Binge Watching, spoilers, fandoms, ce que les changements dans la manière de consommer les séries nous disent


Publié le 22 février 2014

Les séries télé étaient légion dans les années 80 avant que la mode ne disparaisse un peu dans les années 90 puis d’attendre les années 2000 pour faire leur grand retour. Lost, Breaking bad, How I met your mother… Elles sont revenues encore plus addictives pour notre plus grand plaisir et notre plus grande improductivité. Une fois la saison 2 de house of cards sortie sur netflix, près de 640 000 personnes ont regardé les 13 épisodes en l’espace d’un week-end. Qui n’a pas passé une nuit entière à regarder la même série, épisode par épisode, presque avec frénésie, juste pour pouvoir accéder à la fin ? Il y a un nom pour ce phénomène, on l’appelle le binge watching, dans le même esprit que le binge drinking. En général, on en parle à partir du quatrième épisode visionné à la suite, mais tout dépend bien sûr si l’on regarde une sitcom de 20 minutes ou une série dramatique d’une heure. 

Il fut un temps jadis où les séries n’avaient pas exactement la même forme. Les séries n’étaient pas suivies comme elles le sont aujourd’hui, certaines mêmes avaient des épisodes complétement indépendants les uns des autres. Toujours le même style certes, le même esprit, la même philosophie, mais pas de lien direct, comme les Final Fantasy. Dès lors il était plus rare d’être réellement accroc à une série. Ce qui fait sans doute la force des séries modernes est cette capacité à pousser les spectateurs à vouloir en voir toujours plus, notamment en usant et abusant des cliffhangers pour maintenir l’attention.

Je ne fais pas ici référence aux séries policières comme Bones ou cold case qui ont certes un fil rouge tout au long de la saison avec une enquête par épisode, mais à ces séries qui tendent de plus en plus à ressembler à des films qui durent de longues heures. Si vous ratez un épisode de ce type de série, vous ne comprendrez plus rien. Leur développement est donc uniquement possible avec la diffusion sur internet qui permet de rattraper les retards, sinon ces séries seraient difficiles à regarder correctement.

Ces scenarii très travaillés qui passionnent les foules ont également donné naissance à une peur tragique : le spoiler, qui a pris des proportions réellement fantastiques avec Game of Thrones (alors que franchement, c’est pas compliqué, dès que la situation s’améliore pour un personnage, c’est qu’il va mourir. Un peu comme pour une maladie. C’est pour donner un petit côté mélo, red wedding, traumatisme suprême, ect…). Cette peur qui devient parfois disproportionnée a été beaucoup raillée par le Gorafi ou parfois sur Youtube.

 Un jour j’ai spoilé Game of Thrones. Ce jour-là j’ai su ce qu’était la haine. Depuis spoiler GoT est une de mes menaces préférées.

Disproportionnée parce que tout de même, ce n’est qu’une série, pas de quoi dramatiser, normalement. Il y aura toujours une plus grosse surprise scénaristique à la fin de la prochaine saison. Il est difficile de ne pas voir en ces réactions l’apparition d’une forme de plus en plus acharnée de fandoms. Ceci dit ces rassemblements de fans ne datent pas d’hier puisque déjà il y avait pour star trek d’immenses conventions organisées par et pour les fans (galaxy quest, sympathique film avec Alan Rickman, s’en moque avec bienveillance.) Ces grands fans sont toujours très impliqués dans leur passion. Entre fanfictions, déguisements et autres preuves d’amour, ils ne semblent jamais à cours d’idées… C’est grâce à leur implication qu’une série finit par avoir son identité, sa particularité et surtout sa pérennité.

 Quiconque ayant un whovian dans son entourage comprend ce que j’entends par fandom acharné.

Au travers de ces évolutions notables, nous pouvons observer que la série devient finalement un produit culturel en soi et un véritable phénomène de société, et non plus un simple divertissement. La sacralisation du spoiler montre notamment que regarder une série, c’est sérieux. C’est devenu un moyen de réunir les gens selon leurs intérêts, peut même devenir un marqueur social, ce ne sont pas forcément les mêmes personnes qui apprécient House of cards et How I met your mother. Si les séries continuent à augmenter en qualité et à déchaîner les passions d’une telle manière, il est alors certain qu’elles entreront à part entière dans le panthéon officiel.

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