We want you for US Army : où sont passés les commissaires européens ?

We want you for US Army : où sont passés les commissaires européens ?

Notre souveraineté nationale dans des mains peu innocentes ? 
La récente nomination de Jose Manuel Barroso, président de la Commission Européenne de 2004 à 2014, à la présidence non-exécutive de Goldman Sachs a défrayé la chronique. Entre la première banque d’investissement au monde et l’ancien président de la Commission Européenne « aux services des Etats », à plus d’un le mariage a pu sembler incongru.
Et en effet, compte tenu de leurs fonctions, les commissaires européens, membres du plus haut organe exécutif de l’Union Européenne, sont soumis à certaines contraintes quant à la pratique d’une activité professionnelle pendant l’exercice de leurs fonctions et y compris après cessation desdites fonctions.
L’article 245 du TFUE précise ainsi :  » Les membres de la Commission ne peuvent, pendant la durée de leurs fonctions, exercer aucune autre activité professionnelle, rémunérée ou non. Ils prennent, lors de leur installation, l’engagement solennel de respecter, pendant la durée de leurs fonctions et après la cessation de celles-ci, les obligations découlant de leur charge, notamment les devoirs d’honnêteté et de délicatesse quant à l’acceptation, après cette cessation, de certaines fonctions ou de certains avantages »
Pour notre part, nous reprendrons un adage traditionnel : « Dis-moi qui te paye, je te dirai pour qui tu travailles »Rappelez-vous en parcourant cette liste que ces personnes disposent d’un pouvoir exécutif et législatif hors-norme au sein de l’UE, ils fixent les Grandes Orientations de Politique Economique qui sont par la suite concrètement imposées aux Etats.
« La Commission est l’institution européenne qui a le monopole de l’initiative législative et des pouvoirs exécutifs importants dans des domaines tels que la concurrence et le commerce extérieur. C’est le principal organe exécutif de l’UE » *

Pour notre part, nous reprendrons à notre compte un adage traditionnel : « dis-moi qui te paye, je te dirai pour qui tu travailles ».

« Les principaux pouvoirs conférés à la Commission sont les suivants: l’exécution du budget (article 317 du TFUE); le pouvoir d’autoriser les États membres à prendre les mesures de sauvegarde que les traités prévoient, en particulier pendant les périodes de transition (par exemple, article 201 du TFUE); et des pouvoirs en matière de règles de concurrence, en particulier le contrôle des aides d’État, conformément à l’article 108 du TFUE. »

« Les traités confient à la Commission le soin de veiller à leur bonne application et à celle des décisions prises pour les mettre en œuvre (droit dérivé). C’est son rôle de «gardienne des traités». Il s’agit avant tout de la «procédure en manquement» à l’égard des États membres, prévue à l’article 258 du TFUE »

Petite revue d’effectifs non-exhaustive des nouvelles fonctions des anciens commissaires européens sous les mandats Barroso[2] :
Neelies Kroes, hollandaise, commissaire à la concurrence de 2004 à 2009 et de la société numérique de 2009 à 2014 : désormais conseillère spéciale auprès de Bank of America Merrill Lynch Europe, Middle East and Africa[3], membre du conseil d’administration de Salesforce[4], entreprise américaine spécialisée dans le cloud computing et conseillère auprès d’Uber[5].
Viviane Reding, luxembourgeoise, commissaire à l’éducation, la culture et le sport de 1999 à 2004, de la société de l’information et des médias de 2004 à 2010 et à la justice de 2010 à 2014 : désormais membre du conseil d’administration de Nyrstar[6], compagnie minière belge, membre du conseil d’administration de la Fondation Bertelsmann[7] qui détient plus des ¾ du conglomérat de presse Bertelsmann, et membre du conseil d’administration d’Afga Gevaert[8], entreprise belge d’imagerie numérique.
Ferdinando Nelli Feroci[9], italien, commissaire à l’industrie et à l’entreprenariat en 2014 : désormais membre du conseil d’administration de Simest, fonds d’investissement italien, et président de l’Istituto Affari Internazionali.
Slim Kallas, estonien, commissaire aux transports de 2010 à 2014 : désormais consultant pour Nortal, entreprise de logiciels estonienne[10].
Maria Damanaki[11], grecque, commissaire aux affaires maritimes et à la pêche de 2010 à 2014 : désormais directrice mondiale de la branche océans chez Nature Conservancy, organisation américaine de protection de l’environnement.
László Andor[12], hongrois, commissaire à l’emploi de 2010 à 2014 : désormais membre du conseil consultatif de Rand Europe, think tank américain.
Karel de Gucht[13], belge, commissaire au commerce de 2010 à 2014 : désormais membre du conseil consultatif de CVC Capital Partners, grand fonds de capital-investissement luxembourgeois, membre du conseil d’administration de Proximus, opérateur de télécommunications belge, un des directeurs d’ArcelorMittal, membre du conseil d’administration de Merit Capital NV, gestionnaire de patrimoine belge
Janez Poto?nik[14], slovène, commissaire à l’environnement de 2010 à 2014 : désormais président du Forum pour le Futur de l’Agriculture, notamment fondé par Syngenta, société suisse de chimie et d’agroalimentaire.
Connie Hedegaard[15], dannoise, commissaire au climat de 2010 à 2014 : désormais membre du conseil de Danfoss, entreprise dannoise de chauffage-réfrigération et de contrôles industriels.
Jose Manuel Barroso[16], portugais, président de la Commission Européenne de 2004 à 2014 : désormais président non-exécutif et conseiller chez Goldman Sachs International, membre du groupe dirigeant des conférences Bilderberg, président émérite de l’Institut Teneo de l’Université Cornell de New York.
Egalement :
Peter Sutherland[17], irlandais, commissaire à la concurrence de 1985 à 1989 : président d’Allied Irish Banks de 1989 à 1993, directeur d’Ericsson en 1996, administrateur d’alibaba.com en 2000, président non-exécutif de British Petroleum de 1997 à 2009, président de la section Europe de la Commission Trilatérale de 2001 à 2010, et aujourd’hui président honoraire de la Commission Trilatérale, président non-exécutif de Goldman Sachs International depuis 1995, membre du comité directeur du groupe Bilderberg et directeur de la Royal Bank of Scotland.
Mario Monti[18], italien, commissaire au marché intérieur et au service de 1995 à 1999 et à la concurrence de 1999 à 2004 : conseiller international de Goldman Sachs International depuis 2005
Karel Van Miert[19], belge, commissaire aux transports de 1989 à 1992 et à la concurrence de 1993 à 1999 : membre du conseil d’administration de Solvay America de 2003 à 2009, directeur non-exécutif d’Anglo American PLC de 2002 à 2009, membre du conseil d’administration de Vivendi de 2004 à 2009 et conseiller international de Goldman Sachs International de 2001 à 2009.
On constatera aisément qu’en dehors des bancs de Bruxelles, les commissaires européens ne se sont pas massivement engagés en faveur des pandas et des koalas menacés d’extinction.
Une question subsiste : pour qui travaillent vraiment les commissaires européens ?

Think Tank Averroès

Sources :

François Hollande, Ballon d’Or Atlantiste 2016

François Hollande, Ballon d’Or Atlantiste 2016

François Hollande, homme de paix ou homme de main ?

François Hollande vient de recevoir un prix de la part de la Fondation Appeal of Conscience pour son « leadership dans la sauvegarde de la démocratie et de la liberté dans un moment d’attaques terroristes et pour sa contribution à la stabilité et à la sécurité mondiale*« .
Nombre de nos lecteurs ont été surpris, médusés, amusés par ce titre d’homme d’Etat de l’année. De prime abord, comment leur donner tort ? Le bilan du Président de la République – au delà de sa politique intérieure – paraît bien peu contribuer à ce que cette fondation appelle la « paix » ou encore la « stabilité et la sécurité mondiale« *.
A l’heure où il est établi que ce dernier quinquennat a aggravé – c’est un exploit – les erreurs déjà commises lors de l’exercice précédent, les citoyens français désapprouvent largement la politique étrangère française hollandaise*.
Comment expliquer alors cet abîme entre le ressentiment* des français à l’endroit des décisions* de politique étrangère* du Président Hollande et la remise de cette récompense, louant cette politique ? 
Deux outils vont nous permettre de replacer cette récompense dans une cohérence et une logique implacable. D’une part, nous allons nous intéresser à la sémantique pour déterminer les signifiés des mots qui ici semblent contradictoires avec les actes géopolitiques de l’élu. D’autre part, en pratiquant une herméneutique élémentaire des textes fondateurs de l’OTAN, expression de la vision géopolitique des puissants aux Etats-Unis. Nous allons découvrir qu’il y a une congruence -concept Kepelien subtil- totale entre Appeal of Conscience et les apôtres de l’Alliance de l’Atlantique Nord.
Il serait une erreur de considérer que cette récompense est une erreur d’appréciation ou un geste hasardeux de la part de cette Fondation. Elle est parfaitement légitime à donner des brevets de « paix » à la sauce OTAN, de par sa structure et ses orientations.
Si nous pouvons exclure l’idée, objectivement, que François Hollande défende la paix et la sécurité internationale, il reste maintenant à déterminer à quelle paix et à quelle sécurité pensent ceux qui ont gratifié notre Président.
Il faut tenir compte du fait que François Hollande a pleinement rempli sa mission de chef de guerre vassalisé par :
– Sa capacité à effacer la tradition diplomatique et de politique étrangère de la France, qui empêcherait par définition la participation de la France à la démolition d’Etats souverains non alignés*.
– Sa capacité à se donner en serviteur volontaire aux intérêts et ambitions hégémoniques éloignés des intérêts français*.
– Sa capacité à se comporter vis à vis des autres Nations en fonction de l’agenda de Washington*.  
Sous ce prisme, cette récompense prend tout son sens. Nous allons tout de même en venir au fond des sujets susvisés.
Qu’est ce que la Fondation Appeal of Conscience ? 
Cette fondation a été créée par le rabbin Arthur Schneier en 1965. Survivant de la Shoah, il a reçu la « Presidential Citizens Medal » des mains de Bill Clinton pour « service rendu comme représentant international » ainsi que pour sa lutte « contre la haine et l’intolérance ». Il préside la commission américaine pour la conservation de l’Héritage de l’Amérique à l’ONU*.
Nous avons malgré tout décidé de décortiquer la structure et les actions de cette Fondation, nous y avons trouver des éléments susceptible de déterminer sa nature et ses buts poursuivis.
En ce qui concerne la « paix »:Il nous paraît peu défendable de présenter cette fondation comme oeuvrant pour la paix dans le monde. Il serait plus exact de la présenter comme une organisation défendant une certaine conception de la paix – non universelle – dans une région du monde très limitée et bien définie. En effet, la Fondation est présente dans une trentaine de pays, mais aucun pays du monde « arabo-musulman » n’y figure* mis à part le Maroc et la Turquie. Le premier a été nommé en 2004 par George W.Bush « Allié majeur Hors-OTAN » et la seconde est membre à part entière de l’OTAN.
Si le dialogue inter religieux et la paix sont les maîtres mots de la Fondation, comment se fait-il qu’il y ait une telle homogénéité dans son champ d’action. En somme, il n’y a aucun Etat défendant une autre idée de la paix. C’est à dire aucun Etat opposé à la publicité de la démocratie de marché, à l’idéologie du progrès, au capitalisme financier sauvage.
De plus la quasi totalité des Etats (90%)* dans lesquels la Fondation est active ont des relations privilégiées avec le gouvernement des Etats-Unis et entretiennent des relations souvent très étroites avec l’OTAN.
Les opposants au mondialisme et à son catéchisme capitaliste n’ont donc pas droit de cité sur cette carte du monde tronquée de ses « pustules ». Ils ne participent pas du monde « libre » qui doit demeurer en « paix ».
Il est également très intéressant de constater que la Fondation est active dans les zones stratégiques qui intéressent particulièrement les stratèges américains. Dans les Balkans, dans toutes les anciens territoires de l’Union Soviétique*, en Amérique Centrale. En somme, un fabuleux relais d’influence pour le monde libre dans celui qui est aux frontières et qui doit encore « progresser ».
Afin de démontrer cette proximité -douteuse- entre la Fondation et les intérêts géopolitiques de l’oligarchie américaine (est-il permis de la mentionner au même titre que son alter ego russe?) nous avons étudié les parcours et les fonctions des membres ou proches de la Fondation :
A notre connaissance, ces individus ne sont pas réputés ni pour être des chantres de la révolution bolivarienne, ni pour leur défense acharnée des espèces en voie de disparation dans le désert togolais.
John Negroponte :Diplomate américain, néoconservateur, chantre de l’invasion de l’Irak, nommé par G.W.Bush  ambassadeur en Irak après la chute de Hussein, Directeur du Renseignement national en 2005, Secrétaire d’Etat adjoint en 2007. Mis en cause pour des activités criminelles pendant son mandat d’ambassadeur au Honduras antérieurement*.
Peter G Peterson :Ancien PDG de Lehman Brothers, ancien directeur du Council of Foreign Relations, Think tank néoconservateur très puissant et proche du Département d’Etat. Milliardaire le plus influent de la politique américaine.
Henry Kissinger :Responsable de la politique étrangère américaine pendant la guerre du Vietnam. Mis en cause pour crimes de guerre, participant à l’opération meurtrière Condor. Intervenant à  la commission trilatérale et au Groupe Bilderberg.
Rupert Murdoch :Milliardaire influent. Invité d’honneur pour le dernier anniversaire de la Fondation, propriétaire des médias néoconservateurs aux Etats-Unis, a fondé un journal avec le fondateur du PNAC (projet militaire hégémonique américain pour le 21ème).
Rozanne L.Ridgway :Ancienne sous-secrétaire d’Etat aux affaires européennes, membre du Council of Foreign Relations, membre de la commission trilatérale et du Groupe Bilderberg.
Jacob Frenkel :Ancien gouverneur de la Banque d’Israël, membre de la commission trilatérale et du Peter G Peterson Institute for International Economics.
Mario Monti :Ancien commissaire européen, membre de la commission trilatérale et du Groupe Bilderberg.
-Stanley Fischer :Gouverneur de la Banque d’Israël
Laurence Summers et Paul O’neill :Anciens secrétaires du Trésor des Etats Unis. Membres du Groupe Bilderberg.
David Rockfeller :Fondateur de la commission trilatérale et du Groupe Bilderberg.
Jean-Claude Trichet :Ancien Président de la BCE
Force est de constater que ces personnes ont un parcours et des fonctions très homogènes appartenant tous aux mêmes cercles d’influences qui regroupent les puissances économiques, financières et politiques de première importance sur la scène internationale.
Quel bilan en politique étrangère pour mériter ce prix ?
La négation de la tradition d’équilibre et d’indépendance de la politique étrangère de la France est manifeste
Richelieu théorisa brillamment la Raison d’Etat, l’Etat-nation et la souveraineté de celui-ci, entre 1624 et 1642. Talleyrand fut certainement le plus grand diplomate de l’Histoire de France, acteur magnifique du Congrès de Vienne, il consacra sa vie à maintenir la France au centre de l’échiquier politique européen, traversant les époques et les régimes. Ces hommes sont de ceux qui ont écrit les plus belles pages de l’histoire diplomatique de la France. Ils ont fondé l’identité géniale de sa politique étrangère, ce pour quoi elle est respectée à travers l’histoire par toutes les Nations: Son indépendance, sa finesse, toutes les nuances que sa langue permet de rendre. Attachée aux droits fondamentaux des peuples et des Nations, elle disposera jusqu’à récemment d’une place et d’une voix singulière au sein du concert des Nations.
Charles de Gaulle fut le dernier grand représentant de cette tradition. Il avait compris la dialectique du plan Marshall et son aboutissement : le règne du modèle économique et culturel américain en Europe. Il avait anticipé que l’Union Européenne et l’OTAN seraient les formes modernes de la soumission de la France aux intérêts des Etats-Unis américains. Sa compréhension des forces profondes de l’Histoire lui avait déjà intimé l’idée que la France était menacée par les oubliettes de l’Histoire contemporaine.
Qu’ont compris Nicolas Sarkozy et François Hollande de leur époque?
Qu’ont à voir les choix de politique étrangère avec l’identité et les intérêts de politique étrangère de la France ?
La soumission de la France est intégrale, sur tous les dossiers : la Syrie, l’Arabie Saoudite et le Qatar,la Russie,Israël,l’Iran.Où est passée la politique arabe de la France, son équilibre et sa capacité à incarner une singularité dans les relations internationales ?
Cette tradition s’est effacée au profit d’une organisation dont la distribution du chaos et l’entretien de la terreur sont les deux moyens d’action. L’OTAN.
Cette négation s’est faite au profit de l’OTAN
Le quinquennat de Nicolas Sarkozy vint assassiner une partie de l’Histoire de France, au profit de la bannière étoilée. Le président Sarkozy avait acté le retour -marqueur de son atlantisme forcené – de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, le 4 avril 2009*.
François Hollande, alors premier secrétaire du Parti Socialiste avait signé une motion de censure, qui visait à « éclairer les français sur la dangereuse rupture que sont en train d’opérer le PR et son gouvernement avec le consensus national qui prévalait sur les principes d’indépendance militaire et stratégique de notre pays »*
Or, le 4 janvier 2016, en tant que Président de la République, il apportait son soutien à un projet de loi visant à « autoriser l’accession de la France au protocole sur le statut des quartiers généraux militaires internationaux créés en vertu du Traité de l’Atlantique Nord ». Que faut-il comprendre ? La France souhaite accueillir des forces armées étrangères sur son territoire en permanence.*
Si l’on devait mesurer précisément, pendant le quinquennat Hollande, l’alignement stratégique de la France sur Washington et son acolyte israélien, nous dirions qu’il est de 8 sur l’échelle d’un philosophe, cinéaste, journaliste, acteur, va-t-en guerre de nationalité française, par ailleurs certainement abonné à Phosphore.
Contrairement aux idées reçues, il est fortement contestable de qualifier l’OTAN d’organisme défensif. Il est vrai qu’en vertu de l’article 5 de la Charte de l’OTAN, il est établi qu’il existe une sécurité collective, qui présente d’ailleurs de nombreux risques. Mais, avant tout, l’OTAN est la machine de guerre américaine qui sert des ambitions hégémoniques incontestables, en violant systématiquement le Droit International et la souveraineté des Nations*, en s’érigeant comme « Gendarme du monde » au mépris des décisions rendues par les Nations-Unies. Les guerres de conquête dans lesquelles la France est entraînée sont sont contraires à tous les engagements juridiques et philosophiques de la France, et contraire enfin à ses intérêts stratégiques*.
Hollande, un très bon élève atlantiste qui méritait une récompense pour bons et loyaux services
L’atlantisme de François Hollande et son soutien au gouvernement israélien ne date pas du dernier Chabbat. Frédéric Encel, spécialiste des relations internationales plutôt acquis à la cause du gouvernement israélien, le rappelait en ces termes : « Du temps où il était premier secrétaire du Parti Socialiste, Hollande a toujours été le chef social-démocrate le plus favorable à Israël. » et « Il existe chez le Président Hollande et les poids lourds du gouvernement une tendance qui a toujours considéré la sécurité d’Israël comme prioritaire »*
Néanmoins, le degré de cette orientation est une première historique. Il est évident que la France a rompu avec toute exigence vis à vis de l’Etat hébreu sur les questions de colonisation, de réponse militaire.
Sur la question de la relation avec la Russie, la position extrêmement rigide du gouvernement français a surpassé les attentes de Washington en la matière. Sur la question iranienne, l’attitude de Laurent Fabius fut exemplaire aux yeux de Tel-Aviv*. Paris a eu également le grand « mérite » de soigner ses relations avec les pétromonarchies du Golf, alliées historiques des Etats-Unis, au détriment d’un dialogue avec les Etats et les peuples ayant une histoire en commun avec la France: Syrie, Liban, territoires palestiniens.
Aussi, François Hollande s’est lancé à corps perdu dans la bataille en Syrie. Il était même sur le point d’attaquer le gouvernement syrien par des bombardements au profit des groupes terroristes qui constituent l’immense majorité de ce que l’on appelle l’ « opposition ».
Aux naïfs qui prétendraient qu’une adhésion à l’OTAN n’est pas en contradiction avec une politique étrangère indépendante et équilibrée nous présenterons l‘article 8 du traité de l’OTAN* :
« Chacune des parties assume l’obligation de ne souscrire aucun engagement international en contradiction avec le traité« 
Comparons maintenant la déclaration de Varsovie du 9 juillet 2016* et les déclarations de la Fondation. La première émane de l’OTAN, traite de la sûreté transatlantique :
« Nous sommes solidaires, et nous agissons ensemble, pour assurer la défense de notre territoire et de nos populations, ainsi que de nos valeurs communes. Unies par notre lien transatlantique immuable, et par notre attachement à la démocratie, aux libertés individuelles, aux droits de l’homme et à l’état de droit, l’OTAN continuera d’œuvrer en faveur de la paix, de la sécurité et de la stabilité des territoires de l’Alliance »*.
Voici un extrait du préambule de la Charte fondatrice de l’OTAN : « Déterminés à sauvegarder la liberté de leur peuple, leur héritage en commun et leur civilisation fondés sur les principes de la démocratie, les libertés individuelles, (…), Soucieux de favoriser dans la région de l’Atlantique Nord le bien être et la stabilité. Résolus à unir leurs efforts pour leur défense collective et la préservation de la paix et de la stabilité« 
Vous souvenez-vous de la formule de la Fondation pour récompenser François Hollande ?
« Pour son leadership dans la sauvegarde de la démocratie et de la liberté dans un moment d’attaques terroristes et pour sa contribution à la stabilité et la sécurité mondiale« 
N’y a t-il pas une grande proximité dans les éléments de langage?
En définitive, Hollande aura œuvrer pour la sauvegarde des valeurs atlantistes de « démocratie » et de « liberté » et à la sécurité et la stabilité des territoires de l’Alliance.En ce qui concerne les peuples et les nations qui ne composent pas ce territoire, les problématiques sont différentes.
Rappelez-vous que le 13 mai 2015, à la réunion d’Istanbul, les dirigeants de l’OTAN chantaient « We are the world », un humanisme révolutionnaire tout relatif*.
Quant aux peuples et aux Nations qui ne se reconnaissent pas dans cette philosophie politique, pourquoi ne pas créer une Fondation Appeal of Conscience for the Rest of the World, qui récompenserait Hugo Chavez – à titre posthume – ou Vladimir Poutine pour sa contribution à la naissance d’un monde multipolaire ?
La remise du prix serait-elle retweetée comme pour François Hollande par l’ambassade des Etats-Unis en France* ? Rien n’est moins sûr.
Bien souvent, ces organisations (ONG, Fondations) jouent le rôle d’éclaireur en faveur de la machine de guerre américaine*. Souvenons-nous de l’invention du « devoir d’ingérence » puis du « droit d’ingérence » sur l’autel du Droit Humanitaire*. Souvenons-nous également du rôle que jouent ces organisations dans la déstabilisation d’Etats souverains opposés au système mondialiste et capitaliste, qui, pour citer Jacques Chirac, ne « s’exporte pas dans un camion blindé ».
PS : Suite à une étude attentive des pays dans lesquelles la Fondation oeuvre, nous pensions trouver – compte tenu de son intérêt pour le dialogue inter religieux, la paix et les conflits ethniques – l’Etat d’Israël, berceau des religions monothéistes et foyer de tensions qui justifient régulièrement la mobilisation vaine des Nations-Unis. En vain. Nous avons tenté de joindre la Fondation pour comprendre cette absence, la Fondation n’a pas donné suite à nos demandes.
Think Tank Averroès
Point sémantique
 
Oligarchie : Système politique dans lequel le pouvoir appartient à un petit nombre d’individus ou de familles, à une classe sociale restreinte et privilégiée.
Mondialisme: Attitude qui consiste à considérer tous les peuples comme dépendants les uns des autres ou constituant une seule communauté humaine. Idéologie qui prône la disparition des Etats-nations comme cadre d’administration politique et de référence identitaire au profit d’un Etat mondial. Le choix de sa capitale fait l’objet de rudes débats.
Le Bon, la Brute et l’Iran

Le Bon, la Brute et l’Iran

Vers un accord Téhéran-Washington ?

 

« La question des relations Iran/Etats-Unis est devenue particulièrement complexe et une décision à ce sujet très délicate à prendre pour chacune des parties. Mais il faut être réaliste : un jour ou l’autre, ces relations devront être rétablies. Notre habilité, je dirais notre art, sera de choisir le meilleur moment » Hassan Rohani, 2004.

 

     A la suite des attentats du 11 septembre 2001, Georges Bush avait qualifié la guerre contre le terrorisme de « croisade », ce qui ressemble vaguement à la formulation d’une guerre de la Croix contre le Croissant,  à l’idée d’une guerre de civilisation judéo-chrétienne contre l’islam. Cette guerre contre le terrorisme a pris la forme d’une « guerre sainte ». Dès 2002, les américains se voyaient distribuer des autocollants proclamant « Dieu bénisse l’Amérique », il était évident que Dieu était du côté des Américains dans leur politique étrangère, ils devenaient l’ « Empire du bien » combattant l’ « Axe du mal » d’après leurs propres éléments de langage. Autre fait à prendre en considération, la dernière décennie fut marquée par la fin d’un monde unipolaire et l’émergence de puissances capables de contrer l’impérialisme américain, dont les figures de proue sont la Russie qui n’a de cesse d’être présentée comme la résurrection sanguinaire et péremptoire d’une Union soviétique défunte et l’Iran dont le qualificatif d’ « État voyou » semble faire oublier efficacement la quintessence d’une civilisation perse millénaire.

 

     L’idée d’un rapprochement entre un membre de l’ « Axe du mal » et le « Grand Satan » semble chimérique. En effet, la révolution Iranienne de 1979 semble avoir signé l’arrêt de mort des relations internationales de l’Iran avec le monde occidental en tant qu’elle s’est fait le chantre d’une idéologie politico-religieuse anti-occidentale qui se veut communicative et tournée vers l’ensemble du monde chiite, notamment ses composantes les plus violentes (Hezbollah libanais, Front islamique de libération de Bahreïn). Cette déclaration de guerre à l’idéologie occidentale et à l’impérialisme américain a engendré l’isolement de l’Iran sur la scène internationale. Les conséquences de cet isolement sont tangibles sur l’économie iranienne et les conditions de vie d’une population asphyxiée par les sanctions et embargos que subit l’Iran. Les dirigeants iraniens ont bien intégré qu’il leur fallait redorer le blason de la république islamique pour sortir de cette impasse, d’autant plus que son potentiel énergétique et démographique est certain. La volonté iranienne de ne pas perdre la face devant l’opposant idéologique est également un facteur important dans la présente démarche, que l’on retrouve dans la rareté des concessions iraniennes sur le dossier nucléaire.
    L’histoire des relations entre les États-Unis et l’Iran a montré la versatilité de celles-ci. Il fut un temps où l’Iran était considéré par les américains comme un garant de la stabilité au Moyen-Orient et un formidable garde-fou contre l’Union Soviétique, c’était le temps du Shah. Durant cette période antérieure à la Révolution, l’Iran a bénéficié d’un soutien américain en termes militaire et technologique très soutenu dans le cadre de la stratégie TWINS PILLARS. Fait incroyable mais véridique, les recherches nucléaires de l’Iran qui devaient lui coûter sa réputation quelques années plus tard, ont commencé en 1953 via la livraison par les Etats-Unis d’un réacteur nucléaire.
    L’élection d’Hassan Rohani le 14 juin 2013 semble corroborer l’hypothèse d’une volonté de normalisation des relations de l’Iran au sein de la communauté internationale et particulièrement avec les Etats-Unis. Le scheik diplomate est un interlocuteur fréquentable aux yeux des occidentaux, il avait su nouer une relation de confiance avec les chancelleries occidentales alors qu’il était négociateur en chef du dossier nucléaire iranien entre 2O03 et 2005, faisant même des concessions sur lesquelles il avait été contraint de revenir, blâmé qu’il avait été par les durs du régime fidèles au Guide. C’est aussi la marge de manœuvre de Rohani qu’il faut considérer. S’il est vrai que le Guide Ali Khamenei est une figure emblématique dont le pouvoir est effectif, il n’est pas le seul décisionnaire, notamment dans les décisions liées à la politique étrangère, la constitution de la république islamique est plus complexe, il doit composer avec plusieurs organes et fait office d’arbitre, même s’il a pour lui un parlement largement acquis à la cause des conservateurs. Rohani peut donc réellement infléchir la dynamique de rejet de l’occident que veulent insuffler les gardiens de la Révolution.
    De fait, les États-Unis ont échoué à détruire le conservatisme iranien, ils ont commis de lourdes erreurs géostratégiques. Ils ont fait tomber deux régimes antagonistes à l’Iran, à savoir les Talibans afghans et le régime de Saddam Hussein, qui fournissaient tous deux une résistance à l’hégémonie Iranienne dans la région. Les américains auraient voulu compter sur les chiites irakiens (humiliés sous Hussein) pour créer un état démocratique vertueux en Irak et propager cette dynamique chez les chiites Iraniens pour faire tomber le régime autoritaire de la République islamique. Une stratégie vaine qui a donné les résultats inverses à ceux attendus dans la mesure où le nationalisme iranien s’est nourri de ces tentatives de destruction pour se renforcer.
    Or, si l’Iran parvenait au seuil nucléaire, l’arc chiite serait considérablement renforcé et ses intérêts protégés par la dissuasion nucléaire. De plus, une vision binaire réductrice mais intéressante suggère que les alliés de la Russie (premier contre-pouvoir face aux américains) se trouvent notamment à Téhéran. Un deal des Etats-Unis avec l’Iran serait un énorme coup porté aux velléités géopolitiques de la Russie. Aussi, la mise sur le marché du gaz et du pétrole iranien permettrait une baisse des prix des matières premières qui viendrait sanctionner l’Arabie Saoudite, dont la question de la responsabilité dans les attentats du 11 septembre est pour le moins soulevée par les Etats-Unis.
    Les américains ont un désir de respectabilité fort au sein de la communauté internationale et la place centrale de l’Iran dans le Moyen-Orient en général et le monde chiite en particulier intéresse grandement les Etats-Unis. N’oublions pas que la relation fusionnelle au satellite Israël s’est fragilisée, ce satellite intrinsèquement anti-iranien qui n’a eu de cesse de bloquer toute possibilité de dialogue entre les américains et les iraniens. Qui plus est, l’administration Obama est moins soumise à l’influence du lobby pro-israélien que les républicains. Il s’agit aussi de dire que l’administration Obama n’a jamais pensé être moins présente que dans le passé au Moyen-Orient, il a été simplement décidé d’œuvrer dans une plus grande discrétion (utilisation des technologies de pointes comme le drone) et en apportant une plus grande attention à la communication avec les régimes orientaux, fussent-ils dictatoriaux. La priorité de la politique étrangère américaine depuis l’élection d’Obama est de pallier à ce déficit d’image auprès des gouvernements et des populations orientales. L’instauration d’un dialogue avec les salafistes et les Iraniens va dans ce sens, il en est de même pour la prise de distance face aux agissements israéliens qui sont révélateurs d’un sentiment de faiblesse, peut être lié au sentiment de solitude que le gouvernement israélien ressent et l’évolution de ses relations avec des États qui lui sont historiquement hostiles est de ce fait intéressante. Le bombardement des positions de Daesh en Irak par l’Iran est de nature à montrer qu’un deal est envisagé par les iraniens : L’Iran doit aller au deal avec à ses côtés un Irak stable, puisque ce dernier est satellisé par la République islamique et que les ressources conjointent de l’Iran et de l’Irak pèsent lourd dans la négociation.
Ces différents facteurs permettent de penser qu’une réhabilitation de l’Iran au sein de la communauté internationale est possible, souhaitable pour les américains et vitale pour l’Iran dont l’économie serait revigorée
    Dans un contexte de négociations à 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne), il y a fort à parier que personne ne veuille d’un accord. La Russie s’y opposera parce qu’elle y perdrait un allié régional majeur, les européens sont très virulents à l’égard de Téhéran (particulièrement la France) et il est très probable qu’un accord s’il est trouvé, verra le jour sous une forme bilatérale, entre les Etats-Unis et l’Iran, un accord qui heurterait principalement la Russie et Israël. En définitive, le « Bon » aurait la peau de la « Brute » en pactisant avec le « Truand » et   ils  empocheraient tous deux les bénéfices de cet accord inattendu.
 Think Tank Averroès