Dialogue de chefs.


Publié le 18 juin 2020

2 ans et demi. C’est le temps qu’aura duré le « nouveau monde » de Macron. Même si beaucoup le voyait déjà mort, la crise du coronavirus lui porte un coup mortel et confirme la réalité de ce qu’est la Macronie. Retour sur ces années au pouvoir sous forme d’un dialogue fictif entre Macron, Charles De Gaulle, Napoléon et Jeanne d’Arc.

Avril 2020, Emmanuel Macron sort d’une énième réunion ministérielle sur la crise du Covid-19. Il traverse les couloirs de l’Elysée et soudain dans le salon des Portraits il tombe sur trois personnages en costume, facilement reconnaissables : Charles De Gaulle, Napoléon Bonaparte et Jeanne d’Arc. La surprise est grande, mais le temps semble comme suspendu et d’ailleurs s’installe une atmosphère particulière. Le président n’a pas l’air si étonné de leur présence, s’en suit un dialogue entre ces protagonistes. En voici quelques précieux passages.

« Je suis très troublé de vous retrouver ici chez moi au cœur de la République, commença le président.

– Comment cela chez vous ? rétorqua Napoléon. Ce palais fut construit la République n’existait même pas !

– Sans compter que j’y ai passé bien plus d’années que vous n’y resterez, ajouta le général sur un ton mi-amusé mi-bienveillant.

– A vrai dire, je suis étonné de vous rencontrer, vous êtes des modèles, je me compare souvent à vous et vous êtes moins impressionnants en face que dans l’imaginaire, ajouta le président comme pour se défaire du poids de l’histoire et de ses propres fantasmes les plus fous.

– Mais Emmanuel, vous comparer à nous ? commença Jeanne. Nous avons tous sauvé la France d’un destin tragique, nous nous sommes battus pour elle au risque de mourir, nous avons toujours eu pour idéal cette France que nous mettions au-dessus de tout sauf de Dieu. Et voilà que vous, petit président de la Ve République vous vous comparez à nous ? Qu’avez-vous accompli ? railla-t-elle.

– Vous avez mis cette France dans la rue, à genoux, à feu. Et la voilà dans une nouvelle crise où nous voyons bien que la France a perdu de sa splendeur, vous n’êtes même plus capable de gérer convenablement ce pays alors que vous avez un ennemi invisible ! renchérit Napoléon. Moi j’ai combattu sabre au clair, dans le sang et la poudre pour relever ce pays, moi j’ai consacré ma vie pour elle quitte à y mourir. Moi je l’ai défendu seul face à l’Europe cette Nation pour lui permettre de réussir sa Révolution. Et vous ? vous osez vous comparer à nous ? Tout simplement parce que vous habitez un beau palais doré et que vous êtes escorté par la garde républicaine ? Même cela n’est pas de vous ! ajouta Napoléon plein de fougue.

– Je vous trouve très dur, répondit Macron, sachez que j’ai à cœur d’accomplir la tâche qui m’est donnée. Parfois tout ne réussit pas et je suis ouvert à la critique, je l’entends et je vous comprends comme je comprends d’ailleurs les Français. Mais il faut faire des réformes, parfois, elles paraissent difficiles mais elles finiront par ramener l’unité républicaine que nous chérissons tous, d’ailleurs… il fut soudainement coupé par De Gaulle.

– Oh bon Dieu Emmanuel, épargnez-nous vos éléments de langage. Aux journalistes, mais pas à nous ! dit-il agacé. Même les Français ne supportent plus ce jeu de petites phrases, de lyrisme dans les discours et d’inaction derrière !

– Vous commencez à m’agacer ! lança Macron. Et vous ? L’Algérie, les grands discours télévisés, ce sont également des éléments de langage !

– Mais mon cher Emmanuel, la différence entre vous et moi, c’est que j’étais capable de discours mémorables suivis d’actions. Je ne faisais pas du charabia pour combler un vide qui servait à cacher une chienlit ! Et vous Emmanuel, vous seriez prêt à mettre votre mandat aux mains des Français ? Même à 13% de popularité votre génération reste au pouvoir ! Voilà ce que vous avez fait de ma Ve République, une espèce de bureaucratie de privilégiés qui n’a même plus de lien avec le peuple !

– J’ai compris, j’ai compris, lança-t-il visiblement blessé. Vous ne me croyez pas à la hauteur, vous critiquez de votre position d’observateur, c’est simple, mais moi je suis aux commandes et j’hérite de ce que l’on m’a laissé. Allez-vous plaindre de Sarkozy et d’Hollande.

– Emmanuel, vous allez aussi nous faire ce coup de lâche ? questionna Jeanne. Remettre la faute à un autre pour se donner bonne conscience et mieux assumer une mauvaise gestion ? C’est bien là encore plus tordu que la perfide Albion… Et pourtant je l’ai connue de près.

– Et moi donc, ajouta Napoléon, une pointe de nostalgie dans la voix.

A ce moment, Macron rumine, il marche vers la fenêtre, puis vient s’asseoir. Pourquoi le fustigent-ils qu’a-t-il fait de si mauvais ? Il a quand même réussi à devenir dirigeant de la France, n’est pas suffisant ?

– Moi je l’ai fait, j’assume la charge du pouvoir sur mes épaules.

– Vous voyez Emmanuel, il y a une différence qui marque nos époques. Nous, nous voyions le pouvoir comme un point de départ, un moyen d’arriver à notre fin qui était la grandeur de la France, commença Charles De Gaulle. Vous vous voyez le pouvoir comme une fin. Comment voulez-vous travailler pour la France dans ces conditions ?

– Mais je travaille pour la France, il y a plus de réformes que sous le précédent quinquennat.

– Vous ne saisissez donc pas ? demanda Jeanne d’Arc. Le nombre n’a jamais été gage de qualité. Nous aussi avions réformé, mais c’était spectaculaire dans le sens où cela a apporté de grands changements pour le pays. Ce furent des réformes utiles. Vous, vous réformez en défendant les intérêts de certains et en méprisant le reste du peuple. On ne sert jamais la France en méprisant le peuple ! La France, c’est un ensemble, un tout.

– Vous voyez bien ! Vous venez d’énoncer que vous étiez des réformateurs. Vous êtes la preuve que le progressisme a du bon.

– Vous confondez tout monsieur le président, rétorqua immédiatement Napoléon. Vous confondez progressisme et progrès, vous confondez Nation et démocratie, vous confondez social et socialisme, vous confondez peuple et foule… et le plus grave, vous confondez France et République ! Nous n’étions pas des progressistes monsieur, nous étions des serviteurs de la France pour sa gloire, son Histoire et son prestige. Nous avons fait des réformes, mené des actions ou des batailles parce qu’il était nécessaire de le faire pour sauver la France ! En soi, nous sommes des conservateurs dans le sens où nous voulions faire traverser la France dans l’Histoire et pouvoir transmettre la totalité de ses valeurs aux générations à venir. Et vous ? Qu’avez-vous fait pour elle ? Vous vous dîtes progressiste, vous avez écrit « révolution », vous annoncez sur tous les toits que le nouveau monde est arrivé, et en fait vous avez simplement déconstruit la France, toujours un peu plus, chaque jour un peu plus !

– Vous brisez tout, l’Histoire, la Nation, la culture. Je suis à peine étudiée, voire jamais, renchérit Jeanne d’Arc, et qu’en est-il de Napoléon ? Vous apprenez à le détester à l’école ! Le monde entier est subjugué par la grandeur de ce personnage, un seul pays y est hostile, c’est la France… et je ne parle pas de Charles De Gaulle. Où sont les traces de ses faits d’arme dans les manuels, de sa grandeur, de son énergie et de son caractère si exceptionnel ? Tout ce que vous apprenez aux Français c’est l’Algérie, l’Algérie et l’Algérie ! D’ailleurs vous ne leur apprenez que la misère, la guerre, les erreurs. Vous vous rendre les Français honteux de leur héritage, honteux de leur Histoire pour mieux déconstruire cette Nation.

– Mais vous vous méprenez sur la France, continua Charles De Gaulle. Même brisée, même humiliée, pillée ou détruite, la France renaît toujours. Il y aura un jour où elle pensera toutes les blessures que vous lui avez infligé, un jour où un homme ou une femme surgira pour la sauver. Mais cette personne ce n’est pas vous. Votre seule réussite est d’avoir fait de la France un pays qui a besoin d’aide humanitaire chinoise pour gérer une crise… Un pays qui possède l’arme nucléaire, par la politique que j’ai mené d’ailleurs, mais qui est incapable de produire des masques, ou des tests… Voyez-vous cher ami, j’avais des pensées sombres en voyant la France dans les années 1940 et 1950. Je peux maintenant vous assurer qu’elle n’a jamais été autant à la portée des vautours.

– Vous m’êtes pénibles ! répondit Macron en haussant le ton. A vous entendre tout est simple ! Il n’existe pas de formule magique, vous avez réussi sur des coups de chance, si c’est si simple, donnez-moi la raison !

– Vous ne comprenez pas, dit Napoléon. Le problème c’est que vous méprisez la France, vous détestez son peuple et vous enterrez son Histoire. Soyez responsable, aimez la France plus que votre femme, aimez votre peuple plus que vos enfants et protégez votre Histoire plus que votre or, et je vous assure que vous ferez des merveilles pour celle-ci ! Voyez-vous, la France n’est pas une chose sur laquelle on fait tout et n’importe quoi. La France est fragile et précieuse, mais il faut la manier fermement, diriger la France c’est comme boire dans un verre en cristal avec un gant de fer.

– La France n’est pas une idéologie, on ne la sert pas pour ses intérêts ou pour mettre en avant des petites philosophies de bas étage, continua Jeanne. La France est sacrée, or ce que des hommes ont mis mille ans à construire, vous êtes capable de le défaire en quelques mois. Vous voulez même à tout prix entrer dans l’histoire et faisant fi des traditions vous êtes capable de remettre debout en 4 ans ce qui a été fait en 107 années. Votre haute vision de vous-même vous compare à Jésus ?

– Très bien j’ai compris ! J’ai compris ! Laissez-moi ! Laissez-moi ! Je vous préfère encore dans les livres, laissez-moi tranquille ! hurla-t-il. »

A cet instant, il se réveilla, assis dans un fauteuil du salon des Portraits. Combien de temps avait-il dormi ? Il lui semblait que des heures s’étaient écoulées, et pourtant d’après sa montre il n’y avait qu’une minute qui séparait la sortie du conseil de cet instant précis. Il se releva, retourna au travail, l’air un peu perturbé. Puis il se ressaisit, secoua la tête comme pour écarter un tourment. Il avait du travail, une réforme des retraites à conduire, des pays à faire intégrer à l’Union Européenne et des masques à commander à la Chine.

A. B.

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