Guadeloupe, la voie de l’autonomie ?


Publié le 3 décembre 2021

En déplacement aux Antilles, le ministre des Outre-Mer, Sébastien Lecornu, s’est exprimé sur l’avenir de la Guadeloupe. Après avoir rencontré différents élus locaux, il a évoqué le fait que le gouvernement serait prêt à ouvrir le débat concernant l’autonomie de l’archipel des Caraïbes. Une décision qui a fait l’effet d’une bombe dans le paysage politique. Mais alors quel avenir pour la Guadeloupe ?

 

Affectée par le chômage, la pauvreté et le Covid, la Guadeloupe est actuellement frappée par une crise sociale forte. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase était l’annonce du gouvernement français de rendre la vaccination obligatoire pour certaines professions, telles que les soignants ou encore les pompiers. Depuis le 15 novembre, les mouvements sociaux marqués par des pillages, des barrages routiers, ou de violents affrontements, furent nombreux. Une tentative d’incendie a notamment eu lieu à la mairie de Basse-Terre, acte symbolique sur le bâtiment administratif.

La venue du ministre des Outre-Mer était attendue et sa présence demandée dans la région. Sebastien Lecornu s’était alors déplacé pour apaiser les tensions sur l’archipel et tenter d’apporter des réponses aux Guadeloupéens. Leur montrer que le dialogue entre l’archipel et le gouvernement français était toujours ouvert, alors qu’un sentiment d’abandon là-bas est de plus en plus présent.

En déplacement officiel, Sébastien Lecornu a donc rencontré les différents élus locaux. En allocution télévisée, il a évoqué qu’une autonomie de la Guadeloupe est envisageable, et que le gouvernement était prêt à ouvrir la discussion sur le sujet. « Il n’y a pas de mauvais débats du moment que ces débats servent à résoudre les vrais problèmes du quotidien des Guadeloupéens », a-t-il déclaré, précisant par la suite qu’autonomie n’est pas indépendance. Et cette proposition a directement fait réagir le paysage politique.

 

À la veille des élections présidentielles, les politiques étaient alors nombreux à montrer leurs convergences ou divergences concernant cette proposition, notamment dans l’opposition. Pour Michel Barnier, candidat à la primaire de droite, « ce qui est en jeu, c’est l’unité de la Nation ». De même, pour Marine Le Pen, candidate à la présidentielle, « le gouvernement se dit prêt à lâcher la Guadeloupe, ce n’est pas ce que les Guadeloupéens attendent ».

 

À la suite des débats et du déplacement, le gouvernement a tout de même annoncé repousser l’obligation vaccinale au 31 décembre pour l’archipel. Mais si une première réponse claire a été apportée aux Guadeloupéens, que signifierait vraiment s’orienter vers une autonomie de la Guadeloupe ?

L’autonomie guadeloupéenne, si elle se fait, se ferait probablement sous le modèle de la Polynésie française. Mais selon l’ancien ministre des Outre-mer et sénateur PS guadeloupéen Victorin Lurel, il faut distinguer « autonomie générale et gouvernance du système de santé ». L’autonomie générale, comme celle de la Polynésie française, instaurerait un gouvernement local encadré par une Assemblée territoriale. La gouvernance du système de santé, demandée par certains manifestants, ne concernerait que le système de santé guadeloupéen dans le but de répondre aux différentes problématiques actuelles

Une consultation reste nécessaire au peuple guadeloupéen pour savoir si cette volonté d’autonomie est partagée ou non. En effet, la Guadeloupe avait déjà refusé plus d’autonomie par le passé, avec un rejet à environ 73% en 2003. L’indépendance n’a pratiquement jamais été évoquée dans les débats, cependant, la question d’un changement de gouvernance se fait de plus en plus entendre depuis 2019. Mais comme la volonté d’autonomie n’est pas nouvelle, une actualisation est indispensable.

 

Et en allant dans ce sens, quel serait alors l’avenir pour d’autres zones où l’État semble s’éloigner de la volonté des peuples ? C’est le cas pour la Martinique, aussi frappée par la crise et dont le statut est encore différent. Et c’est sans parler de la Corse et de ses élus qui se sont empresser de réagir concernant leur situation.

Les Guadeloupéens veulent ainsi de plus en plus décider par eux-mêmes, pour eux-mêmes : les séquelles de la crise sanitaire l’ont montré, notamment par la recentralisation des décisions de l’État. Cependant une indépendance pure et dure serait aujourd’hui impossible et destructrice dans l’archipel. Les débats devront alors continuer pour bâtir l’avenir de la Guadeloupe, en espérant que cette proposition ne serve pas seulement à calmer les colères à court terme.

 

 

 

Par Hugo LEGUAY

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