Il était une fois… l’individualisme


Publié le 18 mars 2023

L’individualisme est une tendance de plus en plus courante dans notre société moderne. Nous sommes de plus en plus enclins à mettre l’accent sur notre propre réussite et notre propre bonheur, sans se soucier de la façon dont cela peut affecter les autres. L’individualisme est souvent considéré comme une qualité positive, car il encourage l’indépendance et l’autonomie. Ce n’est pas tout à fait faux, mais il est important de se demander s’il peut devenir trop extrême et causer des problèmes pour la société dans son ensemble.

 

Quelles en sont les causes ?

 

Les médias, la musique, les films et les réseaux sociaux nous encouragent à nous concentrer sur nous-mêmes et à faire ce qui nous rend heureux. Nous sommes en permanence incités à nous démarquer de la foule, à être différents et à être fiers de notre individualité. Un exemple concret se trouve dans les rayons de nos librairies : la multiplication des livres de développement personnel. « Eat, Pray, Love » d’Elizabeth Gilbert raconte l’histoire de l’auteur qui quitte sa vie monotone pour voyager dans différents pays afin de trouver le bonheur et la sérénité personnelle. Bien que le livre soit inspirant pour certains, il

encourage également l’idée que la solution à nos problèmes personnels réside dans l’individualisme et la recherche de soi plutôt que dans la coopération et l’empathie envers les autres. En ce qui concerne les réseaux sociaux, les plateformes comme Instagram, TikTok et YouTube sont souvent utilisées pour mettre en valeur les réalisations individuelles et les styles de vie, plutôt que de mettre l’accent sur la coopération et le travail d’équipe. Les « influenceurs » sur ces plateformes encouragent souvent une mentalité d’auto-promotion et d’individualisme extrême. Certes, ce sont des généralités mais cela démontre tout de même un phénomène de société.

La deuxième cause de l’individualisme grandissant est la pression économique. La mondialisation et l’économie de marché ont créé une pression sur les individus pour qu’ils se concentrent sur leur propre réussite. Nous sommes ainsi de plus en plus encouragés à travailler dur, à réussir et à obtenir de l’argent, plutôt que de s’occuper des besoins de notre communauté. S’ajoute à cela une culture de consommation qui nous pousse à acheter toujours plus de biens et de services pour affirmer notre statut social. Nous ne travaillons plus seulement pour subvenir à nos besoins mais pour prouver aux autres que l’on est mieux dotés qu’eux.

La troisième cause est l’évolution des normes sociales qui ont énormément changé au fil des ans. Nous souhaitons maintenant de plus en plus vivre notre vie comme nous l’entendons plutôt que de se conformer à des normes sociales strictes. Nous sommes plus susceptibles de poursuivre des relations et des carrières qui correspondent à nos propres intérêts, plutôt que de suivre les attentes de notre famille et de notre communauté. L’un des exemples les plus frappants est l’acceptation croissante de la diversité en matière de sexe, de genre et d’orientation sexuelle. Les personnes LGBTQ+ ont historiquement été victimes de discrimination et de marginalisation en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. Cependant, au cours des dernières décennies, les normes sociales ont évolué pour devenir plus inclusives et acceptantes envers ces groupes. Les individus sont désormais plus nombreux à vivre leur vie selon leur identité de genre ou leur orientation sexuelle, plutôt que de se conformer aux normes sociales strictes en matière de masculinité et de féminité.

 

Quelles en sont les conséquences ?

 

La première conséquence est l’isolement social. Les gens sont de plus en plus isolés les uns des autres car ils se concentrent sur leurs propres intérêts plutôt que de se soucier les uns des autres. Cela peut entraîner des conséquences néfastes sur notre santé mentale (dépression, anxiété, stress) et physique (hypertension artérielle, AVC, système immunitaire affaibli) mais aussi sur notre mémoire et notre cognition. De plus, les personnes isolées peuvent rencontrer des difficultés à s’adapter aux changements de vie, tels que la perte d’un être cher ou un changement de carrière. La crise sanitaire liée au Covid-19 a largement contribué à intensifier ce phénomène inquiétant pour l’avenir de notre société.

La deuxième conséquence est l’augmentation de la concurrence et de la rivalité. Nous sommes sans arrêt poussés à être meilleurs que les autres, à réussir plus que les autres et à obtenir plus que les autres. Cela peut créer un environnement où les gens se battent les uns contre les autres, plutôt que de travailler ensemble pour atteindre des objectifs communs et donc avoir un impact sur la société dans son ensemble. Cette compétition constante peut également créer des inégalités sociales, où les individus les plus riches et les plus influents ont un avantage sur les autres.

La troisième conséquence est la perte de valeurs collectives. Ce sont celles qui visent à promouvoir le bien-être de la communauté dans son ensemble, plutôt que les intérêts individuels. Ces valeurs incluent la solidarité, la compassion et l’altruisme, qui sont des éléments clés pour maintenir une société saine et équilibrée. Dans leur grande majorité et malgré une minorité de collectifs actifs, les individus se désintéressent ainsi des problèmes sociaux et des inégalités qui affectent la communauté dans son ensemble, préférant se concentrer sur leurs propres préoccupations

 

Quelles sont les solutions ?

 

Dans un premier temps, il est important de reconnaître que nous vivons dans une société interconnectée où les actions d’une personne peuvent entraîner des répercussions néfastes pour les autres. Une fois cette prise de conscience faite, il devient plus clair et évident qu’il est vital de recommencer à encourager la coopération plutôt que la concurrence. Les gens doivent réapprendre à se soucier les uns des autres et à travailler ensemble pour atteindre des objectifs communs.

Toutes ces valeurs devraient être inculquées dès le plus jeune âge via l’éducation et la sensibilisation. Ainsi, l’éducation morale et civique devrait être remise au goût du jour et occuper une place centrale dans l’enseignement.

L’idée d’un service civique obligatoire envisagée par le gouvernement s’inscrit dans cette lignée et mériterait d’être discutée.

Enfin, il est important de rappeler que l’individualisme n’est pas nécessairement une mauvaise chose en soi. Il peut encourager l’indépendance, l’innovation et la créativité. Il faut juste trouver un équilibre entre l’individualisme et les valeurs collectives pour assurer une société saine et fonctionnelle.

Par Marie PONTALIER

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