Black Mirror, vous allez vivre les moments les plus malsains de votre vie


Publié le 5 mai 2014

Une mini-série anglaise éveille l’intérêt de la presse française et internationale, surtout depuis son passage sur France 5 jeudi dernier (à 22h30 pour être précise). Avec 3 épisodes par saison et peu de moyens, Black Mirror parvient à nous emporter dans un futur proche dans lequel les réseaux sociaux, les smartphones et autres technologies de plus en plus évolués ont envahi notre existence. Un univers plus simple à vivre et plus social en apparence, mais qui révèle vite le pire de ce qui peut arriver dans un monde connecté.

Vous l’aurez compris, Black Mirror exploite un thème d’actualité avec une intelligence glaçante. Il n’y a qu’à voir le résumé du premier épisode, « l’hymne national », (national anthem) : 
« Le Premier ministre Michael Callow se retrouve face à un dilemme énorme et choquant lorsque la princesse Susannah, un membre bien-aimé de la famille royale, est kidnappée. »
Vu la tête de la requête en question, autant dire si la joie envahit nos cœurs quand crispés sur notre fauteuil nous attendons de voir si le premier ministre va accéder à la demande étrange du kidnappeur. La prestation Rory Kinnear, qui joue le premier ministre, est parfaite. A vrai dire dans chaque épisode, on ne peut que compatir et se demander ce que nous ferions si jamais une chose pareille nous arrivait, si nous étions confrontés à cette foule désincarnée et ultra-connectée, toute-puissante derrière leur écran noir, qui nous juge et dont les réactions sont souvent imprévisibles. Le premier épisode nous montre notamment à quel point ce qui circule sur internet est difficilement contrôlable, comme si nous avions finis par être dépassés par un système que nous avions mis en place.
En effet chaque épisode est construit autour d’un postulat théorique intéressant qui rend la série particulièrement clairvoyante sans pour autant alourdir son propos. L’hymne national traite surtout de la société du spectacle, de l’événementiel et finalement du voyeurisme passif. Le deuxième épisode, 15 millions de mérites, se concentre sur la notion de récompense virtuelle, comme dans chaque jeu dans lequel nous devons accumuler des points pour débloquer des niveaux ou des prix, mais aussi de la téléréalité. C’est le monde dans lequel évolue Bing, qui comme des milliers d’autres doit pédaler chaque jour pour augmenter ses mérites (points), pour accéder à des émissions ou pour payer les produits les plus basiques comme la nourriture.
Enfin, « arrêt sur image » suit la paranoïa grandissante d’un jeune avocat en recherche d’emploi lorsqu’il soupçonne sa femme d’avoir une aventure. Dans ce futur proche, de nombreuses personnes ont près de leur nuque une puce implantée qui permet d’enregistrer tous leurs souvenirs pour pouvoir les visionner à loisir. Liam Foxwell utilisera ce dispositif pour enquêter sur son épouse, ce qui nous amène finalement à nous interroger sur la notion de vie privée et de stalking.
Mais globalement la série traite surtout de cette problématique du regard, du fait de pouvoir être observé par tous ou de tout pouvoir observer, et c’est là que le titre prend tout son sens. Black mirror est l’écran noir de nos téléviseurs, de nos téléphones, qui nous renvoie notre reflet et nous montre qui nous sommes réellement, et pas toujours le meilleur de nous-mêmes.

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