Le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie : mise en lumière sur la situation actuelle


Publié le 16 octobre 2020

Le Samedi 10 Octobre, L’Azerbaïdjan et l’Arménie s’entendaient sur un cessez-le-feu à 12h00. Malheureusement, ce dernier n’a pas duré très longtemps suite à un renvoi d’accusations d’un camp à l’autre concernant sa violation à cause de tirs de missiles. Depuis le 27 Septembre 2020, la région azerbaidjanaise du Haut-Karabakh située à l’Est du pays, proche de la frontière avec l’Arménie et à velléités indépendantistes et séparatistes soutenue par Erevan, se livre à des affrontements meurtriers avec L’Azerbaïdjan. Ce conflit aurait déjà fait environ 400 morts et 70 000 personnes ont dû quitter prématurément la région depuis le 27 Septembre. L’appel au calme par la communauté internationale a été pour le moment partiellement entendu par les deux parties. De plus, beaucoup de puissances qui ont des intérêts dans le Caucase comme la Turquie et la Russie commencent à se positionner au sein de cet échiquier géopolitique complexe : la crainte d’un conflit à plus grand échelle est donc à prendre en compte. Cet article va mettre la lumière sur ce conflit et analyser le rapport de forces entre les diverses puissances impliquées. Négligée ces dernières semaines par les divers médias, il est tout de même important de s’intéresser et de comprendre les raisons de ce conflit.

Dans un premier temps, analysons de plus près l’Histoire de ces deux pays et intéressons-nous à leur situation actuelle.

L’Azerbaïdjan a été fondée en 1918 et a adopté un tout nouveau modèle politique à l’époque : la République parlementaire laïque musulmane. Pendant un temps en 1918, il fût question d’une fusion entre l’Arménie, la Géorgie et l’Azerbaïdjan, qui fût rapidement abandonnée compte tenu des disparités ethniques entre ces trois pays. 23 mois après la déclaration d’indépendance du pays, les blindés russes s’emparèrent de la capitale Bakou et l’Azerbaïdjan devenait une République à part entière de l’URSS jusqu’à sa chute en 1991. Aujourd’hui le pays compte plus de 10 millions d’habitants avec une superficie de 87000 km² et une ouverture maritime sur la Mer Caspienne. Le président Ilham Aliyev a succédé à son père en 2003 et a été réélu président en 2018 pour un quatrième mandat avec plus de 86% des voix. En 2019, son PIB – dont l’industrie participe à 52% de la croissance – avoisinait 48 milliards de dollars et le pays bénéficie de ressources pétrolières et gazières.

L’histoire de l’Arménie s’étale sur des siècles. De l’Empire perse en passant par les Byzantins puis les Turcs, le pays a traversé les siècles et les différents Empires. Au début du XXè siècle, la diaspora arménienne occupait une majeure partie de la Turquie actuelle mais dès 1915, les accusations de trahison à l’encontre de soldats arméniens et les violences démultipliées des Turcs envers les Arméniens donnèrent la mort à plus d’un million d’entre eux, soit la moitié de la population présente en Turquie :  ce fût l’un des premiers génocides de l’Histoire, toujours pas reconnu par la Turquie. Le traité de Sèvres signé en 1918 donna à l’Arménie un territoire, cependant, en 1920, les troupes emmenées par Mustapha Kemal et appuyées par les bolcheviks envahissaient le nouveau pays. Le traité de Sèvres ne fût jamais appliqué et remplacé par le traité de Lausanne signé en 1923 qui conçoit l’annexion par l’URSS de l’Arménie : elle devient une république fédérale. A la chute de l’URSS en 1991, le pays retrouva son indépendance. Aujourd’hui l’Arménie est une République Parlementaire dont Armen Sarkissan est le Président depuis 2018. En 2017, le PIB du pays est estimé à 11milliards de dollars dont 52% est issu de l’activité tertiaire. La population arménienne ne dépassait pas les 3 millions d’habitants en 2016 et elle est à majorité chrétienne.

Revenons 30 ans en arrière pour mieux comprendre les racines de cette discorde. Dés 1991 et la dissolution de l’URSS, la région du Haut-Karabakh rattachée à L’Azerbaïdjan, dont la majorité de la population est d’origine arménienne, demandait plus d’autonomie. Bakou a répliqué en supprimant son statut spécial d’autonomie. Un vent de révolte souffla dans la région, qui  s’autoproclama indépendante. Depuis 1988, les combats entre les séparatistes et les forces armées azerbaïdjanaises s’intensifièrent et en 1993, une partie de L’Azerbaïdjan fût occupée par les forces armées arméniennes. Un cessez-le-feu fût proclamé en 1994. Depuis 1988, plus de 15 000 personnes ont été tuées et 1 million de personnes ont été déplacées. D’une part, l’Azerbaïdjan considère l’Arménie comme un pays « agresseur » qui occupe militairement 20% de son territoire, mais d’autre part l’Arménie est le seul pays à reconnaître l’indépendance du Haut-Karabakh dont le budget est alimenté à plus de 40% par les subventions arméniennes. Plus de 150 000 personnes vivent à ce jour dans cette région.

Aujourd’hui, nous pouvons résumer le conflit à l’aide de cette infographie tirée du journal Le Monde: `

comprendre le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaidjan

Depuis maintenant à peine moins d’un mois, le quotidien des habitants de la région du Haut-Karabakh est rythmé par de multiples bombardements et tirs de roquettes.  Les points stratégiques comme les centrales électriques deviennent des cibles afin de paralyser le pays. Le 2 Octobre, l’Azerbaïdjan a tiré 2 missiles balistiques en direction d’une centrale nucléaire arménienne mais ils ont été interceptés par des complexes anti-aériens russes. En réponse à cette agression, l’Arménie tente de détruire la plus grande centrale hydroélectrique du Caucase située en Azerbaïdjan, celle de Mingatchevir. La destruction de ces deux complexes pourrait amener à une montée des tensions et à des catastrophes écologiques sans précédent.

Malgré un cessez-le-feu assez fragile obtenu Samedi dernier, chacun des deux pays se vante et contredit les données de l’autre concernant le nombre de soldats ennemis tués. La situation est tellement tendue qu’un couvre-feu et la loi martiale ont été décrétés dans plusieurs grandes villes azerbaidjanaises. Ce conflit nous montre aussi le poids des réseaux sociaux qui sont utilisés par les séparatistes pour glorifier leurs victoires et pour diffuser leur message à la communauté internationale soit l’indépendance du Haut-Karabagh. Selon eux, déclarer l’indépendance de la région est le seul moyen d’arriver sur le long terme à une paix durable. Quant à l’Azerbaïdjan, il gonfle ses rangs militaires avec plus de 100 000 soldats mobilisés dont certains sont des mercenaires syriens à la solde de la Turquie. Le pays déclarait réfléchir éventuellement à un cessez-le-feu à la seule condition de retrouver ses territoires occupés par les forces arméniennes.

Plusieurs pays annexes sont aussi impliqués indirectement dans ce conflit. En effet, les pays médiateurs comme la Russie, Les Etats-Unis et la France ont demandé un cessez-le-feu immédiat obtenu après plus de dix heures de négociation. La France soutient l’Arménie car les 2 pays sont membres de l’Organisation Internationale de la Francophonie et peut faire pression sur l’Azerbaïdjan par des moyens économiques. Soutenue par l’Union Européenne, la France peut demander le gel des avoirs de la famille Aliyev qui proviennent avant tout de l’argent du pétrole. La Russie quant à elle n’intervient guère dans ce conflit car elle est liée par un traité militaire à l’Arménie et ne veut pas perdre le peu d’influence qui lui reste en Azerbaidjan. La Turquie soutient de manière claire et avérée l’Azerbaidjan de par leur proximité culturelle, mais elle reste encore à l’écart compte tenu de nombreuses tensions déjà existantes avec les pays voisins comme la Grèce, et l’arrivée imminente de nouvelles élections en 2023. Erdogan pousse clairement Ilham Aliyev à faire la guerre. D’autres pays proches du conflit surveillent la situation comme l’Iran qui a menacé de répliquer en cas de violation de sa frontière ou encore la politique israélienne qui reste quant à elle floue car le pays est accusé par les rebelles séparatistes d’avoir vendu des drones militaires à l’Azerbaïdjan.

Ce conflit qui dure maintenant depuis plus de 30 ans reste difficile à comprendre et l’issue est incertaine. Bien que les capacités militaires de l’Azerbaïdjan restent nettement au-dessus de celles de l’Arménie, le conflit s’enlise compte tenu du terrain montagneux et difficile. La Turquie pourrait sortir vainqueur de ce conflit si l’Azerbaïdjan ne gagne pas rapidement la guerre car elle pourrait renforcer son influence dans ce pays.

Gui 2 c’est carré

 

SOURCES

https://www.lemonde.fr/international/article/2020/10/10/haut-karabakh-azerbaidjan-et-armenie-s-accordent-sur-un-cessez-le-feu-a-partir-de-midi_6055515_3210.html

https://www.notre-planete.info/actualites/4700-centrale-nucleaire-Metsamor-Armenie-guerre-Azerbaidjan

https://www.lexpress.fr/actualite/monde/tout-comprendre-au-conflit-entre-l-armenie-et-l-azerbaidjan-dans-le-haut-karabakh_2135653.html

https://www.francetvinfo.fr/monde/armenie/le-conflit-entre-l-armenie-et-l-azerbaidjan-est-une-question-de-vie-ou-de-mort-pour-les-habitants-du-haut-karabakh_4123755.html

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/azerbaidjan/presentation-de-l-azerbaidjan/

https://www.revueconflits.com/azerbaidjan-caucase-urss-gil-mihaely/

https://www.axl.cefan.ulaval.ca/asie/armenie2-HST.htm

https://www.i24news.tv/fr/actu/israel/diplomatie-defense/1602416379-un-leader-armenien-accuse-israel-d-etre-complice-de-la-guerre-genocidaire-menee-par-l-azerbaidjan

 

 

 

2 Commentaires

  1. couz1

    propre propre le zin. T’es carré comme le nord de la carré

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  2. Zinédine

    Gui2 tête de noeud

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