Bruno Le Maire : 1er de la classe à la peine dans l’Emission Politique de France 2

Bruno Le Maire : 1er de la classe à la peine dans l’Emission Politique de France 2

 

D’emblée, Bruno Le Maire le reconnaît : son premier débat de la primaire dite de la droite et du centre a été un échec. L’essentiel, c’est de « remonter sur son cheval ». Mais les temps sont durs pour le député de l’Eure, quatrième dans les sondages derrière Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et François Fillon. Il était dans l’Emission Politique de France 2 il y a dix jours et nous n’avons pas manqué de le regarder. Voici notre recap.
Recap
Le prétendant à la candidature suprême est bien évidemment intervenu sur le sujet phare de ces derniers jours : la mobilisation des policiers dans toute la France. L’occasion de tacler Nicolas Sarkozy, auquel il espérait bien, il y a peu de temps encore, ravir la place de deuxième de ces primaires : « Réduire les effectifs entre 2007 et 2012 était une erreur ». Lui se veut à l’écoute de la réalité du terrain : « BLM » comprend les difficultés des policiers ainsi que la complexité des relations police-justice.
Bruno Le Maire, l’un des rares politiques – avec Emmanuel Macron, est-ce générationnel ? – à avoir démissionné de la fonction publique, revient sur sa proposition de supprimer l’ENA et se positionne davantage pour un système de haute fonction publique au mérite, prenant l’exemple des militaires.
Autre grand sujet de société : le burkini. Le député de l’Eure se prononce en faveur de son interdiction ainsi que d’une loi qui déterminerait très précisément ce qu’il est autorisé ou non de porter.
Comme il est d’usage dans l’émission, Bruno Le Maire a dû répondre à des contradicteurs. Face à Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif dite pour Tous, il tente une position médiane. Pas question de revenir sur le mariage homosexuel mais en revanche, pas question non plus d’aller plus loin sur le registre de la filiation. Pas de PMA ni de GPA pour Bruno Le Maire. Il prend tout de même le soin de signaler les convergences de valeurs entre Ludovine de la Rochère et lui-même.
Mais l’échange que les réseaux sociaux ont décidé de retenir est celui qui l’a opposé à Ghislaine Joachim Arnaud, secrétaire générale de la CGT Martinique. L’échange est plus que tendu : « tout ça, c’est du pipi de chat », lui lance la CGTiste, refusant l’infantilisation et le tutoiement du candidat.
Sur le thème de l’emploi, étonnamment absent de la campagne pour le moment, le candidat du Renouveau défend l’idée d’une nouvelle ASU (allocation de solidarité unique), plafonnée à 60% du SMIC, qui fusionnerait le RSA, l’ASS (allocation de solidarité spécifique), la prime d’activité, les allocations logement et les droits connexes locaux. Aux bénéficiaires de cette allocation, il proposerait des emplois rebonds spécifiques, rémunérés sous le smic.
Bruno Le Maire rejette le qualificatif de libéral ; malgré tout, il souhaite mettre l’Etat au régime avec la suppression de 280 000 contrats aidés (presque les trois quarts donc) et de 220 000 postes de fonctionnaires (dont des postes d’enseignants) ainsi que de la fonction publique territoriale. Comme tous les autres candidats à droite (exceptée NKM), il inscrit la suppression de l’ISF à son programme.
Sur la question migratoire, le député de l’Eure considère que l’immigration massive n’a pas affaibli la France : c’est l’Islam politique qui joue ce rôle, c’est lui l’ennemi à combattre de la France – bien qu’il ait du mal à expliquer comment –.
Concernant la situation internationale, BLM se dit favorable à l’envoi de troupes au sol en Syrie, au sein d’une coalition, et défend un partenariat avec la Russie dans les conflits.
Notre parti pris
Bruno Le Maire est aujourd’hui dans une position compliquée ; après avoir titillé Nicolas Sarkozy à la présidence de feu l’UMP, après avoir été longtemps perçu comme le troisième homme de ces primaires, le voilà relégué à la 4ème place : celle de la médaille en chocolat. Le candidat du Renouveau est en mauvaise posture à une vingtaine de jours du premier tour de la primaire de la droite et du centre ; et ce n’est pas son intervention sur France 2, la plus mauvaise audience de l’émission depuis ses débuts, qui va redorer son blason.
Mais sur le plan des idées, le député de l’Eure peine à se démarquer : suppression de postes de fonctionnaires, d’enseignants, fin de l’ISF, interdiction du burkini, adhésion aux valeurs de la Manif pour Tous… Ses propositions sont somme toute assez communes à droite. Et s’il refuse l’étiquette libérale (tout comme Fillon qui lui préfère « pragmatique », le libéralisme serait-il devenu un gros mot à droite ? ), c’est pour proposer un libéralisme de connivence.
Aujourd’hui, les think tank les plus libéraux – et qualitatifs – d’Europe, à l’instar de Génération Libre, proposent de véritables réflexions sur les mutations du travail et notamment le revenu universel de base (qui remplacerait uniquement le RSA et non toutes les allocations) comme réponse à la pauvreté extrême. Quoi qu’on pense du libéralisme, il s’agit de réflexions universelles, au-delà des courants politiques et que chacun peut s’approprier et nuancer. A l’inverse, le libéralisme de connivence qui pourrait définir BLM, est ce que la droite fait de pire. BLM propose ainsi l’instauration d’une ASU à 60% de SMIC mais qui remplacerait une très grande partie des allocations existantes sans tenir compte des besoins des uns et des autres (allocations logements par exemple) et qui ne supprimerait en aucun cas l’humiliation et le temps perdu à la bureaucratie de l’actuel RSA, qui freine la recherche d’emploi (ce qu’un revenu universel supprimerait immédiatement en tant qu’il serait inconditionnel).
Au programme également, la suppression de postes dans l’enseignement (mais comment peut-on être libéral économiquement – même si BLM s’en défend – sans prôner une éducation de qualité pour tous, qui permettrait à chacun d’être libre de ses choix et de décider en toute conscience), suppression de l’ISF (plutôt qu’une obligation d’investissement, bien plus intelligente et adaptée, comme le propose NKM), attachement aux valeurs « de la famille » (mais seulement si on a la bonne appétence sexuelle).
Enfin, son intervention sur le burkini, et sa volonté d’édicter « ce qu’il est légal ou non de porter », quoi qu’on pense du voile, du wahhabisme et de l’islam politique, ne ferait qu’exacerber les passions dans un pays déjà en quête d’identité en plus que la mesure serait intrinsèquement tyrannique.

 

Un gros virage à droite donc, qui ne présage rien de bon pour un homme qui se présentait jusque là, à l’image d’Alain Juppé, comme un centriste dans la grande maison des Républicains.
Juppé : à droite toute !

Juppé : à droite toute !

Paradoxalement, jeudi dernier, les yeux des téléspectateurs n’étaient pas rivés sur Alain Juppé ; c’est bien plus l’autre casting de l’Emission Politique, à savoir ses interlocuteurs, qui a fait le buzz. Quelle mouche avait donc piqué les journalistes de France 2 ? Entre l’ancien trader « repris de justice » Jérôme Kerviel, le youtubeur Jhon Rachid et le très controversé maire de Bézier et proche du Front National Robert Ménard… Voici notre recap. 
 
Récap
Politiquement, Alain Juppé a égrené son refrain favori : face au candidat qui clive, il se pose en « candidat du rassemblement ». Des termes qui ne sont pas sans rappeler ceux d’un certain François Hollande en 2012. Sa référence politique ? « Le général de Gaulle »… Comme une obligation à la primaire des Républicains.
En matière d’immigration, il se targue d’être l’homme du parler vrai et non celui de la démagogie : il faut accueillir les migrants, mais de manière contrôlée, encadrée. Schengen et le contrôle des frontières doivent être renégociés ; il s’agit d’un défi considérable. Quant à l’immigration illégale, Alain Juppé, face à Nicolas Sarkozy qui appelle à un référendum le jour du deuxième tour des législatives, souhaite durcir les conditions du regroupement familial.
Interrogé à plusieurs reprises au sujet de son âge vieillissant, par le youtubeur Jhon Rachid ainsi que par l’humoriste Charline Vanhoenacker, arrivée avec un skateboard sur le plateau, l’ancien locataire de Matignon s’est défendu : à ceux qui l’accusent de manquer d’énergie, il rétorque que le plus important est de savoir bien s’entourer, mettant en exergue sa politique bordelaise.
En termes de politique pénale, il prône la suppression des réductions automatiques de peines, le rétablissement des peines plancher ainsi que la construction de 10 000 places de prison et la création d’une police pénitentiaire dont la mission serait de faire du renseignement à l’intérieur des prisons. Aujourd’hui, souligne-t-il, la justice concentre 2% du budget de l’Etat : c’est insuffisant.
Sur le plan économique, Alain Juppé s’est posé en ultra-libéral : flexibilisation des entreprises, mais aussi développement de l’apprentissage et de la formation en alternance, dès la classe de 5ème.
Son objectif, « c’est le plein emploi ». Pour lutter contre le chômage, M. Juppé propose une dégressivité des allocations chômage (plancher à 870 euros puis dégressivité au bout d’un an, puis au bout de 18 mois) qu’il conditionne à la reprise de l’activité économique. Toujours dans une optique très libérale, le meneur de la réforme des régimes spéciaux de 1995 annonce la couleur avant l’élection : 39 heures et retraite à 65 ans. Sans compter l’augmentation de la TVA qui compenserait la baisse des charges des entreprises !
Quant à la politique industrielle, Juppé se pose en contradicteur de Montebourg, deux semaines plus tôt : « L’Etat est un mauvais actionnaire », il faut accepter de se retirer du capital d’entreprises jugées faibles. Il faut enfin baisser les charges afin de favoriser la production sur le territoire français, tout en s’abstenant de s’enfermer derrière des barrières protectionnistes.
Sur le plan européen, Alain Juppé souhaite redonner une voix à la France afin qu’elle soit de nouveau écoutée au sein de l’Union Européenne.
Sur le plan international, il appelle les Russes à réfléchir : Daech est l’ennemi numéro 1 mais cela ne doit pas occulter les responsabilités de Bachar El Assad.
Notre parti pris
Deux heures face aux Français durant lesquelles Alain Juppé ne s’est pas laissé mettre en boîte par Léa Salamé, intervieweuse choc de l’émission, qui a eu du mal à lui imposer son style, un brin arrogant, un brin insolent. C’est sans trop de difficultés que l’ancien locataire de Matignon repartira – en skate ou non – à Bordeaux après cette émission.
Tout comme François Hollande en 2012, Alain Juppé se pose avant tout en rassembleur des Français et de son propre camp. Il opte pour des figures traditionnelles de la droite (De Gaulle), ne se prononce pas ou prou au sujet de la Syrie, de l’Union Européenne, de la Syrie, de l’immigration, annonce une demi-mesure sur le regroupement familial… si ce n’est économiquement et pénalement, peu de positions très tranchées susceptibles de cliver, mais des positions pour le moins floues qui, par certains aspects, rappellent le loup de Martine Aubry : Alain Juppé se préserve. On semble face à des recettes traditionnelles dans une primaire de droite sans aucun effort particulier d’imagination.
Mais ce que l’on retient avant tout de ce Grand Oral, c’est la surenchère libérale et pénale : à droite toute !
Entre 39 heures et retraite à 65 ans, on assiste à ce que la droite fait de pire : un pseudo-libéralisme traditionnel, presque conformiste (c’est un comble !). Au lieu de penser le travail différemment et proposer des réformes de profondeur (un autre système des retraites, une réflexion et une réinvention des contrats de travail comme le sous-entend Jean Tirole avec le contrat de travail unique…), les Républicains semblent revenir à leurs poncifs : travailler plus pour gagner plus. Sur un plan moral, pourquoi pas.
Mais entre vieillissement de la population et automatisation, le « plein emploi » si cher à Alain Juppé ne sera bientôt plus une option ; et il sera trop tard pour mettre en place des réformes nouvelles, une philosophie du travail novatrice (revenu universel de base, idée, rappelons-le, issue de la pensée de Thomas Paine, lui-même grand penseur libéral, et pourtant peu envisagée par les Républicains) sans sacrifier une génération entière. Par ailleurs, on comprend mal comment la hausse de la TVA, donc la baisse de la consommation, pourrait conduire à une meilleure santé économique des entreprises françaises (dans une France traditionnellement plus importatrice qu’exportatrice).
Sur le plan pénal, toujours plus de prisons et moins de « laxisme ». Le candidat à la primaire de droite semble s’aligner sur l’électorat militant des Républicains, en dépit du bon sens : la radicalisation s’opère en prison, alors à quoi bon y envoyer M. Chat ou un petit délinquant ? Pourquoi ne pas repenser des peines plus efficaces ? Si le crime coûte financièrement beaucoup plus cher à commettre que son coût de revient, la logique voudrait qu’on tende à un amoindrissement de la petite délinquance, comme le souligne Gaspard Koenig (peu soupçonnable de gauchisation de la société).
Otage de l’électorat de gauche, sans lequel Alain Juppé ne remportera jamais la primaire, ce dernier a cependant cédé à la course aux voix de droite ; mais ce faisant, son positionnement, trop flou à bien des égards, trop marqu, risque de mettre en péril sa réussite.
En tout cas, quel que soit le regard que l’on porte sur ses propos, dans la primaire des Républicains, le favori à l’investiture peut déjà se targuer d’une victoire médiatique : avoir réuni 60 000 spectateurs de plus que son principal rival Nicolas Sarkozy, invité trois semaines plus tôt de l’Emission Politique.

Marine
Le Grand Oral d’Arnaud Montebourg dans l’émission politique

Le Grand Oral d’Arnaud Montebourg dans l’émission politique

 
 
 
Jeudi dernier, Arnaud Montebourg ne s’est pas défilé ; il était bien présent face à Léa Salamé et David Pujadas dans l’Émission Politique de France 2… Voici notre recap


Récap
En matière d’économie, l’ancien locataire de Bercy est resté fidèle à sa ligne : bien qu’ayant troqué sa marinière contre un costume cravate, le credo reste le même : pour sauver et créer des emplois, priorité à l’industrie. Face au syndicaliste d’Aulnay, le CGTiste Jean-Pierre Mercier, Montebourg a défendu son bilan ; il n’a pas pu sauver Aulnay, mais en faisant passer 14% du capital de Peugeot sous le contrôle de l’État, il considère avoir sauvé l’entreprise, donc des milliers d’emplois. Arnaud Montebourg n’estime pas pour autant que toutes les entreprises peuvent et doivent être sauvées ; mais « dans de nombreux cas, l’activité n’est pas condamnée, il faut restructurer ».
À propos de la fiscalité, il s’est prononcé pour une baisse de l’impôt des classes moyennes et populaires qui passera par une baisse de la CSG. La mise en œuvre de son programme – 30 milliards d’investissements, 10 sous forme de baisse d’impôts et 20 sous forme d’investissements dans les collectivités locales et les infrastructures – permettrait une diminution de 500 000 chômeurs et 2% de croissance supplémentaire.
Concernant l’Union Européenne, le chantre de la démondialisation dénonce la germanisation de Bruxelles et souhaite un meilleur équilibre ; il préconise une réorientation des traités qui permettrait un rééquilibrage des pouvoirs. En revanche, contrairement à Jean-Luc Mélenchon, autre candidat à la présidentielle, la question de la sortie de la zone euro et de l’Union Européenne ne se pose pas. Malgré tout, il faudrait « aller casser de la vaisselle à Bruxelles ».
Sur l’écologie, il reprend le credo de Nicolas Hulot selon lequel l’énergie nucléaire est un moindre mal. Le mix énergétique du nucléaire et des énergies renouvelables permettrait de s’affranchir du fossile ; la priorité étant pour lui la lutte contre le réchauffement climatique. Cette position lui a valu une rupture avec les Verts.
À propos des grandes questions internationales, Arnaud Montebourg a défendu l’opération Serval au Mali décidée par François Hollande. Plus réticent concernant l’intervention en Irak de 2014, il considère désormais qu’il faut aller jusqu’au bout.
Sur le terrain de l’immigration, il paraphrase Rocard qui voulait que la France ne puisse accueillir toute la misère du monde mais qu’elle en prenne sa juste part. Il estime la politique migratoire (1 million de réfugiés) d’Angela Merkel trop importante pour être imitée par la France ; la répartition des migrants devrait s’effectuer, selon lui, sur la base du volontariat.
En matière d’identité nationale, l’ancien cadre d’Habitat condamne les arrêtés anti-burkinis ; tout comme Christiane Taubira, il estime que tout ce qui l’incommode ou le dérange ne saurait être interdit. « L’Islam, comme toutes les religions, est compatible avec la République, à condition qu’il en respecte les principes et les lois » ; mais il propose de clarifier son financement.
En ce qui concerne le terrorisme, il préconise la création d’un service national obligatoire. En revanche, il se prononce en défaveur de la déchéance de nationalité envisagée un temps par le gouvernement – un dérapage selon lui – et critique vivement la proposition de Nicolas Sarkozy d’établir un centre de rétention pour radicalisés qui ferait entrer la France dans « l’ère des suspects ». Il accuse également l’ancien Président de la République d’avoir affaibli les forces de police et les services secrets en pratiquant des suppressions massives d’effectifs durant son mandat.
Notre parti pris
Les audiences ne s’y trompent pas ; avec 800 000 téléspectateurs de moins que son prédécesseur Nicolas Sarkozy, Arnaud Montebourg n’a pas véritablement fait le spectacle jeudi soir, ni convaincu les électeurs, tant dans son propre camp (près de 50% d’approbation) que sur l’ensemble des Français (aux alentours de 30%).
Sa volonté, aujourd’hui, de fédérer le plus grand nombre le conduit à prendre des positions médianes et à adopter un discours plus convenu, aux antipodes de l’image de trublion qu’il s’était forgée au gouvernement.
Aujourd’hui, Arnaud Montebourg a du mal à clarifier son positionnement ; il s’est fait ravir la notion de renouveau, de modernité, par son successeur à Bercy, Emmanuel Macron ; il peine, d’un autre côté, à incarner la ligne d’une gauche plus traditionnelle que personnifie aujourd’hui Jean-Luc Mélenchon.
Au-delà des grands principes, son programme économique reste assez flou ; il incarne la gauche industrielle, soutien traditionnel du secondaire, à un moment où l’économie et le monde du travail sont en pleine révolution ; à l’heure des nouvelles technologies, de l’explosion du tertiaire, d’internet, des services, peut-être faudrait-il davantage miser sur les reconversions et de nouvelles manières de penser le monde du travail – avec, par exemple, le revenu universel de base au coeur de cette nouvelle conception – plutôt que de s’arc-bouter à soutenir des secteurs condamnés à terme.
Sa recherche du consensus à tout prix l’empêche de prendre des positions claires sur des grandes questions de société qui agitent la France : il se prononce en faveur de l’accueil des migrants mais n’annonce pas de seuil d’acceptabilité ; de la même manière, aucun chiffrage sur les proportions entre énergies renouvelables et énergie nucléaire ; concernant les opérations militaires de 2014 en Irak, même flottement dans les propos : il semble davantage décidé à subir l’interventionnisme de ses prédécesseurs plutôt que d’assumer ses propres positions. On reste également perplexe, tout comme François Lenglet, devant les chiffrages de son programme économique : comment ces investissements de 30 milliards d’euros – 10 sous forme de baisses d’impôts et 20 sous forme d’investissements dans les collectivités locales et les infrastructures – permettraient une croissance de 2% et une diminution de 500 000 demandeurs d’emplois ?
Aujourd’hui pris en étau entre une gauche plus radicale incarnée par l’euro-pessimiste Jean-Luc Mélenchon, et une gauche progressiste et réformiste personnifiée par le juvénile Emmanuel Macron, Arnaud Montebourg ne gardera sans doute pas très longtemps le melon que lui tendait en fin d’émission l’humoriste Charline Vanhoenacker.