Pourquoi l’échec de la COP21 explique la réussite de vos partiels


COP21
Publié le 10 février 2016
La première COP s’est tenue à Berlin, en 1995. La 21ème a eu lieu à Paris, tandis que la prochaine est prévue à Marrakech ; une énième COP, qui sera loin d’être la dernière. Mais il n’est ici question ni de se prononcer sur la légitimité de ces conférences climatiques ni d’analyser en profondeur ce qui ressort principalement de la 21ème. Il s’agit de démontrer que les comportements empêchant tout accord final ambitieux -comprenez les attitudes des grands pays développés d’aujourd’hui- s’appuient sur des motifs économiques précis davantage que strictement financiers. Ce n’est donc pas une critique des COP qu’il faut lire ici, mais davantage les raisons qui conduisent au non-respect des mesures prises durant celles-ci, à l’absence de contraintes fortes dans les Accords et in fine, à l’empilement de COP minimalistes en termes de décisions pourtant nécessaires (qualificatif permis si l’on considère comme bienvenu le fait de vivre de manière convenable sur Terre dans un siècle, voire moins).
Certes, la COP21 a conclu au premier accord universel climatique. Néanmoins, si on est plus sceptique vis-à-vis de l’Accord de Paris, on peut aussi y lire la primauté d’intérêts particuliers -ici, ceux des plus grandes puissances économiques actuelles- et la recherche de leur maximisation. Le fait de ne pas toucher aux énergies fossiles ou celui de mettre des should à tout va, et ce sans inscrire une seule fois have to sont des exemples ; l’aide de 100 milliards de dollars accordée aux pays les moins développés et les avancées en terme de limitation mesurable du réchauffement climatique sont quant à elles plus réjouissantes mais restent néanmoins à juger sur le long terme. Sur le point des contraintes, des accords ont déjà été plus ambitieux et, sinon plus universalistes, davantage internationalistes. C’est aussi qu’avec le réchauffement climatique, tout le Monde n’est pas perdant dans l’histoire, contrairement à ce que certains pourraient laisser penser…

Source : Financial Times (2015), d’après une étude publiée dans The Nature

Pourquoi il fallait réviser ses partiels du vendredi 22 janvier 20:00 au jeudi 28 6:00 pour maximiser ses notes en éco…

 
La productivité atteint son maximum à 13,42°C … Cet énoncé, prouvé et vérifiable, est plus important qu’il n’y paraît. Premièrement, selon MétéoFrance, il a fait 13,42°C de moyenne à Toulouse (France, 31000) entre les dates et heures indiquées ci-dessus. Soit la semaine précédant le partiel d’éco des L3, qui n’auront donc aucune excuse s’ils viennent à obtenir une mauvaise note. Deuxièmement, il n’a pas fait 13,42°C de moyenne à Peyragudes durant la période du Sémineige… Vous en tirerez la conclusion que vous souhaitez. Troisièmement, cela implique que le réchauffement climatique va freiner le rattrapage des pays pauvres et bénéficier aux pays les plus riches, en accroissant la productivité des seconds (situés plutôt en zones tempérées) et en réduisant celle des premiers (situés plutôt en zones tropicales).
 
Impact attendu des variations des températures sur le PIB par personne (en %)

Source : ibid

D’où une certaine frilosité des pays les plus développés à accompagner les pays les plus pauvres, très demandeurs en matière de négociation climatique. Bien sûr, la question est complexe à traiter ; cet élément n’est pas le seul à expliquer les blocages qui surviennent durant ces COP. Néanmoins, c’est un point important qui permet de les comprendre en partie.
… et, accessoirement, comment montrer que le changement climatique ne sera jamais une seule et même préoccupation mondiale
 
            Plusieurs modèles ont été proposés ces dernières années pour évaluer quantitativement les effets économiques du changement climatique. A notamment été développé un cadre de croissance économique à multi-régions pour évaluer quantitativement l’impact de différentes politiques de réduction des émissions polluantes (William Nordhaus, 2010). De leur côté, Melissa Dell, Benjamin Jones et Benjamin Olken (2012) ont conclu de leurs travaux que si le réchauffement climatique semble peu affecter la croissance économique des pays avancés, il s’avérera à l’avenir particulièrement négatif pour les performances macroéconomiques des pays en développement. Enfin, une étude a été développée pour observer comment le réchauffement climatique influe sur la répartition spatiale de l’activité économique (Klaus Desmet et Esteban Rossi-Hansberg, 2012).
Cette modélisation est beaucoup plus complexe que les précédentes : elle incorpore les secteurs de l’agriculture et de l’industrie manufacturière, prend en compte les externalités, les innovations technologiques et les actions publiques. La conclusion est sans appel : le Nord devient peu à peu la localisation idéale pour les entreprises des deux secteurs. Quant aux services, pour lesquels la forte demande de travail exigée par les entreprises importe énormément, on peut penser que le Nord, au capital humain plus important et doté d’infrastructures plus modernes, restera privilégié.
On le voit, les analyses récentes lient le réchauffement climatique à une nouvelle géographie de l’activité économique, qui sera entièrement favorable au Nord, et posent la question migratoire des années futures. D’où un certain immobilisme de la part des dirigeants des pays les plus développés afin de maximiser leurs intérêts propres et d’éviter de prendre en considération les attentes des pays pauvres ? On pourrait le penser, mais il ne faut pas oublier que nos dirigeants sont tout autant au courant que l’aide qu’ils fourniraient à ces régions du monde peut rapporter énormément financièrement et géopolitiquement. En attendant, à la surface du globe, c’est de plus en plus chaud. La mise de côté d’une conception liée aux intérêts privés du seul club des riches permettrait de freiner l’ampleur du graphique ci-dessous mais surtout de considérer réellement notre planète comme un bien et un foyer commun.  Et, en passant, de rendre ses lettres de noblesse à l’étymologie du mot économie, bonne gestion et administration intérieure d’une seule et même maison, qu’on appellerait Terre.
Ecart des températures à la surface du globe par rapport à leur moyenne au vingtième siècle (en °C)
Source : The Economist (2016), d’après les données de l’Agence américaine d’observation océanique
Paul Mathieu

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