Rencontre avec Valérie Trierweiler, femme d’aujourd’hui


Publié le 24 mars 2021

Dans le cadre du mois de la femme, Élea, Narjes et Marion ont eu l’honneur et le plaisir d’échanger avec Valérie Trierweiler, journaliste et femme engagée.

 

Le parcours de Valérie Trierweiler

Née à Angers dans une famille modeste, elle quitte sa ville natale pour une licence d’histoire à Nanterre. Elle développe sa passion pour l’histoire en Terminale avec son extraordinaire professeur Madame Boussard. Très curieuse, Valérie Trierweiler s’intéresse aussi à la littérature et voit la lecture comme une échappatoire. Parmi ses rendez-vous culturels immanquables, elle cite les émissions politiques L’heure de vérité et Apostrophe.

Dans son parcours scolaire, elle bifurque vers une maîtrise en information et communication puis effectue un master 2 en communication politique. A l’issue de ses études, elle réalise un stage en 1988, année d’élection présidentielle, dans une agence de communication de crise qui lui permet de rencontrer des personnes du milieu. A 23 ans elle intègre le journal Profession politique et rejoint Paris Match deux ans plus tard.

 

Quelle est la place de la femme dans le monde journalistique et surtout dans le journalisme politique ?

Une carrière journalistique en politique est plus simple pour une femme au démarrage mais son évolution est beaucoup plus complexe lorsqu’elle atteint le plafond de verre. On trouve beaucoup plus de femmes sur le terrain pour récolter des informations auprès des hommes interviewés que dans les postes de direction. La place des femmes dans le journalisme mériterait d’être davantage ouverte aux postes de direction.

Valérie Trierweiler entre d’abord reporter puis grand reporter chez Paris Match. Or ses articles politiques se sont avérés incompatibles avec sa relation avec François Hollande. Paris Match prend la décision de l’écarter de sa rubrique politique en toute logique pour qu’elle se consacre à des chroniques littéraires.  Elle savait que ce choix allait s’imposer à elle et se trouvait tout aussi intéressée par le monde de la littérature.

En parallèle, elle travaille chez Direct 8 et anime des émissions politiques comme Le Grand 8, Politiquement parlant et Portrait de campagne. Pourquoi a-t-elle pu continuer ses activités politiques chez Direct 8 mais pas chez Paris Match ? L’animation d’émissions et la rédaction de chroniques sont deux choses différentes. L’écriture demande plus d’investissement personnel que l’animation. Une sorte d’écran se glisse entre l’animatrice et l’interviewé et impose plus de neutralité que la rédaction, les opinions politiques sont moins saillantes. L’écriture d’un article politique suppose d’y mettre une partie de soi.

 

Pourquoi a-t-elle conservé son activité professionnelle pendant qu’elle était à l’Élysée ? Cette particularité lui a-t-elle desservie ?

Elle a grandi avec l’idée qu’une femme devait être indépendante financièrement ; idée inculquée par sa mère qui la poussa à faire des études dans cette optique.

Elle garde son activité professionnelle lorsqu’elle intègre l’Élysée pour rester indépendante et pouvoir subvenir elle-même aux besoins de ses trois fils. Ce choix surprend et la place comme une première dame moderne. En effet, elle détonne parmi les premières dames puisqu’elle vient d’un milieu moins aisé et poursuit ainsi son activité professionnelle. Ce choix lui a-t-il porté préjudice ? En effet, l’élection de François Hollande a fermé les portes de la présentation d’émissions politiques à Valérie Trierweiler. Or elle a pu continuer d’animer des émissions documentaires ainsi qu’à rédiger ses chroniques littéraires pour Paris Match. Sa chronique a d’ailleurs été davantage mise en avant.

Elle nous raconte d’ailleurs une anecdote en rapport avec sa situation de première dame moderne. Alors qu’elle était première dame, elle se rend dans un magasin avec son fils pour lui acheter des baskets. Au moment de passer en caisse, le vendeur lui demande : « Allez-vous continuer de travailler ?”. Elle lui tend sa carte bancaire et lui dit : “Si je ne travaille pas, qui vous payera ces baskets ?”.

 

Pourquoi ne s’est-elle pas engagée en politique ?

Cette idée lui a parfois effleuré l’esprit or elle admet que le monde de la politique est cruel. Le politicien est sous le feu des critiques car le monde politique est devenu très difficile. Le moindre faux pas devient un énorme buzz et il ne reste plus que cela : il faut aujourd’hui énormément de courage pour s’engager.

Valérie Trierweiler est très engagée dans des associations. Pourquoi ces causes ?

Valérie Trierweiler a vécu une enfance modeste, elle a été aidée par de nombreuses personnes et souhaite aujourd’hui le rendre à ceux qui ont besoin d’être aidés même si elle confie avoir mis beaucoup de temps avant de s’engager.

Elle s’engage auprès de l’association “Secours populaire français” lorsqu’elle arrive à l’Élysée. Cette association agit en France et dans de nombreux pays étrangers. Il est important que la solidarité ne s’arrête pas aux frontières de la France. Elle est aussi marraine de l’association de raids sportifs luttant contre le cancer du sein “Les Fidèles”, tandis que du Refuge, une association soutenant les jeunes homosexuels chassés de leur foyer. Ses engagements suivent une logique femme/enfant. L’idée qu’un enfant naisse avec l’étiquette “0 chance” sur le front lui est insupportable. Pour elle, il est important d’aider un jeune à réussir sa vie et vivre ses rêves. Or certains enfants ne parviennent même pas à avoir des rêves. Elle raconte être allée à la mer avec des enfants qui ne l’avaient encore jamais vue dans le cadre d’une mission du Secours Populaire. Elle fut attendrie par les enfants qui se réjouissaient de la beauté du lieu. Cette association a ainsi permis de donner un peu de rêve à des enfants qui n’avaient encore jamais connu la beauté du littoral.

 

Que reste-t-il à faire pour l’égalité des chances ?

Beaucoup de choses ont été faites. Cela n’est cependant pas suffisant. Il est important de donner de son temps, de parrainer des enfants ou par exemple de donner des cours comme le propose le Secours Populaire. La transmission est un mot qui lui tient à cœur. Selon Valérie Trierweiler, il faut tendre la main aux enfants en leur proposant de découvrir la culture. Le but est d’ouvrir la voie aux nouvelles générations, de donner confiance aux parents et de montrer la beauté aux enfants. Elle encourage tous les jeunes à transmettre et à redonner à ceux qui en ont besoin comme elle a pu être aidée quand elle était jeune.

Enfin, il est important de casser les ghettos en donnant le même enseignement à tous, tout cela en répartissant mieux les différents enseignants.

 

Le conseil de Valérie Trierweiler pour les jeunes qui souhaitent s’engager dans des actions humanitaires / caritatives ?

« Aller vers là où on a envie d’aller, le faire au moment où on le sent et ne pas le faire parce que l’on se sent forcé de le faire » tel est le conseil que Valérie Trierweiler nous a donné. Elle considère n’avoir jamais vraiment fait d’humanitaire sur le terrain mais elle admire les jeunes gens qui se dévouent pour ces causes. Elle nous a notamment rappelé une anecdote d’une rencontre avec une jeune fille en mission humanitaire au Vietnam, qui avait pour but de soigner des enfants victimes de malformations à cause du napalm.

L’humanitaire est une richesse qui permet de découvrir le monde, car il est important de voir de quoi et comment vivent les autres. C’est à travers cette découverte que l’on s’enrichit.

 

Les femmes ont-elles quelque chose à jouer aujourd’hui ?

« Votre génération doit dépasser la culpabilité et le plafond de verre, ce que ma génération n’a pas su faire. »

La première chose à noter est le fait que la question du féminisme aujourd’hui ne devrait plus se poser. Les femmes doivent dépasser la culpabilité, le plafond de verre, la question de la gestion de leur temps et des priorités en tant que femme. Les femmes ne doivent pas agir et se comporter dans une logique de revanche envers les hommes, elles doivent agir en tant qu’égales. Les femmes « n’ont pas le temps de perdre du temps ». Elles vont donc à l’essentiel et ne font pas les choses de la même façon que les hommes, elles agissent de manière plus humaine. S’il y a une chose qu’il faut retenir c’est qu’ « aucun métier ne mérite que l’on sacrifie sa vie privée, ne pas oublier de vivre sa vie et sa vie de femme ». Il ne faut pas oublier l’amour ni la maternité, la vie passe vite.

La vie d’une femme est très concentrée sur une dizaine d’années puisque tout arrive en même temps comme la maternité, la vie amoureuse et professionnelle mais il ne faut pas se laisser submerger et privilégier une direction. La vie de femme n’est pas simple puisque tout se joue au même moment alors vivons pleinement notre vie de femme.

 

« Aller vers là où on a envie d’aller, le faire au moment où on le sent et ne pas le faire parce que l’on se sent forcé de le faire »

« Aucun métier ne mérite que l’on sacrifie sa vie privée, ne pas oublier de vivre sa vie et sa vie de femme »

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