Top 5 des films de science-fiction : un article du pôle ciné des Track’n’art


Publié le 25 novembre 2016
Après t’avoir fait vibrer avec nos meilleurs recommandations sur le cinéma d’horreur, les TNA reviennent te proposer leur nouveau TOP 5 dédié aux films de Science Fiction. Tu pensais avoir fait le tour en regardant Star Wars ? Détrompe-toi, la SF est un genre aussi large que complexe et il est venu le temps pour toi d’explorer cet univers futuriste qui traverse les époques. Ci-dessous, une liste non exhaustive des films méritant d’être vus et qui hélas n’ont pas pu être retenus dans notre TOP 5.
Brazil (Terry Gilliam), Minority Report (Steven Spielberg), Solaris (Andreï Tarkovski), Stalker (Andreï Tarkovski), The Island (Michael Bay), Bienvenue à Gattaca (Andrew Niccol), Matrix (Andrew & Larry Wachowski), La planète des singes (Tim Burton), Origins (Mike Cahill),Le Transperceneige (Bong Joon-ho), Le Cinquième Élément (Luc Besson), Interstellar (Christopher Nolan), Le fils de l’homme (Alfonso Cuarón), Star wars (George Lucas), Her (Spike Jonze)
N’hésitez pas à donner vos suggestions en commentaires !
 
1 – 2001, l’Odyssée de l’espace, Stanley Kubrick (1968) avec Keir Dullea, Gary Lockwood
Parce qu’un TOP 5 sans Kubrick, c’est comme un OB sans navettes retour, impossible de passer à côté de ce qui est à ce jour considéré comme le film de science fiction le plus sybillin jamais réalisé ! Séparé en 4 parties, ce film est un mélange incroyable de méditations sur l’humanité, l’évolution, la métaphysique mais aussi l’intelligence artificielle. Écrit dans un contexte de course à l’espace en pleine guerre froide, cette odyssée est celle de l’Homme face à l’infini qui s’offre à lui, si près et inatteignable. Dans une obscurité rythmée par Le Beau Danube Bleu, les vaisseaux flottent dans le néant, se mouvant aux rythmes des valses de Vienne. Si le réalisateur a toujours refusé de donner une version à la fin de son film c’est justement pour entretenir ce sentiment d’abandon qui hante le spectateur, l’impression que malgré les innombrables avancées scientifiques, notre rationalisme se heurte également à une finitude rendant impossible la compréhension de notre univers. Et si l’acceptation de notre échec à tout savoir était la condition d’accès à cette éternité symbolisée par le trajet quasi onirique et psychédélique réalisé par le cosmonaute à travers la galaxie ? Du premier singe, maniant l’os, au robot HAL, apogée de la science et de l’ingéniosité de l’Homme, l’Odyssée de l’espace vous transportera aux quatre coins de la Galaxie où se retrouve inlassablement ce monolithe que rien ni personne ne semble pouvoir expliquer : une preuve de vie extraterrestre pour certains, un signe manifeste de l’existence de Dieu pour d’autres, libre à vous d’interpréter ce chef d’œuvre dont l’écho résonne encore aujourd’hui avec des films comme Interstellar !
Anecdote : Grand méloman, Kubrick puise dans le répertoire classique afin de donner une âme à son film : Strauss Wagner, Katchaturian ou encore Ligeti ont composé des morceaux que l’on peut entendre dans l’Odyssée de l’espace. Mais plus étonnant encore, Kubrick aurait proposé à Pink Floyd de participer à la bande originale du film, proposition refusée par le groupe britannique qui déclare quelques années plus tard avoir regretté de pas accepter.
 
2- Blade Runner, Ridley Scott (1982) avec Harrisson Ford, Sean Young, Rutger Hauer
Ce film, considéré comme un epic fail à sa sortie, est maintenant cultissime et une inspiration constante pour la SF encore aujourd’hui. Cette adaptation du livre de Phllip K. Dick se situe dans un Los Angeles pluvieux et toxique, dont l’atmosphère rappelle les vieux films policiers américains. Les humains migrent vers d’autres planètes. Eldon Tyrell a créé une nouvelle race d’esclaves, des androïdes appelés les « réplicants », qui sont indifférenciables des humains. Un groupe d’androïdes dissidents, trop perfectionnés pour être laissés en vie, sont ainsi déclarés hors la loi et poursuivis par une brigade spéciale, les « Blade runner », bien qu’ils parviennent à venir à Los Angeles.

 

Deckart, le héros, un blade runner, est chargé de poursuivre et de « retirer » (de tuer, en gros) ces réplicants… devenant à son tour une épreuve personnelle plus profonde pour le héros.
Comme tout bon film culte de SF, les thématiques sont vastes et le symbolisme fort. Il pose des questions sur ce que c’est d’être humain : est-ce fait de chair ? Ou de sentiments ? de souvenirs ? Le héros se nomme d’ailleurs Deckart (Descartes ?). Le symbolisme du père créateur tout puissant dans sa forteresse, ici en forme de pyramide, n’est pas sans rappeler les mythes fondateurs des religions avec le rapport ambigu au père. Ce film, très riche, mérite plusieurs visionnages, à la fois pour ses messages, mais aussi pour sa mise en scène mythique.

 

Anecdote : Philip K.Dick, un des grands noms de la littérature SF, a vu nombre de ces livres adaptés au cinéma. Blade Runner mais aussi Total Recall, Minority Report, Planète hurlante, Confessions d’un barjo, Truman Show, etc.
3 – La Route, John Hillcoat (2006) avec Viggo Mortensen, Kodi Smit-McFee
Tiré du roman éponyme de Cormac McCarthy, ce film post-apocalyptique n’a rien a envié à Snowpiercer ou Madmax. Il met en scène un père et son fils traversant un pays ravagé par un mal dont on ignore la cause. Marchant en direction du sud avec un simple cadis, ils tentent de survivre dans ce tourbillon de poussière et de cendre où aucune espèce ne semble demeurer. La route est un voyage aussi long qu’incertain, où les instincts les plus primaires se manifestent. La terre est revenue à l’état de nature et chacun lutte dans ce monde hobbessien pour sa survie, par convoitise, et pour la gloire. Bouleversant de sensibilité, ce père poursuit inlassablement sa route, protégeant son fils de l’animalité régnant en chacun de nous. L’Homme est un loup pour l’Homme et la science-fiction est celle de la survie, de la violence, de la découverte d’une civilisation jadis rayonnante. Attachez votre ceinture, la route sera longue et animée dans ce film troublant à l’esthétique glaçante. Ce film est un hymne à l’espoir, celui de retrouver un jour un havre de paix. Le père et le fils poursuivent leur chemin, guidés par cette flamme intérieure, cette lumière céleste, ce sémaphore dans la tempête, ce fanal dans la nuit.
Anecdote : Le film est tiré du roman de Cormac McCarthy, véritable succès mondial, celui-ci s’est vendu à plusieurs millions d’exemplaires aux USA, recevant même le prix Pulitzer en 2007. Citons également le livre No Country for Old Men du même auteur adapté par les frères Cohen.
 
 
4- District 9, Neill Blomkamp (2009) avec Sharlto Copley, Vanessa Haywood
Un matin, un gigantesque vaisseau alien s’échoue au-dessus de Johannesburg, avec en son bord des aliens, nommés « crevettes », en difficulté et dans l’impossibilité de repartir. 20 ans plus tard, tous parqués dans le « District9 », les aliens sont pris en charge par le MNU (Multinational United, référence à l’ONU), une multinationale qui ne s’intéresse qu’à leur armement fonctionnant uniquement avec de l’ADN extraterrestre.
C’est dans ce contexte que nous suivons Wikus, un agent de terrain de la MNU, qui est chargé de l’évacuation (du génocide) du district 9, qui suite à un accident va se transformer en « crevette ». Devenant précieux pour la MNU, il va se réfugier dans le district 9, dernier endroit sûr pour lui, et va croiser le chemin d’un alien et de son fils, bien déterminés à quitter la Terre.
De nombreux thèmes sont évoqués dans ce film souvent dérangeant, avec un parallèle à peine voilé avec l’apartheid, où finalement, la xénophobie et la peur de la différence laissent peu de place à l’espoir quant à l’humanité. Dans le film, un étrange paradoxe né : Wikus devient plus humain à mesure qu’il se transforme en autre chose qu’un humain.
La critique porte aussi sur le capitalisme, qui cherche des profits partout (dans la sous-traitance des forces armées par exemples) et à n’importe quel prix (cf. la scène du labo, les vrais sauront). Ambivalent et pessimiste, avec une façon de filmer proche du documentaire, ce film est une vraie réussite.

 

Anecdote : Ce film a été produit par ni plus ni moins que Peter Jackson. D’ailleurs les créatures du film ont été développé par WETA Workshop, des artistes ayant travaillé sur la saga du Seigneur des anneaux.
5 – Ex_Machina, Alex Garland (2015) avec Domhnall Gleeson, Alicia Vikander, Oscar Isaac
“Ex_Machina” est un film dans la lignée de “Her” cherchant à exploiter le thème du robot humanoïde et de sa capacité à émettre des émotions. Car si la science réussi à reproduire le corps, l’âme demeure depuis longtemps une caractéristique propre à l’être humain. Ce film au silence pesant et plongé dans un isolement quasi claustrophobique, narre l’histoire de Caleb, un jeune ingénieur sélectionné par le créateur d’un groupe informatique, Nathan et inventeur d’un système IA appelé Ava. Il va devoir se soumettre à un test de Turing, face au robot féminin, afin d’essayer de prouver que même les machines ont une conscience. Petit à petit des éléments viennent troubler Caleb, Ava le met en garde contre Nathan. Ce dernier a une attitude de plus en plus équivoque, ponctuée par son addiction à l’alcool. Caleb en vient à éprouver des sentiments pour ce robot féminin enfermée dans l’immense propriété de son créateur et destinée à être reprogrammée à la fin du test. Plus qu’une simple considération sur le progrès technologique et ses dérivés, “Ex Machina” sonde l’irrationnelle de l’âme humaine heurté à la mégalomanie d’un inventeur. Le cœur a ses raisons que la raison ignore, Caleb en fait les frais dans cette fiction ayant reçu l’Oscar des meilleurs effets visuels, incarné par un Oscar Isaac époustouflant dans la peau du savant fou, et Alicia Vikander dont la beauté et la plastique se retrouvent subjuguées par une fluidité des mouvements rendant son personnage plus humain que nature.
Anecdote : Afin de concevoir son personnage de l’effrayant scientifique, Oscar Isaac s’est inspiré de deux figures différentes symbolisant le génie mathématique et artistique, à savoir le joueur d’échecs Bobby Fischer et le réalisateur Stanley Kubrick. Il a puisé dans ces deux personnes un caractère à la fois colérique (pour le premier) et lumineux (pour le second) couplé à une mégalomanie et un besoin de tout contrôler. Le port de la barbe et des lunettes n’est d’ailleurs pas sans rappeler le réalisateur de 2001, l’Odyssée de l’espace.
La Tour de Babel (Peter Brueghel l’Ancien)
La peinture elle aussi a inspiré les plus grandes œuvres de science fiction ! Le pôle culture vous a ainsi sélectionné le tableau intitulé “La Tour de Babel” peint par Pieter Brueghel l’Ancien en 1563. Cette fois-ci pas de martiens, ni de catastrophe nucléaire ou de vaisseaux spatiaux, mais cette peinture à l’huile emprunte un thème biblique dont la portée dépasse la simple représentation religieuse. Le mythe de la tour de Babel fait partie des récits fondateurs de la tradition judéo-chrétienne. Les hommes voulant se hisser à la hauteur de Dieu entament la construction d’une tour gigantesque censée atteindre les nuages. Mais le démiurge sème la discorde entre les langues afin que les hommes ne puissent plus se comprendre et soient donc condamnés à arrêter la construction.
Métaphore de l’orgueil démesuré de l’Homme, “La Tour de Babel” témoigne de l’ingéniosité de chacun et du dépassement effectué. En s’affranchissant des contraintes terrestres, l’homme pense pouvoir rivaliser avec des puissances métaphysiques grâce au rationalisme et aux innombrables découvertes mathématiques, scientifiques, techniques qu’il effectue. Son imagination et son génie ne semble se heurter à aucune limite. L’éclat et la blancheur de la roche composant la tour est pourtant le reflet de l’hybris. Il est des barrières que l’on ne peut franchir et si la science nous permet d’aller toujours plus haut et plus loin, l’univers infini gardera toujours cette aspect insondable. Comme un canon des plus sophistiqués constamment hors de portée de sa cible, le savoir est voué à une sempiternelle frustration merveilleusement transcrite par Bruehgel. Ce dernier mélange les symboles du commerce et de la richesse (les navires marchands, la ville bourgeoise, les sculpteurs) avec une bâtisse à l’architecture amputée. La Tour de Babel perce les nuages mais l’horizon restera désert et inexploré.

 

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