Expansion : Quel destin pour l’Union Européenne ?

Expansion : Quel destin pour l’Union Européenne ?

Si la nouvelle est relativement récente, il n’en demeure pas moins que celle-ci est historique : le 14 décembre 2023, à la suite d’un sommet de l’Union Européenne à Bruxelles, les 27 Etats membres ont décidé d’ouvrir les négociations d’adhésion avec l’Ukraine et la Moldavie, deux Etats seulement officiellement candidats depuis l’année précédente. Si la décision, surprenante de par sa rapidité (la Hongrie de Viktor Orban s’étant abstenue pour le vote), réjouit la majeure partie des Européens ainsi que les gouvernements des Etats candidats, elle a en revanche un goût amer dans certains pays candidats à l’entrée de l’UE, avec qui cette dernière n’a pas encore ouvert les négociations, alors qu’ils se sont pourtant portés candidats antérieurement à l’Ukraine et à la Moldavie.

Ces sentiments contrastés mettent en avant un véritable carrefour auquel fait face l’Union Européenne : entre diverses possibilités d’expansion, qui ont cependant chacune leurs opportunités, leurs risques et leurs menaces, tant internes qu’externes, qui pourraient enliser l’Union voire la faire vaciller.

Des nouveaux candidats enthousiastes

Les deux candidatures les plus récentes qui ont été acceptées par l’UE sont donc celles de l’Ukraine et de la Moldavie, candidats depuis 2023 avec un dépôt de candidature effectué en 2022. Ces deux pays se situent à l’est des frontières actuelles de l’Union, et sont actuellement membres du Partenariat Oriental qu’entretient celui-ci avec des Etats d’Europe Orientale et du Caucase, qui souhaitent se rapprocher de l’UE, tant pour des raisons économiques, politiques (comme par exemple en Géorgie avec la victoire d’un parti pro-européen lors des élections présidentielles) ou sociétales.

Pour l’Ukraine, si le processus de candidature est dans les faits récent, l’idée d’un rapprochement avec l’UE a germé dans les esprits de certains ukrainiens depuis des décennies déjà, bien que le pays ait été fortement divisé sur le sujet entre partisans de l’Est (la Russie) et de l’Ouest (l’UE). Cette polarisation est l’un des facteurs des nombreux troubles politiques qu’a connu le pays, qu’il s’agisse de la révolution orange en 2004 ou des manifestations de la place Maïdan en 2013. Cependant, avec le déclenchement d’un conflit avec la Russie, d’abord en 2014 avec l’annexion de la Crimée puis en 2022, les partisans d’un rapprochement avec l’UE se sont ancrés sur le devant de la scène politique locale. De surcroît, du fait de la guerre désormais ouverte entre Ukraine et Russie, la volonté de pivoter vers l’Ouest est d’autant plus puissante aujourd’hui car elle pourrait être une garantie supplémentaire de sécurité et d’aide pour le pays, actuellement enlisé dans un conflit qui tend vers la guerre d’attrition.

L’Union Européenne a avec ces deux candidatures la possibilité d’étendre son influence vers l’Est et d’ainsi réduire celle de la Russie en s’immisçant davantage au sein de son ancien glacis protecteur de l’époque soviétique, tout en s’affirmant comme un ensemble cohérant possédant une véritable dynamique sur la scène internationale. Malgré ces avantages, le processus d’intégration d’un Etat à l’Union Européenne est long et surtout très exigent. En effet, pour qu’un Etat puisse intégrer l’Union Européenne, il doit respecter un certain cahier des charges imposé par l’UE, ce qui amène donc le candidat à faire de nombreuses réformes, plus ou moins difficiles, et ces réformes peuvent prendre du temps. La volonté européenne derrière la main tendue à l’Ukraine et à la Moldavie est en partie politique : au cours d’un agenda ‘normal’, ces Etats n’auraient pas déposés leurs candidatures avant au moins quelques années voire décennies. De ce fait, les deux Etats ne sont pas aujourd’hui en capacité de respecter le cahier des charges européen : l’Ukraine est un pays en guerre et la Moldavie est un pays en lutte contre la corruption, les trafics en tous genres (le pays étant une voie de passages de ressources illégales vers l’Europe), et des séparatistes russophiles dans la région de Transnistrie (dans l’Est du pays).

D’autres candidatures de longue dates, mais qui n’aboutissent pas

Mais ces deux Etats ne sont pas les seuls à vouloir intégrer l’Union Européenne, car 5 Etats de la région des Balkans ont également une candidature acceptée (le Kosovo a déposé sa candidature, elle n’a pas été encore acceptée à ce jour). Ces candidatures ont entre 8 et 20 ans, et pourtant elles sont au même stade que les candidatures ukrainiennes et moldaves, qui n’ont que 2 ans. En effet, les gouvernements de ces pays sont en négociation d’adhésion avec l’Union Européenne, et essayent de faire respecter dans leur Etat le cahier des charges que leur impose celle-ci pour pouvoir faire partie de cette dernière.

De plus, il existe une difficulté supplémentaire : l’intégration des Balkans à l’UE n’a pas le même écho sur le plan politique que celle des pays orientaux, et il existe de plus des inimitiés entre certains candidats et certains membres de l’Union. Prenons l’exemple de la Macédoine du Nord, dont la candidature a été acceptée en 2005. Les négociations d’adhésion traînent en longueur et ont même eu du mal à débuter du fait des conflictualités entre Macédoine du Nord et Grèce sur le nom du pays (car pour les grecs, la Macédoine est une de leurs provinces), car celui-ci porte un certain héritage – celui d’Alexandre le Grand notamment. Le pays a également un litige avec la Bulgarie, autre membre de l’UE, au sujet de la minorité bulgare dans le pays. Ainsi, des années durant, la Grèce et la Bulgarie ont fait pression à Bruxelles pour ralentir et retarder les négociations, à travers des vetos lors de votes. De ce fait, le cœur des négociations (l’ouverture des chapitres du cahier des charges) n’a réellement débuté qu’en 2023, 18 ans après la validation européenne de la candidature macédonienne.

Entre les différentes candidatures des pays des Balkans, c’est le Monténégro qui se trouve être le plus avancé, ayant déjà commencé à valider certains chapitres du cahier des charges. Mais dans les faits, les Etats font face à des rivalités politiques internes et externes, des difficultés économiques et ont du mal à se débarrasser de leurs fléaux (la corruption principalement), compliquant une adhésion rapide.

Les conséquences éventuelles d’une expansion de l’UE

Pour les Etats membres de l’Union Européenne, la possibilité d’une future expansion amène de nombreuses questions à faire surface, notamment sur la viabilité d’un tel projet. En effet, pour pouvoir comprendre les dilemmes, il faut analyser la situation à travers différents prismes.

En premier lieu, il fait sens d’étendre l’UE d’un point de vue paneuropéen (membre de l’UE ici), car une expansion permettrait d’étendre sa sphère d’influence – vers l’Est ou vers le Sud (les Balkans), pour éviter qu’une puissance extracontinentale puisse s’installer sur le continent, sous les yeux de l’UE –  et pourrait témoigner de la bonne santé de l’Union, car l’intégration de nouveaux Etats montrerait que l’Union Européenne serait capable de les ‘absorber’. De plus, cela rapprocherait cette dernière d’un statut qui pourrait devenir éponyme : celui d’une Union Européenne – de tout les Etats d’Europe (ou presque).

Cependant, à une heure où les sociétés occidentales se polarisent, certains voient d’un mauvais œil une extension de l’UE. Ainsi, vu d’une perspective plus nationale, plus d’Etats au sein de l’Union signifie moins de ressources pour chaque Etat – à court terme en tout cas -, du fait du principe d’une répartition des richesses basée sur l’équité. De surcroît, certains mettent en avant la faiblesse du système politique européen, basé en partie sur des votes à l’unanimité, et ils dénoncent le fait que l’ajout de nouveaux Etats ne va que compliquer la prise de futures décisions, à un âge où celles-ci seront capitales pour l’Union et les membres. Les décisions de l’Union étant déjà complexes aujourd’hui, du fait des blocages et de la volonté de certains membres de faire pression sur Bruxelles, les futurs accords risquent d’être obtenus après des négociations fleuves (et pas forcément paisibles). Enfin vient le risque qu’avec une Union trop grande et qui risque de devenir impopulaire du fait de sa lenteur et de sa rigidité, certains prennent l’option de quitter l’Union, ou de se rapprocher d’autres membres pour une coopération plus directe.

Ainsi, si la perspective d’adhérer à l’Union Européenne fait encore rêver de nombreux citoyens et gouvernements de pays candidats, malgré des difficultés d’adaptation politique aux normes de l’UE. Mais c’est au sein même de l’Union que les instances et les Etats balancent sur le fait de faire grandir celle-ci, bien que les candidatures soient toutes examinées, en vertu des principes européens. En somme, entre velléités politiques internes et externes et perspectives politiques incertaines au niveau national (avec la montée d’un populisme eurosceptique dans certains Etats), l’Union et ses membres vont devoir trouver une ‘’unité dans la diversité’’, pour pouvoir adapter le modèle européen et ainsi prospérer sans risquer d’imploser.

Par Maël FERTIL

Faim de Changement : comment nourrir une planète affamée ?

Faim de Changement : comment nourrir une planète affamée ?

En 2022, « 783 millions de personnes ont souffert de sous-alimentation » dans le monde, selon le rapport annuel de la FAO. Cette situation dramatique est le résultat d’un système alimentaire mondial profondément inégalitaire et insoutenable, qui met en péril la santé, l’environnement et la paix.

Comment en est-on arrivé là ? Quels sont les défis à relever pour nourrir le monde sans dévorer la planète ? Quelles sont les solutions envisageables pour garantir le droit à une alimentation suffisante, saine et durable pour tous ?

Comment le monde aborde-t-il les défis de la sous-alimentation alors que la faim persiste à l’échelle mondiale ?

Le système alimentaire mondial actuel est le fruit d’une longue histoire, marquée par des révolutions agricoles, des échanges commerciaux, des innovations technologiques, des politiques publiques, des mouvements sociaux et des crises diverses. Il se caractérise par une grande diversité, mais aussi par de fortes inégalités, tant au niveau de la production, de la distribution, que de la consommation des aliments.

D’un côté, on assiste à une intensification et à une industrialisation de l’agriculture, qui reposent sur l’utilisation massive d’intrants chimiques, de machines et d’OGM. En effet, selon Atlas des pesticides de 2022, la consommation mondiale de pesticides a augmenté de 80 % depuis 1990. Cette agriculture vise à augmenter les rendements et à réduire les coûts de production, mais elle a aussi des impacts néfastes sur l’environnement, et la santé des agriculteurs et des consommateurs. Par exemple, the Guardian parle de pesticide responsable « d’environ 11 000 décès humains et de l’empoisonnement de 385 millions de personnes chaque année ». Elle favorise également la concentration des terres, des marchés et des profits entre les mains de quelques acteurs puissants, au détriment des petits paysans.

De l’autre côté, on observe une expansion et une diversification de la demande alimentaire, liées à la croissance démographique, à l’augmentation des revenus et aux changements des modes de vie et des habitudes alimentaires. Cette demande se traduit par une plus grande consommation de produits animaux et de produits importés. Par exemple, selon le point, « la consommation mondiale de viande a été multipliée par près de cinq au cours des soixante dernières années ». Cette alimentation répond à des besoins de praticité, de variété, de plaisir, mais elle engendre aussi des problèmes de surpoids, d’obésité, de gaspillage et de dépendance. En effet, selon l’OMS, le cas d’obésité a « triplé entre 1975 et 2016 », englobant, en 2016, 13% de la population mondiale.

Quels défis notre système alimentaire doit-il surmonter pour garantir une alimentation suffisante et équitable ?

Aux vues de cette situation, notre système alimentaire doit faire face à plusieurs défis majeurs, qui mettent en jeu sa capacité à assurer la sécurité alimentaire et la souveraineté alimentaire des populations, ainsi que sa durabilité écologique, économique et sociale.

Le premier défi est celui de la faim, qui touche encore 258 millions de personnes dans 58 pays, selon le rapport mondial sur les crises alimentaires. La faim est le résultat de la pauvreté, de la discrimination et de l’exclusion, qui empêchent les personnes d’accéder à des aliments suffisants, sains et nutritifs. En France, en 2022, par exemple, la demande d’aide alimentaire a triplé en 10 ans, avec 2,4 millions aujourd’hui. De plus, la Fédération française des banques alimentaires expliquait que « Depuis 2008, les différentes crises […] se sont traduites par cette marée lente du recours à l’aide alimentaire qui n’a jamais reflué ». La faim entraîne des conséquences dramatiques sur la santé, le développement et la dignité des personnes qui en souffrent.

Le deuxième défi est celui de la malnutrition, qui affecte plus de 2 milliards de personnes dans le monde, selon l’OMS. La malnutrition recouvre à la fois la sous-nutrition, qui se manifeste par un déficit en calories, et la sur-nutrition, qui se traduit par un excès de calories. La malnutrition est liée à la qualité et à la diversité de l’alimentation. La malnutrition a des effets néfastes sur la croissance, le développement cognitif, la résistance aux infections, la productivité et le bien-être des individus.

Le troisième défi est celui du changement climatique, qui menace la sécurité et la durabilité de notre système alimentaire, mais qui est aussi en partie causé par celui-ci. En effet, le secteur agricole est responsable d’environ « un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre » selon l’ONU. Le changement climatique a des impacts négatifs sur la biodiversité et les rendements agricoles, la qualité. Il accroît aussi les risques environnementaux qui affectent la production et l’accès à la nourriture.

Le quatrième défi est celui du manque de résilience du système alimentaire. L’agriculture s’autodétruit alors que « 99% de nos aliments viennent du sol » selon George Monbiot dans son livre Nourrir le Monde. Nous avons un système alimentaire qui devient fragile, car il est dominé par quelques entreprises qui prônent une diversité végétale réduite. Dès lors, George Monbiot affirme que « Notre façon de nous nourrir engendre des difficultés de vie sur terre ».

Le cinquième défi reste le désintéressement de l’agriculture pour l’alimentation. Des États, à l’instar du Brésil, mettent en place une politique agricole afin de valoriser le biocarburant. Ces biocarburants font sortir de l’alimentation de grandes quantités de produit alimentaire comme le maïs, le sucre et le soja.

Comment pouvons-nous transformer notre système alimentaire pour le rendre plus résilient et équitable ?

Pour faire face à ces défis, il est nécessaire de transformer radicalement notre système alimentaire, en le rendant plus juste, plus résilient et plus respectueux de la nature et des êtres humains.

La première piste est celle de l’agroécologie, qui consiste à appliquer les principes de l’écologie à l’agriculture, en favorisant la diversité des cultures, la rotation des sols et l’utilisation des savoirs locaux. L’agroécologie permet de produire des aliments sains et nutritifs, tout en préservant les ressources naturelles et la biodiversité. Elle contribue aussi à renforcer la souveraineté alimentaire, c’est-à-dire le droit des peuples à définir leur propre politique agricole et alimentaire, en fonction de leurs besoins, de leurs cultures et de leurs valeurs.

La deuxième piste est celle de l’alimentation durable, qui vise à adopter des modes de consommation et de distribution des aliments qui respectent la santé et l’environnement. L’alimentation durable implique de réduire la consommation de produits animaux, et de privilégier les produits végétaux et les produits locaux. Elle suppose aussi de lutter contre le gaspillage alimentaire, qui représente environ « un tiers de la production mondiale de nourriture ». Elle nécessite enfin de soutenir les circuits courts, les marchés locaux, les coopératives et les associations qui favorisent la proximité, la solidarité, la transparence et la démocratie alimentaire.

La troisième piste est celle de la Sécurité sociale de l’alimentation, qui consiste à reconnaître le droit à une alimentation suffisante, saine et durable comme un droit fondamental, et à le garantir par des politiques publiques adaptées. En effet, pour Bénédicte Bonzi, dans La France qui a faim, il faut créer une « sécurité sociale de l’alimentation », qui garantirait « le droit à une alimentation suffisante, saine et durable pour tous », en s’appuyant sur les principes de la démocratie alimentaire. Pour elle, se nourrir correctement est un « droit fondamental », qui « ne doit pas dépendre de la charité, du marché ou de l’État », mais qui doit être « co-construit » par les citoyens, les producteurs, les distributeurs et les consommateurs.

La faim persistante à l’échelle mondiale, les défis structurels de notre système alimentaire, et les solutions possibles sont autant de sujets cruciaux qui exigent une réflexion et une action immédiate. Face à cette complexité, la France, en tant qu’acteur majeur dans la production alimentaire mondiale, doit jouer un rôle proactif dans la recherche de solutions durables. En repensant nos habitudes alimentaires et en promouvant une agriculture respectueuse de l’environnement, nous pouvons aspirer à un avenir auquel personne ne souffre de la faim, et où l’alimentation est un droit indispensable pour tous.

Comment pouvons-nous collectivement contribuer à la transformation de notre système alimentaire pour un avenir plus juste et nourrissant ?

Par Matthis THOMAS–ZBINDEN

A quoi nous sert toute cette eau ?

A quoi nous sert toute cette eau ?

A l’heure de la mondialisation où la concurrence entre les états se fait de plus en plus rude et où les enjeux géostratégiques sont plus que jamais l’occasion de réaffirmer sa puissance et son influence dans le monde, les espaces ultra-marins et Zones Economiques Exclusives (ZEE) apparaissent alors comme des atouts dont il faut savoir saisir les opportunités, en les mettant en avant et en les exploitant de manière efficiente. Pour rappel, les ZEE sont des territoires maritimes sur lesquels un état peut exercer ses droits souverains en matière d’exploration, d’exploitation, de gestion, d’usage et de conservation des ressources naturelles, biologiques et non-biologiques, sans oublier les fonds marins et les sous-sols, soumis toutefois à une réglementation de protection de la biodiversité. Un traité international visant à mettre en place une réglementation des affaires maritimes qui divulgue de grands principes juridiques, les droits souverains des états ainsi que les règles régissant la circulation et l’exploitation des ressources sur les espaces ultra-marins a été adopté le 10 décembre 1982 lors de la Convention de Montego Bay qui s’est tenue en Jamaïque. Il est entré en vigueur le 16 novembre 1994. Ce traité rassemble aujourd’hui 168 pays signataires. La France l’a ratifié le 16 avril 1996.

Quels sont les atouts des ZEE et quelles opportunités offrent-elles aux états qui en possèdent ?

Les Zones Economiques Exclusives (ZEE) possèdent de nombreux atouts que ce soit au niveau économique, en matière de souveraineté, de défense, de gouvernance mais aussi en ce qui concerne la recherche scientifique et médicale et la préservation de l’environnement et de la biodiversité. Les ZEE jouent également un rôle important en matière d’enjeu énergétique et l’ensemble des défis qui seront à relever avec notamment l’augmentation de la population mondiale.

En matière économique, les Zones Economiques Exclusives permettent aux états qui les possèdent d’avoir des points d’ancrage mondiaux, présents dans plusieurs zones maritimes et océans. Dans un contexte d’économie globalisée, où les océans sont devenus l’un des principaux axes de circulation et de transport de marchandises, cela représente un réel avantage pour le commerce international, les importations et les exportations. Aujourd’hui, près de 90 % des marchandises sont transportés par bateau. Les ZEE sont au cœur des enjeux mondiaux de maritimisation.

Les ZEE renforcent la présence des états sur leurs territoires ultra-marins. Elles constituent un excellent moyen de contrôle de leurs axes de communication, de leurs routes commerciales et permettent à ces derniers de réaffirmer leur souveraineté et leur rôle dans l’application et le respect du droit maritime international. Avec les ZEE, la gouvernance des océans ainsi que la préservation de l’environnement et de la biodiversité qu’abritent les territoires ultra-marins, s’en trouvent renforcés.

Les ZEE constituent un terrain privilégié pour la recherche scientifique et médicale. En effet, des chercheurs ont découvert que les mers et les océans abritent une partie des protéines alimentaires et des molécules permettant de protéger voire même de lutter contre l’apparition de certaines maladies telles que le cancer ou encore la maladie d’Alzheimer.

En ce qui concerne maintenant les enjeux énergétiques, les ZEE abritent un nombre important de sources d’énergies renouvelables et permettront progressivement aux états de changer leurs modes de production d’énergie et d’électricité en les réorientant vers des modes de production propres, plus respectueux de l’environnement. Cette démarche s’inscrira d’ailleurs dans le plan de lutte contre le réchauffement climatique et pour la préservation de la biodiversité. La mer et les océans sont propices à de nombreuses sources de production d’énergie propres telles que les éoliennes offshore, les courants marins ou encore les biocarburants à base d’algues parmi tant d’autres.

Au-delà des atouts que nous venons de citer précédemment, les ZEE apparaissent comme indispensables pour faire face à l’augmentation de la population mondiale qui devrait se rapprocher de 10 milliards d’êtres humains à l’horizon 2050. Les ZEE permettent déjà aujourd’hui de subvenir aux besoin des populations peuplant les territoires ultra-marins. Grâce à la grande variété de ressources qu’elles abritent, les ZEE offrent la possibilité aux territoires ultra-marins la plupart du temps situés en marge des réseaux continentaux et très dépendants de l’exploitation pétrolière, de s’approvisionner en ressources énergétiques. Les ZEE couvrent d’importants réservoirs d’alimentation notamment par le biais de la pêche. Ces derniers devraient être en mesure de permettre à une partie de la population de se nourrir.

 

Comment la France gère-t-elle les territoires ultra-marins et les Zones Economiques Exclusives qu’elle détient ?

Tout d’abord avant d’évoquer la manière dont sont gérés les espaces ultra-marins et les ZEE, il est bon de rappeler que la France est présente sur l’ensemble des océans du globe grâce à ses nombreux départements et collectivités d’Outre-Mer. Par le biais de sa présence mondiale, elle dispose d’une vaste ZEE qui s’étend sur environ 11 035 000 km2, deuxième plus grande ZEE mondiale après celle des Etats-Unis (11 351 000 km2). Son domaine sous-maritime est quant à lui le plus important du monde avec 11 614 000 km2 de superficie et une zone d’exploitation exclusive du plateau continental à 350 milles nautique des côtes. Une telle situation offre à la France de précieux avantages géostratégiques permettant de répondre à de nombreux enjeux économiques, sécuritaires mais aussi environnementaux.

L’Outre-mer constitue un incroyable atout pour la France et lui permet de rayonner dans le monde entier grâce la présence de ses départements et collectivités ultra-marins aux 4 coins du globe. Pourtant, à l’heure de la mondialisation, force est de constater que la France n’est pas toujours consciente des avantages qu’elle peut tirer des territoires qu’elle possède hors-hexagone. L’Outre-Mer est souvent vu comme un « empire oublié » et entretient des rapports et des relations avec la métropole qui sont pour la plupart déséquilibrés et asymétriques. Les territoires d’Outre-Mer souffrent d’inégalités économiques et sociales par rapport à l’hexagone. Le taux de chômage y est beaucoup plus élevé qu’en métropole. Selon un rapport de l’INSEE, en 2016, le taux de chômage avoisinait les 19 % sur l’ensemble de l’Outre-mer et atteignait même les 27% à la Réunion alors qu’en métropole, ce taux n’était que de 10%. Il est temps que les rapports et les relations entre la métropole et l’Outre-mer changent et que la France fasse de ses territoires ultra-marins et hors-hexagone des zones d’attractivité et de développement économique. Avec les nombreuses richesses et ressources qu’abritent ces territoires, l’état français a tout intérêt à mettre en place une économie de la mer. L’activité économique est à réformer. Les ZEE offrent des opportunités de développement grâce de multiples secteurs d’activités comme celui de la pêche ou encore celui de l’aquaculture entre autres. Les Antilles importent jusqu’à près d’un tiers de leur consommation de poissons alors qu’ils disposent de toutes ces ressources localement. Il existe également un potentiel de développement d’activité liée aux énergies renouvelables marines (énergies produites à l’aide des courants marins, celles liées aux biocarburants avec notamment les microalgues marines). Prendre les mesures nécessaires au développement de l’économie ultra-marine permettrait de rendre les territoires d’Outre-Mer beaucoup plus attractifs. De nombreuses créations de filières agricoles et industrielles pourraient être envisagées et cela inciterait aussi bien des grand groupes nationaux (spécialisés dans les secteurs de l’énergie par exemple) que des petites entreprises artisanales à la pointe de nombreux secteurs d’activité, de venir s’installer dans ces territoires et faire émerger un tissu structuré autour de véritables filières économiques.

La mise en place d’une économie des activités marines ne présente pas uniquement des avantages économiques mais elle constitue une véritable opportunité sur le plan social. En effet, le développement des nombreux secteurs d’activité mentionnés précédemment permettrait de créer un nombre important d’emplois dans des régions où comme nous l’avons vu le taux de chômage est très élevé et où on l’observe une démographie dynamique et une forte concentration de population jeune. Une population jeune et une démographie dynamique permettrait de « faire tourner l’économie » et d’ouvrir des perspectives d’avenir.

Le développement de l’activité lié aux ZEE doit également répondre aux exigences en matière de protection environnementale et de préservation de la biodiversité. Les activités en milieu marin impliquent d’utiliser les ressources présentes en mer. Or le milieu marin est un milieu particulièrement riche en biodiversité et donc fragile pour les mêmes raisons. La France doit trouver des solutions conciliant à la fois un développement de l’activité économique impliquant l’exploitation des richesses et des ressources sans nuire à l’environnement et une préservation de la biodiversité sans pour autant sanctuariser l’Outre-Mer et son attractivité territoriale et économique. L’état français a pour principal enjeu de définir une croissance durable et raisonnée tout en exploitant le potentiel de ses collectivités et territoires ultra-marins.

Enfin, la France doit songer à favoriser un développement plus autonome de ses territoires en Outre-Mer, fondé sur les atouts spécifiques de chaque territoire. A l’instar des ressources marines et des sous-sols, les ZEE présentent des caractéristiques différentes en fonction de leur emplacement, de leur situation géographique ce qui rend les activités qui y sont exercées extrêmement variées. Il est donc nécessaire que le pilotage et l’encadrement de ces activités ne soient pas centralisés mais qu’ils favorisent au contraire une interaction entre les différents acteurs et parties prenantes.

Qu’en est-il pour l’Union Européenne ?

Il n’existe pas de ZEE européennes à proprement parler puisque les droits de souveraineté exercés sur les territoires ultra-marins reviennent à un seul Etat auquel ces territoires ont été attribués, à la différence des domaines de compétence partagés comme la pêche par exemple.

Pour autant, l’Union Européenne a des intérêts à défendre et elle pourrait à ce titre, bénéficier du potentiel offert par les territoires ultra-marins français. En tant que principale puissance commerciale, l’Union Européenne ne peut ignorer les avantages que représentent le monde maritime et les océans en matière de mondialisation économique tant pour les richesses et les ressources qui s’y trouvent que pour les axes de communication et de transport des marchandises. Le vieux contient se retrouve confronté à des difficultés liées à la pénurie de métaux stratégiques. La France devrait pouvoir permettre à celui-ci de s’en procurer grâce aux ressources dont disposent ses territoires ultra-marins.

Bruxelles doit prendre en compte l’importance du rôle des ZEE mais ne pas seulement se contenter d’en tirer profit. En effet, l’Union Européenne doit permettre aux territoires ultra-marins de bénéficier aussi des opportunités offertes par les ZEE. Elle doit les accompagner dans le renforcement qu’ils entretiennent avec les ZEE. Elle doit les reconnaître comme points d’ancrage naturels de toute stratégie d’accès aux nouvelles opportunités.

L’Union Européenne doit changer de stratégie en mettant en avant les territoires spécifiques de l’outre-mer dans les différentes régions du globe en matière d’échanges commerciaux plutôt que de favoriser le libre-échange avec des pays du Sud dont les produits importés ne répondent aux mêmes normes sanitaires, environnementales et autres que celles imposées par l’UE elle-même. Elle doit également réformer la politique en matière de pêche et d’activité maritime. Instaurer une politique commune de pêche non flexible ne permettant pas aux territoires ultra-marins de l’adapter à leurs spécificités et empêchant ainsi de saisir toute opportunité de développement des activités et d’échanges commerciaux, apparaît peu judicieux voire même dangereux puisqu’ une situation telle que celle-ci met en difficulté les territoires ultra-marins et favorise les concurrents qui sont eux, inclus dans le marché communautaire européen en tant que partie intégrante de ce dernier.

Il en va de même concernant les accords de partenariat économique (APE) conclus avec des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Ces pays avec lesquels l’UE a passé un accord de partenariat économique, ont des coûts de production extrêmement bas et ne sont pas soumis aux normes européennes alors même que dans les territoires ultra-marins français donc européens comme à la Réunion par exemple, « les contraintes nationales ou communautaires surenchérissent de quatre à cinq fois les coûts de production et de commercialisation des entreprises réunionnaises par rapport à leurs concurrents des États tiers ».

Revitaliser les territoires ultra-marins nécessite de réformer les politiques qui sont menées actuellement et de proposer des accords et une réglementation qui favorisent le rayonnement économique de ces régions. Il est toutefois à noter que le réchauffement climatique provoquant la montée des eaux va changer la géographie des ZEE et par conséquent une partie de la population résidant sur ces les zones submergées de ces territoires seront amenées à migrer et donc l’économie locale.

 

Par Nolwenn Dallay

Une semaine pour faire vivre la géopolitique

Une semaine pour faire vivre la géopolitique

https://zoom.us/j/2887756480

Epidémie de coronavirus, leadership sur la 5G, déséquilibre dans l’alimentation mondiale, interférences culturelles, économies globalisées et pourtant désormais astreintes à une relocalisation forcée, les variables commerciales, géographiques, politiques et ethniques n’ont jamais autant complexifié le monde qu’aujourd’hui et permis de mettre en lumière l’importance de la discipline qui relie, observe et détermine leurs effets : la géopolitique. De ce monde-là, qu’en tirer ? Qu’en attendre ? Comment s’y préparer ? Comment y évoluer au quotidien lorsque les antipodes se mêlent au commun et l’inespéré à l’ordinaire ? L’actualité de ces derniers mois et de ces dernières semaines, nationale comme internationale, notons-le, ne pouvait mieux introduire l’événement unique que nous sommes fiers de vous présenter et de vous partager ce lundi 26 octobre 2020 et au cours duquel ces questions seront débattues, n’en doutons pas : une semaine entièrement dédiée à la géopolitique !

Geopolitics league, quezaco ?

En vocable français « semaine de la géopolitique », la geopolitics league est née d’un partenariat inédit en 2020 entre Mister Prépa, site spécialiste dans la préparation des concours d’entrée aux grandes écoles de commerce et de management, et huit associations de géopolitique soucieuses de faire partager leur passion et leur engagement en la matière. En l’espace d’une semaine, plus d’une dizaine d’événements, animés par des membres passionnés issus de ces huit associations selon un roulement bien précis, se tiendront chaque après-midi. Ainsi, dès aujourd’hui et jusqu’au 30 octobre, viens apprécier l’intervention de conférenciers prestigieux, te mesurer à d’autres invités dans des jeux et des quizz testant tes capacités d’analyse géopolitique. Chaque jour, deux activités seront mises à l’honneur et n’auront pour seul objectif que de t’informer, te faire réagir ou te laisser te confronter aux autres dans l’univers de la géopolitique.

A quoi dois-je m’attendre ?

Amoureux.se de la géopolitique, candidat.e aux grandes écoles ou simple curieux.se, peu importe ton statut car la semaine de la géopolitique s’adresse à tout le monde. En effet, si les enjeux géopolitiques ne ciblent personne individuellement, ils touchent néanmoins chacun d’entre nous à son niveau, à commencer par le monde de l’entreprise. A cet égard, le monde des affaires n’échappe pas plus à la règle qu’un autre secteur en particulier et constitue ainsi l’un des centres d’attention majeur des géopolitologues. C’est pourquoi deux conférences croiseront et révélerons sous des angles différents les contingences du monde professionnel avec les risques et opportunités géopolitiques. A savoir que la semaine de la géopolitique, c’est aussi une actualité décryptée, passée au peigne fin par des participants volontaires et des experts afin de mieux appréhender l’envergure de certains enjeux géopolitiques, une simulation onusienne riche de diversité d’expression et un exercice unique.

En un mot …

C’est bien simple, la semaine de la géopolitique, c’est un événement exceptionnel pensé par des personnes captivées. Sur tous les plans, elle satisfera les attentes : curiosité, réussite ou appétence. Enfin, la semaine de la géopolitique, c’est une logistique incroyable malgré la période âpre que nous traversons, dans le but d’organiser des débats fascinants. Alors, à toi de faire vivre cette semaine et de l’éclabousser de ton talent !

 

Raphaël Delagnes

Le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie : mise en lumière sur la situation actuelle

Le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie : mise en lumière sur la situation actuelle

Le Samedi 10 Octobre, L’Azerbaïdjan et l’Arménie s’entendaient sur un cessez-le-feu à 12h00. Malheureusement, ce dernier n’a pas duré très longtemps suite à un renvoi d’accusations d’un camp à l’autre concernant sa violation à cause de tirs de missiles. Depuis le 27 Septembre 2020, la région azerbaidjanaise du Haut-Karabakh située à l’Est du pays, proche de la frontière avec l’Arménie et à velléités indépendantistes et séparatistes soutenue par Erevan, se livre à des affrontements meurtriers avec L’Azerbaïdjan. Ce conflit aurait déjà fait environ 400 morts et 70 000 personnes ont dû quitter prématurément la région depuis le 27 Septembre. L’appel au calme par la communauté internationale a été pour le moment partiellement entendu par les deux parties. De plus, beaucoup de puissances qui ont des intérêts dans le Caucase comme la Turquie et la Russie commencent à se positionner au sein de cet échiquier géopolitique complexe : la crainte d’un conflit à plus grand échelle est donc à prendre en compte. Cet article va mettre la lumière sur ce conflit et analyser le rapport de forces entre les diverses puissances impliquées. Négligée ces dernières semaines par les divers médias, il est tout de même important de s’intéresser et de comprendre les raisons de ce conflit.

Dans un premier temps, analysons de plus près l’Histoire de ces deux pays et intéressons-nous à leur situation actuelle.

L’Azerbaïdjan a été fondée en 1918 et a adopté un tout nouveau modèle politique à l’époque : la République parlementaire laïque musulmane. Pendant un temps en 1918, il fût question d’une fusion entre l’Arménie, la Géorgie et l’Azerbaïdjan, qui fût rapidement abandonnée compte tenu des disparités ethniques entre ces trois pays. 23 mois après la déclaration d’indépendance du pays, les blindés russes s’emparèrent de la capitale Bakou et l’Azerbaïdjan devenait une République à part entière de l’URSS jusqu’à sa chute en 1991. Aujourd’hui le pays compte plus de 10 millions d’habitants avec une superficie de 87000 km² et une ouverture maritime sur la Mer Caspienne. Le président Ilham Aliyev a succédé à son père en 2003 et a été réélu président en 2018 pour un quatrième mandat avec plus de 86% des voix. En 2019, son PIB – dont l’industrie participe à 52% de la croissance – avoisinait 48 milliards de dollars et le pays bénéficie de ressources pétrolières et gazières.

L’histoire de l’Arménie s’étale sur des siècles. De l’Empire perse en passant par les Byzantins puis les Turcs, le pays a traversé les siècles et les différents Empires. Au début du XXè siècle, la diaspora arménienne occupait une majeure partie de la Turquie actuelle mais dès 1915, les accusations de trahison à l’encontre de soldats arméniens et les violences démultipliées des Turcs envers les Arméniens donnèrent la mort à plus d’un million d’entre eux, soit la moitié de la population présente en Turquie :  ce fût l’un des premiers génocides de l’Histoire, toujours pas reconnu par la Turquie. Le traité de Sèvres signé en 1918 donna à l’Arménie un territoire, cependant, en 1920, les troupes emmenées par Mustapha Kemal et appuyées par les bolcheviks envahissaient le nouveau pays. Le traité de Sèvres ne fût jamais appliqué et remplacé par le traité de Lausanne signé en 1923 qui conçoit l’annexion par l’URSS de l’Arménie : elle devient une république fédérale. A la chute de l’URSS en 1991, le pays retrouva son indépendance. Aujourd’hui l’Arménie est une République Parlementaire dont Armen Sarkissan est le Président depuis 2018. En 2017, le PIB du pays est estimé à 11milliards de dollars dont 52% est issu de l’activité tertiaire. La population arménienne ne dépassait pas les 3 millions d’habitants en 2016 et elle est à majorité chrétienne.

Revenons 30 ans en arrière pour mieux comprendre les racines de cette discorde. Dés 1991 et la dissolution de l’URSS, la région du Haut-Karabakh rattachée à L’Azerbaïdjan, dont la majorité de la population est d’origine arménienne, demandait plus d’autonomie. Bakou a répliqué en supprimant son statut spécial d’autonomie. Un vent de révolte souffla dans la région, qui  s’autoproclama indépendante. Depuis 1988, les combats entre les séparatistes et les forces armées azerbaïdjanaises s’intensifièrent et en 1993, une partie de L’Azerbaïdjan fût occupée par les forces armées arméniennes. Un cessez-le-feu fût proclamé en 1994. Depuis 1988, plus de 15 000 personnes ont été tuées et 1 million de personnes ont été déplacées. D’une part, l’Azerbaïdjan considère l’Arménie comme un pays « agresseur » qui occupe militairement 20% de son territoire, mais d’autre part l’Arménie est le seul pays à reconnaître l’indépendance du Haut-Karabakh dont le budget est alimenté à plus de 40% par les subventions arméniennes. Plus de 150 000 personnes vivent à ce jour dans cette région.

Aujourd’hui, nous pouvons résumer le conflit à l’aide de cette infographie tirée du journal Le Monde: `

comprendre le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaidjan

Depuis maintenant à peine moins d’un mois, le quotidien des habitants de la région du Haut-Karabakh est rythmé par de multiples bombardements et tirs de roquettes.  Les points stratégiques comme les centrales électriques deviennent des cibles afin de paralyser le pays. Le 2 Octobre, l’Azerbaïdjan a tiré 2 missiles balistiques en direction d’une centrale nucléaire arménienne mais ils ont été interceptés par des complexes anti-aériens russes. En réponse à cette agression, l’Arménie tente de détruire la plus grande centrale hydroélectrique du Caucase située en Azerbaïdjan, celle de Mingatchevir. La destruction de ces deux complexes pourrait amener à une montée des tensions et à des catastrophes écologiques sans précédent.

Malgré un cessez-le-feu assez fragile obtenu Samedi dernier, chacun des deux pays se vante et contredit les données de l’autre concernant le nombre de soldats ennemis tués. La situation est tellement tendue qu’un couvre-feu et la loi martiale ont été décrétés dans plusieurs grandes villes azerbaidjanaises. Ce conflit nous montre aussi le poids des réseaux sociaux qui sont utilisés par les séparatistes pour glorifier leurs victoires et pour diffuser leur message à la communauté internationale soit l’indépendance du Haut-Karabagh. Selon eux, déclarer l’indépendance de la région est le seul moyen d’arriver sur le long terme à une paix durable. Quant à l’Azerbaïdjan, il gonfle ses rangs militaires avec plus de 100 000 soldats mobilisés dont certains sont des mercenaires syriens à la solde de la Turquie. Le pays déclarait réfléchir éventuellement à un cessez-le-feu à la seule condition de retrouver ses territoires occupés par les forces arméniennes.

Plusieurs pays annexes sont aussi impliqués indirectement dans ce conflit. En effet, les pays médiateurs comme la Russie, Les Etats-Unis et la France ont demandé un cessez-le-feu immédiat obtenu après plus de dix heures de négociation. La France soutient l’Arménie car les 2 pays sont membres de l’Organisation Internationale de la Francophonie et peut faire pression sur l’Azerbaïdjan par des moyens économiques. Soutenue par l’Union Européenne, la France peut demander le gel des avoirs de la famille Aliyev qui proviennent avant tout de l’argent du pétrole. La Russie quant à elle n’intervient guère dans ce conflit car elle est liée par un traité militaire à l’Arménie et ne veut pas perdre le peu d’influence qui lui reste en Azerbaidjan. La Turquie soutient de manière claire et avérée l’Azerbaidjan de par leur proximité culturelle, mais elle reste encore à l’écart compte tenu de nombreuses tensions déjà existantes avec les pays voisins comme la Grèce, et l’arrivée imminente de nouvelles élections en 2023. Erdogan pousse clairement Ilham Aliyev à faire la guerre. D’autres pays proches du conflit surveillent la situation comme l’Iran qui a menacé de répliquer en cas de violation de sa frontière ou encore la politique israélienne qui reste quant à elle floue car le pays est accusé par les rebelles séparatistes d’avoir vendu des drones militaires à l’Azerbaïdjan.

Ce conflit qui dure maintenant depuis plus de 30 ans reste difficile à comprendre et l’issue est incertaine. Bien que les capacités militaires de l’Azerbaïdjan restent nettement au-dessus de celles de l’Arménie, le conflit s’enlise compte tenu du terrain montagneux et difficile. La Turquie pourrait sortir vainqueur de ce conflit si l’Azerbaïdjan ne gagne pas rapidement la guerre car elle pourrait renforcer son influence dans ce pays.

Gui 2 c’est carré

 

SOURCES

https://www.lemonde.fr/international/article/2020/10/10/haut-karabakh-azerbaidjan-et-armenie-s-accordent-sur-un-cessez-le-feu-a-partir-de-midi_6055515_3210.html

https://www.notre-planete.info/actualites/4700-centrale-nucleaire-Metsamor-Armenie-guerre-Azerbaidjan

https://www.lexpress.fr/actualite/monde/tout-comprendre-au-conflit-entre-l-armenie-et-l-azerbaidjan-dans-le-haut-karabakh_2135653.html

https://www.francetvinfo.fr/monde/armenie/le-conflit-entre-l-armenie-et-l-azerbaidjan-est-une-question-de-vie-ou-de-mort-pour-les-habitants-du-haut-karabakh_4123755.html

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/azerbaidjan/presentation-de-l-azerbaidjan/

https://www.revueconflits.com/azerbaidjan-caucase-urss-gil-mihaely/

https://www.axl.cefan.ulaval.ca/asie/armenie2-HST.htm

https://www.i24news.tv/fr/actu/israel/diplomatie-defense/1602416379-un-leader-armenien-accuse-israel-d-etre-complice-de-la-guerre-genocidaire-menee-par-l-azerbaidjan

 

 

 

Il s’est passé quoi en mars ?

« Le covid19 ne cesse de progresser », « le covid a aujourd’hui tué… », « Entretien avec un survivant du covid… ». Vous voyez où je veux en venir. Dès lors qu’on allume la télé, qu’on ouvre un journal sur une application ou alors qu’on en lit un, c’est toujours la même chanson. Un rebut. Alors certes le covid a causé des dégâts sociaux, psychologiques et économiques non négligeables pour toutes les grandes puissances mondiales : il y a un avant, un présent et il y aura un après covid19. Bien qu’aujourd’hui le monde tourne au ralenti et les puissances se crispent face à cette menace, à noter que Bill Gates en 2015 lors d’un TedX show avait déjà prédit tout ça, le mois de mars a été riche en informations souvent cachées par le covid. Oui j’aurai pu parler du « Alixday », des propos de Karim Benzema sur Olivier Giroud (entre nous, il n’a pas tort mais bon on ne retient que le moment où il le compare à Mario Kart…) Ou encore de l’anniversaire de Ninho, mais on va rester RDVcorpo et on va faire une synthèse de l’actualité géopolitique de ce mois de mars SANS mentionner une seule fois le coronavirus. 

Voici les principales actualités dans les différentes parties du monde : 

Europe 

▪ L’ancien président de l’Olympique de Marseille Pape Diouf est décédé au Sénégal. C’est un homme respecté dans le milieu du football français qui nous quitte. Il a largement contribué à la renaissance de l’Olympique de Marseille lors de son investiture. Le monde du football lui rend hommage. 

▪ L’entreprise chinoise spécialisée dans les nouvelles technologies (smartphones, tablettes, …) Huawei implantera une usine en France. Cette implantation est une réponse aux pressions exercées par les Etats-Unis. De plus, Huawei espère démocratiser le passage à la 5G partout en France. D’un point de vue économique et social, c’est une opportunité car cela permettrait la création d’emplois et le passage à la 5G. En revanche, certains pays européens voient l’implantation de Huawei comme une menace car la Chine pourrait infiltrer le libre marché européen, si ce n’est pas déjà le cas… 

▪ En Russie, Vladimir Poutine pourrait être élu de nouveau en 2024 et se représenter en 2030. En effet, l’ancienne cosmonaute Valentina Terechkova qui est aujourd’hui députée, a proposé cette possibilité. D’un point de vue législatif, cette motion pourrait passer sans problèmes. Il ne reste plus que l’accréditation du peuple russe. Poutine pourrait donc rester au pouvoir jusqu’en 2036 voire même plus si un nouveau stratagème pour une éventuelle nouvelle élection est trouvé. Cette nouvelle est passée inaperçue pourtant elle est essentielle d’un point de vue géopolitique. En effet, Poutine souhaite rebâtir un « Empire » russe. Il assoit sa puissance aux travers de démonstrations de force en Syrie, en Ukraine, … Les européens se crispent face à cette nouvelle menace. Les relations entre l’UE et la Russie sont très tendues. Moscou voit d’un mauvais œil l’élargissement de l’Union souvent accompagnée par un élargissement de l’OTAN. Moscou fait pression sur l’UE grâce aux minorités russophones présentes dans la majorité des pays de l’Europe de l’Est et grâce au gaz. 20% du gaz importé par l’UE provient de la Russie. Ainsi, Poutine pourrait continuer à faire pression sur l’UE à l’avenir pour réaffirmer la puissance russe. 

▪ Face aux arrivées de migrants en Europe, la Turquie fait chanter l’Union européenne. En effet, la Convention de Dublin signée entre tous les membres de l’Union doit « répartir » l’accueil des migrants entre les divers pays membres en fonction de leurs moyens. La Turquie bénéficiait d’un accord avec l’UE : en échange de l’accueil de la majorité des migrants, l’UE versait 5 milliards d’euros à la Turquie. Mais voilà, la Turquie a décidé d’ouvrir ses frontières avec la Grèce qui avait déjà du mal à gérer la crise migratoire de 2014. Pour la Turquie, cet accord avec l’UE peut lui permettre d’exercer de l’influence sur l’UE en la menaçant. En effet, la crise migratoire a déchiré l’UE à cause des variances de position concernant l’accueil ou non des migrants. La Turquie espère donc déstabiliser l’Union à travers cet acte. 

Amérique 

– L’Argentine traverse une période très difficile. En effet, le pays souffre d’une grave crise économique causée par une inflation record : plus de 50% du PIB. Le peuple argentin montre son mécontentement et sa colère envers son ancien président, Mauricio Macri, en manifestant. En effet, la population a dû se priver de certains achats alimentaires comme la viande, les légumes, … Mauricio Macri souffrait déjà d’une mauvaise image, il était comparé à un « gosse de riche ». Par ailleurs, cette inflation vient du fait que l’Argentine sous Macri s’est engagée à rembourser ses créanciers alors que Christina Kichner, l’ex-présidente, avait constamment refusé de le faire. Le nouveau président Alberto Fernández a annoncé ne pas encaisser la dernière partie du prêt du FMI, soit 11 milliards de dollar, pour éviter d’aggraver la situation. Asie – Aux Philippines, le gouvernement a annoncé un cessez-le-feu. En effet depuis l’arrivée au pouvoir du premier ministre philippin, Rodrigo Duterte, le pays est en guerre contre les narcotrafiquants. Le premier ministre en a fait un de ses axes dans sa politique interne. Cette guerre interne est comparable à celle menée par le Mexique depuis 2012. 

Afrique 

o En Tunisie, il y a eu des élections qui ont porté au pouvoir un nouveau gouvernement plutôt de centre-gauche. Ces élections se sont déroulées dans un contexte difficile. o Les conflits restent très intenses et se poursuivent dans des régions à risque, c’est-à-dire en Centrafrique et en Libye o Un cessez-le-feu a été trouvé au Cameroun. Un conflit se perpétuait au sein du pays car la partie anglophone porté par un groupe séparatiste souhaiterait se détacher du pays. o Le 23 mars 2020, une centaine de soldat tchadiens sont morts après des combats contre le groupe terroriste implanté dans cette région et affilié à Daech, Boko Haram. Cette attaque est une représailles car le chef du groupe terroriste rattaché à cette région a été tué lors d’une précédente attaque. Pour lutter contre ce groupe terroriste, les pays africains commencent à s’organiser. L’Union Africaine qui est une organisation qui réunit aujourd’hui tous les pays africains, demande l’envoi de 3000 hommes sur place. Par ailleurs, d’autres puissances étrangères sont présentes sur place pour lutter contre cette menace comme la France, les Etats-Unis, … 

Moyen Orient 

  • En Afghanistan, la situation géopolitique et sociale reste très délicate. Les meurtres et les combats continuent dans cette zone. 
  • Plusieurs cessez-le-feu ont été prononcés dans la région : au Yémen où une guerre confronte les rebelles chiites centrés au Nord du pays et le gouvernement actuel. Le conflit s’est internationalisé depuis l’intervention de l’Arabie Saoudite dans ce pays en 2015. Un cessez-le-feu a été également trouvé en Syrie. 
  • En Afghanistan, les Etats-Unis et les talibans ont trouvé un accord. Ce n’est pas un accord de paix mais cet accord prévoit le retrait progressif des forces armées américaines postées sur place. Plus de 13 000 soldats sont déployés. Cet accord suit l’annonce de Trump quelques mois auparavant qui voulait retirer la présence de ses soldats au Moyen-Orient et plus particulièrement en Syrie. De plus, cette décision a été motivée par la perte de soldats américains tués en Irak après un raid irakien sur une base américaine. En représailles, les Américains ont répondu par l’utilisation de drones. 
  • Le Liban, pays qui se situe sur la rive méditerranéenne, considéré comme la « Suisse du Moyen-Orient » s’est déclaré en cessation de paiement, c’est-à-dire que le Liban n’est plus capable de rembourser ses créanciers et la dette frôle l’équivalent de 170% du PIB. Les principales causes de cette banqueroute sont la situation économique du pays qui est très délicate, le détournement de fonds par l’élite libanaise et la concurrence entre la monnaie locale et le dollar. 
  • Les combats au nord de la Syrie s’intensifient. La situation géopolitique reste très compliquée et difficile à comprendre car plusieurs acteurs interviennent dans la région. Les forces turques ont décidé d’intervenir en Syrie afin d’obtenir depuis ses frontières une zone tampon de 30km pour protéger ses principaux axes de communication de tout type (oléoducs, …) vitaux pour le pays. Cependant, la mort de 30 soldats turcs sur le front aurait pu envenimer la situation. Les relations entre la Russie et le pays se tendent car la Russie soutient ouvertement le gouvernement syrien en place. Une rencontre s’est déroulée entre les deux chefs d’Etat afin de trouver un accord pour une trêve. En revanche, l’intervention turque pose plusieurs questions. En effet, la Turquie est membre de l’OTAN. Si, elle se sent menacée ou attaquée, le principe de solidarité incite les Etats membres à aider le pays s’il en a besoin. De ce fait, le conflit pourrait s’internationaliser et de nouveaux acteurs pourraient intervenir. 

Comme vous le voyez, le monde vit une période très difficile… Et le coronavirus ne facilite pas les choses. Il est tout aussi important de respecter les gestes barrières et les consignes imposées par le gouvernement. Oui vous pouvez dire que ce n’est qu’une grippe après tout, que ce n’est pas grave, … Pas grave pour vous, mais grave pour des patients à risque. Les hôpitaux sont désormais débordés et pour soutenir les soignants aux premières loges de cette lutte quotidienne, le meilleur moyen d’agir est de rester chez nous. La Fédé a aussi lancé un appel aux dons pour l’hôpital de Toulouse. Ces dons pourraient permettre d’améliorer le quotidien du personnel soignant. Alors n’hésitez-pas à donner. Le lien se trouvera à la fin de cet article. 

Mais ne broyons pas que du noir, il y a aussi eu des bonnes nouvelles ce mois-ci : 

  1. Des cessez-le-feu trouvés dans la majorité des zones à risque
  2. Le retour des « boys », soldats américains, à la maison
  3. L’Ecosse a annoncé le remboursement intégral pour tout achat de serviettes hygiéniques
  4. Il y a 2 semaines, la Thaïlande a ouvert un dialogue concernant la légalisation de l’IVG 

Il est parfois important de ne plus penser à ce covid et de voir ce qu’il se passe ailleurs. 

Prenez soin de vous et de vos proches 

Gui2