Mayotte, un défi d’Outre-mer


Publié le 17 juin 2020

Mayotte, avec ses plages et ses cocotiers, est malheureusement de plus en plus boudée par les touristes. Passé par toutes les étapes administratives, le groupe d’iles situé dans l’archipel des Comores est devenu le dernier territoire d’Outre-mer a avoir acquis le statut de département français, grâce à un référendum local en 2009. Une aubaine à l’époque, qui soulève de nombreux problèmes aujourd’hui. La situation économique de Mayotte, en tant qu’ancienne partie des Comores, reste alarmante, même 11 ans après avoir été officiellement déclarée comme département français. Son PIB/hab de 11448$ en 2014 en fait la région la plus pauvre d’Europe. Le taux de chômage est relativement élevé du fait des nombreuses activités non-déclarées et de l’incapacité de l’administration française à y faire face. Pour couronner le tout, sa situation insulaire en fait un département dans lequel tout ou presque est importé, faisant grimper les prix à un niveau phénoménal. Cependant, la situation de pauvreté d’une grande partie des habitants de l’archipel s’explique surtout par sa structure sociale. En effet, Mayotte fait face à une crise migratoire que l’Etat français a bien du mal à enrayer : de nombreux comoriens, notamment des femmes enceintes, viennent illégalement sur le sol mahorais en espérant profiter du droit du sol grâce à leurs enfants. En 2019, 48% des résidents de Mayotte étaient étrangers, dont une immense majorité de Comoriens (environ 95%). Cette situation a conduit à un fort déséquilibre démographique : 1 mahorais sur 2 a moins de 17 ans, rappelle l’Insee. Parmi eux, on considère qu’il y a environ 5000 mineurs isolés, souvent des étrangers dont les parents ont été renvoyés dans leur pays d’origine.

Malgré cela, le solde migratoire de Mayotte reste négatif du fait des nombreux départs des jeunes mahorais pour la métropole. Les raisons sont multiples : la poursuite d’études, la recherche d’emploi, ou tout simplement le manque de reconnaissance. Nombreux sont les habitants qui déplorent une pénurie importante en termes de services publics, dans un archipel où les fonctionnaires restent rarement plus de 4 ans. Un turnover qui aggrave l’instabilité des services publics, notamment dans l’éducation et les forces de l’ordre, où les défis sont conséquents. Mayotte connait une recrudescence de la violence ces dernières années, notamment des affrontements entre jeunes, et les tensions entre mahorais et comoriens restent vives. Avec son statut de française parmi les Comores, Mayotte est donc « à la fois trop riche et trop pauvre » (RFI) et sa situation reste aujourd’hui problématique. En 2018, E. Macron a tenté une percée en 2018 avec une loi qui a fait polémique : Mayotte est à ce jour le seul département français dans lequel le droit du sol est limité. Un enfant né de parents étrangers ne sera considéré comme français seulement si ces derniers peuvent justifier d’un certain temps de présence à Mayotte avant la naissance de cet enfant. Un an et demi plus tard, le bilan semble mitigé : l’insuffisance des contrôles ne permet pas à la loi d’être appliquée correctement et les arrivées clandestines restent nombreuses. Malgré un cadre idyllique, le département ne parvient plus à attirer les métropolitains pour les vacances, qui lui préfèrent des régions moins incertaines. Reste à savoir si les tensions peuvent s’apaiser à quelques semaines des municipales, dans un département où le Rassemblement National est arrivé en tête aux européennes, en réponse aux défaillances des promesses du gouvernement.

Marie-Esther Duron

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