Les femmes et le sport


Publié le 20 janvier 2014
Depuis quelques années, le gouvernement et les responsables des grandes associations sportives télévisuelles s’attaquent à une problématique épineuse : la visibilité du sport féminin. En effet, il semblerait que le seul moment où les chaînes gratuites nous octroient un peu de ce dernier soit pendant la courte période des jeux olympiques, et encore selon les résultats de la France. Pourtant nous avons pu y observer des performances sportives respectables. En Basket, les françaises sont arrivées en finale et Céline Dumerc a été selon l’entraîneur de basket américain la meilleure joueuse de la compétition. Leur succès a même multiplié le nombre de licenciés dans les clubs de basket. Pourtant sur la télévision, à peine 7 % (chiffres du CSA, mars 2013) du sport rediffusé est féminin, et 90 % de ce score est diffusé sur des chaînes spécialisés. Pourtant, comme l’affirme Arnaud Simon, directeur d’eurosport France, «Les chaînes généralistes cherchent l’événementiel et les chaînes de sport premium n’ont ni le temps ni la volonté de développer le sport féminin, qui pourtant possède un potentiel d’audience. » (Stratégies.fr).
Comment expliquer alors une telle mise à l’écart du sport féminin ? Il faudrait sans doute trouver des réponses dans la façon dont les sports à majorité féminine sont considérés. En effet, qui n’a jamais entendu les vieux poncifs qui dévalorisent des sports tels que l’équitation, la danse, qui n’est souvent considéré que comme un art et non un sport, le badminton, ou même plus récemment le cheerleading. Ils se trouvent également que ces sports sont les moins diffusés, comme si le fait d’être une femme amoindrissait la performance ou réduisait l’intérêt d’un sport. A l’inverse, une femme voulant faire un sport jugé trop masculin, boxe, rugby, devra très tôt affronter les réflexions de son entourage. Je ne pars pas là d’une lubie que je me serais construite, l’idée que la féminisation dégrade la valeur d’une entité a déjà été notée à de multiples reprises par des sociologues comme Pierre Bourdieu dans la domination masculine ou Marlaine Cacouault-Bitaud dans une thèse sur la féminisation de certains emplois en utilisant notamment comme exemple l’enseignement.
Le problème que l’on peut invoquer dans un premier temps est la forte permanence de ce qui définit le féminin, en général une vision  superficielle, esthétique. On considère qu’une femme fera du sport pour conserver sa ligne, non par plaisir ou par goût de la compétition ou du dépassement de soi. D’où le fait  qu’une femme sportive sera mise en avant par sa plastique et son glamour plutôt qu’en rapport avec ses performances sportives ou même son simple statut de sportive, Sharapova en est l’exemple le plus flagrant. 

« Coucou, je suis une sportive de haut niveau mais je suis quand même condamnée à être une potiche. »
La dictature de l’apparence peut aller très loin. On se souviendra par exemple du scandale de la coureuse sud-africaine Caster Semenya qui avait dû subir un test de féminité (Le nom même est atrocement ridicule) hautement humiliant. Lors des Jeux Olympiques de 2010, elle avait littéralement explosé les chronos durant le 800 mètres. Plus que sa course, le fait qu’elle ne corresponde pas aux critères classiques de l’idée que l’on se fait d’une femme a sans doute beaucoup poussé le comité à opter pour ce genre de test. La joueuse de tennis Marion Bartoli a également souffert des préjugés qui ont cours à l’encontre des sportives. Un commentateur de la BBC a eu l’extrême délicatesse non de commenter sa victoire à Wimbledon mais son physique atypique, comme si commenter le jeu d’une sportive était apparemment très difficile, ou même revoir les normes entre poids et bonne santé, ou même comprendre que ne pas être un mannequin n’empêche pas de devenir sportive de haut niveau.
Cependant il y a quelques efforts qui ont été faits ou sont en train de se faire. Des politiques françaises comme Najat Vallaud-Belkacem ont assuré que la visibilité du sport féminin serait une priorité. La marque de maquillage professionnel MAC a choisi pour sa publicité une bodybuildeuse, une femme à la musculature loin des canons de beauté actuels. Mais ce sont encore de tous petits pas avant d’espérer une évolution notable aussi pour le sport féminin  que pour la représentation de la femme dans le sport.

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