Rencontre avec Pierre Hurstel, nouveau président de TBS


Publié le 11 octobre 2021

L’équipe de RDVC a rencontré Pierre Hurstel, récemment nommé président de TBS. Déjà très impliqué dans la vie de l’école en tant que Président de la fondation de TBS et Président de TBS alumni, Pierre Hurstel a partagé avec nous son parcours. D’alumni TBS à Président de l’école, découvrons son histoire.

Pouvez-vous vous présenter, nous parler de votre parcours ?

Je suis sorti de TBS le 30 juin 1980. Le 1er juillet, j’entrai chez mon employeur qui était mon prof de finance. Initialement, j’avais une proposition dans une agence de pub, que j’ai abandonnée pour entrer dans le cabinet d’audit de mon prof de finance, EY. J’avais hâte d’entrer dans le monde du travail. J’ai travaillé en finance jusqu’à ce que ma vie bascule : le cabinet a détecté que je m’intéressais au leadership des gens et, dans les années 1990, on m’a réorienté vers des ateliers de management des personnes et donc vers la filière ressources humaines. J’ai fini par être DRH mondial d’EY. Un deuxième changement a eu lieu en 2012 quand j’ai décidé de repartir à zéro, après avoir fait le tour du cadran chez EY. J’ai monté mon cabinet de conseil aux dirigeants « Matière à réflexion » pour aider les hommes et les femmes qui dirigent à avoir un regard sur les autres, sur leur manière de manager.

 

Qu’est-ce-qui vous a amené à vous rediriger vers un tel métier à Impact ?

Il me semble que j’ai toujours eu un métier à Impact. Même quand j’étais auditeur, je vérifiais que la qualité de l’information financière ne soit pas toxique pour ceux qui la consommaient, c’était une forme d’écologie. Ensuite je me suis occupé des hommes et des femmes chez EY, ce qui était pour moi un métier à Impact puisque je travaillais sur la fabrique des leaders. En créant Matière à réflexion, mon but n’était pas d’avoir un impact mais de revenir au plus près des individus parce que j’avais trop perdu le contact avec les hommes chez EY, je ne voyais plus les clients. Cependant, j’ai toujours essayé d’avoir un impact tout au long de ma carrière chez EY.

 

Aujourd’hui avec le recul, quelle est la partie de votre vie professionnelle que vous avez le plus appréciée ?

Ce que je peux vous dire, c’est que j’adore ce que je fais en ce moment parce que j’adore être au contact des hommes et des femmes qui décident pour les aider à faire mieux, à respecter les talents sans tomber dans des routines ou des process. J’aime bien les ramener vers leur raison d’être. Mais j’ai aussi l’impression que j’ai toujours aimé ce que je faisais : quand j’étais auditeur, j’adorais mon métier ; quand j’étais DRH monde, j’adorais ça. Je passais du Mexique à l’Australie régler des problèmes de management. Je crois que j’ai vraiment tout aimé. Je ne m’attendais pas à vivre tout ça en sortant de TBS, mais je l’ai toujours vécu en pleine conscience de l’intérêt de ce que je faisais. J’ai vraiment eu l’impression de vivre une carrière exceptionnelle.

 

En parlant de TBS, qu’est-ce-vous a apporté votre expérience à TBS au sein de votre vie professionnelle ?

Pour commencer, je viens de prépa et je suis typiquement l’élève qui a passé deux ans à bosser et qui était donc persuadé d’avoir HEC. J’arrive donc à TBS après avoir loupé les concours et je vis alors une chose sans égale. Je me fais convoquer par le directeur de TBS pendant un cours, on vient me chercher et j’arrive dans son bureau. Il m’explique qu’il a regardé mon dossier et qu’il comprend bien que, normalement, j’aurais du avoir HEC. Il me dit « jeune homme, c’est avec des gens comme vous qu’on fait les pires déçus de la Terre ». Il me laisse alors le choix : faire partie des étudiants qui passent leur temps à la Cave (ancien Foyer) à ressasser leurs échecs, ou prendre mes responsabilités. Il m’a sorti une phrase dont je me souviens encore 40 ans après : « Croyez-moi, si vous bossez dans cette école, dans 20 ans, vos collaborateurs seront des gens d’HEC », et c’est bien le cas aujourd’hui. Je n’en croyais pas un mot à l’époque. Donc, ce que TBS m’a vraiment apporté, c’est avant tout cette corde que m’a lancée le directeur de l’époque. J’étais parti pour faire partie des buses de l’école, et à partir de là, je ravale ma fierté : je rejoins le BDS et m’intègre dans l’école. Je ne le savais pas, mais rater HEC m’a probablement sauvé. Et 20 ans plus tard, tous mes collaborateurs venaient bien d’HEC.

La deuxième chose que m’a apporté l’école, ce sont quelques cours qui m’ont frappé. Très vite, j’ai su que certains cours n’allaient me servir à rien, mais j’ai adoré des cours comme la finance, le management ou les RH. J’ai découvert une prof de psycho inoubliable, qui nous fait découvrir ce que c’est le mal-entendu, ce qu’est la présence physique d’un leader, etc. Ce sont des choses qui m’ont captivé. Enfin, c’est mon prof de finance qui m’a embauché à la sortie de l’école.

 

Pourquoi avoir finalement décidé de revenir à TBS ? Qu’est-ce-qui vous a donné envie de devenir président de TBS ?

Quand j’ai quitté EY, j’ai décidé que je voulais vivre différemment, et notamment de consacrer deux jours par semaine à du bénévolat. Entre autres activités, je me suis mis au service de l’école, pour la fondation et les alumnis. Puis, il y a quelques mois, le président de la Chambre du Commerce (CCI) m’a proposé de prendre la présidence de l’école. Depuis 120 ans, il n’y avait jamais eu un président de l’école qui ne soit pas président de la Chambre. Or, le président de la chambre actuelle considère que l’école est arrivée à maturité, qu’elle est arrivée à un statut indépendant de la Chambre, donc il faut qu’elle ait un président, lui aussi, indépendant de la Chambre. C’est tombé sur moi. Je prends le pari et je vais me donner au maximum pour que l’école en bénéficie. J’aimerais bien que cette présidence ait un impact.

 

Vous soutenez notamment l’accentuation du rayonnement de TBS Education, son ambition de devenir une société à mission et son engagement pour le bien-être pédagogique, qu’entendez-vous par accentuer le rayonnement de TBS ? Quels moyens allez vous mettre en place pour que TBS devienne une société à mission ?

En tant que Président de l’école, mon rôle est d’aider. Je ne suis pas PDG, mais bien Président du conseil. Il y a donc énormément de personnes qui travaillent déjà sur le rayonnement de l’école qui ne m’ont pas attendu pour mettre en place des plans. Je vais donc tout faire pour apporter de la force et du soutien à la direction générale, au corps enseignant, aux alumnis et aux administrateurs. S’il faut faire venir un grand patron, s’il faut réussir à accorder aux étudiants des entretiens dans les plus grandes entreprises, c’est mon rôle de les aider à y arriver.

Nous avons un plan stratégique qui me fait rêver (plus de diversité dans l’école, bien-être pédagogique). Si je devais y ajouter une chose, ce serait le « care » pour former encore plus des dirigeants responsables, oeuvrer dans la diversité d’inclusion et que l’école devienne « The place to be educated ». Si tout cela se fait, alors je considérerai que j’ai réussi le pari.

 

Bien que la RSE et le DD soient placés au coeur de nos enseignements, on entend encore qu’elle est surtout vue comme une contrainte dans le monde professionnel. Qu’en pensez-vous ?

Selon moi, tout cela devrait s’appeler la RE : la Responsabilité des Entreprises. Il est inéluctable que les entreprises soient plus durables. J’ai même la conviction que ce seront les actionnaires qui le demanderont. Dans les années qui viennent, ils vont prioriser les démarches responsables. Les dirigeants vont aussi devoir se préoccuper des hommes et des femmes qui sont à l’intérieur de l’entreprise pour qu’ils puissent être fiers de l’endroit où ils travaillent. De leur côté, les actionnaires ne pourront pas indéfiniment sous-estimer la question du facteur humain. Aujourd’hui, ils investissent aussi de plus en plus dans des entreprises qui respectent les critères sociaux et environnementaux. L’intérêt n’est plus seulement financer, mais aussi d’attirer les talents. Aujourd’hui, les jeunes diplômés sont aussi intéressés par des entreprises qui respectent ces critères et ils n’hésitent pas à partir si les entreprises ne les respectent pas. Je peux vous citer des noms de jeunes qui quittent leur entreprise parce qu’elles ne sont pas responsables, je peux vous citer des noms d’actionnaires qui arrêtent d’investir dans des entreprises qui ne sont pas impliquées dans le DD. La transition est déjà en train de se passer.

 

Nous sommes très sensibilisés à TBS par la responsabilité des entreprises. Est-ce-que vous pensez qu’il est nécessaire de faire plus ?

Je pense que l’école est en avance sur ce sujet. Mon souhait est que l’on soit complètement cohérent sur ce que l’on fait au sein de l’école pour que cette aventure de la responsabilité sociétale soit la vôtre (aux étudiants). Il faut que ce soit dans l’épaisseur de tous les enseignements, de l’image de l’école. Je veillerai à que ce que vous percevez depuis votre fenêtre soit totalement cohérent avec ce qu’est l’école et qui vous aideront demain à naviguer dans le monde professionnel. Dans cette école, on vous prépare au futur et je pense vraiment que, s’il y a un sujet sur lequel TBS est en avance, c’est celui-là.

 

Un dernier mot pour les étudiants de TBS ?

Apprenez, travaillez. Vous avez une école qui mise sur la qualité de vos cours et sur la manière dont vous apprenez. Ne traversez pas cette école sans travailler et sachez que ce qui vous arrivera ne sera pas planifié. Mettez vous en position d’être au courant des choses et ne vous attendez pas à que ce qui arrive soit un plan de ce que vous aurez planifié. Ce qui vous arrivera de plus beau, vous n’y penserez même pas. Il va falloir entendre les bruits que font les gens, même quand vous n’écoutez pas.

Enfin, dans un monde hyper compétitif, ceux qui savent donner sont ceux qui gagneront. N’hésitez pas à donner à des moments où on s’y attend le moins. Les plus belles histoires entrepreneuriales de ces dix dernières années partent d’un geste de bénévolat. C’est d’abord une réponse à un besoin qui n’était pas monétisée, et qui devient ensuite l’idée du siècle. Dans le cadre d’une journée de la Terre, Nicolas Hulot était invité à l’école et avait dit « à la fin, ce qui restera, c’est ce que vous avez donné ».

 

 

 

Par Elise CASADO

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