RDVC rencontre Christophe BARBIER

RDVC rencontre Christophe BARBIER

Le mercredi 20 janvier 2021, j’ai eu l’honneur et le plaisir d’interviewer le journaliste et éditorialiste politique, Christophe Barbier. Si vous ne parvenez pas à mettre de visage sur son nom, dès lors que nous évoquons l’homme à l’écharpe rouge, tout le monde sait parfaitement de qui il s’agit.

Au cours de sa carrière de journaliste, Christophe Barbier a toujours mis en avant ses compétences théâtrales et son talent dans ce domaine. Il a été critique-théâtre pour Europe 1, l’Express et le Point. Comme il l’a indiqué au cours de notre échange « j’ai toujours mené de front le journalisme politique et la critique-théâtre ». Depuis qu’il a quitté la direction de l’Express à l’automne 2016, Christophe Barbier met à profit son temps libre pour se consacrer à sa passion le théâtre mais cette fois-ci en tant que professionnel et non plus en tant que simple amateur. Il a joué des pièces au théâtre de Poche Montparnasse et a écrit des pièces qu’il a interprétées par la suite. Il a plus récemment créé une pièce portant sur l’épidémie de Coronavirus qui a été jouée à l’automne jusqu’au second confinement du mois de novembre. Christophe Barbier m’a confié avoir toujours pensé que la politique et le théâtre sont deux univers qui se complètent et sont interdépendants en précisant toutefois qu’il « ne faut pas confondre les deux. La vie politique n’est pas une pièce de théâtre, c’est la vraie vie. Les décisions qui sont prises ont des conséquences réelles. Les soldats qui se font tuer lorsqu’un président déclenche une opération sont des vrais morts, ce n’est pas comme au théâtre, ils ne se relèvent pas à la fin de la pièce. En revanche, dans les processus de sacralisation de la vie politique comme les campagnes électorales, nous retrouvons beaucoup de codes qui sont les codes du théâtre. Ceci n’est pas hasard puisque la démocratie et le théâtre ont été inventés au même moment et au même endroit c’est-à-dire au siècle de Périclès dans la Grèce Antique » Sur ce point très intéressant, j’ai poursuivi la conversation en demandant à Monsieur Barbier si le théâtre pouvait être utilisé comme un moyen de faire passer certains messages sur des sujets tabous ou délicats. Ce à quoi il m’a répondu « le théâtre est d’évidence une catharsis pour les sociétés. C’est-à-dire que l’on met en scène des choses qui ne peuvent être abordées de manière directe dans la vie. Il y a des sujets tabous. [Œdipe ,les Nuées, les Grenouilles, ce sont des pièces dans lesquelles les personnages sont d’évidence des caricatures de leaders politiques et philosophiques. Personne ne s’y trompe. C’est un peu comme aujourd’hui avec les marionnettes des Guignols de Canal +, tout le monde les reconnaît. »

Après ce passage passionnant sur le lien étroit qui existe entre la politique et le théâtre, j’ai interrogé Monsieur Barbier sur sa fameuse écharpe rouge. Il m’a confié « cette écharpe a une longue histoire, j’ai passé beaucoup plus d’années avec que sans. Elle constitue tout d’abord un signe de reconnaissance. J’ai beaucoup de gens qui m’abordent dans la rue parce qu’ils ont reconnu mon écharpe. Ils viennent vers moi et nous entamons la conversation. L’écharpe est un moyen de se montrer disponible pour les gens. » A chaque fois que Christophe Barbier se déplace à la rencontre des gens, il a pour coutume de raconter une anecdote sur son écharpe rouge. Voici celle qu’il a choisi de me conter. « L’histoire que je vais vous inventer à vous est une histoire toulousaine. Un jour, du temps où j’étais étudiant à Normale Sup et que je faisais partie du club de rugby de l’école, j’étais demi de mêlée et nous avions rencontré une équipe toulousaine. Autant vous dire que nous étant normaliens littéraires, nous étions tous maigrelets, les toulousains étaient tous des rugbymen avertis et dans cette école, ils étaient redoutables. Nous nous sommes battus comme des lions et j’avais fait le pari avec le capitaine de l’équipe adverse que si je gagnais, il me donnerait son écharpe rouge et noire aux couleurs du stade toulousain qui était l’écharpe du club professionnel. Nous n’avons pas gagné, nous avons fait match nul. J’ai donc négocié pour avoir la moitié de son écharpe. Il a gardé la moitié noire car il était très vexé de ne pas nous avoir battus et il m’a donné la moitié rouge. Depuis, j’ai gardé cette demi-écharpe toulousaine autour de mon cou. » C’est ainsi qu’il m’a dévoilé le mystère qui se cachait derrière cet objet fétiche.

Après cette petite parenthèse personnelle, nous avons poursuivi notre échange en changeant radicalement de sujet pour aborder la question de la crise sanitaire et plus précisément sa gestion et ses conséquences sur la société. La première question que je lui ai posée était de savoir si selon lui, nous étions en train de gérer la crise ou plutôt la pénurie de matériel. Selon Monsieur Barbier, la crise sanitaire est mal gérée mais pas seulement en raison de la pénurie de matériel. Il a récemment sorti un livre en librairie qui s’intitule Les Tyrannies de l’épidémie édité par la maison d’édition Fayard, dans lequel il décrit tout ce que l’épidémie révèle de l’Homme, de la société.

Il déclare que « bien entendu il y a un habillage politique de toute une série de pénuries : pénurie de masques, pénurie de tests, difficultés à avoir des vaccins, complication dans l’organisation de la vaccination. C’est parce que les politiques ont peur d’être traduits en justice qu’ils se comportent de la sorte. Ils se protègent tout en nous protégeant. Mais ça va plus loin. Ce que nous sommes en train de vivre, c’est la confrontation d’une civilisation qui refuse la mort, qui refuse le risque face à un péril ancestral. Mais ce qui est nouveau, c’est le fait que nous ne supportons plus l’idée de la mort. Dans les temps anciens, cela était accepté. Aujourd’hui on le refuse. On préfère arrêter l’économie que de voir des octogénaires mourir. On pourrait se dire, il faut penser à l’avenir, il faut préserver la solidité économique de la France, il faut laisser à la jeunesse une économie qui tienne debout, tant pis si cette épidémie nous coûte des morts parmi les personnes âgées et fragiles. C’est triste mais c’est comme ça. On a pas du tout eu ce réflexe-là. Dans dix ans, les personnes que l’on a sauvées du Coronavirus par le confinement seront mortes d’autre chose, de vieillesse mais dans dix ans, votre génération (la nôtre) travaillera encore pour payer la dette, redresser l’économie si l’on n’est pas complètement effondré et tombé sous la coupe des chinois ou d’une autre domination. Donc je pense qu’on a fait un très mauvais choix collectif, qui a été le choix de notre bonne conscience à court-terme. Ouf, nous avons sauvé des tas de gens, mais il y a des gens qui vont faire faillite et qui vont se suicider, il y a des jeunes qui sont en dépression et leur vie va être gâchée, ils ne trouveront jamais de travail, ils vont traîner les conséquences de cette crise comme un boulet toute leur vie. Je pense que l’on s’est trompé de stratégie. »  Selon lui, il ne faut pas tomber dans le piège de se focaliser uniquement sur le court terme. En effet, mobiliser les équipes médicales pour qu’elles ne s’occupent que des patients Covid pourrait sauver quelques vies mais beaucoup d’autres seraient sacrifiées sur le long-terme. Il faut penser à préserver le système de santé, il faut donc avoir une vision et une gestion sur du long-terme. Cette vision vaut aussi pour notre économie. Celle-ci a été très affectée par cette crise sanitaire et les générations futures vont en payer les frais. Christophe Barbier craint que les jeunes générations ne soient pas si gentilles que ça. Il y a ceux qui vont déménager. C’est-à-dire ceux qui vont aller faire carrière à Shanghai. Adieu la France, débrouillez-vous, je ne paierai pas la dette. Et il y a ceux qui vont démissionner.  C’est-à-dire refuser de travailler 40 heures par semaine et 70 ans dans leur vie, qui vont se mettre sur le canapé avec leurs pilules neuroleptiques et Netflix et qui vont demander le RSA ou le revenu universel. Ce pays risque donc à terme de s’effondrer »

Après avoir longuement échangé sur la gestion de cette crise sanitaire et ses conséquences, j’ai demandé à Monsieur Barbier ce qu’il en était de la responsabilité des gouvernements précédents et de la politique qu’ils ont menée en matière de santé (lits réanimation, notamment). Monsieur Barbier a évoqué une raison très simple pour laquelle nos dirigeants et gouvernements antérieurs n’ont pas pris la décision de prévoir des lits réanimation supplémentaires. Augmenter le nombre de lits nécessite des investissements extrêmement conséquents, que les contribuables auraient dû financer, via leurs impôts. Bon nombre de Français y auraient été réticents. Ce n’est donc pas un bon modèle de gestion.

Quid de la disparition des masques ? Le ministère de la santé avait à disposition 2 milliards de masques qui ont été répartis par les agences régionales de santé dans les hôpitaux. Ces derniers n’en ayant pas eu un usage immédiat, les ont stockés bien souvent dans des mauvaises conditions. Ces masques, au fil des années, sont devenus périmés ou ont moisi.

Et l’administration dans tout ça ?

L’administration est responsable de la lourdeur des procédures mises en place, des délais de livraison de masques, de matériels, de lancement de la campagne de vaccination interminable. Elle a pris le dessus sur le pouvoir des politiques. Avant de prendre leurs décisions, nos dirigeants se réfèrent aux conseils divulgués par les autorités et institutions de santé. L’administration fait porter une responsabilité judiciaire aux politiques. Si ces derniers ne suivent pas à la lettre ce que préconise de faire la Haute Autorité de santé, le conseil scientifique, si des personnes décèdent à cause d’un manque de protection sanitaire, ce sont nos dirigeants qui seront portés responsables devant la Justice.  Le gouvernement ne voulant pas courir ce risque, préfère appliquer scrupuleusement les consignes de l’administration de santé quitte à ce que tout prenne du temps à se mettre en place. Quand certains pays ont déjà reçu les doses de vaccins et ont pu démarrer leur campagne de vaccination, la France attend le feu vert de l’administration qui passe par la rédaction de protocoles.

Dans cette dernière partie, j’aimerais vous faire part de l’échange que nous avons eu avec Christophe Barbier concernant l’ampleur que prend le politiquement correct dans nos sociétés occidentales. Monsieur Barbier a récemment déclaré dans l’une de ses interventions sur les réseaux sociaux « le pire, en 2020, n’a pas été la Covid, mais la progression de la tyrannie du politiquement correct. » En effet, nous voyons de plus en plus émerger dans nos sociétés occidentales, des mouvances comme la cancel culture qui consiste à ostraciser, exclure une personne, un groupe de personnes parce qu’elle/il a par le passé pu dire ou faire des choses considérées comme étant offensantes envers une catégorie de personnes (communauté, ethnie, religion, identité sexuelle, etc…). Christophe Barbier m’a confié à ce sujet, qu’il ne pensait pas jusqu’à maintenant que cette dictature de la pensée unique prendrait le dessus en France, pays des Lumières, de la liberté des idées et de la liberté d’expression. « Il s’est passé plusieurs phénomènes très inquiétants qui me laissent croire, craindre en tout cas que de manière souterraine, cette cancel culture s’est infiltrée dans notre société de manière invisible et représentent aujourd’hui un danger. La première alerte est venue de notre isolement complet au niveau mondial lorsqu’il y a eu l’assassinat de Samuel Paty et que l’on a réaffirmé nos valeurs. En 2015, le monde entier est venu défiler pour défendre Charlie, le 11 janvier, 4 jours après l’attaque de Charlie Hebdo ». Autre exemple, dans les grandes écoles françaises comme Sciences Po, les blancs sont exclus des réunions portant sur des thèmes comme le racisme, car jugés comme n’étant pas légitimes pour parler du racisme et pouvant nuire à la qualité du débat. Il y a un communautarisme grandissant, à l’image de celui que l’on peut observer dans les universités américaines. Dans la même catégorie, Christophe Barbier m’a confié que certaines associations défendant les droits des personnes transgenres font pression sur les médias pour que ces derniers n’évoquent plus la première identité sexuelle de ces personnes qui aurait été imposée et qui en la rappelant, les ferait retomber dans leur identité d’origine et donc dans l’oppression. Comment raconter le combat de ces personnes si nous n’évoquons pas leur situation de départ ? Pour souligner le courage de ces personnes, il faut comprendre leur souffrance et donc la situation initiale. Or aujourd’hui, la cancel culture et autres dogmes de la bien-pensance veulent effacer un passé jugé comme offensant, gênant.

Je tiens une nouvelle fois à remercier Monsieur Barbier pour son accessibilité, sa disponibilité et son amabilité. C’était un plaisir d’avoir pu échanger avec lui sur un panel de sujets différents qui font ressortir des clivages sur certains points de société.

 

 

Par Nolwenn DALLAY

 

 

Benjamin : de Mister Prépa à Planète Grandes Ecoles

Benjamin : de Mister Prépa à Planète Grandes Ecoles

L’équipe du RDVC EN PARLE a eu l’occasion d’interviewer, pour ses lecteurs, Benjamin Hautin, fondateur de Mister Prépa et de Planète Grandes Ecoles. Actuellement étudiant à l’EM Lyon, il partage avec nous son parcours et les nouvelles responsabilités auxquelles il a dû faire face en gérant à la fois une entreprise à fort développement et une vie étudiante en école de commerce.

 

RDVC : Comment s’est passée ta prépa ? Dans quelle prépa étais-tu ?

Benjamin Hautin : J’ai fait une prépa ECE au lycée Saint-Just à Lyon. Avec le recul, je peux affirmer que ma prépa s’est très bien passée, les profs étaient bienveillants, le cadre était magnifique et les élèves formaient de petits groupes sans succomber à l’aspect « compétition ». J’en garde encore 4-5 très bons copains, que je vois encore aujourd’hui !

 

RDVC : Dans quelle école es-tu aujourd’hui ? Quelles ont été tes premières impressions en école ? Déçu ? Satisfait ?

B.H : J’ai fini par intégrer emlyon business school, où je continue de développer actuellement Planète Grandes Écoles et Mister Prépa, avec mon équipe. J’adore la ville de Lyon, là dessus rien à redire ! Au niveau des cours, il y a de tout.. J’aime particulièrement les cours de finance et de stratégie, qui demandent beaucoup de réflexion, mais aussi du travail ! Sinon, au niveau de l’ambiance, je pense que c’est comme partout : la vie associative est bien développée et globalement les gens sont très cool ! Hâte de pouvoir retourner sur le campus aussi…

 

RDVC : Justement… Allier tes études et la gestion d’une entreprise, c’est possible ?

B.H : Bien sûr ! D’ailleurs beaucoup d’entrepreneurs choisissent d’opter pour un parcours entrepreneurial pour alléger leur emploi du temps en Master… De mon côté, j’ai préféré m’orienter vers un parcours plus corpo, axé sur la finance et le conseil, puisque j’ai senti que la valeur ajoutée allait être beaucoup plus importante qu’un parcours entrepreneurial. Surtout qu’au final, monter une entreprise et la gérer, ça s’apprend aussi beaucoup sur le tas, avec un accompagnement également ! Hormis cela, il faut bien sûr être très organisé. Pour illustrer, une journée-type avec mon associé Dorian : on arrive au bureau à 9h, on bosse sur nos cours le matin en général, puis l’après-midi nous enchaînons avec du pur travail pour notre entreprise. Et on quitte le bureau aux alentours de 23h. Au total, nous faisons des semaines d’environ 70h, entre les cours, les révisions, les rendez-vous pour les médias, le travail sur la boîte, les déplacements dans toutes les écoles… Être étudiant et entrepreneur, c’est un choix de vie, c’est extrêmement prenant, surtout quand ton entreprise fonctionne bien. Mais derrière, il faut assumer et être à la hauteur de l’ampleur que tu commences à prendre. Donc pour tous les entrepreneurs en herbe : foncez,  en tant qu’étudiants c’est le moment idéal ! Pas marié, pas d’enfant à charge, il n’y a dans le fond rien à perdre ! Mais tant à gagner. Et pour les autres, foncez aussi !

 

RDVC : Quand as-tu décidé qu’il était temps de t’allier à d’autres personnes et que tu ne pouvais plus faire cela tout seul ?

B.H : Au début, Mister Prépa n’était qu’un petit compte Snapchat sur lequel je faisais des petites interventions en philo et en économie, rien de plus. Puis, le compte s’est transmis dans beaucoup de prépas à travers la France et les étudiants demandaient du contenu dans d’autres matières : géopolitique, mathématiques, espagnol… Je me suis alors dit qu’il allait falloir que je rallie d’autres étudiants d’écoles à ce projet. Sans eux, nos médias n’auraient jamais connu le développement qu’ils connaissent actuellement.

 

RDVC : Quand et pourquoi as-tu décidé de lancer Planète Grandes Ecoles ?

B.H : Planète Grandes Ecoles est la suite logique de Mister Prépa : un média cette fois-ci destiné aux étudiants des Grandes Ecoles (commerce, ingénieur et les IEP) qui a vocation à couvrir l’actualité des écoles, mais aussi et surtout à décrypter le monde professionnel et à diffuser des offres de stages et d’emploi aux étudiants de toutes les écoles. À travers cela, nous souhaitons réellement montrer que même en période COVID, les entreprises continuent de recruter, donc ne désespérez pas et venez trouver votre stage sur notre site !

 

RDVC : Mister Prépa a explosé en l’espace de quelques mois. Le site, le magazine sont aujourd’hui des supports incontournables des prépas, écoles… Comment as-tu fait pour t’adapter à cela ?

B.H : Dès sa création, Mister Prepa a été un média informel, où l’on répondait vraiment à la demande étudiante, en one-to-one. Aujourd’hui, nous sommes aussi un relai entre les écoles et les étudiants puisque nous présentons le plus objectivement possible les grandes écoles, et, inversement, nous sondons les étudiants pour expliquer aux écoles ce que leurs futurs étudiants recherchent réellement. Pour réussir à gérer cela, nous avons lancé une grande campagne de recrutement pendant l’été 2020. Actuellement, je gère beaucoup plus la partie relation écoles/entreprises, la stratégie de long terme et tout ce qui touche aux documents administratifs et financiers. L’équipe, de son côté, gère tout le contenu sur Mister Prépa et Planète Grandes Ecoles, ainsi que la pénétration constante de nos médias dans l’ensemble des établissements français, la mise en place de nouveaux concepts, la stratégie SEO des sites web, le développement de nouveaux indicateurs de performance, les partenariats avec les associations des écoles aussi…  Nous avons réussi à opérer une vraie structuration des médias, ce qui est une étape cruciale dans la survie d’une entreprise de manière générale.

En effet, le principal concurrent de Mister Prépa est Major-Prépa, l’autre média consulté par les étudiants de prépa. Je précise que dans l’immense majorité des cas, nos deux plateformes sont complémentaires, les étudiants apprécient les deux sites, comme les statistiques le montrent bien. Pour répondre à ta question, je pense que l’équipe de Major-Prépa se rend de plus en compte qu’ils sont enfin tombés sur un concurrent de taille, et que le monopole qu’ils ont pu avoir sur ce marché à un moment donné n’existe plus aujourd’hui. De mon côté, j’adore cette position de challenger. Mister Prépa se différencie en étant plus proche des étudiants, c’est en tout cas les retours que l’on a depuis 2 ans ! En effet, notre média est fait « par des étudiants, pour les étudiants ». Le fait que Mister Prépa ait commencé sur Snapchat et ait ainsi créé un contact privilégié et informel avec les étudiants plaît beaucoup, et nous a permis de rattraper très rapidement d’autres concurrents, tout en nous différenciant sur des éléments stratégiques., même si les informations proposées sont sensiblement similaires, marché de niche oblige. Dans tous les cas, je suis ravi que plusieurs acteurs occupent ce marché, on s’ennuierait rapidement sinon ! C’est ainsi que je conçois la concurrence.

 

RDVC : Comment as-tu appris à gérer tout le cadre légal ? Contrats pour les employés mais aussi partenariats et subventions, ou nom « E-ADMISSEUR » qui appartient désormais à Mister Prépa ?

B.H : Dès le début de Mister Prépa, je me suis entouré d’un cabinet d’avocats d’affaires qui font en sorte d’accompagner et de protéger Mister Prépa. Nous avons donc rapidement déposé le nom « Mister Prépa », le concept du « MISTER PRÉPA TOUR » ou encore celui de « E-ADMISSEUR » que nous avons lancé l’année dernière pour remplacer les visites des écoles pendant les oraux. Tout ce côté un peu moins fun de l’entreprise s’apprend en étant bien entouré, en accumulant de l’expérience et en étant aussi curieux !

 

RDVC : J’ai vu sur ta présentation Mister Prépa que tu insistes sur « l’égalité des chances, peu importe le lycée d’origine », pourquoi ce sujet te tient-il autant à coeur ?

B.H : Je considère que j’ai eu énormément de chance dans mon parcours, que ce soit au niveau de mes études ou au niveau professionnel jusqu’ici. Personnellement, j’ai découvert les grandes écoles grâce à une prof de lycée qui m’a orienté vers cette voie. Personne dans ma famille n’a fait d’études, donc c’est clairement un coup de main du destin. Je me dis  souvent que, sans elle, je n’aurais jamais vécu tout cela. Une Grande Ecole, ça change la vie ! Si demain je souhaite arrêter mon activité, je sais déjà que mon école et mon réseau me permettront d’intégrer assez facilement un nombre très varié de postes et d’entreprises ! Or, je sais qu’il y a énormément d’élèves, qui ont pourtant des capacités énormes, qui ne connaissent pas le monde de la prépa, ni des grandes écoles et qui ne vivront jamais cette expérience. À travers Mister Prépa et Planète Grandes Ecoles, nous essayons d’être à notre tour ce petit coup de main du destin en démocratisant ces filières. Cela passe par le développement de notre marque, mais aussi et surtout par de nombreux passages dans des lycées, de quartiers ou de zones rurales, où les prépas ne sont que très rarement demandées sur Parcoursup !

 

RDVC : Qu’imagines-tu aujourd’hui pour Mister Prépa et Planète Grandes Ecoles dans le futur ? Un nouveau média par la suite ?

B.H : Aujourd’hui, je me concentre plutôt sur Planète Grandes Ecoles et je laisse Dorian (le directeur général de Mister Prepa) s’occuper plus largement de Mister Prépa. Nous essayons aussi de développer Mister Prépa X, équivalent de Mister Prépa pour les étudiants de prépas scientifiques. Ce qui nous tient majoritairement à coeur, c’est de nous assurer que Mister Prépa reste proche des étudiants et ne devienne pas un média trop formel et éloigné de la réalité de la prépa. Pour cela, nous ne recrutons que des personnes qui sortent de prépa et qui viennent de rentrer en école, ainsi ils ont encore leurs années prépa en tête et sont les plus à même de conseiller les préparationnaires. Après avoir ouvert à Lyon, nous allons prendre d’autres bureaux à Paris dans les semaines à venir, où nous développerons un second studio vidéo pour recevoir des invités de toutes sortes ! Pour le reste, on verra au jour le jour, même si de nombreux projets sont dans les tuyaux…

 

Toute l’équipe du TBS Mag tient à remercier Benjamin Hautin pour lui avoir accordé de son temps et avoir participé à cette interview. Son parcours est l’exemple-même de ce que la plupart des élèves espèrent accomplir en entrant en école. Sans prétention et avec les pieds sur terre, Benjamin espère pouvoir continuer longtemps à aider les plus jeunes à être ambitieux et à exceller dans leur domaine.

 

 

Par Elise CASADO

La charge mentale : comment aller vers une amélioration ?

La charge mentale : comment aller vers une amélioration ?

La charge mentale est un sujet très abordé depuis quelques années. En effet, de nombreuses études ont montré que les femmes étaient beaucoup plus investies que les hommes dans leur vie domestique en plus de leur vie professionnelle et que cela constituait une entrave au quotidien. Dans les couples hétérosexuels, ce sont majoritairement elles qui font tourner la maison et donc en rentrant du travail, elles doivent penser à faire les courses, chercher les enfants à l’école ou encore s’occuper des rendez-vous médicaux car les hommes ne s’en préoccupent pas, ou du moins beaucoup moins. Les femmes supportent une charge mentale au quotidien : penser à toutes ces tâches à réaliser ça fatigue. En partant de ce constat, nous pourrions déjà voir si, depuis que ce sujet a commencé à faire parler, il y a eu des améliorations.

 

Malheureusement, les nouvelles ne sont guère réjouissantes. En effet, cette inégalité n’a que très peu diminué au cours des 25 dernières années. Selon l’INSEE, en 2010, les femmes prenaient en charge 64% des tâches domestiques et 71% des tâches parentales au sein des foyer. En 1985, ces taux s’élevaient respectivement à 69% et 80%. En fait, dans de nombreux couples, le problème ne serait pas tant la réalisation des tâches domestiques que le fait que le conjoint, qui peut être de très bonne volonté par ailleurs, attend de sa partenaire qu’elle lui indique les différents travaux de la maison à effectuer. La rengaine qui revient effectivement souvent de la part des hommes est : « Il fallait me demander, je t’aurais aidée. » Très bien. Mais on comprend bien vite le problème de cette remarque. Il faudrait que les hommes se sentent responsables de leur foyer. Bien sûr, cela peut également passer par un changement dans la manière de faire des femmes, afin qu’elles laissent plus de marge de manœuvre aux hommes pour qu’ils apprennent par eux-mêmes. Cela suppose néanmoins une envie de leur part de s’impliquer davantage.

 

Par ailleurs, on pourrait s’interroger sur les causes de cette inégale répartition des tâches domestiques. En effet, cela peut poser question : alors que les femmes sont massivement sur le marché du travail, pourquoi est-il encore considéré comme « normal » que ce soit elles qui supervisent le foyer ? Bien sûr, cela n’a rien d’inné. Cela peut être dû à une éducation différenciée dès l’enfance, où l’on va mettre très tôt des poupées et des petits aspirateurs dans les mains des filles et où l’on va considérer qu’il est honteux pour les garçons d’aimer ces jouets. De plus, on va voir nos mères prendre en charge toute la gestion de la maison, pendant que nos pères ne font que participer à son exécution. Evidemment, cela ne se passe pas ainsi dans toutes les familles, mais cela reste quand même le cas pour une part importante. Par ailleurs, un problème se pose aux jeunes mères. Onze jours après l’accouchement, leur partenaire retourne au travail tandis qu’elles restent à s’occuper de leur enfant jusqu’à qu’elles-mêmes reprennent leur activité. C’est pourtant durant cette période que les mères intègrent mentalement tout le nécessaire pour gérer un enfant (choix d’une nounou, l’achat de vêtements, les rendez-vous médicaux, la préparation des repas, etc.). Quand elles reprennent le travail, le rythme est si intense qu’il sera moins épuisant pour elles de continuer à faire toutes ces choses, que de batailler avec leur partenaire pour qu’il en prenne sa part. Les pères ont alors raté le coche : ils n’ont pas acquis les habitudes à avoir pour s’occuper de leur propre enfant !

 

Selon l’économiste Hélène Périvier, la situation à laquelle on assiste aujourd’hui, où les femmes sont en charge des dépendants (soit les enfants, les personnes âgées et les personnes malades) et où les hommes sont dans la sphère publique, prend ses origines dans le XIXème siècle. Lors de la Révolution Industrielle, il fallait aller travailler en usine mais comment s’occupe-t-on alors des enfants ? Une injonction a été créée pour les femmes de prendre en charge les enfants tandis que les hommes s’occupaient du gagne-pain. Le concept d’instinct maternel émerge alors, qui a depuis été complètement démenti, notamment par la philosophe Elisabeth Badinter. Depuis, les femmes sont restées cantonnées dans ce rôle, par manque d’éducation d’abord et ensuite à cause des normes éducatives genrées. Aujourd’hui, il existe de moins en moins de couples mono-actifs car les femmes sont éduquées et veulent s’émanciper. Ce modèle est en perte de vitesse depuis plusieurs décennies mais persiste néanmoins.

 

Comment les politiques publiques pourraient encourager les hommes à prendre plus en charge le travail domestique et la responsabilité de leurs enfants ? Tout d’abord, on peut différencier deux types de politiques publiques : développer des structures d’accueil des enfants et la mise en place de congés parentaux. Concernant le premier, il est certes très utile mais il ne va pas changer la division des rôles dans la famille. Le second à l’inverse peut être réellement transformatif. En France, le congé maternité est présent depuis longtemps, mais le congé paternité a été créé il y a peu, en 2002. Tandis que le congé maternité est obligatoire – afin d’éviter des pressions de la part des employeurs pour que les femmes ne le prennent pas – le congé paternité est optionnel. Néanmoins, 7 pères sur 10 le prennent, ce qui démontre une volonté des pères de passer du temps avec leurs enfants. Cependant, le congé paternité est pris de façon synchrone avec le congé maternité, ce qui n’est pas idéal, car si l’on veut que les pères s’investissent plus, il faut qu’ils passent du temps seuls avec les enfants et qu’ils soient en charge des tâches domestiques durant cette période. Dans d’autres pays, notamment les pays nordiques, le système est plus poussé :  il existe un congé paternité obligatoire rémunéré et de longue durée. Ainsi, la Suède, qui est un des pays les plus égalitaires entre les hommes et les femmes, a un quota de congé réservé au père distinct de celui de la mère. Dans l’ensemble, ce sont les pays qui proposent des congés parentaux à répartir entre les parents qui font partie des plus égalitaires quant à la répartition des tâches. Le congé paternité semble donc avoir beaucoup d’impact sur la réduction des inégalités de genre.

 

Le congé paternité est une avancée qui permet de se rendre compte que les pères aussi aimeraient passer plus de temps avec leurs enfants, et si ce moyen pouvait se normaliser au cours du temps, il pourrait participer à remettre en cause la répartition genrée des tâches au sein des couples.

 

En conclusion, la charge mentale est un problème épineux qu’il ne sera pas simple de résoudre mais les différents mouvements féministes qui émergent sont un bon moyen de faire évoluer positivement la situation.

 

 

 

 

 

 

Sources:

 

Podcast : Les couilles sur la table: Congé paternité, le miracle?

 

Article de l’express : https://www.lexpress.fr/actualite/societe/la-charge-mentale-le-syndrome-des-femmes-epuisees-d-avoir-a-penser-a-tout_1906874.html

 

Bande-dessinée : Un autre regard d’Emma

 

 

Elise RABOT pour PRISM

La famille JIM vous dit à très vite

La famille JIM vous dit à très vite

Qu’entendons-nous quand nous parlons de la Junior Investment Management alias la JIM ? Pour ses membres il n’y a aucun doute : cette association est avant tout une famille. Une famille composée de 24 membres, réunit autour d’une même passion, la finance.

La JIM est composée de deux pôles : le pôle investissement qui compte pour l’instant 21 membres et le pôle communication où on retrouve trois membres. Le bureau de l’association s’attache à créer un lien constant entre ces deux pôles aux rôles différents mais pourtant complémentaires. À titre d’exemple le pôle communication qui a une place particulièrement importante cette année, s’occupe de recueillir (et même de trouver) des idées de tous les membres pour ensuite les diffuser sur nos réseaux sociaux tels qu’Instagram (jim_tbs), LinkedIn. Nous avons également en projet de relancer notre site internet jim-tbs.com en postant davantage d’articles sur la finance en général ou en parlant de nos partenariats, comme celui avec la London Fox (une équipe de banquier d’affaires dont le but est de former des jeunes étudiants voulant travailler dans la finance).

Le but est vraiment que tous les membres de l’association s’entraident pour faire de la JIM ce qu’elle est aujourd’hui. En effet, au sein de la JIM, nous attachons beaucoup d’importance à maintenir une bonne entente, un bon dynamisme car c’est dans une bonne harmonie que nous arriverons à produire du contenu de qualité.

 

L’activité principale au sein de notre association est de rédiger plusieurs rapports d’investissements afin de gagner de l’argent pour le fonds que nous gérons : le fonds Nalpas, un fonds de 12 000€. Rapidement, qu’est-ce que le fonds Nalpas ? Ce fonds a été créé en mémoire d’un professeur de finance de TBS et a pour objectif de professionnaliser les étudiants. Sous l’égide de la Fondation de France, les bénéfices sont distribués à des étudiants sous forme de bourses ou servent au financement à la recherche.

De plus, cette année nous souhaitons développer l’aspect RSE de l’association. C’est pourquoi nous avons décidé qu’au moins un de nos rapports d’investissement concernera une entreprise respectant les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). Faire du profit, tout en respectant les aspects environnementaux et sociaux, c’est possible et notre but est de le montrer. La finance verte ou finance durable comme on les appelle sont de plus en plus adoptées par des grandes ou plus petites entreprises. Ainsi nous pensons qu’il est important pour nous de promouvoir cet aspect-là de la finance qui malheureusement n’est pas encore assez connu.

 

Vous le savez sans doute déjà mais la finance est un milieu très sélectif. Ainsi, si nous voulons travailler dans ce domaine, il est impératif de le savoir le plus tôt possible afin de se former au plus vite. Cette formation peut commencer avec nous, l’association de finance de TBS. Dans la vie, il ne faut pas passer à côté de quelque chose que l’on aime, rejoindre la JIM c’est faire à la fois sa passion tout en préparant son avenir professionnel. En effet, la JIM est un moyen pour découvrir l’univers de la finance et ses enjeux. Elle permet de donner l’accès à la finance à des étudiants qui n’ont pas encore de cours de finance mais qui souhaitent apprendre et évoluer dans ce domaine. Cela permet de donner une première approche de la finance à la fois d’un point de vue pratique mais également théorique en nous permettant d’acquérir une culture financière ainsi que des méthodes non négligeables. Si la JIM est davantage axée sur la finance d’entreprise, nous suivons également des cours sur la finance de marché, les deux se complétant. Le fait d’intégrer cette association est pour beaucoup vu comme une aide pour se familiariser avec les outils financiers, pour rédiger un CV en finance, pour trouver un stage, en d’autres mots, découvrir et apprendre le plus possible avant de se lancer dans le monde professionnel.

Pour cela nous pouvons bien évidemment compter sur notre réseau alumni avec qui nous sommes constamment en contact. Grâce à leurs expériences académiques mais aussi professionnelles, les “anciens” nous apportent leurs connaissances et nous permettent ainsi de nous améliorer pour que nous puissions fournir un travail de qualité. De plus, dès notre entrée dans l’association jusqu’à la passation (et encore après), les membres du bureau de l’année passée sont bienveillants, avec cette envie de nous apprendre un maximum avant de nous donner les cartes en mains. En effet, des cours sont organisés par eux-mêmes pour le pôle investissement, bien que les membres du pôle communication soient aussi les bienvenus. D’un autre côté, le pôle communication reçoit des formations pour la bonne utilisation de PowerPoint ou pour expliquer les points importants à respecter pour les visuels de la JIM. Les nouveaux membres des deux pôles sans exception reçoivent un accompagnement afin de ne pas être perdu et de se sentir le plus prêt possible pour reprendre les rênes de l’association.

 

Vous l’aurez compris, la principale activité de la JIM est de chercher à faire du profit pour le fonds qu’elle gère en partie, à savoir le fonds Nalpas. Mais la JIM ne se restreint pas qu’à cela, c’est aussi une association qui s’est donné pour mission d’organiser des événements liés au domaine de la finance.

Cette année la JIM est ravie d’organiser la toute première édition de la Traiding Cup. Vous vous demandez sûrement en quoi cela consiste-t-il. C’est très simple, il s’agit d’un concours de finance organisé par l’association elle-même à l’aide du site absbourse.com. Cet événement est ouvert pour l’instant qu’aux élèves de TBS, mais nous réfléchissons à comment on pourrait en faire un événement régional. Chaque participant sera challengé étant donné qu’il devra gérer un portefeuille virtuel d’actions pendant 2 semaines, pour tenter de gagner différents lots de différentes valeurs selon le classement obtenu. De plus, il est important de préciser que l’inscription est entièrement gratuite.

Alors passionnés de finance, qu’attendez-vous pour y participer ?

 

La JIM est heureuse de vous avoir fait découvrir à travers cet article ce qu’elle est réellement. La famille JIM vous dit à très vite, et n’hésitez pas à venir nous voir dans notre local et nous suivre sur nos réseaux sociaux pour continuer à suivre notre activité.

 

 

 

 

 

 

 

 

Les jeunes sont-ils en passe de changer le monde ?

Les jeunes sont-ils en passe de changer le monde ?

Tandis que la « nouvelle génération » se targue, à coup de tweet, de post Instagram ou de story Snapchat, d’être plus éveillée que leurs aïeux, notamment grâce à l’utilisation de ces médias, les quinquagénaires aiment à penser que ce militantisme ne se fait que derrière les écrans et que la pseudo créativité que nous avons ne nous pousse pas à agir.

Loin d’être des détracteurs de ces nouveaux moyens de communication, nous ne pouvons pourtant pas célébrer toutes les publications de nos fils d’actualité Facebook, et nous devons avouer que l’activisme performatif est une pratique courante sur ces plateformes numériques.

Mais ces incohérences que nous voyons aujourd’hui sur les médias sociaux ne seraient-elles pas simplement le reflet des contradictions que porte la société ?

Le monde est rempli d’écolos limitant le plastique mais prenant l’avion pour partir en vacances au Costa Rica, d’addicts au bio la semaine mais mangeurs de fast-food le week-end ou de supporters de l’OM qui regardent les matchs du PSG. Les jeunes ne font pas exception mais certains se battent tout de même pour leurs idéaux tout en espérant changer le monde.

 

Alors pourquoi 35% des moins de 25 ans n’ont pas voté au second tour de l’élection présidentielle de 2017 ? Pourquoi les trois quarts des jeunes ne sont pas allés aux urnes pour les législatives françaises de juin 2018 ? Les jeunes s’intéressent à la politique. La politique en fait elle tout autant pour les jeunes ? Comment pourrions-nous espérer répondre aux problématiques de demain sans consulter l’ensemble des générations, en particulier les jeunes qui vivront encore plus les conséquences des décisions que nous prenons dès maintenant ?

De nos jours, leur politisation prend surtout forme dans l’engagement associatif, les réseaux sociaux ou l’entrepreneuriat. Ils défendent des idéaux et des valeurs qu’ils ne retrouvent pas toujours dans la politique actuelle et se fraient une place dans les débats. Ils se mobilisent pour faire entendre leur voix et ainsi changer le monde à leur manière.

 

C’est dans cette optique que plusieurs d’entre eux lancent leur entreprise et parviennent à faire évoluer les mentalités, les habitudes et même la société au sens large. La « start’up nation » que nous promettait Macron en 2017 est celle dont beaucoup rêvent. Ce n’est pas pour rien que l’entrepreneuriat a le vent en poupe. Quel membre de la génération Z n’y a jamais songé ?

Le désir de liberté, de créativité ou d’indépendance y est pour beaucoup, tout comme la facilité de création. Mais un nouveau moteur pousse les jeunes à entreprendre : leur volonté de transformer la société pour qu’elle soit plus à même de répondre aux problématiques actuelles. Parce qu’ils représentent l’avenir, qu’ils sont pleins d’idées et qu’ils paraissent conscients des enjeux climatiques et sociaux de demain, ils ont l’étoffe d’être des acteurs déterminants du changement. C’est par ces nouveaux types d’entreprises, où l’innovation est reine, que l’urgence des nouvelles problématiques semble pouvoir être résolue. L’entrepreneuriat social, voire l’entrepreneuriat qui ne se donne pas d’étiquettes mais qui cherche à casser les codes pour limiter ses externalités négatives, est un secteur d’avenir. Et les jeunes l’ont bien compris. Motivés, inspirés et engagés, nous assistons à une nouvelle vague d’actifs qui, par leur esprit d’ouverture, leur volonté et leurs convictions, pourront être les instigateurs d’évolutions sociétales dont nous avons grandement besoin.

L’inconscience, l’insouciance voire le manque d’expériences qui sont souvent reprochés aux jeunes ne seraient-ils finalement pas leur force ?

Lorsque Boyan Slat a fondé The Ocean Cleanup, il ne se rendait pas compte de l’ampleur du défi qui l’attendait. N’est-ce pas rêvé que de vouloir supprimer 90% du plastique des océans d’ici 2040 ? Comment une réalisation aussi extraordinaire pourrait être menée sans l’insouciance que l’on aime prêter à la jeunesse ? Nombreuses seraient les innovations qui n’existeraient pas sans une dose de rêve. La force d’inspiration des jeunes est source de création. Et si, malheureusement, leurs projets échouent, ce ne sera que partie remise pour eux. Ils ont le temps de faire des erreurs et de recommencer.

 

Mais outre cette forme d’engagement qui émerge de plus en plus, les jeunes continuent de se politiser via des manifestations, des petits actes du quotidien voire avec l’adhésion à des partis politiques. « Allons Enfants » a ainsi fait le pari d’inclure la jeunesse dans le processus décisionnel pour favoriser l’intelligence collective permise par la diversité intergénérationnelle. Un des enjeux majeurs que ces jeunes semblent porter est d’ailleurs la lutte contre le réchauffement climatique.

Nous n’avons même plus à présenter Greta Thunberg qui a mené, au départ, une simple grève isolée puis des manifestations tous les vendredis à travers différents pays et villes.

Son engagement n’est pas resté longtemps dans l’ombre. Elle a été invitée aux plus importants sommets politiques et a prononcé plusieurs discours, parfois controversés. Elle s’est opposée aux chefs d’Etat et les as interpellés avec le célèbre : « How dare you ? » [=Comment osez-vous ?]

Gitanjali Rao, une scientifique de 15 ans récemment élue Kid of the Year par le Time Magazine, peut aussi être un exemple de l’envie et de la possibilité qu’ont les jeunes d’être des vecteurs de renouveau. Ainsi, ses secteurs d’activités, allant de l’eau potable polluée à l’addiction aux opiacés et au cyber harcèlement, pourraient résoudre des problèmes majeurs dans notre monde actuel. À l’instar de TBS et de son slogan « Inspiring Life, Inspiring Education », Gitanjali véhicule aux autres jeunes un message inspirant, qui est : « N’essaye pas de résoudre chaque problème, concentre-toi uniquement sur celui qui t’enthousiasme ».

 

L’engagement peut également s’opérer via des associations. Le B3D, association étudiante qui vise à promouvoir le développement durable dans l’établissement et auprès des élèves, se veut ainsi facteur de changement pour rendre TBS plus soucieuse des enjeux actuels. Nos cinq pôles, qui organisent de nombreux événements, à échelle locale comme nationale, sont aussi des moyens d’agir pour les causes en lesquelles nous croyons.

La deuxième partie de la quinzième édition des ANEDD (Assises Nationales du Développement Durable) qui aura lieu en Avril, juste avant notre S3D (semaine du développement durable), en est un exemple. À travers des ateliers, des éco-awards et des conférences sur un thème que nous gardons encore secret, nous espérons pouvoir faire prendre conscience aux étudiants de l’urgence d’intégrer le développement durable dans toutes les sphères de nos vies.

 

Le monde appartient à ceux qui le façonnent…et qui se lèvent tôt, alors réveillons-nous et agissons.

 

Mathis et Charlotte du B3D

Le nouveau mandat commence fort chez RDVC !

Le nouveau mandat commence fort chez RDVC !

Alors que la plupart des cours sont maintenus à distance et que les locaux de TBS demeurent toujours aussi déserts, du côté de RDVC, les animations et activités ne manquent pas ! C’est ainsi que depuis janvier, ont eu lieu trois événements sans compter les interviews de personnalités pour les journaux papier de TBS Presse.

 

1) La table ronde « Quel monde après la crise du Covid-19 ? »

Le 21 janvier dernier s’est tenu notre premier événement de l’année, une table ronde à laquelle de jeunes représentants de Haute-Garonne des sept partis politiques principaux français (LFI, PS, EELV, LREM, MODEM, LR, RN) ont été conviés pour débattre sur le thème suivant : « Quel monde après la crise du Covid-19 ? ». L’événement a eu lieu à distance via Zoom et il a également été diffusé sur les pages RDVC des réseaux sociaux afin de permettre au plus grand nombre de le visionner et/ou d’y assister en direct. Dans un premier temps, les invités ont livré leur ressenti sur la situation sanitaire actuelle et ils ont pu nous faire part de leurs propositions et des solutions qui pourraient être mises en place pour le futur, le monde d’après. Après avoir laissé les jeunes représentants politiques présenter leur vision du monde post-covid, les organisateurs de la conférence ont laissé place aux échanges et à l’interaction entre les invités et le public. Quelque soit leur couleur politique ou le parti auquel ils appartiennent, les jeunes représentants politiques étaient tous d’accord pour affirmer que cette crise sanitaire que nous traversons, doit être considérée comme une opportunité pour accélérer le changement vers un monde nouveau. Un monde où les hommes doivent vivre en harmonie avec la nature, plus juste sur le plan social, dans lequel les hommes doivent accorder leur confiance au progrès et à la science.

Concernant l’écologie, la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de notre planète, de nombreuses propositions ont été faites par plusieurs des jeunes représentants. Un premier constat a été établi. En effet, la crise sanitaire que nous traversons résulte de la dégradation de notre environnement et de notre planète. L’activité humaine est responsable de la dégradation des espaces naturels qui entraîne une proximité entre les espèces animales, le milieu sauvage et l’espèce humaine. Cette proximité favorise le développement des maladies et des épidémies. Les invités se sont prononcés en faveur d’une transformation de notre économie. Il est nécessaire de réadapter nos modes de production et de consommation. Il faut non pas consommer plus mais consommer mieux en favorisant les circuit courts, la production locale. Il faut rebâtir nos infrastructures de production afin que ces dernières soient plus économes sur le plan énergétique avec des matériaux durables et respectueux de l’environnement. Il est essentiel d’avoir une indépendance économique, de relocaliser nos emplois, de développer l’attractivité territoriale. Les efforts doivent être portés sur les TPE-PME qui créent plus de la moitié des emplois de notre pays. En revitalisant nos territoires et en développant l’activité localement, une relance économique est possible et nous pourrons sortir de la crise plus facilement.

Ensuite, il est vital de croire en la science pour relever les défis de notre époque, du XXI -ème siècle. S’appuyer sur la science permet d’agir en faveur du progrès, cela permet également, comme l’a rappelé Florian Delrieu, de « lutter contre les obscurantismes, les contre-vérités qui déstabilisent nos démocraties ». Au sujet de la démocratie, les sept invités ont affirmé que les citoyens devaient être acteurs du changement de la société, qu’ils devaient s’engager et contribuer à la construction du monde d’après et ne pas se contenter d’être simplement spectateurs des décisions prises par les élites politiques.

Sur le plan social, la société du futur doit être plus fraternelle. Pour qu’il y ait de la fraternité, il faut promouvoir l’égalité et la liberté. D’un point de vue de l’égalité, il faut rendre le modèle social plus simple et plus juste. Le système de retraite a notamment été mentionné par Florian Delrieu. En effet, celui-ci doit être égalitaire et universel. Pour la jeunesse, il faut investir dans l’éducation et la formation. La vision d’un monde futur est celle d’un monde où chaque individu peut s’émanciper, où chaque individu choisit son parcours professionnel, réalise les projets qu’il souhaite entreprendre et est libre de mener sa vie comme il le souhaite.

En termes d’avancées sociales également, le monde d’après doit garantir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Les avancées technologiques et la digitalisation permettent déjà une certaine flexibilité puisqu’il est désormais possible de travailler à distance depuis chez soi.

Enfin, une chose essentielle ne doit pas être oubliée dans la construction de ce monde, il s’agit de la résilience. En effet, cette crise sanitaire ne sera pas la seule crise à laquelle nous aurons à faire face et nous devons donc nous armer et nous doter de tout ce qui est nécessaire pour être en mesure d’affronter tous les aléas auxquels nous serons confrontés.

 

2) Le MUN (Model of United Nations)

Le samedi 13 février dernier avait lieu notre premier MUN et événement en présentiel de l’année. Pour rappel, le MUN signifie en anglais « Model of United Nations » et il s’agit d’une simulation des Nations Unies ayant pour objectif de former les personnes qui y participent aux négociations internationales. Cet événement était à l’initiative du pôle MUN de notre association. Nous devions choisir le pays que nous souhaitions représenter quelques jours avant l’événement et nous avions à disposition des « position papers » qui nous permettaient d’obtenir des informations sur le pays en question, afin de pouvoir orienter notre prise de position en fonction des intérêts du pays et de ses orientations politiques. Nous devions également préparer quelques clauses à présenter lors du MUN.

La journée s’est déroulée en deux parties. Le matin, le thème des négociations portait sur le nucléaire et l’après-midi, sur l’intégration des minorités. Les pays représentés lors de ce MUN étaient les suivants : Chine, Russie, Japon, Etats-Unis, Canada, Australie, Italie, Royaume-Uni et Arabie Saoudite. Les négociations se sont faites en anglais comme pour les négociations internationales qui ont lieu à l’ONU. Toutefois, Marie Bescond, responsable du pôle MUN et « chairperson » dont le rôle était d’assurer le bon déroulement des négociations a autorisé les délégués à formuler certaines de leurs propositions en français dans le cas où ces derniers ne seraient pas à l’aise avec les termes anglosaxons.

Le principe de l’événement était le suivant : un pays commençait à faire une proposition puis les autres pays demandaient la parole à la « chairperson » pour interroger le pays en question, le questionner sur la mise en place de sa proposition, les impacts de celle-ci sur la stabilité géopolitique mondiale. A titre d’exemple, dans le cadre des négociations sur l’intégration des minorités, l’Australie a fait une proposition de loi visant à imposer aux pays, un quota de réfugiés climatiques qui soit proportionnel au taux d’émissions et de pollution que ces pays génèrent. Cette loi vise à faire prendre conscience aux pays les plus industrialisés et donc les plus pollueurs, de leur impact sur le reste du monde et sur des populations défavorisées vivant dans des pays qui risquent de disparaître dans les décennies à venir, dû au réchauffement climatique, à la montée du niveau de la mer et autres aléas environnementaux. Les autres nations présentes au MUN ont manifesté leur inquiétude face à cette proposition de loi pour plusieurs raisons. Tout d’abord, certaines d’entre elles ont dénoncé l’injustice dont seraient victimes les réfugiés climatiques. En effet, on les enverrait d’office dans un pays qu’ils n’ont pas forcément choisi pour satisfaire des données chiffrées que sont les « quotas ». Ensuite, dans la plupart des pays, les processus d’acquisition de la nationalité sont très longs et cela poserait un problème de déontologie et de justice vis-à-vis des autres réfugiés et migrants arrivés dans les pays depuis des années et éprouvant toujours des difficultés à obtenir leurs papiers et leur nationalité. Les réfugiés climatiques seraient-ils prioritaires et passeraient-ils devant les autres réfugiés et migrants ayant immigré dans les pays industrialisés bien avant eux ? L’arrivée massive de réfugiés climatiques accentuerait les problèmes d’intégration déjà présents dans certains pays. Ces pays peuvent aussi avoir un PIB relativement faible et sont confrontés à des problèmes économiques, devraient-ils en plus accueillir des réfugiés climatiques ?

Toutes ces questions ont été posées et les échanges ont été très enrichissants. Cela nous a permis d’avoir un premier aperçu de la manière dont des négociations internationales peuvent se dérouler. Je tiens à remercier le pôle MUN pour l’organisation de cet événement ainsi que notre présidente Marion et vice-présidente Narjès pour l’accueil qui nous a été réservé avec le petit déjeuner offert.

 

3) Conférence – Pascal DROUHAUD

Le 17 février dernier, nous avons eu l’honneur de recevoir une personnalité engagée dans le monde des relations internationales qui est venue nous parler de son parcours. Il s’agit de Pascal Drouhaud. Lorsqu’il était jeune, il avait envie d’être utile à son pays et de le servir. Pour cela, notre invité pensait qu’il était nécessaire de partir le plus loin possible pour pouvoir revenir avec un regard extérieur et s’engager en sachant exactement pourquoi et comment. Un conseil précieux qu’il nous a livré est celui de tenter les choses, de se lancer dans l’aventure tout en ayant un plan, une stratégie afin de savoir exactement où l’on veut aller et quels sont nos objectifs. Au départ, Pascal Drouhaud ne pensait pas pouvoir réaliser son rêve, celui de partir loin à la découverte de nouveau horizons, lui qui était originaire du Pays Basque et qui a fait ses études à Pau.

Après ses études, il pensait que le meilleur moyen d’être utile à la France était de s’engager dans la fonction, publique mais il ne savait pas comment s’y prendre, il ne pouvait pas encore passer de concours car trop jeune et pas assez expérimenté. Une première opportunité lui a été offerte dans les années 1980 par l’armée. On lui a proposé d’effectuer une mission au titre de la coopération. Il s’agissait de partir servir son pays n’importe où dans le monde durant deux années au sein d’une entreprise ou d’une ambassade. Il s’est donc envolé vers le Salvador qui, à la fin des années 1980, était en pleine guerre civile. Un front international était présent et le monde Occidental s’affrontait avec le monde soviétique. Cette aventure a été l’occasion pour Pascal Drouhaud de prendre connaissance des enjeux internationaux, diplomatiques mais également de découvrir ce qu’était la guerre civile. En effet, il nous a confié que pour lui une guerre était synonyme de dévastation, de destruction massive, où les gens étaient démunis, n’avaient plus rien. La guerre civile était différente des deux guerres mondiales que l’on a pu connaître dans la première moitié du XX ème siècle. Il s’est donc engagé au sein de l’ambassade du Salvador en étant notamment en charge des affaires culturelles.

Il a par la suite assisté aux négociations engagées entre les FARC et le gouvernement colombien en 1998 et 2002 et s’est rendu dans la zone de détente pour rencontrer les leaders de la guérilla. Il a écrit de nombreux articles sur la démocratisation et la situation économique de l’Amérique latine dans les revues spécialisées de politique étrangère. Il réalise des entretiens avec des personnalités politiques internationales et est l’auteur d’un ouvrage sur les FARC. Il est membre du Conseil d’administration de l’Institut des hautes études de l’Amérique latine (IHEAL). Cet échange avec Pascal Drouhaud a été très instructif et nous a permis de comprendre les enjeux d’un engagement à l’international.

Je terminerai cet article en affirmant qu’il faut croire en ses rêves. Tout est possible lorsque nous savons où nous souhaitons aller et les objectifs que nous voulons atteindre.

 

Par Nolwenn DALLAY