COP24 et records de gaz à effet de serre dans l’atmosphère

COP24 et records de gaz à effet de serre dans l’atmosphère

Alors que vient de s’ouvrir le sommet climatique de l’ONU à Katowice, en plein pays charbonnier, les experts annoncent que les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère battent de nouveaux records. Les premiers pays en cause ? L’Inde et la Chine, où les rejets d’origine fossile auraient augmenté de 2,7% entre 2017 et 2018, à cause d’une hausse de la consommation de charbon. Mais ils ne sont pas les seuls.

Le réchauffement climatique est une réalité. Hausse du niveau de la mer, fonte du pergélisol, sécheresse, manque d’eau, extinctions animales… Cette réalité ne fait cependant pas pour autant diminuer nos émissions de Co2, qui ont atteint un niveau inégalé en 2018, d’après le bilan annuel du Global Carbon Project, un groupement international de scientifiques. De quoi mettre la pression aux Etats réunis en Pologne.

Cette hausse est encore plus importante qu’en 2017 (+ 1,6 %), après une relative stagnation de 2014 à 2016, qui laissait espérer qu’un plafond était atteint. Au total, les rejets carbonés ont augmenté de 65 % depuis 1990. Restent à ajouter les émissions liées à la déforestation et aux autres activités destructrices de l’homme. Le bilan total devrait ainsi s’élever à 41,5 milliards de tonnes de CO2 en 2018.

Comment expliquer cette nouvelle progression des émissions ?  Tout d’abord à cause de la relance de la consommation de charbon en Chine et en Inde. Ensuite, parce que la consommation de pétrole et de gaz ne marque aucune baisse.

La France fait aussi partie des mauvais élèves du climat. Alors qu’elle s’était engagée pendant l’Accord de Paris à baisser chaque année ses émissions de gaz à effet de serre, ils sont repartis à la hausse depuis 2017. Pour les associations, dont Réseau Action Climat, ni le gouvernement, ni les Français n’ont fait assez d’efforts pour respecter ces engagements. L’écologie est une des victimes de la crise qui s’est ouverte depuis le début de la révolte des « gilets jaunes ». Car la fiscalité énergétique coûte cher, et de plus en plus cher. Or, ni les mesures d’accompagnement prévues pour faciliter la transition écologique ni la sensibilité croissante d’une partie de l’opinion à la catastrophe écologique peuvent changer cela. La fiscalité énergétique est injuste. Pour être efficace, elle se doit de taper fort, mais laisse donc sur le côté ceux qui n’ont pas la possibilité ou les moyens d’échapper à la chaudière au fioul. Autrement dit, elle agit au contraire de ce qu’on attend d’un impôt dans un pays attaché à l’égalité.

Malgré ce constat alarmant, les écologistes tiennent une petite revanche : entre 2008 et 2017, 19 pays ont réduits drastiquement leurs émissions malgré leur croissance économique. Le Danemark se place en tête. En cause, les énergies renouvelables, qui sont en passe de devenir rentables. Le coût du solaire a chuté de 53% et celui de l’offshore en mer a baissé de 39%. Plus de la moitié des nouvelles installations de production d’électricité sont des parcs éoliens ou solaires, dont la capacité double tous les quatre ans.

Les puits de carbone naturels (océans, végétation et sols) absorbent en moyenne la moitié des émissions annuelles de CO². Quelques bonnes nouvelles donc.

Corée du Nord/Corée du Sud : vers une normalisation des relations?

Corée du Nord/Corée du Sud : vers une normalisation des relations?

Les tensions sur la péninsule coréenne ont atteint des sommets en 2017. La Corée du Nord a marqué le début de l’été en annonçant avoir réussi son premier tir de missile intercontinental, en direction du continent américain, et plus particulièrement des Etats-Unis.

Pourtant… Janvier 2018 : Jeux Olympiques d’hiver de Pyeonchang… Une équipe de hockey commune aux deux Corées (une première depuis 1991). Différences de mots techniques, pom-pom girls et défilés nord-coréens dignes de l’URSS de Staline, hockeyeuses « sacrifiées » dans un intérêt politique pour les Sud-Coréens… face à cet événement, les divergences et critiques ont été nombreuses.

Mais comment la Corée du Nord est-elle devenue une menace ?

Frontalière de la Chine, de la Russie et de la Corée du Sud, la Corée du Nord subit un des régimes les plus répressifs au monde. Annexée par le Japon 1910, la Corée est divisée en deux Etats en 1945. Elle a subi la logique de la Guerre froide lors de la guerre de Corée (1950-1953). Aujourd’hui, la Corée du Nord est le seul pays dans lequel un véritable pouvoir dynastique, celui des Kim, est encore en place. Aujourd’hui, on dénombre entre 80 et 100 mille personnes détenues dans des camps de prisonniers politiques, situés dans des régions interdites d’accès, et dont l’existence est niée par le régime en place. Les purges sont plus que nombreuses et Kim Jong-un est accusé d’avoir exécuté plus de 70 hauts fonctionnaires du régime, y compris son oncle, numéro 2 du régime, son ministre de la défense et son demi-frère !!

En plus de cette répression interne à haut niveau, la Corée du Nord mène une politique extérieure particulièrement agressive. Tunnels destinés à une éventuelle annexion de son voisin, torpillages de bateaux Sud-Coréens, bombardements d’îles… La Corée du Nord tente à tout prix d’intimider ses voisins et de consolider son pouvoir.

Les différentes tentatives du pays de se doter de la bombe nucléaire constituent un point chaud (on pourrait même dire explosif !) des relations entre les deux Corée. Après s’être retiré du TNP (traité de non-prolifération atomique) en 2003, Kim Jong-il, puis son fils Kim Jong-un ont tenté de se doter de l’arme atomique. Après de nombreux essais, qui ont valu au pays sanctions économiques sur sanctions économiques, la Corée du Nord a finalement réussi son premier test l’année dernière. La Chine, seule alliée du pays voit cependant d’un mauvais œil la prolifération nucléaire dans une région où elle voudrait seule exercer son influence. Les Etats-Unis, quant à eux, s’inquiètent de cette menace posée directement sur eux. Depuis l’élection de Donald Trump, les tensions sont exacerbées et les menaces de moins en moins voilées (« Be careful Rocket Man ! » avait tweeté Donald Trump).

Le pays était isolé par la communauté internationale jusqu’à aujourd’hui. Après les premiers essais nucléaires nord-coréens (sans succès) en 2006, le Conseil de Sécurité de l’ONU a pris des sanctions économiques contre le pays : réductions des exportations de pétrole, interdiction d’accueillir des travailleurs nord-coréens envoyés par le régime à l’étranger, gels des avoirs et interdiction de voyager des proches de Kim Jong-un, embargo sur les armes… Pas moins de dix sanctions commerciales à l’encontre du pays ont été mises en place. Ces sanctions ont été qualifiées « d’actes de guerre » par le dictateur.

Vers la réconciliation… ou tout du moins une coopération

Cependant, depuis le mois de mars, les tensions semblent retomber. La Corée du Sud et la Corée du Nord se sont mises d’accord sur la tenue d’un sommet entre les deux pays, dans le village de Panmunjom, au milieu de la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux pays. Kim Jong-un et le président Sud-coréen Moon Jae-in ont traversé, main dans la main, dans un sens puis dans l’autre cette frontière.  Rencontre symbolique, mais pas que… L’espoir d’une réconciliation dépasse la péninsule coréenne, où la tension était encore à son comble il y a seulement quelques mois. Le risque de prolifération concerne la planète entière, et une guerre entre les deux pays aurait eu des conséquences désastreuses pour les Etats-Unis mais aussi l’Asie toute entière.

Il ne faut cependant pas être naïfs… Ce n’est en effet pas la première rencontre intercoréenne. L’entrée des Etats-Unis dans le jeu va peut-être pouvoir influencer dans le bon sens les négociations. Il est également possible que la Corée du Nord se place, dans ces négociations en position de force, étant donné qu’elle a réussi son programme nucléaire. Autre facteur possible : le poids des sanctions internationales qui pèsent de plus en plus sur l’économie du pays…

Si la déclaration de Panmunjom fait état d’une dénucléarisation complète du pays, rien n’est dit sur les mécanismes de vérification du démantèlement et aucun calendrier précis ne vient encadrer cette décision. Alors à quel point cette information est-elle fiable ? Lors de la rencontre, Kim Jong-un s’est engagé à fermer au mois de mai le principal site d’essais nucléaires, sous les yeux du monde extérieur. Il a en effet promis d’inviter des experts Sud-coréens et Américains, ainsi que des journalistes pour « révéler le processus à la communauté internationale de manière transparente ». Un problème important est soulevé cependant… Selon certains experts, ce site serait déjà hors d’usage et la coopération du dictateur Nord-coréen ne serait donc qu’une simple façade.

Pour continuer sur la voie de la coopération, Donald Trump a accepté de rencontrer son homologue Nord-coréen. Le sommet entre les deux chefs d’Etats a eu lieu à Singapour et a permis de montrer à la communauté internationale la volonté de compromis des deux parties prenantes. La Chine, seule alliée de Pyeonchang, a toujours poussé les Etats-Unis à dialoguer avec la Corée du Nord, et n’entend pas rester à l’écart pendant ces discussions.

En attendant, un sommet entre le Japon, la Chine et la Corée du Sud a eu lieu le 9 mai à Tokyo, pour « confirmer la coopération ». Les trois pays voisins ont des relations particulières avec Pyeonchang et sont impliqués dans la crise avec la Corée du Nord : la Corée du Sud en tant que voisin et ancien adversaire pendant la guerre de Corée de 1950-1953, le Japon en tant qu’allié-clé des Etats-Unis dans la région et cible potentielle des missiles nord-coréens et la Chine en qualité de principal partenaire diplomatique et commercial du pays. Et le rapprochement continue avec l’ouverture d’une ambassade commune aux deux Corées sur la DMZ…

 

 

Le mégot, nouvel ennemi public

Le mégot, nouvel ennemi public

Les mégots ne polluent pas que vos poumons… ils constituent aussi la première source de déchets mondiale et le 3ème déchet le plus mortel dans les océans.

Non seulement ces deux centimètres de plastiques envahissent par milliards les rues, mais il n’existe pas de réglementation à l’échelle de la planète pour leur élimination. C’est pourquoi une grande partie finit dans les mers et océans. Des scientifiques, universitaires, activistes écologiques et politiques ont décidé de se regrouper au sein de la Cigarette Butt Pollution Projet, une société à but non-lucratif qui tente de recentrer le combat pour s’attaquer à ce problème. Leur objectif : faire interdire les filtres à cigarettes aux États-Unis, et partout ailleurs dans le monde.

5 600 milliards de mégots

Les filtres des cigarettes ont été ajoutés dans les années 1950 pour réduire le taux de goudron et de nicotine dans les cigarettes. Le message de l’époque de l’industrie du tabac ? Les cigarettes avec filtre sont moins dangereuses pour la santé. Au final, cela s’est révélé totalement faux : les fibres de plastique dont sont constitués ces filtres sont dangereux pour la santé.

Un filtre : 2 cm et 4000 substances toxiques dont de l’arsenic, des métaux lourds, du goudron… A cause de tous ces composants chimiques, les filtres à cigarettes se dégradent très lentement (un à deux ans en moyenne). Et l’un de ses composants, l’acétate de cellulose, est un plastique qui met plus de dix ans à se décomposer ! Selon la Cigarette Butt Pollution Projet, la majorité des 5 600 milliards de cigarettes fabriquées chaque année sont dotés de ces filtres, et les deux tiers finissent dans la nature. Si l’on ajoute à cela le fait qu’un seul mégot peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau, l’ampleur du désastre est évidente. Autre exemple : ces 32 dernières années, 32 millions de mégots ont été ramassés sur les plages du monde.

En France, ce sont entre 30 et 40 milliards de mégots qui sont jetés chaque année, soit environ un millier par seconde. D’après le ministère de la Transition écologique, plus de 40% de ces détritus se retrouveraient dans la nature.

Un mégot, c’est jusqu’à 500 litres d’eau pollués.

Le recyclage des mégots, un problème fumant

Des initiatives se sont développées un peu partout en France pour organiser la collecte des mégots dans les villes. GreenMinded a par exemple mis au point la Borne to Recycle, un cendrier connecté destiné à lutter contre la pollution des mégots. Cette borne n’est pas qu’un simple cendrier mais un dispositif connecté qui affiche une question sur un écran. L’utilisateur peut y répondre en glissant son mégot dans l’un des deux trous situés en dessous. Le plus de la Borne to recycle, c’est de faire aussi de la collecte de données. Chaque fois que l’utilisateur jette son mégot dans la borne et répond à la question, il accumule des points sur une cagnotte virtuelle. Ils sont ensuite crédités à une association de protection de l’environnement ou de lutte contre le tabac.

La sensibilisation sur le sujet émerge : plusieurs villes comme Paris, Lille ou Cannes sanctionnent déjà par une amende les jets de mégots dans la rue. Le gouvernement a aussi annoncé la possible mise en œuvre d’une « écocontribution » visant les fabricants de cigarettes et servant à payer la dépollution et le ramassage. La ville de San Francisco a quant à elle imposé une « taxe de détritus » de 0,20$ par paquet vendu dans la ville.

Finalement, ce n’est pas tant la collecte qui pose problème, mais le recyclage de ces petits déchets aux énormes répercussions environnementales. Bourrés de près de 4000 substances chimiques, les filtres sont difficilement recyclables. Oubliés alors les plastiques de jouets, les films alimentaires … Mais alors que faire de ces mégots une fois collectés ?
Avant de pouvoir être recyclés, les mégots doivent être « dépollués » : en France, des entreprises comme EcoMégot ou MeGo ont commencé à s’attaquer au problème, et ont déjà recyclé plus de quatre tonnes de mégots (10 millions de filtres) grâce à un processus de broyage et de lavement dans des bains d’eau en circuit fermé. Un petit geste, néanmoins très loin d’être suffisant au niveau mondial.