Nouveau gouvernement américain : l’impossible défi ?

Nouveau gouvernement américain : l’impossible défi ?

Récemment ont eu lieu les élections américaines pour désigner le 46-ème président de la Première Puissance Mondiale. Un événement pour le moins  mouvementé avec un président sortant qui n’a cessé de contester les résultats, affirmant être victime de fraudes multiples de la part du camp adverse. L’affaire a été  portée en justice. Pour le moment, aucune preuve de fraude n’a pu être apportée bien  que quelques erreurs et oublis de voix aient été soulignés dans certains comtés de Géorgie après recomptage.  

Au-delà de toute l’agitation générée par ce nouvel épisode électoral, de nombreux  défis à relever attendent le nouveau gouvernement américain tant au niveau national  que sur la scène internationale. D’un point de vue national, l’enjeu est de taille. Le duo  démocrate Biden-Harris doit composer avec un pays plus que jamais divisé entre deux  camps portant une vision de la société radicalement différente. En effet, d’un côté une  Amérique traditionaliste, conservatrice sur le plan des valeurs sociétales et  protectionniste sur le plan économique et de l’autre une Amérique qui se veut  « progressiste », prônant une culture du pluralisme et de la diversité, souhaitant voir  émerger un nouveau modèle de société dans lequel les minorités auraient la possibilité  de s’émanciper et de jouer un rôle clé dans la vie citoyenne et politique du pays, en  accédant à des postes à responsabilité et en exerçant une influence grandissante dans  les tendances actuelles.  

Au-delà du personnage extravagant qu’incarne le président toujours en exercice,  ses idées n’en demeurent pas moins profondément ancrées au sein de cette Amérique  rurale et des classes populaires qui ont en grande majorité porté leur vote sur le  candidat républicain. En effet, contrairement à ce qu’ont pu affirmer de nombreux  médias, l’accession de Donald Trump au pouvoir il y a quatre ans n’était pas un  « accident de l’Histoire » mais bien une réelle volonté de changement de la part d’une  partie du peuple américain, une détermination à tourner le dos à l’« establishment » ainsi qu’à l’oligarchie d’une certaine élite politique qui était notamment représentée  par la candidate démocrate Hillary Clinton en 2016. Le candidat vainqueur à l’élection  présidentielle de 2016 a été élu sur un programme économique portant une vision  protectionniste et étatiste. L’électorat populaire et ouvrier a été séduit par son  engagement en faveur d’une réindustrialisation massive et d’une relocalisation de  nombreux emplois manufacturiers. Le candidat Trump s’est dressé en rempart contre  la désindustrialisation. Entre la fin des années 1960 et le début des années 2000, le  nombre d’emplois manufacturiers est resté stable aux Etats-Unis avec un chiffre avoisinant les 17 millions d’emplois. L’entrée de la Chine dans l’Organisation Mondiale  du Commerce (OMC) en décembre 2001 a changé la donne.  

De nombreux emplois ont été délocalisés, notamment dans l’Empire du Milieu où la  production est faite à moindre coût et où la main d’œuvre est bon marché.  Consécutivement à ces délocalisations de masse, l’emploi manufacturier aux Etats-Unis  a considérablement chuté entre 2000 et 2009 passant de 17 millions à 11,5 millions  d’emplois, ce qui représente une baisse de plus de 30%.  

Sur le plan des valeurs sociétales et culturelles, Donald Trump prône une politique  de préférence nationale, rendant à l’Amérique sa grandeur et remettant à l’ordre du  jour ses valeurs traditionnelles. Le président Donald Trump a axé sa campagne de 2016 sur le slogan « Make America Great Again » que l’on pourrait traduire par « Rendre  à l’Amérique sa grandeur ». Il avait également utilisé un autre slogan « America First »,  qui trouve son origine à la fin des années 1930 lorsque l’un des pionniers de l’aviation  américaine Charles Lindbergh voulait dissuader les Etats-Unis de se lancer en guerre  contre l’Allemagne nazie dont il aurait été un fervent admirateur. Les partisans de  l’idéologie isolationniste auraient remis en cause les projets de coopération  internationale envisagés par le président Wilson. Le 10 janvier 1920, le sénateur Warren  Harding alors candidat à l’élection présidentielle emploie à de multiples reprises  l’expression « L’Amérique d’abord » lors de son discours prononcé à New York. « Il faut  sauvegarder l’Amérique d’abord, stabiliser l’Amérique d’abord, faire prospérer  l’Amérique d’abord, penser à l’Amérique d’abord, exalter l’Amérique d’abord, faire vivre et vénérer l’Amérique d’abord. » Une allocution qui ressemble étrangement à celle  prononcée par le candidat à la maison blanche à la présidentielle de novembre 2016.  Ainsi, il avait déclaré « A partir d’aujourd’hui, ce sera l’Amérique d’abord. » en faisant  allusion à la protection des frontières et en mettant en avant sa politique de lutte contre l’immigration et en particulier l’immigration clandestine provenant de pays d’Amérique  Latine. Il avait également fait part de sa volonté de ne plus participer au financement  des armées étrangères alors que le budget de l’état américain alloué à ses force militaires diminuait encore et encore. Lors de sa première campagne présidentielle, le  président Trump annonçait déjà la couleur de son mandat en affirmant sa détermination à rejeter le multilatéralisme et à défendre une Amérique indépendante  agissant pour ces intérêts avant tout et passant outre certains engagements de  coopération internationale avec de nombreux états y compris ses plus anciens alliés  européens. 

 Après quatre années de mandat quelques peu inhabituelles, le nouveau président  démocrate élu Joe Biden et son bras droit Kamala Harris souhaitent tourner la page de  l’épisode Trump en redonnant au pays un nouveau visage et en lui rendant son statut  de Première Puissance Mondiale. La tâche ne sera pas des plus aisées avec un pays  fracturé et une société présentant des divergences profondes. D’un côté, une frange  conservatrice et protectionniste qui n’est pas prête à en démordre et qui continuera à  défendre sa vision et son idéologie avec ferveur et de l’autre une société se  revendiquant être progressiste réclamant plus d’égalité et de diversité ethnique, sociale  et culturelle. Cette frange là de la société pourrait bien être celle représentée par la  première femme à accéder au poste de vice-présidente Kamala Harris. Elle-même  incarne cette diversité réclamée par les partisans du progressisme. D’origine jamaïcaine par son père et indienne par sa mère, Kamala Harris a vécu une enfance marquée par  la contre-culture californienne. Dans les années 1960, alors que les Etats-Unis sont  marqués par une vague de mouvements contestataires, les parents de la jeune Kamala  qui sont des activistes convaincus, l’emmènent régulièrement à des marches en soutien  au Mouvement des Droits Civiques. De cette vague révolutionnaire, sont nés de  nouveaux courants politiques se revendiquant être de gauche et luttant contre le  capitalisme. Ces courants ont rassemblé différents groupes sociaux et communautés,  principalement des afro-américains et d’autres minorités ethniques, des femmes, des  homosexuels et des étudiants. Kamala Harris grandit et passe sa jeunesse à Berkeley,  ville proche d’Oakland, à l’époque en plein bouillonnement culturel et au cœur de  l’activisme américain. L’université de Berkeley constitue un terreau propice à la contre culture et à la gauche américaine. D’importantes manifestations y ont éclaté pour  protester contre la guerre du Vietnam en 1965 et de nombreux artistes et icônes,  également militants communistes comme le poète Beat Allen Ginsberg y venaient pour  donner des conférences aux étudiants. En 1966, le mouvement des Black Panthers,  dédié à la lutte contre les inégalités et les discriminations à l’encontre de la  communauté afro-américaine a vu le jour à Oakland. Par ses origines ethniques et la  jeunesse qu’a vécu Kamala Harris marquée par de nombreux courants protestataires,  la femme politique a construit son idéologie et ses valeurs qu’elle souhaite mettre en  œuvre au service de son pays. Par les idées qu’elle incarne, l’ancienne procureure de  San Francisco représente l’aile gauche du parti Démocrate en opposition au nouveau  président fraîchement élu qui lui défend la ligne plus traditionnelle du parti. Joe Biden  et Kamala Harris devront donc composer avec les divergences qui existent au sein  même de leur formation politique qui s’ajoutent à tous les autres différends qui divisent  le peuple américain dans sa globalité.  

 C’est aussi et surtout sur la scène internationale que le duo Biden-Harris est attendu  au tournant. Après le mandat Trump qui n’a pas été sans conséquences sur le plan de  la diplomatie et de la coopération internationale, Joe Biden promet que « l’Amérique  est de retour » et qu’il ne s’agit pas d’une Amérique solitaire et isolationniste comme  a pu en donner l’impression son prédécesseur. Comment l’Europe et le reste du monde  analysent-ils la victoire de Joe Biden ? Une grande majorité de dirigeants européens et  internationaux ont félicité Joe Biden pour sa victoire dès la journée du 7 novembre, peu  de temps après que les premiers résultats de l’élection ont été diffusés. De son côté, le  nouveau dirigeant américain fraîchement élu a annoncé de grandes mesures et de  grands engagements sur le plan international. Il a notamment fait part de son souhait  de réintégrer l’Accord de Paris sur le climat d’ici quelques semaines, rappelant sa  volonté de prendre part aux objectifs de neutralité carbone à l’horizon 2050, de  remettre l’Amérique « au vert » et mettre en place un financement ainsi qu’un plan de  relance verte d’une valeur de plus 2 Milliards d’Euros sur 4 ans.  

L’Europe attend un engagement sans failles de la part des Etats-Unis sur la transition  énergétique et les nombreux enjeux que cette dernière représente.  

L’Europe attend également Biden au sujet de la défense, celle-ci s’étant habituée ces  dernières années au concept de l’autonomie stratégique défendue par le  gouvernement Trump. Il y a quelques mois, Emmanuel Macron avait parlé de l’OTAN  en affirmant qu’elle était « en état de mort cérébrale ». L’OTAN va-t-elle trouver une  seconde genèse avec Biden ? Un renouvellement de sa doctrine est au programme tout  comme son financement. Biden pourrait revenir sur les engagements qu’avait pris son  prédécesseur, concernant le retrait des troupes américaines en Allemagne. Des projets  sont à l’étude avec Berlin qui est plus « atlantiste » que Paris afin de développer des  partenariats entre l’Europe et l’Amérique. L’objectif étant d’unir les nouvelles  générations d’allemands et d’américains et plus largement d’européens et d’allemands.  Si Biden se dit prêt à coopérer avec l’Europe sur de nombreux sujets y compris celui de  la défense, il a toutefois annoncé qu’il attendait des européens qu’ils prennent leur  sécurité en main sans pour autant les abandonner et les laisser seuls faire face à des  enjeux sécuritaires de taille.  

 Enfin, en matière commerciale, l’Amérique défendra toujours ses intérêts. Depuis  plus d’un an, Washington passe à l’offensive avec l’Europe en taxant ses produits  (Airbus, le vin, l’huile d’olive, etc…). La réaction de Bruxelles ne s’est pas fait attendre et  celle-ci prévoit de taxer à son tour les produits américains (Boeing, le blé, le jus de  fruits) pour un montant avoisinant les 4 Milliards de dollars. L’UE souhaite garder sa  part de souveraineté et protéger son commerce. 

Néanmoins, celle-ci appelle à une coopération avec la Première Puissance Mondiale  pour conclure de nouveaux partenariats transatlantiques (traités de libre-échange,  etc…). 

Le nouveau gouvernement américain sera-t-il en capacité de relever les nombreux  défis qui l’attendent tant au niveau national que sur la scène internationale ? Saura-t-il redorer l’image de la Première Puissance mondiale ? Seul l’avenir nous le dira. 

Nolwenn Dallay

Quand Macron s’en va-t-en guerre

Quand Macron s’en va-t-en guerre

« Nous sommes en guerre ». Voici les mots prononcés par le président Emmanuel Macron lors de son allocution du 16 mars 2020. Toutefois, comparer la gestion de la pandémie à une guerre paraît excessif à bien des égards. Le 11 novembre, nous fêtons en France l’armistice de la Première Guerre mondiale et nous rendons hommage aux Poilus tombés sur le champ d’honneur.

 « Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire, certes : nous ne luttons ni contre une armée, ni contre une autre Nation. Mais l’ennemi est là, invisible, insaisissable, qui progresse. Et cela requiert notre mobilisation générale. » Lors de son allocution du 16 mars dernier, le président Macron a commis bien plus qu’une erreur de communication, il a commis une faute grave.
Le président demande aux Français de « garder le calme dans ce contexte » tout en martelant à six reprises l’anaphore « nous sommes en guerre ». Sans grande surprise, le lendemain, les rayons étaient pris d’assaut et l’on assistait à un exode parisien (qui rappellerait presque les heures les plus sombres de notre histoire).  Les communicants travaillant pour l’Elysée sont payés à prix d’or avec l’argent du contribuable pour élaborer ce genre de discours d’une rare cohérence. A cela s’ajoute l’indécence de comparer la crise sanitaire à une guerre. Certes, la pandémie sévit toujours et encore. Bon nombre de décès sont à déplorer en France. Néanmoins, nous sommes bien loin des listes interminables des Poilus décimés lors de la Grande Guerre qui chagrinent nos cœurs. D’autre part, sur le plan qualitatif, une guerre et une pandémie diffèrent radicalement : la guerre est marquée par la haine, la destruction parfois même par les génocides. Rien de tel pour cette pandémie et les autres (dont la Peste Noire, la grippe espagnole pour ne citer que quelques exemples) qui ne sont que le pur produit de la nature.

Toutefois, que ce soit pour gérer une crise sanitaire ou une guerre, un acteur demeure : l’Etat. En septembre 1914 , la bataille de la Marne a lieu : l’offensive allemande met l’armée française en déroute et l’oblige à reculer. Le fonctionnement de l’armée française se révèle obsolète. Cependant, le haut commandement français réagit rapidement : les tactiques changent et 40 % des commandants de grandes unités sont limogés dans les semaines qui suivent. Grâce à cette modernisation, l’armée française parvient à repousser l’ennemi. Qu’a fait l’Etat face à la crise sanitaire actuelle ? Il s’est rendu compte que pour répondre efficacement, il fallait s’affranchir du carcan bureaucratique dans lequel il s’est enfermé seul. Fini le principe de précaution, les tests sont autorisés tout comme les soins et ce sans passer par des protocoles obligatoires. Besoin d’un hôpital de campagne construit en quelques jours ? Finies les dizaines d’autorisations, de tracasseries administratives, de possibilités de recours des riverains, que demanderait en temps normal l’établissement d’un tel projet. Décidément, il faut soit une guerre soit une crise pour que l’Etat revoit son fonctionnement et agisse en vue du Bien Commun.

Et encore, que ce soit en 1914 ou en 2020, l’Etat a demandé de tels sacrifices au nom du Bien Commun que le Français moyen en vient presque à douter de sa bienveillance. Rappelons qu’en août 1914, 3,8 millions d’hommes âgés de 20 à 28 ans rejoignent les 800 000 soldats déjà en service actif. Ces conscrits ont mis leur vie civile entre parenthèses pour une période qu’ils croyaient courte : ils espéraient être de retour dans leur foyer à Noël. A la fin du premier mois du conflit, des dizaines de milliers de jeunes Français ont déjà trouvé la mort. A l’arrière, la colère monte. Certes, si la mobilisation a eu le mérite de grossir les rangs de l’armée, elle a privé les champs et les usines d’une main d’œuvre précieuse. Sous la pression des familles, quelques rares permissions sont accordées. Dès juin 1915, le général Joffre annonce la création des permissions qui sont assimilées à une gratification. Les soldats peuvent partir 8 jours mais les officiers réduisent ces permissions à 4 jours. Une inégalité de traitement subsiste entre les officiers et les soldats subordonnés. C’est pourquoi une « Charte des permissionnaires » entre en vigueur le 1er octobre 1916 : désormais, les permissions ne sont plus une récompense, mais bien un repos nécessaire. Nous nous retrouvons presque dans le même état d’esprit que les Poilus : le président Macron a annoncé un premier confinement en mars qui devait durer 15 jours mais qu’il a prolongé par la suite. Puis il annoncé le déconfinement en juin. Les Français pensaient que le confinement avait suffi pour freiner l’épidémie. Quelle ne fut leur surprise lorsque le 28 octobre, le président Macron annonce un deuxième confinement. Au même titre qu’à l’usure, les Poilus attendaient leur permission avec plus d’enthousiasme que la fin de la guerre, les Français attendent la fin du confinement plus que la fin de la pandémie. L’attitude du gouvernement actuel ressemble étrangement à l’attitude de l’état-major en 14-18 : passer les fêtes de fin d’année avec sa famille relève plus d’une récompense consentie que d’un droit. « Enfin, il nous faut protéger notre économie » telles ont été les paroles du président qui ne croit pas à « l’opposition entre santé et économie que certains voudraient instaurer ». Et pourtant, les petits commerces, les restaurants ou les bars qui ont agonisé lors du premier confinement et du couvre-feu doivent à présent faire face à un deuxième confinement. Le gouvernement distingue bien les commerces non essentiels des commerces essentiels. Alors que dans cette « guerre sanitaire », il y a des soldats dont on peut bien se passer, lors de la Grande Guerre, toute la société civile est mobilisée. Pour l’anecdote, à la fin de la Première Guerre mondiale, le maréchal Joffre rend ainsi hommage au « Général pinard qui a soutenu le moral des troupes ». Au rythme actuel des mesures prises qui conduit quantité d’établissements à mettre la clé sous la porte, le président Macron n’aura pas grand monde à remercier à la fin de la pandémie (et sûrement pas les patrons des débits de boissons).

Enfin, rappelons une partie presque oubliée de la Première Guerre mondiale : la trêve du Noël 1914. Le 25 novembre 1914, les « Tommies » (soldats anglais) et les « Herr Morjen » (soldats allemands) célèbrent Noël ensemble. Du côté des Français, les actes de fraternisation sont moins nombreux, mais existent, comme dans la Somme avec la 28e division d’infanterie, la 70e division d’infanterie dans l’Artois ou encore la 5e division d’infanterie dans la région de Reims. Même si ces actes de fraternisation ne se sont pas reproduits les années suivantes, les autorités militaires des deux camps se sont montrées tolérantes en 1914. Cette période a été abrégée par les autorités militaires qui craignaient que le pacifisme ne s’installe. Alors que nous approchons la période des fêtes de fin d’année et que le président Jupiter a déclaré que nous sommes en guerre, espérons qu’il se souviendra de cet épisode et qu’il accordera – ou du moins tolèrera – une trêve de Noël. Rien ne sert de « créer de nouvelles formes de solidarité » si l’on ne peut reproduire les anciennes.

Jean-Philippe Castorix

«  I can’t breathe »

«  I can’t breathe »

Il y a de cela une semaine et deux jours exactement, la nouvelle est tombée : lors de son élocution du mercredi 28 octobre 2020, Emmanuel Macron a annoncé un reconfinement national qui durera, dans un premier temps, jusqu’au 1er décembre 2020. Cette récente annonce a suscité chez beaucoup des réactions diverses et variées : de la déception, du bonheur, de la tristesse, du soulagement, de la crainte, de la satisfaction, de l’angoisse. Toutefois, parmi toutes ces réactions tout à fait compréhensibles, sont nées d’autres plus extrêmes : la haine envers autrui et surtout envers les Chinois. La raison ? « Ce sont eux qui ont apporté la Covid -19 en France ». 

Et dire qu’en fin décembre dernier, 2020 semblait une année pleine de promesses et d’évolutions. Aujourd’hui, presque un an plus tard, que peut-on dire de 2020 ? Je pense que nous sommes d’accord pour affirmer qu’elle a été une année compliquée. Elle a été riche en imprévus et en évènements révoltants. Je ne m’attarderai pas sur le premier confinement dont nous avons fait l’expérience. Je parlerai plutôt d’un évènement dramatique qui a révélé au grand jour des problématiques d’actualité comme le racisme et les bavures policières. La mort de George Floyd le 25 mai 2020 a fait écho dans le monde entier. A la suite de son assassinat – oui, je parlerai d’assassinat car mettre son genou et donc une bonne partie de son poids, si ce n’est pas tout, sur le cou d’une personne pendant plus de huit minutes laisse peu de chance à cette dernière pour survivre – une vague d’antiracisme s’est propagée, à travers de nombreux pays, sous la forme de manifestations: en Angleterre,  en France, en Italie, en Tunisie, en Allemagne, au Canada, etc. Le nom de George Floyd mais aussi ceux de membres de la communauté Noire propres à chaque pays étaient scandés. Les manifestations se sont tenues pendant des semaines après cet évènement dramatique de Minneapolis avec des gestes barrières relativement peu présents alors que la Covid-19 se baladait toujours parmi nous. Ce fait est, à mon sens, la traduction de l’importance qu’a ce combat par rapport au coronavirus : c’est un fléau qui existait avant l’apparition de ce virus et qui subsistera, si l’on ne fait rien.  

En voyant cet élan de solidarité et de révulsion envers le racisme, je me suis dit que la société allait changer, que cet évènement allait être l’étincelle qui fait surgir la flamme. Je me suis dit que les mentalités allaient évoluer. Mais en fait, il n’en est rien et pire encore, le racisme se normalise sur les réseaux sociaux à la vue de tous. 

Alors que le virus se développait en Chine et premièrement à Wuhan, épicentre de l’épidémie, dès décembre dernier, les Européens et spécialement les Français – spécialement car je ne parlerai que de ces derniers dans cet écrit – se sentaient à l’abris de tout risque de contamination. Mais dans un monde globalisé, il était très improbable que l’épidémie ne devienne pas pandémie. D’ailleurs, seulement une dizaine de pays – situés dans des zones isolées et absents du commerce international – dans le monde ont su éviter la propagation de ce nouveau virus sur leur territoire. Parmi eux, les îles Marshall, la République insulaire de Kiribati, la Micronésie. 

Quand la France a été touchée, nous avons observé pour la première fois des réactions de haine envers les personnes d’origine asiatique et spécialement les Chinois : ils avaient peur de sortir dans la rue craignant de se faire agresser, d’autres se faisaient tabasser, les passants s’écartaient d’eux à leur passage tels des pestiférés, etc. Les blagues corrélant coronavirus et asiatiques allaient bon train. Puis les choses se sont calmées, du moins, les violences à leur encontre n’étaient plus autant reportées. Mais depuis l’annonce du second confinement, tout s’accélère : sur les réseaux sociaux, bon nombre de captures d’écran de tweets ou de messages circulent et appellent à la violence anti-asiatique (PHOTOS ). Comme si, cela était de la faute des personnes originaires d’Asie vivant en France que nous soyons reconfinés. A ce que je vois, pour certains, il fallait désigner un coupable. Mais où sommes-nous ? Dans l’Allemagne de 1929 ?  Faut-il à chaque fois désigner un bouc-émissaire lorsqu’un évènement met à mal la société ? 

Là, à cet instant précis, le racisme est, selon eux, tout à fait justifié et justifiable. Pourquoi je dis ça ? Parce que la plupart des personnes qui tiennent des propos de la sorte sont Noires, Arabes, Blancs ou Maghrébins. En fait, des membres de toutes les communautés se lâchent sur les réseaux sociaux sur les personnes d’origine asiatique. Mais alors la lutte contre le racisme est réservée aux personnes de ces communautés? Seul eux ont le droit d’être considérés comme des êtres humains ? Parce que les Asiatiques ne valent donc rien ?

Ces personnes les ont rendus coupable d’avoir amené la maladie sur le sol français et d’avoir impacté leur vie à cause des confinements alors que parmi les premiers cas de Coronavirus survenu en France, on compte trois personnes ayant séjourné en Chine mais également des Français provenant de tous horizons. Je rappelle le Cluster qu’a constitué le rassemblement d’une église évangélique à Mulhouse et qui a fait quatre-vingt-un contaminés en 24h.  Et même s’ils avaient contribué à la propagation du virus en France – ce qui se serait passé sans l’envie de nuire à la France – cela ne justifie pas les propos et les agressions. 

   

 

En fait, je dirais qu’il y a un problème fondamental. Ce ne sont pas certaines « races » le problème comme pourraient l’affirmer certaines idéologies mais tout simplement la race humaine. Au lieu de se soutenir face à des problèmes communs, les communautés créent encore plus de problèmes entre elles mais aussi en leur sein. Et ce phénomène d’autodestruction est tout à fait visible dans les réseaux sociaux où tout le monde s’exprime à tout va parfois sans réfléchir. Il y a quelques semaines, à la suite de la publication d’une photo d’elle et de la chanteuse Shay, la jeune chanteuse noire et féministe Lous and the Yakuza a été victime de commentaires racistes émis majoritairement par des hommes noirs. Le racisme touche beaucoup de communautés et donc la lutte contre ces pratiques intolérables s’applique à toutes ces communautés et non pas à quelques-unes.  

Tout acte vu sur les réseaux sociaux ces derniers jours est un délit. Ce n’est absolument pas drôle de tenir ce genre de propos. Des personnes innocentes se font réellement tabasser comme l’influenceur TV – Parisiang파리지앙 qui a raconté sa mésaventure : un groupe de garçons l’a pris en grippe parce qu’il avait eu le malheur de corriger leur amie qui l’avait traité de « Chintok ». 

Ayez du respect pour les gens ! Les Chinois ne sont pas des « Chintoks » autant que les Noires ne sont pas des « Nègres », et les Asiatiques ne sont pas uniquement des Chinois. 

« I can’t breathe » ! Ces mots utilisés par George Floyd lors de l’arrestation qui lui a coûté la vie. Ces mots qu’il a utilisés pour demander aux policiers de le libérer, de lui rendre sa liberté de respirer, de vivre. Ces mots que vous avez scandés lors des manifestations ou que vous avez entendus dans les médias relayant l’évènement. Cette courte phrase lourde de signification s’applique à toutes les personnes victimes de racisme qui ne demandent qu’à vivre normalement, à respirer normalement – mais aujourd’hui plus que jamais à toutes les personnes d’origine asiatique. 

L’autre phrase qui a rythmé les manifestations était “Black Lives Matter” et non “Only Black Lives Matter”. On peut aussi bien dire “ Asian Lives Matter “ et bien d’autres encore. Quand on se bat contre le racisme, on se bat contre le racisme dans toutes les communautés et pas une unique. 

La liberté d’expression c’est bien mais réfléchir avant d’écrire ou d’agir est encore mieux. 

Mérédith Valgaire 

 

Sources 

https://www.leparisien.fr/faits-divers/mort-de-george-floyd-les-images-des-cameras-des-policiers-revelees-04-08-2020-8363454.php 

https://www.courrierinternational.com/article/mort-de-george-floyd-les-manifestations-contre-le-racisme-se-multiplient-travers-le-monde 

https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/94523/reader/reader.html#!preferred/1/package/94523/pub/136924/page/6

Une semaine pour faire vivre la géopolitique

Une semaine pour faire vivre la géopolitique

https://zoom.us/j/2887756480

Epidémie de coronavirus, leadership sur la 5G, déséquilibre dans l’alimentation mondiale, interférences culturelles, économies globalisées et pourtant désormais astreintes à une relocalisation forcée, les variables commerciales, géographiques, politiques et ethniques n’ont jamais autant complexifié le monde qu’aujourd’hui et permis de mettre en lumière l’importance de la discipline qui relie, observe et détermine leurs effets : la géopolitique. De ce monde-là, qu’en tirer ? Qu’en attendre ? Comment s’y préparer ? Comment y évoluer au quotidien lorsque les antipodes se mêlent au commun et l’inespéré à l’ordinaire ? L’actualité de ces derniers mois et de ces dernières semaines, nationale comme internationale, notons-le, ne pouvait mieux introduire l’événement unique que nous sommes fiers de vous présenter et de vous partager ce lundi 26 octobre 2020 et au cours duquel ces questions seront débattues, n’en doutons pas : une semaine entièrement dédiée à la géopolitique !

Geopolitics league, quezaco ?

En vocable français « semaine de la géopolitique », la geopolitics league est née d’un partenariat inédit en 2020 entre Mister Prépa, site spécialiste dans la préparation des concours d’entrée aux grandes écoles de commerce et de management, et huit associations de géopolitique soucieuses de faire partager leur passion et leur engagement en la matière. En l’espace d’une semaine, plus d’une dizaine d’événements, animés par des membres passionnés issus de ces huit associations selon un roulement bien précis, se tiendront chaque après-midi. Ainsi, dès aujourd’hui et jusqu’au 30 octobre, viens apprécier l’intervention de conférenciers prestigieux, te mesurer à d’autres invités dans des jeux et des quizz testant tes capacités d’analyse géopolitique. Chaque jour, deux activités seront mises à l’honneur et n’auront pour seul objectif que de t’informer, te faire réagir ou te laisser te confronter aux autres dans l’univers de la géopolitique.

A quoi dois-je m’attendre ?

Amoureux.se de la géopolitique, candidat.e aux grandes écoles ou simple curieux.se, peu importe ton statut car la semaine de la géopolitique s’adresse à tout le monde. En effet, si les enjeux géopolitiques ne ciblent personne individuellement, ils touchent néanmoins chacun d’entre nous à son niveau, à commencer par le monde de l’entreprise. A cet égard, le monde des affaires n’échappe pas plus à la règle qu’un autre secteur en particulier et constitue ainsi l’un des centres d’attention majeur des géopolitologues. C’est pourquoi deux conférences croiseront et révélerons sous des angles différents les contingences du monde professionnel avec les risques et opportunités géopolitiques. A savoir que la semaine de la géopolitique, c’est aussi une actualité décryptée, passée au peigne fin par des participants volontaires et des experts afin de mieux appréhender l’envergure de certains enjeux géopolitiques, une simulation onusienne riche de diversité d’expression et un exercice unique.

En un mot …

C’est bien simple, la semaine de la géopolitique, c’est un événement exceptionnel pensé par des personnes captivées. Sur tous les plans, elle satisfera les attentes : curiosité, réussite ou appétence. Enfin, la semaine de la géopolitique, c’est une logistique incroyable malgré la période âpre que nous traversons, dans le but d’organiser des débats fascinants. Alors, à toi de faire vivre cette semaine et de l’éclabousser de ton talent !

 

Raphaël Delagnes

Liberté, liberté, liberté !

Liberté, liberté, liberté !

Nation aux 2000 ans d’Histoire, la France a fait de la liberté son fondement le plus précieux. Pays qui a connu le plus grand nombre de conflits, pays ayant remporté le plus de batailles (1115…). La France est le pays qui a connu de tout temps la guerre, la guerre pour sa liberté !

Pourtant, la France glorieuse, la France fière, la France éternelle connaît depuis 2019 les plus grandes pertes de libertés depuis la Seconde Guerre. Tous les médias nous répètent tous les jours les chiffres catastrophiques, la panique, le peu d’avenir nous confortant ainsi dans l’idée que les Français ne vivent pas une perte de leurs libertés fondamentales mais qu’ils font partie de quelque chose de « plus grand » pour le bien des intérêts supérieurs de la Nation.

En 2017 Macron promettait à son électorat que voter Le Pen c’était perdre ses libertés fondamentales. Et pourtant : couvre-feu, restriction de déplacements, confinement, différentes lois liberticides (je vous renvoie à mes articles précédents), contrôle d’élection, monopolisation des moyens de communication, Assemblée Nationale faisant bloc d’un seul sens sans se préoccuper de l’avis des Français, non utilisation du référendum, déblayage violent des manifestations de la France qui souffre… La liste est encore longue. Même au cœur d’une forte crise, le gouvernement préfère l’idéologie au pragmatisme. Enfermer les Français chez eux, mais conserver les frontières ouvertes pour coller à leur idéologie Maastrichtienne, qu’ils ne quitteront jamais, quitte à détruire l’économie française.
L’étude des éléments de langage employés par le gouvernement ne fait que renforcer cette idée. Le mot « France » a disparu de leurs bouches laissant place à un concept plus start-up et Maastrichtien : « République ». « La République souffre », « l’esprit républicain », « la force républicaine », « le combat de la République ». De 1914 à 1918, ce sont 1 400 000 personnes qui sont tombées au champ d’honneur pour défendre le drapeau, la Patrie, la France. Aujourd’hui ce souvenir a quasiment disparu, la France n’est rien, la République est tout. On assiste à la lente éducation psychologique faite aux Français pour les convaincre que la Grande Europe fédérale vaut bien mieux que la petite France réfractaire et réac ! Nous pourrions nous attacher ici à l’étude des pertes de liberté liées à Maastricht mais il faudrait un développement beaucoup plus long que ces quelques lignes.

L’immondice va plus loin encore. Alors que la crise est à son comble, le gouvernement en profite pour faire passer en toute discrétion des centaines de textes à l’Assemblée Nationale qui aurait certainement fait débat dans un moment de calme. L’idéologie avant le Bien Commun. Un faux remaniement pour expliquer aux Français qu’ils (une fois de plus) ne comprennent rien à la politique. Un ministre de la justice qui a un logiciel adapté à 1981 et qui ne voit pas l’insécurité grandissante en France. Début septembre il annonce même que « la France n’est pas un coupe-gorge » – faisant fi des 50 000 agressions annuelles au couteau – et c’est ici qu’intervient l’horreur.

16 octobre 2020.

La date qui restera marquante, comme toutes les autres, est celle de la mort d’une 267e victime de l’islamisme en France. La décapitation d’un professeur marque. Contrairement à ce que répète le gouvernement, c’est la France qui est attaquée et non la République. Les islamistes s’attaquent à la France, ses libertés, sa culture, son héritage. Ils veulent imposer la loi de la charia et sont prêts à tuer quiconque se mettra sur leur route. Comme une déflagration, cet événement laisse paraître une révolte. En effet, personne ne semble en sécurité en France, l’enseignement a peur (40% des enseignants se censurent par peur), la liberté de pensée et d’expression sont menacées.
En grande pompe, le gouvernement et les différents ministres enchaînent les plateaux, on assiste à un concours de celui qui sera le plus à droite. Cela en devient ridicule quand le ministre de l’intérieur ne comprend pas le principe du rayon halal. D’autant plus risible quand l’on comprend que c’est simplement de la communication. En effet, le Sénat vient de passer une série de lois dites de droite pour lutter contre l’islamisme, pourtant le gouvernement a déposé son avis : CONTRE. Il en est de même dans les textes travaillés avant l’attaque sur le « séparatisme ». Sous la pression des associations, qui sont les mêmes que celles visées actuellement par le gouvernement, le titre de la loi est changé. On ne parle plus de séparatisme mais d’atteinte à la laïcité. Le gouvernement veut combattre l’islamisme mais n’a aucun courage politique. Il est affligeant de voir qu’en France l’Etat est intransigeant concernant les impôts ou les amendes sur la petite grand-mère qui a malheureusement oublié son attestation, mais laisse ses citoyens se faire décapiter, agresser, tuer…
Cet attentat nous rappelle aussi que la liberté d’expression en France n’est pas une certitude. Ironie du sort, au même moment Canal + et certains départements dénoncent Zemmour sur Cnews… De la même façon France Culture illustre un sujet sur le droit au blasphème avec une photo de catholiques et la gauche nous rappelle que le danger n’est pas l’islamisme mais l’extrême droite.

Chacun se fera son propre avis sur la situation. Mais il est une notion fondamentale à défendre : la liberté ! Je ne citerai pas ici le poème connu de Paul Eluard dont vous avez connaissance mais je reprendrai les paroles de notre hymne national.

Allons enfants de la Patrie
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie
L’étendard sanglant est levé
Entendez-vous dans nos campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras.
Égorger vos fils, vos compagnes !

Aux armes citoyens
Formez vos bataillons
Marchons, marchons
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons

Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté, Liberté chérie
Combats avec tes défenseurs !
Sous nos drapeaux, que la victoire
Accoure à tes mâles accents
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !

Chant qui rappelle aux Français de combattre ceux qui « viennent […] égorger vos fils, vos compagnes » et rappelle qu’à l’amour sacré de la Patrie s’ajoute la « liberté chérie ». La France s’est toujours battue pour la liberté, pour que flotte le drapeau et que ses enfants vivent dans un pays libre. Il est de notre devoir de conserver nos libertés pour lesquelles 2000 ans d’histoire ont fait tomber tant d’hommes et de femmes. Notre devoir parce que nous ne sommes qu’un maillon dans l’histoire de la Nation et que nous devons transmettre aux futures générations cette culture française et la défense de nos valeurs !

Vive la liberté !
Vive la France !

ABD