La collapsologie : un nouveau mot à la mode ou une réalité future ?

La collapsologie : un nouveau mot à la mode ou une réalité future ?

Les catastrophes naturelles récentes que nous subissons ainsi que les différentes crises sociales, crises économiques et dernièrement crises sanitaires auxquelles nous sommes confrontés questionnent notre modèle économique actuel. Certains philosophes, scientifiques, économistes, ou certaines œuvres cinématographiques ou littéraires abordent le sujet de la fin du monde par le biais de différentes théories, scénarios qui mettraient fin à notre civilisation. Un terme a été introduit pour traduire l’effondrement de notre société : la collapsologie

 

Qu’est-ce que la collapsologie ?

Le terme collapsologie provient du mot anglais collapse, qui signifie s’effondrer et a fait son apparition en 2015 dans l’ouvrage de Pablo Servigne « Comment tout peut s’effondrer ? ». Ce terme répand l’idée que l’Homme impacterait de manière durable et négative la planète et met en avant l’urgence écologique, liée à l’augmentation des températures sur Terre, à la multiplication des catastrophes naturelles et à l’effondrement de la biodiversité.

D’après le philosophe Alain Deneault « On est confronté, d’une manière accélérée et régulière, à des phénomènes qui nous rappellent que notre mode de vie n’est pas viable ». Nous vivons dans un monde fini, avec des ressources limitées et pourtant nous visons une croissance économique infinie. Il y a une surexploitation des ressources présentes sur terre à un rythme insoutenable pour les écosystèmes. Cela causerait la disparition d’un grand nombre d’espèces animales et végétales de la surface du globe, mais aussi des ressources essentielles pour vivre comme l’eau, le pétrole, les minerais et les énergies fossiles.

Les crises énergétiques, économiques, environnementales, géopolitiques et démocratiques sont reliées entre elles par les collapsologues qui estiment que la conjonction de ces dernières pourrait amener à l’effondrement de notre civilisation. Nous avons pu nous apercevoir que nous étions dépendants des grands réseaux commerciaux durant la crise sanitaire, ce qui a causé un retard d’approvisionnement important en matières premières pour les secteurs du bâtiment ou en biens technologiques.

Certains collapsologues pensent que les crises à venir vont affecter certains secteurs de notre société et rendre certaines populations encore plus vulnérables à des moments précis. Ils pensent aussi qu’on se dirige vers un futur où les crises vont s’enchaîner de plus en plus rapidement et fréquemment. De plus en plus fréquentes, elles conduiraient de nombreux habitants à manquer de nourriture, d’eau, de soins de base et de logements.

 

D’où sont issues ces théories ?

La collapsologie n’est pas une science car elle n’établit pas des faits exacts, elle prédit en quelque sorte les évènements futurs et elle invite les personnes à s’interroger sur les évènements qui se produisent dans notre quotidien. Les collapsologues annoncent des catastrophes et ils proposent aussi des pistes pour les éviter en proposant d’améliorer les systèmes agricoles avec la permaculture par exemple, la maîtrise de la démographie, la création de systèmes d’entraide locaux ou la sobriété énergétique. Certains jugent que rien n’est fait pour éviter le pire et d’autres, plus mesurés pensent qu’il faut surtout s’interroger sur la vitesse avec laquelle les mesures correctives sont mises en place. Les rapports sur le climat datant des années 80 se sont montrés assez justes sur la situation que nous sommes en train de vivre actuellement et pourtant, les mesures mises en place au niveau international restent faibles. Tout récemment, lors du pacte de Glasgow, les pays de la COP26 ont adopté un accord pour accélérer la lutte contre le réchauffement climatique, sans pour autant garantir de tenir l’objectif de contenir ce réchauffement à 1,5°C, à cause des contradictions entre pays, notamment avec la Chine et l’Inde. Le texte ne prévoit donc pas de supprimer mais seulement d’intensifier les efforts vers la réduction du charbon sans systèmes de capture de CO2. Ce résultat est décevant mais le texte reconnaît qu’il faut garder l’objectif de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C.

Il y aurait une possibilité selon certains philosophes que l’effondrement arrive durant notre époque mais il reste difficile de déterminer une date précise. Selon Yves Cochet, cela se produira d’ici 5 à 10 ans, pour d’autres, d’ici 2050. La pandémie liée à la Covid-19 serait un aperçu d’un effondrement qui a déjà commencé.

Par ailleurs, l’industrie du cinéma s’est emparée de ce sujet en spéculant sur la fin d’un monde. Elle extrapole sur l’après de la civilisation humaine en proposant des films avec des thèmes variés allant de l’extinction de l’humanité à cause d’un virus mortel ou bien de catastrophes naturelles entrainant l’apocalypse avec « 2012 ». On peut constater un attrait et un intérêt de la part téléspectateurs pour la période post-apocalyptique que met en avant les différents scénarios de ces films car ils permettent de réfléchir et d’apporter une réflexion critique sur notre société moderne.

En fin de compte, on ne peut pas prédire à quand sera l’effondrement, mais on peut assurer que l’humain a un impact certain sur le climat, la biodiversité et même la géologie sur terre. Pablo Servigne déplore d’ailleurs que « nous ne croyons toujours pas ce que nous savons », ce qui signifie que l’Homme a du mal à concevoir et réaliser que ce qui se passe à notre époque aura des conséquences sur son futur.

 

Est-ce que l’effondrement est une fin en soi ?

Le changement par l’effondrement n’est pas une dramaturgie. Le passé nous le montre car on constate que les individus sont capables de s’adapter aux nouvelles données de leurs environnements. On peut prédire l’effondrement de notre société en étudiant le passé. D’une part, l’être humain a déjà traversé des périodes de changement de climat sur des périodes brèves dont il est capable de surmonter ce défi. De plus, on constate que toutes les sociétés et civilisations passées ont disparu car elles se sont effondrées, elles n’ont donc pas été durables sur le long terme. Dans chacun de ces effondrements, on peut déterminer que cela est dû à une combinaison de surexploitation des ressources disponibles mais aussi de systèmes politiques et économiques qui étaient imposés par les plus hauts placés au reste du peuple. Ces systèmes politiques et économiques sont restés en place malgré les problèmes d’exploitation qui sont intervenus soit par habitude, soit parce que les plus puissants souhaitaient garder le pouvoir.

Dans l’Histoire, on peut trouver plusieurs transformations sociétales à différentes époques qui sont souvent chaotiques. On peut prendre pour exemple l’extinction de la civilisation maya, la chute de l’Empire romain d’Occident ou la terrible peste noire qui a frappé l’Europe au 14ème siècle.

L’Homme a su se relever de ces différents évènements grâce à l’entraide, à la collaboration pour rebâtir des sociétés nouvelles, plus adaptées au temps et à l’environnement contextuel en s’accrochant à une variété de comportements, de ressources et de groupes sociaux. La collaboration et la coopération sont ce qui nous définissent en tant qu’êtres humains car c’est ce qui a permis à l’homme depuis l’Antiquité de survivre et de dominer le monde. Ce sera sans doute grâce à ces valeurs que nous pourrons, à l’avenir, préparer une transition douce entre le monde actuel et le monde de demain.

Mais jusqu’à quand pourrons-nous attendre avant qu’une catastrophe inéluctable se produise ? L’humanité a-t-elle besoin d’un changement radical pour modifier ces comportements face à une catastrophe qui s’annonce imminente ?

 

 

Par Rémy LEBASTARD

Fin des campagnes à TBS, légitimité des listes gagnantes… RDVC revient sur ces deux semaines de campagnes mouvementées

Après deux semaines de campagnes acharnées entre les 7 listes, les nouveaux bureaux viennent d’être élus. Les Drakos prendront la relève des Raptors, les Rhinos celle des Kangou et les Mino succèderont aux Panthé.

Vous n’avez pas tout suivi ?

Voici un petit récap de ces deux semaines intenses.

 

Le point de départ des campagnes à TBS, c’est le RAID ! Animé par le BDEX, le RAID est un événement de 4 jours à la montagne dont le but est de dévoiler les nouvelles listes. Marquant le début des campagnes, il permet aux prétendants des nouveaux bureaux de se démarquer et de montrer leurs points forts.

L’objectif est de remporter un maximum de trophées (qui sont au nombre de 5) : Le Trophée Mousse (compétition de beuverie entre les listes animées par des jeux de type NVL, flipcup, beerpong…), Le Trophée Sportif (moyenne des meilleurs temps effectués par une liste lors d’une course d’orientation extrême en pleine montagne), Le Trophée de l’Ambiance (la liste qui saura faire le plus de bruit et qui sera la plus originale dans le faux thème et avec le meilleur état d’esprit), Le Trophée Décoratif du Tentathon (chaque liste dispose d’un barnum qu’il doit décorer grâce à des matériaux. Les listeux doivent s’affronter lors de différentes épreuves qui mettront leur agilité, force et réflexion à rude épreuve afin d’apporter de nouveaux éléments de décoration) puis Le Trophée de la Star d’Hollywood (un trophée sera décerné à la liste qui sera jugée comme apparaissant le plus sur les rushs du pôle vidéo, en journée mais surtout en SAT).

Les trophées ont été remportés respectivement dans l’ordre par les Eaglesfighters pour le trophée mousse, les Octo’Pulse et les Tigerbombz pour le Trophée Sportif, les Alpha’Natik pour le trophée de l’Ambiance et les Eaglesfighters (encore !) pour le trophée du Tentathon. Concernant le Trophée de la star d’Hollywood, réponse lors du prochain JT !

Le RAID, c’est une compétition interliste, mais c’est surtout un moyen de fédérer tous les listeux entre eux afin d’introduire les campagnes de la meilleure des manières. La prochaine étape des campagnes est le dévoilement.

 

Le DÉVOILEMENT s’est, cette année, déroulé en boîte, contrairement aux années précédentes où celui-ci prenait place en Grand Amphi. Cette décision de la Fédé suit la tendance de désalcoolisation du campus. Définitivement, celui-ci n’est plus au cœur de la vie associative de l’école, sans cesse repoussée en dehors de ses murs sous couvert de COVID et de mesures sécuritaires. Néanmoins cette décision avait un avantage : un plus grand nombre d’étudiants ont pu assister à la projection des 7 teasers et ce dans une ambiance festive.

Mais c’était sans compter sur les capacités d’organisation de la Fédé, nous forçant à nous attrouper à moitié ivres devant l’écran pour ne pas rater une miette du spectacle. Puis de se retourner toutes les 10 minutes pour voir les listeux réaliser leurs chorées.

Les teasers se sont ouverts avec l’unique liste en lice pour reprendre le BDA : les Art’émis. Après cette sieste stratégique, la promo a pu profiter des deux teasers BDS, celui des Rhino’féroce et des Eaglefighters. Malgré des noms dignes d’un premier année de Bachelor, les teasers présentés étaient à la hauteur de nos espérances.

Puis ce fût au tour des BDE. Les Tiger’Bomb ont choisi le format classique chasse au trésor avec réveil en lendemain en gueule de bois, tandis que les Absolut Drako (soulignons l’absence de tout jeu de mot) ont préféré lâcher l’affaire après 3 minutes 30 de vidéo. Heureusement, les deux listes avaient concocté deux sons de qualité dont les TBSiens ont pu profiter pendant deux semaines. Les Drakos sont sortis renforcés de ce dévoilement malgré un RAID en berne.

Pour finir, les deux BDEX nous ont partagé une version ternie du teaser des Hawarriors de 2019. L’ambiance était néanmoins au rendez-vous chez les deux listes, qui n’ont pas manqué de se faire remarquer durant cette soirée.
On notera la détermination des Centaurion, toujours présents, et que certains comparent déjà à un certain ours mal léché. Vrai rapprochement ou conclusion hâtive ? L’avenir nous le dira.

Ce dévoilement annonçait déjà des campagnes serrées et animées.

 

Chaque soir, les listeux ont pris possession du Saint Foyer pour organiser leurs AFTERWORKS. Les Alpha ont ouvert le bal dès le premier soir de campagne et on a ainsi pu retrouver tous les soirs les autres listes pour des soirées animées, un repas et des animations qui ont rythmé la dernière semaine de notre tant aimé foyer. Eh oui, fermé depuis plus d’une semaine, les Mino nous ont accueillis pour un dernier foyer à l’occasion de leur AW (RIP le foyer massacre, on s’en souviendra). Si on devait garder quelques souvenirs de ces deux semaines, on garderait sûrement l’open bouffe des Alpha (vous nous avez régalés, n’hésitez pas à penser à TBcook pour les cooptations) et au thème et la déco des Tigerz.

Les campagnes, ce sont aussi des ÉVÉNEMENTS MYSTÈRES. Chaque liste BDEX et BDS avaient la responsabilité d’organiser une activité surprise sur un après-midi. Entre karting, paintball, parcours sportif et escalade, les listes se sont dépassées pour animer les week-ends des TBSiens et nous faire partager leur passion du sport.

Les RALLYES, tradition incontournable des campagnes, ont été l’occasion pour les TBSiens de retrouver le plaisir de commander des UberEats à 3h du matin et d’avoir des Uber en rentrant de soirée à prix cassé (merci la drakomobile). Les listeux ont lâché leur k-way de soirée pour se transformer en Cendrillon et nettoyer nos appartements, pour le plus grand bonheur des TBsiens.

Nous continuons avec les traditions ! Le BAFFE À BAFFE est un événement des campagnes prenant place en Grand Amphi. L’objectif est de tester la répartie des listes via des clashs animés par les anciens bureaux. Malaise ou moment de rire, les avis divergent. Cependant, chaque année la tradition est respectée, pour le plus grand plaisir des étudiants de la promo.

 

Chaque semaine, une liste BDE a organisé une SAT ! Ont-ils été meilleurs que les Raptors ? Ont-ils été à la hauteur des attentes des étudiants ?

Les Absolut’Drakos ont ouvert le bal et nous ont vendu du rêve avec leur “SAT on fire” au Bikini (meilleur son d’Europe dirait Léa Lucarello, notre chère respo com). Les TBSiens ont même pu découvrir une nouvelle boisson, la Vodka-Eau. Certains diront que c’était un choix, d’autres parleront d’un souci de diluants, nous ne le saurons jamais… Le défi a été relevé par les Drakos !

Quelques jours avant le début des votes, ce sont les Tiger’Bombz qui ont convié les TBSiens à leur JumanSAT à l’Aréna. Lors de cette soirée, les TiBombz se sont dépassés et ont mis la barre très haute : DJ de qualité, danseuses, atelier de tatouages, borne photo, open bouffe, open clope. Les TBSiens n’ont manqué de rien.

Vendredi 3 décembre, Campagnes finies, place au vote !

RDVC est là pour t’aider ! En effet, les présidents de chaque liste se sont affrontés lors de débats présentés par nos meilleurs animateurs radios.

 

Résultats – Soirée des résultats

Encore une fois, les résultats se sont vu être transférés en boîte, mais cette fois sous un format SAT. Une SAT, certes, mais avec alcool payant de 20h00 à 23h00 et au tarif de 22€. Le château qui devait accueillir la plus importante SAT de l’année s’est transformé en décors de plâtre suite à l’annulation du Derby de la Garonne.

Les 500 étudiants présents ont pu profiter du visionnage des résultats. Les annonces des résultats se sont faites à travers le fameux format d’HotSoft, aussi angoissant pour les listeux que pour le reste de la promo. Entre joie pour les Absolut Drako, les Rhino’féroce et les Mino’Taure et déception pour les Alpha’natik, les Tiger’Bombz, les Eaglefighters et les Art’émis, les listeux ont pu noyer leurs larmes (de joie ou de tristesse) dans le Vodka-Kas

Pour rappel, voici les pourcentages des listes :

BDS

Liste Votes de la promo Votes soutenance % final
Rhino’Féroce 51,46 % 9 55,88 %
Eaglefighters 40,46 % 0 36,78 %
Votes blancs 8,08 % 0 7,34 %

 

 

BDA

Liste Votes de la promo Votes soutenance % final
Art’émis 69,2 % 1 69,54 %
Non 23,45 % 7 23,2 %
Votes blancs 7,34 % 1 7,26 %

 

 

BDEX

Liste Votes de la promo Votes soutenance % final
Mino’Taur 44,29 % 8 48,34 %
Alpha’Natik 49,13 % 1 45,67 %
Votes blancs 6,58 % 0 5,99 %

 

 

BDE

Liste Votes de la promo Votes soutenance % final
Absolut Drako 49,55 % 6 51,11 %
TigerBombz 46,06 % 3 44,90 %
Votes Blancs 4,39 % 0 3,99 %

 

Durant ces deux semaines de campagne, il était difficile de dégager une tendance. Cette incertitude s’est avérée juste, avec des résultats très serrés pour tous les bureaux. Néanmoins, on note des votes de soutenances polarisés. Les votes de soutenances sont délivrés suite à une présentation des bureaux devant le pôle campagne, le bureau de le FD et le trésorier et le président du bureau concerné. Ils représentent 10 % du résultat final. On remarque une corrélation entre les résultats des soutenances et les résultats finaux pour tous les bureaux. Le seul bureau élu n’ayant pas obtenu les voix de la promo sont les Mino’taur.

Mais le bouleversement de cette année restera l’incapacité des Art’émis à reprendre le Bureau des arts pour la première fois. Véritable coup de gueule de la promo, ce vote nous a montré que le BDA ne devait définitivement plus être intégré aux campagnes. La douleur étant aussi grande pour les TBSiens que pour les listeux BDA, ce supplice de deux semaines va devoir cesser. Le mandat qui suivra aura la lourde tâche de réinventer cette association au potentiel pourtant bien présent.

 

Potentiel nouveau format : les TBSiens doivent reconstruire des campagnes à leur image

Un des éléments marquant de ces campagnes a été l’arrêt des rallyes par l’administration au début de la deuxième semaine suite à des débordements. Cette perte d’intensité à moins d’une semaine des votes fût une déception pour de nombreux étudiants. A cela s’est ajoutée la fermeture du Foyer et donc l’impossibilité pour certaines listes de réaliser leur AfterWork en ce Saint lieu. Malgré tout, les listes concernées ont su rebondir en organisant leur soirée dans différents bars de la ville rose.

Il est sûr que les campagnes doivent se réinventer avec les TBSiens, pour un format qui convient à tous, tout en gardant l’intensité permettant aux listeux de vivre un moment marquant de leur vie et de gagner une seconde famille.

 

 

Guadeloupe, la voie de l’autonomie ?

Guadeloupe, la voie de l’autonomie ?

En déplacement aux Antilles, le ministre des Outre-Mer, Sébastien Lecornu, s’est exprimé sur l’avenir de la Guadeloupe. Après avoir rencontré différents élus locaux, il a évoqué le fait que le gouvernement serait prêt à ouvrir le débat concernant l’autonomie de l’archipel des Caraïbes. Une décision qui a fait l’effet d’une bombe dans le paysage politique. Mais alors quel avenir pour la Guadeloupe ?

 

Affectée par le chômage, la pauvreté et le Covid, la Guadeloupe est actuellement frappée par une crise sociale forte. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase était l’annonce du gouvernement français de rendre la vaccination obligatoire pour certaines professions, telles que les soignants ou encore les pompiers. Depuis le 15 novembre, les mouvements sociaux marqués par des pillages, des barrages routiers, ou de violents affrontements, furent nombreux. Une tentative d’incendie a notamment eu lieu à la mairie de Basse-Terre, acte symbolique sur le bâtiment administratif.

La venue du ministre des Outre-Mer était attendue et sa présence demandée dans la région. Sebastien Lecornu s’était alors déplacé pour apaiser les tensions sur l’archipel et tenter d’apporter des réponses aux Guadeloupéens. Leur montrer que le dialogue entre l’archipel et le gouvernement français était toujours ouvert, alors qu’un sentiment d’abandon là-bas est de plus en plus présent.

En déplacement officiel, Sébastien Lecornu a donc rencontré les différents élus locaux. En allocution télévisée, il a évoqué qu’une autonomie de la Guadeloupe est envisageable, et que le gouvernement était prêt à ouvrir la discussion sur le sujet. « Il n’y a pas de mauvais débats du moment que ces débats servent à résoudre les vrais problèmes du quotidien des Guadeloupéens », a-t-il déclaré, précisant par la suite qu’autonomie n’est pas indépendance. Et cette proposition a directement fait réagir le paysage politique.

 

À la veille des élections présidentielles, les politiques étaient alors nombreux à montrer leurs convergences ou divergences concernant cette proposition, notamment dans l’opposition. Pour Michel Barnier, candidat à la primaire de droite, « ce qui est en jeu, c’est l’unité de la Nation ». De même, pour Marine Le Pen, candidate à la présidentielle, « le gouvernement se dit prêt à lâcher la Guadeloupe, ce n’est pas ce que les Guadeloupéens attendent ».

 

À la suite des débats et du déplacement, le gouvernement a tout de même annoncé repousser l’obligation vaccinale au 31 décembre pour l’archipel. Mais si une première réponse claire a été apportée aux Guadeloupéens, que signifierait vraiment s’orienter vers une autonomie de la Guadeloupe ?

L’autonomie guadeloupéenne, si elle se fait, se ferait probablement sous le modèle de la Polynésie française. Mais selon l’ancien ministre des Outre-mer et sénateur PS guadeloupéen Victorin Lurel, il faut distinguer « autonomie générale et gouvernance du système de santé ». L’autonomie générale, comme celle de la Polynésie française, instaurerait un gouvernement local encadré par une Assemblée territoriale. La gouvernance du système de santé, demandée par certains manifestants, ne concernerait que le système de santé guadeloupéen dans le but de répondre aux différentes problématiques actuelles

Une consultation reste nécessaire au peuple guadeloupéen pour savoir si cette volonté d’autonomie est partagée ou non. En effet, la Guadeloupe avait déjà refusé plus d’autonomie par le passé, avec un rejet à environ 73% en 2003. L’indépendance n’a pratiquement jamais été évoquée dans les débats, cependant, la question d’un changement de gouvernance se fait de plus en plus entendre depuis 2019. Mais comme la volonté d’autonomie n’est pas nouvelle, une actualisation est indispensable.

 

Et en allant dans ce sens, quel serait alors l’avenir pour d’autres zones où l’État semble s’éloigner de la volonté des peuples ? C’est le cas pour la Martinique, aussi frappée par la crise et dont le statut est encore différent. Et c’est sans parler de la Corse et de ses élus qui se sont empresser de réagir concernant leur situation.

Les Guadeloupéens veulent ainsi de plus en plus décider par eux-mêmes, pour eux-mêmes : les séquelles de la crise sanitaire l’ont montré, notamment par la recentralisation des décisions de l’État. Cependant une indépendance pure et dure serait aujourd’hui impossible et destructrice dans l’archipel. Les débats devront alors continuer pour bâtir l’avenir de la Guadeloupe, en espérant que cette proposition ne serve pas seulement à calmer les colères à court terme.

 

 

 

Par Hugo LEGUAY

Le metaverse de Facebook, c’est quoi ?

Le metaverse de Facebook, c’est quoi ?

Le 28 octobre dernier Mark Zuckerberg a révélé les projets qu’il avait pour les années à venir, projets sur lesquels il travaille en réalité depuis plusieurs années. Dans un premier temps les médias ont seulement relayé que Facebook devenait Meta, ce qui peut porter à confusion : l’application Facebook garde le même nom, c’est la maison mère initialement Facebook, Inc. qui change de nom et devient Meta Platforms, Inc. Le projet Zuckerberg reste finalement flou pour beaucoup.

 

 

 

Qu’est-ce qu’un metaverse ?

Pour poser les bases, le terme « metaverse » est la contraction des mots « meta » faisant référence à une vision de quelque chose dans son intégralité, dans son ensemble, et de « univers ». Le metaverse apparait dans les années 90 pour mentionner des mondes virtuels dans lesquels des individus peuvent interagir.

On le retrouve en effet pour la première fois dans le livre de science-fiction de Neal Stephenson, « Le Samouraï virtuel » paru en 1992. L’histoire se déroulant dans un univers futuriste et dystopique, le roman ouvre une nouvelle branche de la science-fiction. En 2011 sort au cinéma « Ready Player One » réalisé par Steven Spielberg, un film de science-fiction se déroulant en 2045 dans un monde chaotique où l’Oasis, un monde parallèle accessible à l’aide de casque de réalité virtuelle, devient une société virtuelle, véritable exutoire de toute l’humanité.  Enfin, en 2003 est également sorti le metaverse Second Life, un logiciel dans lequel ses utilisateurs incarnent des personnages virtuels dans un monde qu’ils créent eux-mêmes. En résumé, le metaverse est loin d’être un phénomène nouveau ! On a même pu voir de grandes enseignes comme L’Oréal organiser des évènements virtuels. Mais alors, quel est le projet du créateur de Facebook ?

 

 

Créer « le successeur de l’internet mobile »

Pour revenir d’abord sur l’industrie de Facebook, Meta Platforms donc, elle fait partie des géants du Web, les GAFAM et regroupe chaque mois, sur ses différentes applications (Facebook, Facebook Messenger, WhatsApp, et Instagram) près de 2,89 milliards d’utilisateurs. Créée en 2004, l’entreprise devient Facebook en 2005 et rachète en 2012 Instagram créé 2 ans auparavant. En 2014, l’entreprise de Facebook va également racheter la filiale Oculus créant des casques de réalité virtuelle avant de s’en servir pour créer Oculus Rooms permettant aux utilisateurs de créer leurs propres chez-eux virtuels. En 2017, apparaît Facebook Spaces qui permet, avec un casque Oculus et des manettes Touch, de rencontrer ses amis Facebook dans un univers virtuel, et « de passer du temps avec eux dans un environnement interactif et fun, comme si vous étiez dans la même pièce » comme l’explique Facebook dans un communiqué. Des avatars pourtant peu réalistes en grandeur nature qui se déplacent et bougent les lèvres au son des paroles, permet un échange sympathique entre amis avec des fonctionnalités vous permettant de vous retrouver dans divers univers, malgré des interactions tout de mêmes limitées. Facebook Spaces, laisse place en 2020 à Horizon. Encore en version bêta, le slogan de cette nouvelle plateforme est « Créer, explorer, ensemble. » et se présente comme «une expérience sociale où vous pouvez explorer, jouer et créer de manière extraordinaire. À Horizon, vous n’êtes pas un simple visiteur. Vous faites partie de ce qui rend le monde formidable. » (inscrit sur la page d’accueil du site internet) La plateforme semble similaire à Second Life. Dernièrement, en septembre, Facebook s’est associé à la marque de lunettes Ray-Ban pour créer des lunettes connectées pour prendre des photos et se connecter à Facebook. C’est le même système de fonctionnement qui a échoué les dernières années chez Snapchat et même Google, mais que Facebook espère apporter à ses utilisateurs pour les familiariser avec le domaine des objets connectés.

L’objectif de Mark Zuckerberg est de créer d’ici les 5 prochaines années, un metaverse qui pourra rassembler les différentes plateformes de l’entreprise en une seule. Il s’agit alors, en développant un ensemble d’expériences maximalistes et interconnectées aux confins du réel et du virtuel, de favoriser l’avènement de l’Internet incarné. Le metaverse de Facebook est une nouvelle collection d’espaces virtuels offrant une autre façon de s’adonner aux activités courantes sur Internet. Il est présenté, comme son nom l’indique, comme une sorte d’univers conscient de lui-même à l’intérieur d’un autre. Concrètement ce serait un ensemble d’espaces virtuels où vous pourrez créer et explorer avec d’autres personnes qui ne se trouvent pas dans le même espace physique que vous.

Le projet du « successeur de l’internet » est alors basé sur une nouvelle utilisation d’internet, une utilisation immersive grâce aux technologies de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée.  Ainsi nos simples conversations par messages ou des appels en vidéos pourraient devenir, avec l’utilisation des accessoires nécessaires, une conversation en face à face dans un environnement simulé. Plus exactement, Mark Zuckerberg l’explique comme « un environnement persistant et synchrone où nous pouvons être ensemble, qui, je pense, ressemblera probablement à une sorte d’hybride entre les plateformes sociales que nous voyons aujourd’hui, mais un environnement dans lequel vous êtes incarné ».

Cependant, l’objectif ultime du créateur de Facebook pour donner vie à ce projet est d’obtenir une nouvelle réalité alternative, jusqu’à présent inconnue et difficilement représentable, qui ne serait donc pas nécessairement une réalité virtuelle augmentée ou en 3D. La comparaison aux metaverses existant déjà n’est donc pas tout à fait adaptée, pour cette nouvelle version d’internet et une toute nouvelle génération d’utilisateurs.

Néanmoins, créer un metaverse semble être le grand saut technologique dans l’évolution d’internet des prochaines années. D’après Le Monde, selon le cabinet IDC, “les dépenses dans ce secteur devraient être multipliées par six entre 2020 et 2024, pour passer de 12 milliards à 72 milliards de dollars”. L’entreprise Meta n’est pas la seule à avoir ce projet. Epicgame, le géant des jeux vidéo, a levé des fonds pour renforcer son metaverse lié à Fortnite et faire de ce jeu, encore considéré comme un jeu vidéo, un metaverse. Plateforme dans laquelle des concerts virtuels du rappeur américain Travis Scott ou d’Ariana Grande, apparaissant sous la forme d’avatars, ont déjà eu lieu. D’autre part, Roblox, le free-to-play sorti en 2004 qui permet de créer des jeux avec un langage de script libre, rassemble 42 millions d’utilisateurs dans le monde avec son metaverse. La plateforme qui, elle aussi, a organisé un concert du rappeur américain Lil Nas X en novembre 2020 peut également investir et faire face au projet Zuckerberg d’ailleurs contesté.

 

 

 

Un projet qui fait débat.

Si les dirigeants de Facebook Inc. ont opté pour un changement de nom afin de montrer leur objectif et ce vers quoi ils veulent se diriger, beaucoup accusent Facebook de changer de nom pour avoir l’apparence d’un renouveau alors que les divers problèmes de l’entreprise sont toujours là. Certains pensent notamment qu’évoquer le metaverse permet de faire oublier les outils de modérations vivement critiquables depuis que France Haugen, ancienne employée a fait fuiter des documents internes à la presse démontrant que la plateforme faisait passer « son profit avant la sécurité » de ses utilisateurs. La protection des données des utilisateurs dans le projet du metaverse questionne donc beaucoup. Dans le même esprit, le recrutement de près de 10 000 européens par Facebook pour mettre en place son projet dans les 5 prochaines années pourrait être une façon d’amadouer l’Union Européenne et donc Bruxelles quant à leur vision méfiante des GAFAM surpuissante dont Facebook fait partie. Certains consommateurs de jeux vidéo affirment également être réticents à un mode de jeu avec le port de plusieurs accessoires durant des heures et se disent adeptes de la simple manette. Si Facebook énonce la période du confinement où il était compliqué de se retrouver pour mettre en avant son projet, pouvoir s’immiscer dans un univers parallèle peut être très addictif et entrainer des conséquences négatives sur l’utilisateur, qui verrait cet espace comme un espace refuge. Cependant complètement déconnecté de la réalité, et de par ses possibilités et son réalisme, « le successeur de l’internet » pourrait amener à un isolement social et un renfermement sur soi-même surtout pour les jeunes utilisateurs qui pourraient, comme l’explique la plateforme Horizon, créer ce que l’on veut, faire ce que l’on veut, et être qui l’on veut, entrainant l’acceptation de soi dans la vie réelle plus compliquée.

Enfin, les possibilités qui nous sont offertes par internet que nous connaissons aujourd’hui (regarder un film, jouer en ligne, acheter en ligne, commander des vêtements, commander à manger pour ensuite se faire livrer…) impactant déjà notre activité physique, le metaverse de Facebook risque également d’y contribuer.

 

Le metaverse, qu’on le veuille ou non semble être le grand saut technologique auquel nous devrons nous adapter, comme les anciennes générations l’ont fait pour l’arrivée d’internet. Si Mark Zuckerberg arrive à mener son projet à terme, et si l’avenir d’internet est géré par une seule entitée et pas décentralisée, alors la société Meta Inc. deviendrait surpuissante et même, poussée à l’extrême, jouer de la dépendance de ses utilisateurs. Mais avant qu’on en arrive là, il faut réussir à faire un métavers accessible partout (téléphone, télé connectée, ordinateur…), techniquement attractif avec un important système de protection et de modération des données, le défi est de taille !

 

 

Par Léa MENARD

 

 

L’échec de la COP 26 : la coopération internationale en panne ?

L’échec de la COP 26 : la coopération internationale en panne ?

Il est « minuit moins une sur l’horloge de l’apocalypse » s’alarmait l’hôte de la COP 26 et Premier ministre britannique Boris Johnson dès le premier jour de ce sommet concernant l’urgence climatique et repoussé d’un an en raison de la pandémie de Covid-19. La COP 26, qui s’est déroulée du 1er au 12 novembre 2021 à Glasgow, en Écosse, était censée mener à des engagements historiques pour arriver à zéro émission de carbone en 2050 et limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Certains parlaient même de ce rendez-vous comme celui « de la dernière chance », mais il est considéré comme un véritable échec.

Des engagements moins ambitieux que prévu et souvent flous, la Russie, la Chine et le Brésil qui manquent à l’appel, le patron d’Amazon Jeff Bezos qui débarque en jet privé pour venir discuter de l’avenir de la planète, des manifestants appelant les dirigeants à cesser le « bla-bla-bla » et à agir avec des actions concrètes, un ministre prononçant un discours pour la COP les pieds dans l’eau ou encore le président britannique de la COP 26, Alok Sharma, qui, les larmes aux yeux, s’est dit « profondément désolé » du bilan de ces deux dernières semaines….voilà comment pourrait se résumer la COP 26…

Ce rendez-vous devait constituer un tournant majeur depuis l’accord de Paris signé en 2015 lors de la COP 21. De fait, samedi 13 novembre, les 196 pays participants ont adopté un accord pour accélérer la lutte contre le changement climatique : il s’agit du « Pacte de Glasgow ». Si pour les chefs d’État, ce texte a le mérite de s’être attaqué pour la première fois à la question des énergies fossiles, responsables de 90% des émissions de gaz à effet de serre, en y mentionnant le début d’une sortie progressive du charbon, l’objectif de ne pas dépasser les 2°C de réchauffement climatique par rapport à l’ère préindustrielle, voire de rester à 1,5°C, n’est pas encore atteint.

 

En quoi consiste le « Pacte de Glasgow » ?

Le texte rappelle l’objectif de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C en 2100 par rapport à 1850, ce qui avait déjà été acté par l’accord de Paris lors de la COP 21 en 2015 entre plus de 150 pays. Ainsi, ces pays se sont engagés à réduire encore plus leurs émissions de gaz à effet de serre.

Toutefois plusieurs éléments posent problème dans le « Pacte de Glasgow ». L’un d’entre eux repose sur le fait que certains pays pourront aménager leurs engagements en cas de « circonstances nationales particulières ». Autrement dit, il serait, par exemple dans le cas de l’Australie, possible de tolérer des émissions de gaz à effet de serre plus élevées que par rapport à ses engagements et sans que l’Australie soit sanctionnée, pour la simple raison que son économie dépend encore beaucoup de la production de charbon. Par ailleurs, concernant le charbon, de nombreux pays, notamment ceux de l’Union européenne, souhaitaient que le monde s’engage pour la disparition du charbon. Or, le « Pacte de Glasgow » a finalement été moins ambitieux et parle plutôt d’une réduction progressive de cette énergie fossile. Ce changement de dernière minute dans la déclaration finale s’explique par la pression exercée par l’Inde et la Chine, pays très dépendants du charbon, montrant alors que la mise en place d’une coopération internationale pour faire face à des problèmes planétaires n’est pas si simple.

 

Les problèmes dans la mise en place d’une coopération internationale :

Les rapports de force des grandes puissances ont un impact non négligeable dans la mise en œuvre de cette coopération : multilatéralisme (=système qui privilégie les négociations, les engagements réciproques, les coopérations) et unilatéralisme (=politique conduite par un État qui ne prend en considération que ses seuls intérêts) s’affrontent sans cesse, ce qui peut empêcher une coopération internationale véritablement efficace. En effet, depuis les années 2000, l’unilatéralisme s’impose de plus en plus, notamment à cause du climatoscepticisme et des intérêts économiques, ce qui a donc limité les atteintes des objectifs.

De plus, chaque pays a des enjeux différents : Pour les pays riches, il s’agit de changer de mode de production et de consommation. Cependant, pour les puissances émergentes comme la Chine et l’Inde, il existe un vrai dilemme : non seulement leurs émissions de gaz à effet de serre augmentent de façon exponentielle du fait de leur croissance économique, mais aussi ces puissances sont souvent concernées directement par les conséquences du réchauffement climatique, réchauffement auquel elles contribuent. Les pays les plus touchés sont ceux qui sont souvent très pauvres comme les pays les moins avancés (PMA) car ils sont situés dans des zones à risques et payent donc très souvent le prix fort des conséquences du réchauffement climatique alors qu’ils n’en sont historiquement pas responsables.

Pourtant lors de la COP de Copenhague en 2009, les pays du Nord avaient promis qu’ils verseraient 100 milliards de dollars chaque année dès 2020 à ces pays en difficulté. Mais finalement, l’échéance a été décalée à 2023 alors que l’urgence climatique, elle, ne se fait pas attendre… Pour prouver l’urgence d’agir, Simon Kofe, ministre des Affaires étrangères de l’archipel des Tuvalu, a décidé d’enregistrer un discours pour la COP 26 les pieds dans l’eau. Si cette image a pu en faire rire certains, c’est en fait une vidéo qui est très forte et très symbolique : en se filmant ainsi, il a voulu montrer concrètement au reste du monde que le petit État archipel polynésien est menacé par la montée des eaux et pourrait disparaître d’ici une dizaine d’années comme d’autres États insulaires.

L’enjeu (et la difficulté) est donc de réussir à mener une action commune, concertée à l’échelle globale. Aujourd’hui une des limites majeures de la gouvernance climatique mondiale est que le défi climatique repose en grande partie sur les décisions des grandes puissances économiques, mais encore faut-il que ces dernières maximisent l’intérêt commun. Or, en appliquant la « théorie des jeux » à l’aide du « dilemme du prisonnier » dans le cas de la gouvernance climatique mondiale, il est dans l’intérêt de tous les pays d’empêcher le réchauffement climatique. Toutefois, chaque pays préfèrera que ce soit les autres qui subissent les coûts, en particulier si le rapport coûts-bénéfices individuel ne lui est pas favorable. En effet, dans le « dilemme du prisonnier », les joueurs rationnels, ici les pays, auront tendance à opter pour une solution non-coopérative qui maximise leur gain individuel, au détriment de la maximisation du gain collectif, c’est ce qu’on appelle l’équilibre de Nash.

Jusqu’à présent, il semble que cette vision prédomine. Néanmoins, aujourd’hui nous avons atteint un moment charnière : chacun est concerné par la menace que représente le réchauffement climatique et il est donc nécessaire que les grandes puissances se tournent vers davantage de coopération que vers des rivalités et des tensions géopolitiques.

 

Le cas sino-américain :

« S’il y a une chose qui devrait transcender nos différences, c’est bien le réchauffement climatique » tels sont les mots de l’ancien président américain Barack Obama lors de la COP 26 au moment où il évoque la relation sino-américaine. Avec l’élection de Joe Biden, les rivalités entre ces deux puissances mondiales ne se sont pas atténuées : la Chine entend toujours étendre sa puissance, alors que les États-Unis essayent de la contenir. Cependant, dans le contexte actuel d’urgence climatique, sans une collaboration entre les deux plus grands émetteurs de gaz à effet de serre mondiaux, les efforts des autres ne suffiront pas à atteindre l’objectif de 1,5°C ou même 2°C. Le changement climatique représente une opportunité unique pour les deux pays de coopérer. D’ailleurs, le 10 novembre dernier lors de la COP 26, ils ont fait une annonce surprise d’un plan de collaboration, un plan porteur d’espoir, pour lutter contre le réchauffement climatique en promettant de « prendre des mesures renforcées pour relever les ambitions pendant les années 2020 » sans pour autant donner de détails précis. De fait, une coopération climatique sino-américaine pourrait peut-être permettre d’atténuer certaines tensions qui sont liées à la guerre commerciale et technologique ou encore au sort de Taïwan.

 

Et maintenant ?

L’Histoire a montré que certains défis pouvaient amener certains pays à se rapprocher parfois pour vaincre un ennemi commun. Aujourd’hui l’ennemi commun, c’est le changement climatique.  Les États-Unis et la Chine ne pourraient-ils pas collaborer pour y faire face ?  Peut-être, mais seulement s’il y a une pression publique pour les pousser dans cette direction. L’exemple européen a montré que la mobilisation des citoyens pouvait avoir un impact sur les défis environnementaux. Néanmoins, en Chine, il est difficile de prévoir comment le Parti Communiste chinois réagirait à ce genre de mobilisations. Par une répression ? Sans doute. Mais, en fin de compte, le président chinois Xi Jinping a besoin d’un soutien public pour maintenir son emprise sur le Parti communiste chinois. Il sait que sa légitimité à l’échelle nationale comme internationale peut dépendre de sa capacité à répondre efficacement aux préoccupations croissantes concernant l’environnement.

Si la COP 26 n’a pas pris le tournant qu’elle aurait dû prendre, des efforts notables ont tout de même été pris. Reste à voir désormais si les États seront capables de coopérer davantage et de mettre leurs différends de côté afin de réaliser des mesures concrètes pour parvenir aux objectifs fixés lors de la COP. Rendez-vous en 2022 à Charm el-Cheikh, en Égypte, pour une nouvelle COP de la dernière chance…

 

Par Jessica LOPES BENTO