Bruno Le Maire : 1er de la classe à la peine dans l’Emission Politique de France 2


Publié le 2 novembre 2016

 

D’emblée, Bruno Le Maire le reconnaît : son premier débat de la primaire dite de la droite et du centre a été un échec. L’essentiel, c’est de « remonter sur son cheval ». Mais les temps sont durs pour le député de l’Eure, quatrième dans les sondages derrière Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et François Fillon. Il était dans l’Emission Politique de France 2 il y a dix jours et nous n’avons pas manqué de le regarder. Voici notre recap.
Recap
Le prétendant à la candidature suprême est bien évidemment intervenu sur le sujet phare de ces derniers jours : la mobilisation des policiers dans toute la France. L’occasion de tacler Nicolas Sarkozy, auquel il espérait bien, il y a peu de temps encore, ravir la place de deuxième de ces primaires : « Réduire les effectifs entre 2007 et 2012 était une erreur ». Lui se veut à l’écoute de la réalité du terrain : « BLM » comprend les difficultés des policiers ainsi que la complexité des relations police-justice.
Bruno Le Maire, l’un des rares politiques – avec Emmanuel Macron, est-ce générationnel ? – à avoir démissionné de la fonction publique, revient sur sa proposition de supprimer l’ENA et se positionne davantage pour un système de haute fonction publique au mérite, prenant l’exemple des militaires.
Autre grand sujet de société : le burkini. Le député de l’Eure se prononce en faveur de son interdiction ainsi que d’une loi qui déterminerait très précisément ce qu’il est autorisé ou non de porter.
Comme il est d’usage dans l’émission, Bruno Le Maire a dû répondre à des contradicteurs. Face à Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif dite pour Tous, il tente une position médiane. Pas question de revenir sur le mariage homosexuel mais en revanche, pas question non plus d’aller plus loin sur le registre de la filiation. Pas de PMA ni de GPA pour Bruno Le Maire. Il prend tout de même le soin de signaler les convergences de valeurs entre Ludovine de la Rochère et lui-même.
Mais l’échange que les réseaux sociaux ont décidé de retenir est celui qui l’a opposé à Ghislaine Joachim Arnaud, secrétaire générale de la CGT Martinique. L’échange est plus que tendu : « tout ça, c’est du pipi de chat », lui lance la CGTiste, refusant l’infantilisation et le tutoiement du candidat.
Sur le thème de l’emploi, étonnamment absent de la campagne pour le moment, le candidat du Renouveau défend l’idée d’une nouvelle ASU (allocation de solidarité unique), plafonnée à 60% du SMIC, qui fusionnerait le RSA, l’ASS (allocation de solidarité spécifique), la prime d’activité, les allocations logement et les droits connexes locaux. Aux bénéficiaires de cette allocation, il proposerait des emplois rebonds spécifiques, rémunérés sous le smic.
Bruno Le Maire rejette le qualificatif de libéral ; malgré tout, il souhaite mettre l’Etat au régime avec la suppression de 280 000 contrats aidés (presque les trois quarts donc) et de 220 000 postes de fonctionnaires (dont des postes d’enseignants) ainsi que de la fonction publique territoriale. Comme tous les autres candidats à droite (exceptée NKM), il inscrit la suppression de l’ISF à son programme.
Sur la question migratoire, le député de l’Eure considère que l’immigration massive n’a pas affaibli la France : c’est l’Islam politique qui joue ce rôle, c’est lui l’ennemi à combattre de la France – bien qu’il ait du mal à expliquer comment –.
Concernant la situation internationale, BLM se dit favorable à l’envoi de troupes au sol en Syrie, au sein d’une coalition, et défend un partenariat avec la Russie dans les conflits.
Notre parti pris
Bruno Le Maire est aujourd’hui dans une position compliquée ; après avoir titillé Nicolas Sarkozy à la présidence de feu l’UMP, après avoir été longtemps perçu comme le troisième homme de ces primaires, le voilà relégué à la 4ème place : celle de la médaille en chocolat. Le candidat du Renouveau est en mauvaise posture à une vingtaine de jours du premier tour de la primaire de la droite et du centre ; et ce n’est pas son intervention sur France 2, la plus mauvaise audience de l’émission depuis ses débuts, qui va redorer son blason.
Mais sur le plan des idées, le député de l’Eure peine à se démarquer : suppression de postes de fonctionnaires, d’enseignants, fin de l’ISF, interdiction du burkini, adhésion aux valeurs de la Manif pour Tous… Ses propositions sont somme toute assez communes à droite. Et s’il refuse l’étiquette libérale (tout comme Fillon qui lui préfère « pragmatique », le libéralisme serait-il devenu un gros mot à droite ? ), c’est pour proposer un libéralisme de connivence.
Aujourd’hui, les think tank les plus libéraux – et qualitatifs – d’Europe, à l’instar de Génération Libre, proposent de véritables réflexions sur les mutations du travail et notamment le revenu universel de base (qui remplacerait uniquement le RSA et non toutes les allocations) comme réponse à la pauvreté extrême. Quoi qu’on pense du libéralisme, il s’agit de réflexions universelles, au-delà des courants politiques et que chacun peut s’approprier et nuancer. A l’inverse, le libéralisme de connivence qui pourrait définir BLM, est ce que la droite fait de pire. BLM propose ainsi l’instauration d’une ASU à 60% de SMIC mais qui remplacerait une très grande partie des allocations existantes sans tenir compte des besoins des uns et des autres (allocations logements par exemple) et qui ne supprimerait en aucun cas l’humiliation et le temps perdu à la bureaucratie de l’actuel RSA, qui freine la recherche d’emploi (ce qu’un revenu universel supprimerait immédiatement en tant qu’il serait inconditionnel).
Au programme également, la suppression de postes dans l’enseignement (mais comment peut-on être libéral économiquement – même si BLM s’en défend – sans prôner une éducation de qualité pour tous, qui permettrait à chacun d’être libre de ses choix et de décider en toute conscience), suppression de l’ISF (plutôt qu’une obligation d’investissement, bien plus intelligente et adaptée, comme le propose NKM), attachement aux valeurs « de la famille » (mais seulement si on a la bonne appétence sexuelle).
Enfin, son intervention sur le burkini, et sa volonté d’édicter « ce qu’il est légal ou non de porter », quoi qu’on pense du voile, du wahhabisme et de l’islam politique, ne ferait qu’exacerber les passions dans un pays déjà en quête d’identité en plus que la mesure serait intrinsèquement tyrannique.

 

Un gros virage à droite donc, qui ne présage rien de bon pour un homme qui se présentait jusque là, à l’image d’Alain Juppé, comme un centriste dans la grande maison des Républicains.

1 Commentaire

  1. Un étudiant trop politisé

    Après Alain Juppé, voilà que vous reprochez à Bruno le Maire de ne pas être centriste, courant qu'il n'a jamais cherché à incarner. Je crois que vous découvrez un peu tardivement qu'il y a des candidats de droite à la primaire… de la droite (et du centre, certes, mais les formations centristes ont refusé d'y participer).

    Parmi vos innombrables bêtises et inexactitudes, je retiendrai celle sur l'enseignement : qu'est-ce qui vous permet d'affirmer que Bruno le Maire ne souhaite pas une éducation de qualité pour tous ? Vouloir faire des économies dans l'enseignement, c'est s'opposer à l'égalité des chances (principe, il est vrai, cher à tous libéraux) ? Constater que la France fait nettement moins bien que ses voisins européens en matière d'éducation (Allemagne, Royaume-Uni) tout en dépensant beaucoup plus, c'est refuser une éducation de qualité ? Peut-on vraiment continuer à réclamer toujours plus de moyens sans jamais s'interroger sur l'utilisation de ces moyens ? À moins d'être réfractaire à tout changement, d'ignorer que les caisses de l'État sont vides et d'être satisfait du bilan de notre très cher président, non.

    Je note également que vous semblez méconnaître totalement le concept de capitalisme de connivence. Bref, au vu de toutes ces idées convenues et de ces procès d'intention malhonnêtes, est-il possible de rajouter une case "mauvais" svp ?

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