collants étaient tellement résistants que la croissance du produit sur le marché était limitée. Du coup, les entreprises décidèrent de modifier la composition de leur produit pour qu’ils soient plus facilement filables (et donc que le consommateur en rachète rapidement).

La lutte contre l’obsolescence programmée

Pour commencer, il faut dire qu’en France, depuis 2015, une loi existe afin de sanctionner les entreprises qui utilisent l’obsolescence programmée. En effet, les constructeurs sont passibles de 2 ans de prison et de 300.000 euros d’amende si une pratique d’obsolescence est prouvée. Mais pour les experts, sanctionner n’est pas la solution. A la place, il faudrait plutôt créer des labels et des certifications pour inciter les constructeurs à agir correctement et sensibiliser les consommateurs au moment de l’achat. Les trois solutions aujourd’hui proposées par les gouvernements seraient de contraindre les constructeurs à indiquer la durée de vie de leurs produits, de développer des incitations fiscales mais aussi de mettre en place un label réparabilité (qui éviterait de tout jeter dès qu’une pièce dysfonctionne).

Mais il est aussi possible, en tant que consommateur de privilégier des marques qui luttent contre l’obsolescence programmée et qui sont éco-responsables. Ces marques spécialisées (Patagonia, Fairphone,..) restent cependant assez peu nombreuses et il est donc bien difficile pour le consommateur de trouver des produits encore non intoxiqués par cette obsolescence programmée…

L’expatriation, un « must have » ?

L’expatriation, un « must have » ?

Tu viens de terminer 3 ou 4 belles mais intenses années à Toulouse Business School. Fraîchement diplômé, il est maintenant nécessaire de trouver le plus rapidement possible un job (n’oublions pas qu’un prêt étudiant attend d’être remboursé…). Si certains trouvent facilement du travail après des stages fructueux en France, d’autres (et ils sont souvent nombreux) se tournent vers l’international. Depuis le début déjà, TBS (comme la plupart des grandes écoles de commerce) oblige ses étudiants à partir un ou deux semestres à l’étranger, que ce soit en campus ou en université partenaire. Les retours de ceux qui rentrent pour terminer leurs études sont souvent positifs, et ils voient déjà d’ailleurs se profiler à l’horizon un nouveau départ hors de France dès qu’ils auront leur diplôme en poche.

Mais alors pourquoi ce si grand attrait pour l’étranger, et surtout, pourquoi ce désamour des jeunes pour la France au moment de trouver leur premier poste ?

Le phénomène est relativement récent en France (environ une décennie), et pourtant le nombre de jeunes diplômés qui quittent le pays à la fin de leurs études ne cesse d’augmenter (+1,7% en 2016).
Les motivations de ces départs sont pour la plupart similaires : retrouver un pays ou une ville dans laquelle on a évolué et où l’on s’est senti intégré et à sa place, retrouver notre bien-aimé rencontré un an auparavant et resté sur place, l’ouverture du marché du travail dans certains domaines (on pensera à Londres pour la finance,…), sans oublier les salaires qui sont bien plus attrayants à l’étranger (environ 45.000 euros par an pour un jeune manager à l’étranger, contre 37.000 euros par an en France, à formation égale). Beaucoup évoquent « un système trop fermé», la « peur d’échouer en France », « le besoin d’internationaliser le CV » ou encore « l’envie de changer d’air et de découvrir de nouvelles choses en entreprise ». On comprend donc que l’envie de partir vers de nouveaux horizons soit plus forte que celle de rester…

Mais si « l’herbe est plus verte ailleurs », cette fuite des cerveaux n’est-elle pas un problème pour la France ?

Et oui, toi jeune TBSien, tu t’inquiètes pour ton pays d’origine et te demande comment notre économie peut, ou pourra, survivre à la fuite de ton cerveau et de ceux de tes potes vers des destinations exotiques et des salaires plus attrayants ! Pas de panique, d’autres se sont déjà penchés sur le sujet, et ont montré que les départs français sont souvent compensés par l’arrivée de jeunes étrangers (grâce à des programmes d’échanges comme Erasmus) et par le retour au pays d’expatriés de longue date, qui reviennent en France pour des raisons personnelles ou professionnelles. Cependant, n’oublions pas que les avis restent mitigés, et que la France enregistre pour l’heure plus de départs que d’arrivées.

Un retour au pays difficile ?

Après être parti faire le tour du monde pendant quelques années, vient l’heure de rentrer en France pour de nombreux expatriés. Mais bien souvent, les retours sont difficiles voire insurmontables car les démarches administratives sont pour la plupart très longues. Par exemple, il faut parfois un an pour avoir une situation régulière auprès de la sécurité sociale, ou des complémentaires de santé…
Alors que d’autres pays comme le Canada accueillent à bras ouverts leurs revenants, nous avons encore de nombreux progrès à faire pour permettre à ceux qui le veulent de rentrer (souvent accompagnés d’un/une conjoint(e) étranger(e) et parfois même de petits marmots à la double nationalité)… Il n’est donc pas difficile de comprendre pourquoi ils sont encore peu nombreux à revenir, d’autant plus que l’accueil qu’ils reçoivent n’est pas toujours des plus chaleureux, la France n’ayant pas une culture profondément migrante.

“En Marche” d’Emmanuel Macron, l’outil d’une ambition présidentielle?

“En Marche” d’Emmanuel Macron, l’outil d’une ambition présidentielle?

Mercredi 06 avril au soir, Emmanuel Macron a lancé un mouvement politique à ses initiales : « En Marche ». Depuis Amiens, sa ville natale, le ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique a présenté son projet devant quelques 200 personnes, sans même inviter les journalistes. Surprenant, quand on sait que l’évènement a été largement repris depuis dans les médias, avec comme point d’orgue le passage du ministre au journal télévisé de France 2 ce dimanche. D’après l’intéressé, le mouvement compterait d’ores et déjà 13 000 membres à cette date, et enregistrerait un nouvel adhérent toutes les 30 secondes – soit près de 3000 nouveaux adhérents par jour.
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Conclusion du teaser faisant la promotion du mouvement

Un mouvement hors du clivage gauche/ droite ?

« C’est un mouvement politique qui ne sera pas à droite, qui ne sera pas à gauche » a affirmé le ministre, qui soutient vouloir « refonder par le bas, de manière authentique » le lien entre les Français et la politique. Ainsi, le mouvement est ouvert à tous, aux adhérents du Parti Socialiste comme aux adhérents des Républicains.
Le teaser du mouvement annonce vouloir remédier aux « blocages économiques qui font que l’ascenseur social est en panne ». En fait, le mouvement se veut être le prolongement de la vision politique d’Emmanuel Macron, résolument libérale, et ce à tout point de vue. C’est en effet à partir de la notion de liberté, « primat essentiel » selon lui, qu’il formalise ses idées politiques. L’idée de liberté se décline ainsi sur le plan économique sous la forme d’un libéralisme assumé, tout en s’accompagnant de politiques en faveur de l’égalité des chances. En ce sens, le mouvement réunit bien deux approches qui appartiennent l’une à la droite, l’autre à la gauche. On notera que cette approche rappelle à de nombreux égards la position adoptée par Justin Trudeau, l’actuel Premier ministre canadien.
Ainsi, s’il se dit bien « être de gauche, venir de la gauche », Emmanuel Macron entend se donner les moyens de travailler avec des gens de droite, de « rassembler les bonnes volontés de droite et de gauche, […] de créer une dynamique pour que les progressistes puissent se retrouver ». Les réactions à l’annonce de la création du mouvement sont à ce titre révélatrices, puisque François Hollande ou Najat Vallau-Belkacem ont salué le projet, quand Jean-Pierre Raffarin ou Pierre Gattaz faisaient de même.

 

La finalité du mouvement en question

Ce positionnement qui prétend s’affranchir d’une distinction nette entre droite et gauche – à l’heure où 45% des Français disent ne plus en tenir compte – ne prépare vraisemblablement pas un éventuel gouvernement de coalition. Rappelons que cette configuration de coalition n’a eu lieu qu’en de très rares occasions : en 1926 avec l’Union nationale de Poincaré, puis dans le cadre du Gouvernement provisoire du général de Gaulle (quand bien même « lors de moments de crise, ce type de coalition a bien fonctionné », ainsi que le rappelle Jean Garrigues, professeur d’Histoire à Sciences Po Paris).
Aussi, si la possibilité de formation d’un gouvernement de coalition semble tout à fait lointaine, à quelle échéance la création du mouvement a-t-elle l’intention de répondre ? A partir des nombreux commentaires portant sur ce sujet, deux hypothèses se dessinent. En premier lieu, on soupçonne bien sûr le mouvement d’être une rampe de lancement pour l’élection présidentielle de 2022. Emmanuel Macron n’ayant jusque-là jamais été élu, n’étant pas même adhérent du Parti Socialiste, l’initiative semble d’abord être le signe manifeste que le ministre s’assume désormais comme un homme politique à part entière, et non plus seulement comme un haut-fonctionnaire de renom.
D’autres voient dans ce mouvement une manière pour le ministre de jouer les rabatteurs pour François Hollande, en allant chercher des électeurs au centre tout en sachant que François Hollande tentera vraisemblablement de se positionner en point d’équilibre de la gauche. Emmanuel Macron s’en défend, sans avoir les moyens d’en faire la démonstration. Après analyse, on devine bien sûr que les deux hypothèses présentées ici ne sont pas exclusives l’une de l’autre, et que dans son intention l’initiative joue très certainement sur les deux tableaux.
Concernant la seule ambition présidentielle du ministre, celui-ci affirme ne pas en faire une question centrale, rebuté qu’il serait par l’ « efflorescence de candidats » qu’on constate en cette période de primaires. Difficile de lui donner tort sur ce point. Et de poursuivre : « Ça n’est pas une aventure solitaire. Je ne suis pas obsédé par la comédie humaine, où la vie des gens ne devient qu’un décor. […] Le plus important c’est d’essayer de faire œuvre utile pour le pays ». On ne demande qu’à y croire.
 Sylvain
Emmanuel Macron, un philosophe en politique

Emmanuel Macron, un philosophe en politique

Devenu ministre de l’Economie à 36 ans, Emmanuel Macron est le plus jeune ministre de l’Economie que la France ait connue depuis Valéry Giscard d’Estaing (nommé Ministre de l’Economie et des Finances en 1962). Emmanuel Macron est sans aucun doute une figure montante de la gauche. C’est à ce titre qu’il a semblé être utile – ou tout du moins intéressant – de faire une courte synthèse à son propos. Il s’agit bien sûr d’abord de donner à voir qui il est, en examinant son parcours, avant de présenter quelles sont les grandes idées auxquelles il adhère.

Une trajectoire atypique

Né en 1977, Emmanuel Macron grandit à Amiens. Il est le fils de deux médecins, son père étant neurologiste au CHU d’Amiens, quand sa mère est médecin-conseil de la Sécurité sociale. Sa grand-mère, ancienne principale de collège, est une femme de gauche. Emmanuel Macron lui-même explique que c’est à son contact qu’il s’est imprégné des valeurs de la gauche. Sur le plan scolaire, c’est un bon élève, qui pratique par ailleurs le piano de manière assidue.
Rien de très étrange dans tout cela direz-vous. Sauf que voilà, à 16 ans, il tombe amoureux de sa professeur de français, Brigitte Trogneux. « Emmanuel Macron lui écrivait tout le temps des poèmes » rapporte ainsi un ancien camarade de classe. Inquiets, ses parents l’envoient à Paris, où il intègre le lycée Henri IV dès la terminale. Il y poursuit ses études en prépa B/L, avec un goût bien plus affirmé pour les matières littéraires que pour les mathématiques, car Emmanuel Macron est d’abord un littéraire. Peut-être aussi son goût pour les livres se confond-il en partie avec ce qu’il ressent toujours pour son ancienne professeur de français, dont le souvenir ne le quitte pas.
Il poursuit ensuite ses études en Philosophie à l’université de Nanterre, avant de devenir l’assistant de Paul Ricœur de 1999 à 2001. Emmanuel Macron aide alors le philosophe dans l’écriture d’un livre de réflexion sur l’Histoire : La mémoire, l’histoire, l’oubli. Dans le même temps, Emmanuel Macron est étudiant à Sciences Po Paris, où il prépare le concours de l’ENA, qu’il réussit en 2002. Il est intéressant de noter que l’ENA n’est devenu un objectif que tardivement, après ses études de philosophie. Là aussi il se distingue : lui-même le reconnaît, il ne s’y prédestinait pas.
Après l’ENA, il travaille quelques années à l’Inspection Générale des Finances, avant de travailler un an avec Jacques Attali, de 2007 à 2008, dans le cadre de la Commission pour la libération de la croissance française (plus connue sous le nom de Commission Attali). A cette occasion, il se spécialise dans les questions proprement économiques. Impressionné par sa capacité de travail et par son acuité – ainsi qu’il le dit lui-même – Jacques Attali fait alors rentrer Emmanuel Macron chez Rothschild comme banquier d’affaires.
C’est également en 2007 qu’Emmanuel Macron épouse son ancienne professeure de français, de vingt ans son aînée, déjà mère de trois enfants issus d’un premier mariage, et même grand-mère. A cette occasion, lui qui avait fait le choix de ne pas avoir d’enfants pour se consacrer à sa carrière devient de fait grand-père par alliance. La situation est singulière ; elle surprend toujours, choque parfois. Néanmoins, force est de constater que si ce choix de vie a certainement eu un lien avec le goût d’Emmanuel Macron pour la littérature, aujourd’hui la vie privée du ministre n’a aucune incidence sur son action politique.

Pour un libéralisme de gauche

Dans une interview accordée au Wall Street Journal, Emmanuel Macron confiait : « [Quand on est banquier], d’une certaine manière, on est comme une prostituée. Le boulot, c’est de séduire ». Alors, Emmanuel Macron, grand banquier ? Pas vraiment. Le passage par le privé fait d’une certaine manière partie de la formation de tout énarque ; on oublie par exemple que peu avant de faire passer la loi sur les 35 heures en tant que Ministre du Travail, Martine Aubry passe deux ans au sein du groupe industriel Pechiney (de 1989 à 1991) où elle assiste le PDG du groupe, qui devient ensuite le président du CNPF (l’ancien Medef). Imaginez un peu si Macron avait travaillé pour Pierre Gattaz avant de devenir ministre… Emmanuel Macron n’hésite d’ailleurs pas à dire combien son passage chez Rothschild lui est utile en tant que ministre de l’Economie – ce qu’on imagine sans peine.
Par ailleurs, Emmanuel Macron est un libéral convaincu ; ou plutôt, il aime raisonner comme ses maîtres à penser, que sont Elie Cohen et Philippe Aghion. Ces deux économistes défendent une approche libérale de l’économie, tout en soutenant être de gauche. Philippe Aghion, aujourd’hui professeur au Collège de France après avoir longtemps travaillé à Harvard, explique ainsi que selon lui tout repose sur l’innovation. Il parle à ce propos d’économie de la disruption, pour désigner cette nouvelle ère, ce nouveau paradigme. Pourtant, pour que l’innovation puisse prendre toute sa place, il s’agit selon lui non pas de taxer lourdement le capital pour ensuite réinvestir l’argent collecté comme le défend Thomas Piketty, mais de créer « une bonne législation qui encourage la concurrence » ; et c’est bien ce à quoi Emmanuel Macron s’est employé avec la loi dite « loi Macron », avec par exemple la libéralisation du secteur des autocars, faisant alors concurrence aux autres moyens de transport.
Naturellement, il est alors permis de s’interroger : comment être de gauche dans un cadre de pensée qui soit aussi résolument libéral ? Philippe Aghion, qualifié de « parrain de la Macronomie » par le Nouvel Observateur, donne à voir comment le Ministre de l’Economie concilie son adhésion au libéralisme avec les grands principes de la gauche auxquels il dit lui-même adhérer. Philippe Aghion explique :
« Il faut que chaque individu, à chaque stade de sa vie, puisse rebondir, que l’accès à la santé et à l’éducation ne soit jamais un problème. Il faut que la mobilité sociale réconcilie croissance et inégalités et pour cela il faut lutter contre les poches de pauvretés, éviter les phénomènes d’exclusion vers le haut comme vers le bas, réformer le marché du travail et faciliter la concurrence sur le marché des biens et des services. C’est cela, pour moi, être de gauche ». 
 On le comprend, il s’agit de libéraliser dans le sens d’une concurrence accrue, tout en protégeant les individus contre les risques liés à cette même concurrence, avec en toile de fond la lutte contre les inégalités par une politique permettant la mobilité sociale.
Philippe Aghion, économiste, professeur au Collège de France après avoir enseigné pendant 15 ans à Harvard
Ce cadre de pensée permet de mettre en perspective les récentes déclarations du ministre. Une semaine après les attentats du 13 novembre, il affirme ainsi que « la disparition de l’idéal de mobilité sociale » est le « terreau » sur lequel le djihadisme a pu se développer. « Nous sommes une société dont au cœur du pacte il y a l’égalité » défend-il alors. Cette réaction à chaud s’inscrit bien sûr dans le cadre évoqué précédemment ; d’ailleurs, Emmanuel Macron fait alors immédiatement le lien avec les enjeux économiques. Il parle ainsi de la nécessité de « changer cette société en l’ouvrant », c’est-à-dire de la nécessité selon lui de libéraliser l’économie tout en renforçant la mobilité sociale. Il poursuit : « Je pense que ce sont les fermetures dans notre économie, dans notre société, […] qui créent de l’inefficacité sur le plan économique ».
On le constate, Emmanuel Macron est un vrai libéral, quand bien même il déclare avoir des convictions fermement ancrées à gauche. En fait, il est convaincu d’utiliser les outils économiques les plus efficaces à sa disposition, pour ainsi faire œuvre de pragmatisme tout en agissant en conformité avec ses convictions. C’est le même esprit qui prévaut pour la loi qu’il prépare, dite « loi Macron 2 », portant sur les « Nouvelles opportunités économiques » (NOE). Résolument moderne, Emmanuel Macron déclare vouloir adapter l’économie française aux transformations qui la traversent, étant désormais acté que 47% des emplois sont menacés par la numérisation – en premier lieu les professions intermédiaires (ce sont par exemple les comptables, les secrétaires, le personnel médical).

Du philosophe au politique

Travailleur, pragmatique, d’accord. Mais qu’en est-il de son ambition personnelle, du destin présidentiel que Jacques Attali lui prédit depuis déjà plusieurs années ? Le ministre présente un détachement surprenant par rapport à cette question ; « comme si chez lui le philosophe n’avait pas encore tout à fait cédé la place au politique », note un journaliste. Ainsi, quand on lui demande s’il pense parfois à devenir un jour Président de la République, il répond, amusé :
« C’est fou cette question, vous avez dû la poser à tous les hommes politiques à mon avis. Moi, j’ai vu trop d’hommes politiques consumer leur vie, et leur présent, à penser à l’étape d’après, et du coup n’être jamais dans leur vie. J’ai vu trop de gens malheureux de cela, trop de gens passer à côté de leur vie pour cela, et sans doute trop de Français déçus de gens comme ça. »
A l’en croire, Emmanuel Macron serait suffisamment détaché de toute ambition présidentielle pour ne pas se laisser dévorer par elle. C’est à voir. Philosophe ou homme politique, peut-être faut-il choisir.
Sylvain

Optimiam, start-up française en lutte contre le gaspillage alimentaire récompensée par le GES 2015

OptiMiam, je l’avais évoquée dans un précédent article sur le gaspillage alimentaire comme un exemple de l’utilité des nouvelles technologies pour lutter contre des problèmes de société. L’application propose de dénicher des produits non vendus à prix discount dans des magasins locaux. Pour l’instant présente principalement à Paris, c’est un excellent moyen d’éviter le gaspillage en faisant des économies en simplifiant la rencontre entre vendeur et consommateur.

 

Recommandée par Polytechnique par l’ambassade des États-Unis à Paris, Raodath Aminou, co-fondatrice de la société, a été invitée au sixième GES à Nairobi. L’événement a été créé par le président Obama et vise notamment à favoriser la créativité et l’entrepreneuriat. En quelques années, le sommet est devenu un haut lieu de networking et permet à des start-ups innovantes d’acquérir une visibilité hors normes. OptiMiam a donc fini deuxième du concours « spark the fire » derrière efishery, start-up indonésienne qui offre un dispositif intelligent pour nourrir les poissons (dans un cadre professionnel, pas pour vos poissons rouges évidemment), un très beau score pour une start-up qui commence à grandir.
Optimiam

 

 

En plus de cette visibilité qui a permis d’acquérir de nouveaux investisseurs, Raodath Aminou peut dès lors envisager une exportation prometteuse à l’international. Avec un prix à la hauteur de 14 000$ il ne fait aucun doute que la start-up a de beaux jours devant elle !

 

 

À noter que l’entreprise recherche un stagiaire business development, du coup si vous aimez les secteurs innovants, dynamiques et citoyens, c’est le moment ! N’hésitez à faire tourner auprès de vos amis qui seraient intéressés.

Camille Barbry