Liberté, liberté, liberté !

Liberté, liberté, liberté !

Nation aux 2000 ans d’Histoire, la France a fait de la liberté son fondement le plus précieux. Pays qui a connu le plus grand nombre de conflits, pays ayant remporté le plus de batailles (1115…). La France est le pays qui a connu de tout temps la guerre, la guerre pour sa liberté !

Pourtant, la France glorieuse, la France fière, la France éternelle connaît depuis 2019 les plus grandes pertes de libertés depuis la Seconde Guerre. Tous les médias nous répètent tous les jours les chiffres catastrophiques, la panique, le peu d’avenir nous confortant ainsi dans l’idée que les Français ne vivent pas une perte de leurs libertés fondamentales mais qu’ils font partie de quelque chose de « plus grand » pour le bien des intérêts supérieurs de la Nation.

En 2017 Macron promettait à son électorat que voter Le Pen c’était perdre ses libertés fondamentales. Et pourtant : couvre-feu, restriction de déplacements, confinement, différentes lois liberticides (je vous renvoie à mes articles précédents), contrôle d’élection, monopolisation des moyens de communication, Assemblée Nationale faisant bloc d’un seul sens sans se préoccuper de l’avis des Français, non utilisation du référendum, déblayage violent des manifestations de la France qui souffre… La liste est encore longue. Même au cœur d’une forte crise, le gouvernement préfère l’idéologie au pragmatisme. Enfermer les Français chez eux, mais conserver les frontières ouvertes pour coller à leur idéologie Maastrichtienne, qu’ils ne quitteront jamais, quitte à détruire l’économie française.
L’étude des éléments de langage employés par le gouvernement ne fait que renforcer cette idée. Le mot « France » a disparu de leurs bouches laissant place à un concept plus start-up et Maastrichtien : « République ». « La République souffre », « l’esprit républicain », « la force républicaine », « le combat de la République ». De 1914 à 1918, ce sont 1 400 000 personnes qui sont tombées au champ d’honneur pour défendre le drapeau, la Patrie, la France. Aujourd’hui ce souvenir a quasiment disparu, la France n’est rien, la République est tout. On assiste à la lente éducation psychologique faite aux Français pour les convaincre que la Grande Europe fédérale vaut bien mieux que la petite France réfractaire et réac ! Nous pourrions nous attacher ici à l’étude des pertes de liberté liées à Maastricht mais il faudrait un développement beaucoup plus long que ces quelques lignes.

L’immondice va plus loin encore. Alors que la crise est à son comble, le gouvernement en profite pour faire passer en toute discrétion des centaines de textes à l’Assemblée Nationale qui aurait certainement fait débat dans un moment de calme. L’idéologie avant le Bien Commun. Un faux remaniement pour expliquer aux Français qu’ils (une fois de plus) ne comprennent rien à la politique. Un ministre de la justice qui a un logiciel adapté à 1981 et qui ne voit pas l’insécurité grandissante en France. Début septembre il annonce même que « la France n’est pas un coupe-gorge » – faisant fi des 50 000 agressions annuelles au couteau – et c’est ici qu’intervient l’horreur.

16 octobre 2020.

La date qui restera marquante, comme toutes les autres, est celle de la mort d’une 267e victime de l’islamisme en France. La décapitation d’un professeur marque. Contrairement à ce que répète le gouvernement, c’est la France qui est attaquée et non la République. Les islamistes s’attaquent à la France, ses libertés, sa culture, son héritage. Ils veulent imposer la loi de la charia et sont prêts à tuer quiconque se mettra sur leur route. Comme une déflagration, cet événement laisse paraître une révolte. En effet, personne ne semble en sécurité en France, l’enseignement a peur (40% des enseignants se censurent par peur), la liberté de pensée et d’expression sont menacées.
En grande pompe, le gouvernement et les différents ministres enchaînent les plateaux, on assiste à un concours de celui qui sera le plus à droite. Cela en devient ridicule quand le ministre de l’intérieur ne comprend pas le principe du rayon halal. D’autant plus risible quand l’on comprend que c’est simplement de la communication. En effet, le Sénat vient de passer une série de lois dites de droite pour lutter contre l’islamisme, pourtant le gouvernement a déposé son avis : CONTRE. Il en est de même dans les textes travaillés avant l’attaque sur le « séparatisme ». Sous la pression des associations, qui sont les mêmes que celles visées actuellement par le gouvernement, le titre de la loi est changé. On ne parle plus de séparatisme mais d’atteinte à la laïcité. Le gouvernement veut combattre l’islamisme mais n’a aucun courage politique. Il est affligeant de voir qu’en France l’Etat est intransigeant concernant les impôts ou les amendes sur la petite grand-mère qui a malheureusement oublié son attestation, mais laisse ses citoyens se faire décapiter, agresser, tuer…
Cet attentat nous rappelle aussi que la liberté d’expression en France n’est pas une certitude. Ironie du sort, au même moment Canal + et certains départements dénoncent Zemmour sur Cnews… De la même façon France Culture illustre un sujet sur le droit au blasphème avec une photo de catholiques et la gauche nous rappelle que le danger n’est pas l’islamisme mais l’extrême droite.

Chacun se fera son propre avis sur la situation. Mais il est une notion fondamentale à défendre : la liberté ! Je ne citerai pas ici le poème connu de Paul Eluard dont vous avez connaissance mais je reprendrai les paroles de notre hymne national.

Allons enfants de la Patrie
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie
L’étendard sanglant est levé
Entendez-vous dans nos campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras.
Égorger vos fils, vos compagnes !

Aux armes citoyens
Formez vos bataillons
Marchons, marchons
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons

Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté, Liberté chérie
Combats avec tes défenseurs !
Sous nos drapeaux, que la victoire
Accoure à tes mâles accents
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !

Chant qui rappelle aux Français de combattre ceux qui « viennent […] égorger vos fils, vos compagnes » et rappelle qu’à l’amour sacré de la Patrie s’ajoute la « liberté chérie ». La France s’est toujours battue pour la liberté, pour que flotte le drapeau et que ses enfants vivent dans un pays libre. Il est de notre devoir de conserver nos libertés pour lesquelles 2000 ans d’histoire ont fait tomber tant d’hommes et de femmes. Notre devoir parce que nous ne sommes qu’un maillon dans l’histoire de la Nation et que nous devons transmettre aux futures générations cette culture française et la défense de nos valeurs !

Vive la liberté !
Vive la France !

ABD

Les aventures du Roy Macron et de ses amis les puissants : un week-end studieux en terre biarrote

Quelques jours après avoir reçu le Seigneur Vladimir au fort de Brégançon, notre bon Roy a décidé de changer de lieu – sans doute lassé par la vétusté de sa résidence d’été et de l’unique et modeste piscine qu’il y a fait édifier – et accueille ses nouveaux hôtes du côté du Pays Basque. Très attaché à l’air marin, il prend cependant garde à ne pas s’éloigner de l’eau salée, et décide de les loger dans l’hôtel le plus proche de la plage, plus connu sous le nom d’Hôtel du Palais. Un nom qui ne dépaysera guère le souverain de l’Elysée. Quelle cocasse coïncidence qu’il s’agisse d’un hôtel 5 étoiles, dont le tarif le plus bas ne dépasse pas 525€ la nuit (prenez ça dans vos dents les gilets jaunes et autres gueux, ça vous rappellera les flashballs). Ce qui est bien avec cet hôtel, c’est qu’il possède deux piscines, on y est donc moins à l’étroit qu’à Brégançon. Mais trêve de mondanités, il faut bien reconnaître qu’on ne va pas accueillir les sept mecs les plus puissants du monde au Ibis Budget à côté de l’Intermarché de Bayonne. La France sait recevoir !

Malgré les réticences exprimées par la population locale (le Basque n’est pas réputé pour sa commodité après tout, pourquoi tenir compte de son avis ?), se pose un problème bien plus important : comment accueillir convenablement l’aéronef du Seigneur Donald ? L’option évidente, qui consiste à le faire atterrir à l’aéroport de Biarritz Pays Basque, est évidemment exclue. Réfléchissez un peu, cet aéroport n’accueille que des avions Ryanair, easyJet et Hop!, il ne sied guère au noble Air Force One voyons ! Deux options plus alléchantes s’offrent donc au Seigneur Donald : l’aéroport militaire de Mont-de-Marsan ou le vulgaire aéroport de Bordeaux. Dans tous les cas, le Seigneur Donald ne donnera pas l’information avant d’avoir atterri : le Roy Macron a beau être son ami, les Français ne méritent pas sa confiance pour autant. Dans tous les cas, le Seigneur Donald ne dormira pas avec les 6 autres nobliaux, puisqu’il a décidé que la base militaire de Mont-de-Marsan était plus apte à recevoir son gros cul. Tel est le privilège du milliardaire : délaisser le douillet matelas d’un hôtel de luxe au profit d’un inconfortable lit de camp. Ou alors, celui de faire prendre une armée étrangère pour ses larbins et exiger de faire amener un lit douillet au milieu des lits de camp ?

Puisque nous ne connaîtrons pas le lieu d’atterrissage du séant du riche milliardaire (la redondance n’étant pas mon problème, je me permets ce pléonasme parce que j’en ai envie), abordons dès à présent la problématique pécunière de cette réunion entre canailles haut placées. Le coût attendu n’est que de 36,4 millions d’euros, à peine plus de 50 centimes par Français ! Même pas le prix d’une chocolatine. Quelle somme dérisoire, c’est presque à se demander pourquoi on n’organise pas un G7 tous les soirs. D’autant plus que la porte-parole de la Cour du Roy Macron, aka le gouvernement français, a déclaré que ce coût est bien inférieur à celui des autres sommets similaires, et que si elle le dit, on peut la croire sur parole (à moins bien sûr qu’elle ait un jour prononcé une phrase du type « j’assume parfaitement de mentir pour protéger le président », mais il faudrait quand même être sacrément con pour faire ça). Tentons donc de résumer la situation, pour tâcher d’y voir plus clair : une réunion entre notre bon Roy et six de ses copains coûte plus de 36 millions d’euros pour à peine deux jours, et on nous déclare bouche en cœur et trompettes sonnantes que la note est non seulement très peu salée, mais qu’elle tirerait presque vers le sucré. Il faut avouer que tant d’hypocrisie, après les manifestations des gilets jaunes et autres sans-culottes, donnerait envie à un anarchiste de gauche d’entamer une carrière politique au sein d’un gouvernement ultra libéral.

Admettons cependant que la bourse du Roy Soleil soit bien garnie, et qu’il puisse ainsi financer facilement un tel événement. Aux dernières nouvelles ce n’est pas le cas, mais bon, qui sommes-nous pour critiquer les décisions prises par notre royal souverain (les pléonasmes ne sont toujours pas mon problème) ? Focalisons-nous alors sur un point qui nous concerne davantage, nous, sujets du royaume de France : nos libertés. Ainsi, cette sympathique réunion dominicale mobilise la bagatelle de 13 200 membres des forces de l’ordre. Somme toute une broutille, d’autant plus que ces mêmes forces de l’ordre n’ont absolument pas été sollicitées ces derniers mois. On s’inspire des méthodes de management des hôpitaux au ministère de la violence légitime. Ces forces de l’ordre étant là pour maintenir l’ordre comme leur nom l’indique (une révélation fracassante, il va falloir vous en remettre), leur présence n’augure rien de bon pour les diverses libertés des sujets. Et ce qui était prévisible arriva : interdiction des manifestations dans tout le BAB – le shérif Castaner est préposé pour tout ce qui concerne de près ou de loin la répression, c’est donc lui qui l’a annoncé – qui force donc les altermondialistes et autres sans-dents à manifester à Hendaye. On pourrait se dire que c’est plus près pour acheter leur tabac à rouler, mais malheureusement pour eux, le passage de la frontière est très fortement déconseillé et surtout, très fortement surveillé.

Mais les restrictions ne s’arrêtent pas là. Naïfs que nous sommes, nous croyions que la liberté de déplacement était acquise tant elle paraît élémentaire et fondamentale : que nenni ! Le centre-ville de Biarritz a été divisé en deux zones, l’une difficile d’accès, l’autre très difficile d’accès. Inutile de dire que sans lettre de cachet, et si vous n’habitez pas dans lesdites zones, il vaut mieux revenir sur vos pas et choisir un autre lieu pour votre promenade digestive. Attention cependant, les restrictions ne se limitent pas au centre-ville de la cité hôte, ce serait trop simple. Divers axes de circulation sont donc bloqués du vendredi au lundi, et les automobilistes sont appelés à utiliser l’autoroute, donc une portion a gracieusement été rendue gratuite par son exploitant (ou alors, peut-être, éventuellement, par pure hypothèse, le Roy lui a promis un dédommagement généreux : les affaires sont les affaires). Il est vrai qu’en cette période estivale, aucun clampin n’aurait l’idée de travailler, et encore moins d’utiliser son véhicule personnel pour s’y rendre. De toute façon, si un seul individu osait rouler au volant de son carrosse Peugeot 206 diesel qu’il n’a pas les moyens de remplacer pour se rendre à la manufacture qui l’emploie, tata Greta serait vraiment contrariée, et personne ne veut rendre tata Greta triste. Après cette brève divagation, revenons au cœur du propos : c’est une sacrée galère pour circuler. Par ailleurs, pompon sur la Garonne, il aura fait beau trois week-ends dans tout l’été au Pays Basque et la plage de Biarritz est interdite d’accès pile pendant l’une des susnommées fins de semaine. De quoi faire enrager le moins retors des Basques.

Dernier point qu’il est nécessaire d’aborder, et non des moindres : depuis le début je mentionne les Basques, mais il est bon de rappeler que les touristes sont légion dans cette région rebelle en cette période. Je suis intimement convaincu que ces touristes seront ravis de ne pas pouvoir accéder au cœur de la ville où ils sont venus passer leurs vacances. Et qu’ils comprendront mieux pourquoi tant de logements étaient disponibles sur Airbnb alors qu’ils s’attendaient à ne trouver que des appartements miteux hors de prix. Quoiqu’il en soit, l’humeur morose des touristes, voire leur absence pour les plus prévoyants, doit certainement réjouir beaucoup de Basques, qui en ont un peu marre des Parisiens, il faut bien l’avouer, mais pas de leur bourse bien remplie. Toutefois, les cordonniers, taverniers et autres apothicaires risquent de nettement moins apprécier cette soudaine désaffection du centre-ville : les deux mois d’été représentant l’immense majorité de leur chiffre d’affaires, je vous laisse imaginer le manque à gagner terrible qu’entraîne une semaine d’inaccessibilité à leur commerce. Bien sûr, des indemnisations sont prévues par l’Etat, car le Roy Macron est bienveillant et ne désire léser personne de quelque façon que ce soit. C’est ainsi qu’il a été décidé d’indemniser les commerçants uniquement s’ils ouvrent leur boutique durant la période, quand bien même ils seraient situés au cœur de la zone rouge et n’auraient donc aucun client pendant une semaine. Une formidable occasion de tester le en-même-temps : on travaille mais on ne fait rien. La bienveillance absurde, nouveau concept qui risque de faire un tabac dans les hautes sphères de l’Etat.

Enki Prado.

Limitons le politiquement correct

En France, la tendance est à prendre des pincettes dans ses déclarations. Cela se traduit, entre autres, par cette habitude fâcheuse que l’on a à mimer des guillemets dès lors qu’on évoque quoique ce soit qui puisse être mal interprété, ou encore un sujet sensible de société. Si l’usage de ces guillemets est par ailleurs incorrect dans la langue de Molière (nous utilisons les chevrons), il est toutefois amusant de remarquer que si nous avons importé le politiquement correct des États-Unis, nous en avons aussi adopté la gestuelle.

Les 5 formes d’intelligence pour affronter l’avenir de Howard Gardner

      En effet, le politiquement correct, que l’on peut définir par « l’habitude d’agir positivement à l’égard d’un certain groupe, pour la seule raison que ce groupe a été maltraité par le passé, et de quiconque se montre critique vis-à-vis dudit groupe » (Howard Gardner, Les cinq formes d’intelligence pour affronter l’avenir) est profondément américain. Traduit de l’anglais « political correctness », ses défenseurs le justifient en s’appuyant sur le postulat – contesté par les linguistes – communément appelé « l’hypothèse Sapir-Wholf », qui développe l’idée que le langage conditionne la pensée (en d’autres termes, un langage sexiste entraine une pensée sexiste par exemple). La réflexion développée ainsi indique que de doux euphémismes seraient plus appropriés pour évoquer certains groupes ou conditions sociales, certains métiers : « non-voyant » pour « aveugle », « hôtesse de caisse » pour caissière », mais encore « black » pour « noir » ou « gay » pour « homosexuel » (oui, le politiquement correct se nourrit justement du franglais).  À quand le « mal comprenant » de Guy Bedos ?

           

Cependant, s’il serait ridicule de s’offusquer de l’emploi de termes moins catégoriques, descriptifs, et somme toute péjoratifs voire dégradants à l’égard de certains groupes, les dérives du politiquement correct sont bien présentes, à commencer par l’imposition du vocabulaire. Il n’est pas rare de sentir que l’on dilue son propos, et si l’exemple de l’homme blanc qui n’ose plus dire « noir » ou « arabe » en public est facile, il en est tout de même une bonne illustration.

« Late Night with Seth Meyers » est une émission-débat américaine de fin de soirée animée par Seth Meyers sur NBC.

Aux États-Unis, où le politiquement correct est moins diffus et bien plus présent, on réussit à le tourner en dérision, avec les séquences comme « Jokes Seth can’t tell » (Les blagues que Seth ne peut pas dire). Dans cette séquence du Late Night show animé par l’animateur star Seth Meyers, quadragénaire blanc hétérosexuel, des intervenants issus des minorités (ethniques, LGBT) énoncent les chutes de blagues qui pourraient être considérées racistes si elles sortaient de la bouche du présentateur.

 

En France, toutefois, nous ne possédons pas encore le recul nécessaire pour avoir la vision d’ensemble des caractéristiques que le politiquement correct prend – et c’est tout le problème. Quand on étiquette tabous des termes employés au quotidien, mais aussi des éléments de réflexion, on oriente fortement le débat par une pression sourde, qui se réclame d’un soutien majoritaire (mais jamais évalué) de la population. Les raccourcis avec le Novlangue Orwellien semblent-ils si éloignés ?

Si la thèse semble a priori incongrue, elle n’en est pas moins fondée. Prenons l’exemple de Michèle Tribalat, démographe émérite à l’Ined (Institut national d’étude démographiques). Pourtant fervente critique de l’extrême droite et de ses méthodes (elle signe en 1998 Face au Front national : arguments pour une contre-offensive), on lui affuble dès le début des années 2000, suite à sa prise de position en faveur de statistiques ethniques, une pensée raciste, qui lui vaudra sa carrière et qu’elle dénoncera comme une « nazification de l’adversaire ». On retrouve ici la définition du politiquement correct du philosophe André Comte-Sponville in L’avenir du politiquement correct (2011) : « la tyrannie des bons sentiments, de la morale qui prétend s’appliquer hors de son ordre ». L’exemple est d’autant plus criant qu’il met en exergue la bien-pensance développée par le politiquement correct : on en arrive à vouloir limiter les éléments qui permettraient d’affirmer une réflexion, de peur qu’elle ne soit pas « acceptable ». 

Mais alors, face à ce constat, que faire ? La réponse doit être collective, claire et publique : pour limiter l’autocensure, tournons-là en dérision. Après tout, si on arrive à rire de la pensée unique qui s’installe discrètement, peut-être pourrons-nous mieux l’identifier dans tous ses aspects. Quoiqu’il en soit, si nous continuons à abandonner les réquisitoires contre le politiquement correct à l’extrême droite, un phénomène aussi paradoxal que malheureux fera son apparition : le bon sens servira le populisme.

Alban SIBAUD

Qu’est-ce qui est jaune et qui attend?

Les Gilets jaunes sont des plus nombreux à Toulouse

En jetant un coup d’œil au classement des personnalités préférées des Français, on remarque surtout des célébrités très consensuelles, des Omar Sy, des Jean-Jacques Goldman. Des individus qui n’ont jamais fait la moindre vaguelette. Au contraire, au rang des personnalités les plus détestées, uniquement des personnes très politisées, à l’instar d’Alain Delon ou de Nicolas Sarkozy. L’absence d’idée politique claire rassemble les Français : de là vient l’immense popularité du mouvement des Gilets Jaunes.

Le mouvement dès le départ, se réclame apolitique, dépourvu d’organisation syndicale, de toute façon socialiste. Sur les plateaux, on invite des Gilets Jaunes qui martèlent et qui s’égosillent à qui mieux mieux : le mouvement est a-po-li-tique. Il est apolitique. Il est surtout apolitisé. Car les personnes qui ont initié le mouvement n’ont que faire des luttes de pouvoir entre les partis, et les piètres tentatives de quelques hommes politiques délavés pour incarner le mouvement se sont soldées par une cuisante indifférence. Des personnalités de droite dure surtout, Florian Philippot et Nicolas Dupont-Aignan. La gauche, poltronne ou pudique, s’est tue. La rumeur qui émanait des ronds-points n’exigeait pas l’augmentation du nombre de tranches fiscales.

Etranglée entre des obligations présentielles en Assemblée et une inexpérience en communication, il n’est pas étonnant qu’une néo-classe politique entière soit en lévitation au-dessus de la vraie France, celle que décrit Jacline Mouraud dans sa vidéo virale sur Facebook. Les revendications ne peuvent plus emprunter les voies traditionnelles pour remonter à Paris. Ajoutez à ce blocage des commentaires au mieux maladroits, au pire franchement méprisants (« nous avons été trop subtils »). L’erreur a été de croire que ces députés LREM porteraient la voix du milieu d’où ils viennent. Ils portent finalement la voix de celui qui les a adoubés, j’ai nommé le Président de la République. Face à un problème aussi profondément politique, la colère des Français s’est cristallisée autour d’un mouvement qui a eu l’intelligence, (ou la chance ?) de ne pas y répondre politiquement, au sens traditionnel, au sens de la création d’un parti. La création d’une liste « Gilets Jaunes » pour les européennes signe la fin de la particularité, de la popularité, du plébiscite presque, que suscitaient ces casseurs bien-aimés de radars inquisiteurs.

Cette fin est aussi signée par une distanciation des classes moyennes et moyennes supérieures. Elles soutenaient ce mouvement, libéral et anti-taxes, comme 80% des Français. Ecrasées par la fiscalité, ça faisait longtemps qu’elles n’avaient pas senti qu’une manifestation « traditionnelle », d’ordre économique, leur parlait. N’ayan

Un manifestant gilet jaune réclamant le RIC samedi 15 décembre à Paris.

t jamais eu la culture du conflit social, elles se sont reposées pour défendre leurs intérêts sur la frange pauvre qui a occupé les autoroutes. Mais les semaines passant, les actes s’enchainant les uns après les autres, le beauf, au côté exotique de prime abord, est assez rapidement devenu gênant. Sur la forme, être assimilés à ces moyens-pauvres, voire pauvres, n’est plus attirant. Le mouvement a également trouvé une panacée appelée RIC, dont les moyens-riches n’ont que faire. Le fond ne les intéresse donc plus non plus.

Les Gilets Jaunes sont la conséquence directe du dégagisme qui a animé toute la campagne présidentielle 2017. En lieu et place d’hommes politiques expérimentés, apparatchiks roublards, des « barons » de partis, vieux hommes blancs, nous avons eu une brochette de nouveaux visages. Drapés dans le manteau immaculé du renouvellement, ils se sont révélés incapables de relayer le ras-le-bol croissant, assourdissant même, d’une grande partie des Français. Le manteau immaculé n’était que la fourrure du blanc mouton qui marche, qui marche toujours.

Anna MÉDAN

L’expatriation, un « must have » ?

L’expatriation, un « must have » ?

Tu viens de terminer 3 ou 4 belles mais intenses années à Toulouse Business School. Fraîchement diplômé, il est maintenant nécessaire de trouver le plus rapidement possible un job (n’oublions pas qu’un prêt étudiant attend d’être remboursé…). Si certains trouvent facilement du travail après des stages fructueux en France, d’autres (et ils sont souvent nombreux) se tournent vers l’international. Depuis le début déjà, TBS (comme la plupart des grandes écoles de commerce) oblige ses étudiants à partir un ou deux semestres à l’étranger, que ce soit en campus ou en université partenaire. Les retours de ceux qui rentrent pour terminer leurs études sont souvent positifs, et ils voient déjà d’ailleurs se profiler à l’horizon un nouveau départ hors de France dès qu’ils auront leur diplôme en poche.

Mais alors pourquoi ce si grand attrait pour l’étranger, et surtout, pourquoi ce désamour des jeunes pour la France au moment de trouver leur premier poste ?

Le phénomène est relativement récent en France (environ une décennie), et pourtant le nombre de jeunes diplômés qui quittent le pays à la fin de leurs études ne cesse d’augmenter (+1,7% en 2016).
Les motivations de ces départs sont pour la plupart similaires : retrouver un pays ou une ville dans laquelle on a évolué et où l’on s’est senti intégré et à sa place, retrouver notre bien-aimé rencontré un an auparavant et resté sur place, l’ouverture du marché du travail dans certains domaines (on pensera à Londres pour la finance,…), sans oublier les salaires qui sont bien plus attrayants à l’étranger (environ 45.000 euros par an pour un jeune manager à l’étranger, contre 37.000 euros par an en France, à formation égale). Beaucoup évoquent « un système trop fermé», la « peur d’échouer en France », « le besoin d’internationaliser le CV » ou encore « l’envie de changer d’air et de découvrir de nouvelles choses en entreprise ». On comprend donc que l’envie de partir vers de nouveaux horizons soit plus forte que celle de rester…

Mais si « l’herbe est plus verte ailleurs », cette fuite des cerveaux n’est-elle pas un problème pour la France ?

Et oui, toi jeune TBSien, tu t’inquiètes pour ton pays d’origine et te demande comment notre économie peut, ou pourra, survivre à la fuite de ton cerveau et de ceux de tes potes vers des destinations exotiques et des salaires plus attrayants ! Pas de panique, d’autres se sont déjà penchés sur le sujet, et ont montré que les départs français sont souvent compensés par l’arrivée de jeunes étrangers (grâce à des programmes d’échanges comme Erasmus) et par le retour au pays d’expatriés de longue date, qui reviennent en France pour des raisons personnelles ou professionnelles. Cependant, n’oublions pas que les avis restent mitigés, et que la France enregistre pour l’heure plus de départs que d’arrivées.

Un retour au pays difficile ?

Après être parti faire le tour du monde pendant quelques années, vient l’heure de rentrer en France pour de nombreux expatriés. Mais bien souvent, les retours sont difficiles voire insurmontables car les démarches administratives sont pour la plupart très longues. Par exemple, il faut parfois un an pour avoir une situation régulière auprès de la sécurité sociale, ou des complémentaires de santé…
Alors que d’autres pays comme le Canada accueillent à bras ouverts leurs revenants, nous avons encore de nombreux progrès à faire pour permettre à ceux qui le veulent de rentrer (souvent accompagnés d’un/une conjoint(e) étranger(e) et parfois même de petits marmots à la double nationalité)… Il n’est donc pas difficile de comprendre pourquoi ils sont encore peu nombreux à revenir, d’autant plus que l’accueil qu’ils reçoivent n’est pas toujours des plus chaleureux, la France n’ayant pas une culture profondément migrante.