L’avenir du journalisme


Publié le 17 novembre 2014

      Fin Septembre à Paris j’ai suivi des conférences organisées par le journal Le Monde. Un débat sur l’avenir du journalisme et de la presse intitulé « informer le monde » a plus particulièrement attiré mon attention. Armé de mon niveau d’Anglais B2, je me suis efforcé de suivre cette table ronde passionnante réunissant des sommités du monde journalistique s’exprimant dans la langue de Shakespeare. Etaient présents : Dick Stevenson   Rédacteur en chef chargé de l’Europe au « New York Times », Paul Steiger directeur de « Propublica » et Frédéric Filloux Responsable du numérique aux « Echos ». On ne pourra pas reprocher à ces intervenants un manque d’optimisme car selon eux la presse quotidienne nationale payante ne serait pas morte mais en devenir, en transformation malgré la crise qu’elle traverse actuellement. Ainsi, bonnes nouvelles pour vous et moi, chers lecteurs TBSiens, la presse pourrait bien ces prochaines années offrir des emplois à des journalistes « traditionnels », mais aussi ouvrir ses portes à des profils plus atypiques comme nous allons le voir. Oublions ainsi un instant « la crise de la presse écrite », la diminution du lectorat de  la presse  traditionnelle face à l’émergence de nouveaux médias gratuits comme Internet, le rachat de journaux américains en crise par des milliardaires  voulant, selon certains, renforcer leur influence sur l’opinion…  Les leaders de la presse l’ont bien compris et cela pourrait servir d’exemples aux futurs chefs d’entreprise qui me lisent aujourd’hui, ce n’est pas tout de constater une crise mais il faut surtout savoir la surmonter et  percevoir les opportunités qui naîtront dans son sillage.

 » Il faut mettre fin aux idées reçues « 

Ces spécialistes de la presse ont avant tout voulu mettre fin aux idées reçues. S’il est vrai que la presse quotidienne payante a perdu le monopole de l’information collective (ses lectorats anciennement « captifs » ont dorénavant le choix de leur média) suite à l’émergence de la presse gratuite en ligne, il n’en demeure pas moins que la demande en informations de qualité n’a jamais été aussi forte. Dans un monde complexe, instable, le lecteur recherche des dossiers détaillés pour mieux comprendre l’actualité. Il cherche également  des prises de positions, des articles polémiques  en rupture avec la doxa, pour se forger une opinion qui ne soit pas  uniquement conditionnée par l’information de masse diffusée sur les antennes. Pour résumer dans un langage économique qui vous sera familier : la demande est effective et c’est donc à l’offre de s’adapter, et comme souvent, une nouvelle tendance semble émerger depuis les Etats- Unis.

 » La réconciliation du papier et du numérique, du gratuit et du payant « 

Le New York Times semble avoir trouvé une recette bien adaptée aux « nouveaux modes de consommation de la presse » via l’instauration du système du paywall (péage). En enregistrant les visites des usagers, il permet la lecture de dix articles mensuels, avant de demander une souscription. Les grands quotidiens Français comme le journal Le Monde et les Echos devraient progressivement adopter ce modèle pour attirer des clients attachés à leurs tablettes numériques et en quête de flexibilité lors de leurs lectures, tout en continuant à publier leurs éditions  papiers qui séduisent encore leurs lectorats traditionnels.

 » L’heure est au sur-mesure, le lecteur est roi et le data mining devient nécessaire « 

Le succès d’applications comme Flipboard (permettant à l’utilisateur de se concocter une revue personnalisée en choisissant les rubriques et les sources des articles qu’ils souhaitent voir dans son journal) est révélateur d’une tendance nouvelle : le lecteur souhaite qu’on lui propose des articles adaptés à ses goûts et ses centres d’intérêts. L’enjeu sera donc, selon nos conférenciers, de s’attaquer au Big Data (ensemble de « traces » laissés par chacun lors d’une navigation sur Internet) pour bien cerner le profil de chaque abonné. Il s’agira ensuite de  leur proposer  un journal « sur mesure ». On se livrera ainsi de plus en plus  dans le milieu journalistique à une pratique : le data mining (l’exploration de données) déjà en pleine expansion dans d’autres domaines comme le marketing. Avis aux futurs spécialistes du Big Data : vous pourriez bien travailler pour les grands quotidiens dans les années à venir !

 » Quid de l’avenir du métier de journaliste dans le contexte actuel ? « 

Le métier de journaliste de presse écrite n’est pas prêt de disparaitre car la demande d’information n’a jamais été aussi forte. Il devient également de plus en plus intéressant, selon les intervenants, de pouvoir exercer un regard critique face à la pluralité d’informations dont nous disposons. Les conférenciers ont également rappelé, au vu de l’actualité, que les journalistes sur le terrain prennent de plus en plus de risques (comme en témoignent les exactions à l’encontre des journalistes en Syrie). En effet, sur les terrains de conflits : Syrie, Irak, Yémen, on remarque que les Etats-majors en interventions, rapatrient leurs  troupes terrestres pour se concentrer sur des frappes aériennes et des opérations stratégiques ponctuelles. Moins escortés dans les zones de conflits, les journalistes sont plus vulnérables et sont des cibles idéales pour les groupes terroristes. Bien entendu, les groupes de presse comptent bien réagir et  souhaitent renforcer avant tout la sécurité de leurs employés dans les années à venir.

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