Le mégot, nouvel ennemi public


Publié le 18 septembre 2018

Les mégots ne polluent pas que vos poumons… ils constituent aussi la première source de déchets mondiale et le 3ème déchet le plus mortel dans les océans.

Non seulement ces deux centimètres de plastiques envahissent par milliards les rues, mais il n’existe pas de réglementation à l’échelle de la planète pour leur élimination. C’est pourquoi une grande partie finit dans les mers et océans. Des scientifiques, universitaires, activistes écologiques et politiques ont décidé de se regrouper au sein de la Cigarette Butt Pollution Projet, une société à but non-lucratif qui tente de recentrer le combat pour s’attaquer à ce problème. Leur objectif : faire interdire les filtres à cigarettes aux États-Unis, et partout ailleurs dans le monde.

5 600 milliards de mégots

Les filtres des cigarettes ont été ajoutés dans les années 1950 pour réduire le taux de goudron et de nicotine dans les cigarettes. Le message de l’époque de l’industrie du tabac ? Les cigarettes avec filtre sont moins dangereuses pour la santé. Au final, cela s’est révélé totalement faux : les fibres de plastique dont sont constitués ces filtres sont dangereux pour la santé.

Un filtre : 2 cm et 4000 substances toxiques dont de l’arsenic, des métaux lourds, du goudron… A cause de tous ces composants chimiques, les filtres à cigarettes se dégradent très lentement (un à deux ans en moyenne). Et l’un de ses composants, l’acétate de cellulose, est un plastique qui met plus de dix ans à se décomposer ! Selon la Cigarette Butt Pollution Projet, la majorité des 5 600 milliards de cigarettes fabriquées chaque année sont dotés de ces filtres, et les deux tiers finissent dans la nature. Si l’on ajoute à cela le fait qu’un seul mégot peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau, l’ampleur du désastre est évidente. Autre exemple : ces 32 dernières années, 32 millions de mégots ont été ramassés sur les plages du monde.

En France, ce sont entre 30 et 40 milliards de mégots qui sont jetés chaque année, soit environ un millier par seconde. D’après le ministère de la Transition écologique, plus de 40% de ces détritus se retrouveraient dans la nature.

Un mégot, c’est jusqu’à 500 litres d’eau pollués.

Le recyclage des mégots, un problème fumant

Des initiatives se sont développées un peu partout en France pour organiser la collecte des mégots dans les villes. GreenMinded a par exemple mis au point la Borne to Recycle, un cendrier connecté destiné à lutter contre la pollution des mégots. Cette borne n’est pas qu’un simple cendrier mais un dispositif connecté qui affiche une question sur un écran. L’utilisateur peut y répondre en glissant son mégot dans l’un des deux trous situés en dessous. Le plus de la Borne to recycle, c’est de faire aussi de la collecte de données. Chaque fois que l’utilisateur jette son mégot dans la borne et répond à la question, il accumule des points sur une cagnotte virtuelle. Ils sont ensuite crédités à une association de protection de l’environnement ou de lutte contre le tabac.

La sensibilisation sur le sujet émerge : plusieurs villes comme Paris, Lille ou Cannes sanctionnent déjà par une amende les jets de mégots dans la rue. Le gouvernement a aussi annoncé la possible mise en œuvre d’une « écocontribution » visant les fabricants de cigarettes et servant à payer la dépollution et le ramassage. La ville de San Francisco a quant à elle imposé une « taxe de détritus » de 0,20$ par paquet vendu dans la ville.

Finalement, ce n’est pas tant la collecte qui pose problème, mais le recyclage de ces petits déchets aux énormes répercussions environnementales. Bourrés de près de 4000 substances chimiques, les filtres sont difficilement recyclables. Oubliés alors les plastiques de jouets, les films alimentaires … Mais alors que faire de ces mégots une fois collectés ?
Avant de pouvoir être recyclés, les mégots doivent être « dépollués » : en France, des entreprises comme EcoMégot ou MeGo ont commencé à s’attaquer au problème, et ont déjà recyclé plus de quatre tonnes de mégots (10 millions de filtres) grâce à un processus de broyage et de lavement dans des bains d’eau en circuit fermé. Un petit geste, néanmoins très loin d’être suffisant au niveau mondial.

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