La mort d’une nation


Publié le 16 juin 2020

La semaine dernière, nous apprenions avec grande joie que de preux chevaliers blancs vinrent
mettre un terme à un acte des plus dangereux et des plus inquiétants pour la République : la crèche vivante
de Toulouse. Heureusement que ces braves gaillards emplis de courage sont venus disperser les jeunes
fachos d’une dizaine d’années afin de protéger les valeurs démocratiques. Tout cela bien évidemment dans
le calme, la courtoisie et le respect. Quelles grandes valeurs que de se cagouler à 50 ans pour poursuivre
des méchantes mamans avec leurs poussettes en leur criant des phrases de tolérance et de paix comme : «
stop aux fachos ». Je me sens tout de suite mieux en apprenant cela et je suis heureux que mes valeurs
républicaines et françaises aient été si noblement défendues. Heureusement qu’ils ont combattu avec
fermeté l’héritage de 2000 ans de traditions qui nous rappelle que Noël est une fête de paix et d’amour. Je
suis soulagé de voir que le gouvernement n’a absolument pas réagi, montrant sa grande tolérance et sa
grande magnanimité envers tous les citoyens.

Cessons l’ironie ici, car la situation est bien plus grave qu’on ne le perçoit. Cet acte, qui peut sembler
anodin dans un pays qui connait des violences régulières depuis 2015, est en fait révélateur d’un grand mal.
La déconstruction de ce qui a toujours fait la France : la Nation. Avant toute réaction, prenons le soin de
rappeler ce qu’est la Nation. Ernest Renan la définit comme : « Une nation est une âme, un principe
spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une
est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs
; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir
l’héritage qu’on a reçu indivis ». L’intérêt ici est placé sur le « principe spirituel ». Il y a une entité
supérieure qui nous dépasse, qui traverse les temps et qui façonne la nation France. Ce principe
aujourd’hui tend à disparaître et cela se ressent factuellement.

Nombreux sont les penseurs de France à s’opposer au « progressisme » qui rase et détruit toute
culture, ou en tout cas la culture française. La semaine dernière, lors du discours de la Vertu à l’Académie
Française, Alain Finkielkraut dénonçait « un nouvel ordre moral » qui s’impose à nous. Roméo Fratti
déplorait également la perte de l’héritage culturel de la France. Je pourrais citer ici Michel Onfray
également. La perte de nos cultures et nos traditions conduit inexorablement à la défaite de la Nation et à
l’archipel français si bien décrit par Jérôme Fourquet. – Je prends bien soin de citer des auteurs de gauche
afin de ne pas choquer les jeunes âmes conquises par le nouvel ordre moral. –

Evidemment la théorie est facile, mais vérifions les actes. La nation permet d’unifier un pays, c’est
ce qui fait battre le cœur d’un Etat et lui permet de conserver une unité, et en ce moment nous pouvons
voire le délitement du pays – aveugles sont ceux qui affirmeront le contraire – sur fond de tensions sociales.
Les chiffres sur les violences sur les pompiers ont explosé, la délinquance se fait plus forte, les incivilités
dans les transports augmentent, les violences en région parisienne augmentent. La haine entre citoyens se
fait souvent sentir : les réseaux sociaux, les médias, la rue. L’impression est donnée que la France est un
lieu où se situent des individus très différents qui ne veulent pas vivre ensemble. Caractéristique de
l’absence de la nation. Pourtant rassembler la nation n’est pas difficile.

En effet, le nouvel ordre moral en France cherche à faire disparaître toute trace de l’Histoire
de France qui puisse être glorieuse. Qu’apprenons-nous à l’école de l’histoire de France ? Napoléon III
est un inconnu. Seuls Louis XVI et Louis XIV sont enseignés, à la limite Henri IV. Qui sont Richelieu,
Jeanne d’Arc, Saint Louis, Louis VII ou Philippe Ier ? Qu’a fait Napoléon pour la gloire de la France mis
à part le Code Civil et la Légion d’Honneur ? Que sait-on de la construction de la France ? En réalité
rien. Il n’y a aucune allusion à l’histoire glorieuse de France. On essaye d’enseigner aux élèves que la
France c’est 1789, 1905 et 1968. Hors de ces trois dates, il semble que la France n’existe pas. Et pourtant, son
histoire est riche d’enseignements. Pourquoi la France est pleine de châteaux et d’églises ? Comment la nation
et l’Etat se sont constitués en France ? Pourquoi la France a son territoire actuel ? Quelles sont toutes les
grandes mesures prises dans l’histoire qui ont conduit à la France d’aujourd’hui ? Car les mesures existent
depuis bien longtemps en France et contrairement à l’image répandue dans la pensée commune, la
monarchie et le Moyen-Age ne sont pas des périodes sombres, reculées et sans savoir. La France ce n’est pas
que la République et la Révolution. March Bloch disait avec justesse : « Il est deux catégories de Français qui ne
comprendront jamais l’histoire de France, ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims et ceux
qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération.
Peu importe l’orientation présente de leurs préférences. Leur imperméabilité au plus petit jaillissement de l’enthousiasme collectif suffit à les condamner. ». Il faut se souvenir que la France compte la Révolution mais aussi 1500 ans de catholicisme et de monarchie, des empires…

Malheureusement la perte de l’histoire, le rejet des traditions et de la culture posent un grave
problème. De tout temps les habitants de la France étaient fiers de leur pays et considéraient qu’il y avait
plus grand qu’eux : l’Etat, la Nation, Dieu. Ce sont pour ces valeurs qu’ils se battaient pour défendre leur
pays face à l’envahisseur anglais, allemand… Mais qu’en sera-t-il demain s’il faut à nouveau défendre la
liberté et vaincre un totalitarisme ? Qui ira combattre pour la France parmi tous ceux qui la rejettent, qui
rejettent son histoire, son existence, sa culture, ses traditions ? Un regard sur l’armée nous montre la
présence d’un vrai collectif soudé autour de traditions, d’héritage et de culture. Certains contestent
l’armée, ou la dénonce comme place de « fachos ». Mais ces hommes donnent leur vie pour la France et
pour la vie des autres. Heureusement que ces « fachos » sont là pour aller chercher des otages, combattre

le terrorisme et protéger les citoyens. L’analyse du général Pierre de Villiers converge dans ce sens, l’unité
passe par des passions communes, de l’échange et de la transmission de valeurs.

La perte de toutes ces valeurs est aussi à l’origine de la situation politique actuelle. Il semble
en effet qu’un Alzheimer collectif touche nos politiciens et particulièrement chez le groupe LREM.
Ferrand, Bayrou, Delevoye, De Rugy… La liste est longue, et le nombre record de démissions nous
rappelle bien que Macron est le chevalier blanc de la transparence et du nouveau monde. Sans oublier
que la peine des Français semble bien loin de la conscience de ces hommes. Si la nation était solide, si
chaque français apprenait à aimer la France de tout son cœur et de toute son âme, nous aurions des
gouvernants qui ont la même vision que Richelieu, Napoléon ou De Gaulle, c’est-à-dire la France et les
Français d’abord.

C’est aux Français de réagir, de se saisir à nouveau de ce qui leur appartient : l’histoire, la
culture et la démocratie. Prenons garde aussi à bien comprendre les actes que nous posons. Bossuet
disait à cet effet : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. ».
En cette période de Noël il est bienvenu d’accueillir à nouveau l’espoir et la lumière du monde afin de
renouer avec notre héritage et de reconstruire la nation. La France n’en sera que plus forte.

A. B.

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