La collapsologie : un nouveau mot à la mode ou une réalité future ?


Publié le 17 décembre 2021

Les catastrophes naturelles récentes que nous subissons ainsi que les différentes crises sociales, crises économiques et dernièrement crises sanitaires auxquelles nous sommes confrontés questionnent notre modèle économique actuel. Certains philosophes, scientifiques, économistes, ou certaines œuvres cinématographiques ou littéraires abordent le sujet de la fin du monde par le biais de différentes théories, scénarios qui mettraient fin à notre civilisation. Un terme a été introduit pour traduire l’effondrement de notre société : la collapsologie

 

Qu’est-ce que la collapsologie ?

Le terme collapsologie provient du mot anglais collapse, qui signifie s’effondrer et a fait son apparition en 2015 dans l’ouvrage de Pablo Servigne « Comment tout peut s’effondrer ? ». Ce terme répand l’idée que l’Homme impacterait de manière durable et négative la planète et met en avant l’urgence écologique, liée à l’augmentation des températures sur Terre, à la multiplication des catastrophes naturelles et à l’effondrement de la biodiversité.

D’après le philosophe Alain Deneault « On est confronté, d’une manière accélérée et régulière, à des phénomènes qui nous rappellent que notre mode de vie n’est pas viable ». Nous vivons dans un monde fini, avec des ressources limitées et pourtant nous visons une croissance économique infinie. Il y a une surexploitation des ressources présentes sur terre à un rythme insoutenable pour les écosystèmes. Cela causerait la disparition d’un grand nombre d’espèces animales et végétales de la surface du globe, mais aussi des ressources essentielles pour vivre comme l’eau, le pétrole, les minerais et les énergies fossiles.

Les crises énergétiques, économiques, environnementales, géopolitiques et démocratiques sont reliées entre elles par les collapsologues qui estiment que la conjonction de ces dernières pourrait amener à l’effondrement de notre civilisation. Nous avons pu nous apercevoir que nous étions dépendants des grands réseaux commerciaux durant la crise sanitaire, ce qui a causé un retard d’approvisionnement important en matières premières pour les secteurs du bâtiment ou en biens technologiques.

Certains collapsologues pensent que les crises à venir vont affecter certains secteurs de notre société et rendre certaines populations encore plus vulnérables à des moments précis. Ils pensent aussi qu’on se dirige vers un futur où les crises vont s’enchaîner de plus en plus rapidement et fréquemment. De plus en plus fréquentes, elles conduiraient de nombreux habitants à manquer de nourriture, d’eau, de soins de base et de logements.

 

D’où sont issues ces théories ?

La collapsologie n’est pas une science car elle n’établit pas des faits exacts, elle prédit en quelque sorte les évènements futurs et elle invite les personnes à s’interroger sur les évènements qui se produisent dans notre quotidien. Les collapsologues annoncent des catastrophes et ils proposent aussi des pistes pour les éviter en proposant d’améliorer les systèmes agricoles avec la permaculture par exemple, la maîtrise de la démographie, la création de systèmes d’entraide locaux ou la sobriété énergétique. Certains jugent que rien n’est fait pour éviter le pire et d’autres, plus mesurés pensent qu’il faut surtout s’interroger sur la vitesse avec laquelle les mesures correctives sont mises en place. Les rapports sur le climat datant des années 80 se sont montrés assez justes sur la situation que nous sommes en train de vivre actuellement et pourtant, les mesures mises en place au niveau international restent faibles. Tout récemment, lors du pacte de Glasgow, les pays de la COP26 ont adopté un accord pour accélérer la lutte contre le réchauffement climatique, sans pour autant garantir de tenir l’objectif de contenir ce réchauffement à 1,5°C, à cause des contradictions entre pays, notamment avec la Chine et l’Inde. Le texte ne prévoit donc pas de supprimer mais seulement d’intensifier les efforts vers la réduction du charbon sans systèmes de capture de CO2. Ce résultat est décevant mais le texte reconnaît qu’il faut garder l’objectif de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C.

Il y aurait une possibilité selon certains philosophes que l’effondrement arrive durant notre époque mais il reste difficile de déterminer une date précise. Selon Yves Cochet, cela se produira d’ici 5 à 10 ans, pour d’autres, d’ici 2050. La pandémie liée à la Covid-19 serait un aperçu d’un effondrement qui a déjà commencé.

Par ailleurs, l’industrie du cinéma s’est emparée de ce sujet en spéculant sur la fin d’un monde. Elle extrapole sur l’après de la civilisation humaine en proposant des films avec des thèmes variés allant de l’extinction de l’humanité à cause d’un virus mortel ou bien de catastrophes naturelles entrainant l’apocalypse avec « 2012 ». On peut constater un attrait et un intérêt de la part téléspectateurs pour la période post-apocalyptique que met en avant les différents scénarios de ces films car ils permettent de réfléchir et d’apporter une réflexion critique sur notre société moderne.

En fin de compte, on ne peut pas prédire à quand sera l’effondrement, mais on peut assurer que l’humain a un impact certain sur le climat, la biodiversité et même la géologie sur terre. Pablo Servigne déplore d’ailleurs que « nous ne croyons toujours pas ce que nous savons », ce qui signifie que l’Homme a du mal à concevoir et réaliser que ce qui se passe à notre époque aura des conséquences sur son futur.

 

Est-ce que l’effondrement est une fin en soi ?

Le changement par l’effondrement n’est pas une dramaturgie. Le passé nous le montre car on constate que les individus sont capables de s’adapter aux nouvelles données de leurs environnements. On peut prédire l’effondrement de notre société en étudiant le passé. D’une part, l’être humain a déjà traversé des périodes de changement de climat sur des périodes brèves dont il est capable de surmonter ce défi. De plus, on constate que toutes les sociétés et civilisations passées ont disparu car elles se sont effondrées, elles n’ont donc pas été durables sur le long terme. Dans chacun de ces effondrements, on peut déterminer que cela est dû à une combinaison de surexploitation des ressources disponibles mais aussi de systèmes politiques et économiques qui étaient imposés par les plus hauts placés au reste du peuple. Ces systèmes politiques et économiques sont restés en place malgré les problèmes d’exploitation qui sont intervenus soit par habitude, soit parce que les plus puissants souhaitaient garder le pouvoir.

Dans l’Histoire, on peut trouver plusieurs transformations sociétales à différentes époques qui sont souvent chaotiques. On peut prendre pour exemple l’extinction de la civilisation maya, la chute de l’Empire romain d’Occident ou la terrible peste noire qui a frappé l’Europe au 14ème siècle.

L’Homme a su se relever de ces différents évènements grâce à l’entraide, à la collaboration pour rebâtir des sociétés nouvelles, plus adaptées au temps et à l’environnement contextuel en s’accrochant à une variété de comportements, de ressources et de groupes sociaux. La collaboration et la coopération sont ce qui nous définissent en tant qu’êtres humains car c’est ce qui a permis à l’homme depuis l’Antiquité de survivre et de dominer le monde. Ce sera sans doute grâce à ces valeurs que nous pourrons, à l’avenir, préparer une transition douce entre le monde actuel et le monde de demain.

Mais jusqu’à quand pourrons-nous attendre avant qu’une catastrophe inéluctable se produise ? L’humanité a-t-elle besoin d’un changement radical pour modifier ces comportements face à une catastrophe qui s’annonce imminente ?

 

 

Par Rémy LEBASTARD

1 Commentaire

  1. Javoy Adrien

    Sujet intéressant et bien expliqué. J’ai cependant un peu de mal avec la morale de fin pour plus de «coopération» au sein de l’humanité :
    Dans quel sens doivent se faire les changements ? Vers plus d’« ouverture » avec les autres pays, plus de globalisation, alors qu’il s’agit justement de ce qui a provoqué la crise du covid-19 par l’abolition des frontières ?
    A mon sens il ne peut y avoir de coopération entre les Hommes que dans la mesure où ils se reconnaissent comme membres d’une communauté, communauté qui ne peut se faire qu’à échelle nationale. Tu as abordé le sujet dans ton article, la pandémie que nous vivons est un révélateur : la coopération entre états (notamment au sein de l’union Européenne) est un échec.

    Le monde actuel (et futur) est (et sera) marqué par la défense des intérêts nationaux de chaque pays. Il est ainsi urgent que l’on renoue avec le pragmatisme le plus pur de Nicolas Machiavel : «En politique le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal.»

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