Tribune sur l’enfance


Publié le 10 février 2022

 

L’incident du petit Rayan à Chefchaouen au Maroc a emballé le monde entier. Plusieurs chefs d’Etats se sont exprimés à ce sujet-là en exprimant leurs sincères condoléances . Des personnalités publiques ne se sont pas échappées à cette tendance médiatique ou encore les médias. Entre opportunismes et émotions, le monde a partagé cette peine avec les citoyens du Maroc et surtout avec les parents de ce jeune enfant. Nous avons pu remarquer d’autres réactions sur les réseaux sociaux qui démontrent que nous avons déjà connu d’autres incidents impliquant des enfants mais qui n’ont pas connu cette ampleur médiatique. Et là je pense aux enfants qui meurent chaque jour au Yémen, aux filles en Guinée et en Somalie qui subissent sous une forme ou une autre de la mutilation génitale féminine sous la forme le plus souvent d’excision, aux 4,3 millions d’enfants qui sont assujettis à du travail forcé. Les chiffres peuvent paraître incroyables et peuvent même susciter de l’empathie de votre part, mais cette empathie s’arrêtera avant même de finir cet article. Et c’est ce qui pose problème. Rayan est peut être un enfant comme les autres. On a tous connu un drame, entendu une histoire qui nous a mis dans les bottes de sa famille . Mais il a éveillé en nous et dans les pays concernés, une obligation de penser l’enfance . Je veux dire merci à Rayan et aux mobilisations médiatiques, qui nous ont éveillé de notre sommeil latent et de notre nombrilisme. Tu as permis au monde, au Maroc de voir un autre jour. Tu as permis à mon pays, de penser les familles qui résident dans les campagnes et non pas qu’aux récoltes. Tu nous a permis de voir les enfants travailleurs sous un nouvel angle et aux petites filles qui subissent toujours des contraintes sociales pour mener à bien leur éducation. Les enfants n’ont plus le devoir de cirer les chaussures et d’accompagner les mendiants dans les quartiers de Casablanca. Ils ont  le droit de vivre leur enfance et de penser leur futur. Le Maroc a mobilisé des ressources humaines incroyables, des ressources financières comme jamais vu auparavant pour sauver une vie d’un enfant de 5 ans. J’espère vivement que cela ne s’arrêtera pas là et qu’une certaine conscience collective s’éveillera en nous. Enfin, je ne peux passer à côté du fait que les réseaux sociaux, les médias ont démontré leur pouvoir incroyable dans l’imposition de l’agenda médiatique. Ils ont pu mobiliser une foule énorme, des prières et des pensées pour une modeste famille d’un petit village au Maroc . Et c’est pour cela qu’il faut penser à leur pouvoir et l’obligation d’affuter notre esprit critique. L’éthique du journalisme est à l’ordre du jour.

 

Par Aida Harmane

 

 

 

 

 

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