Corée du Nord/Corée du Sud : vers une normalisation des relations?


Publié le 3 octobre 2018

Les tensions sur la péninsule coréenne ont atteint des sommets en 2017. La Corée du Nord a marqué le début de l’été en annonçant avoir réussi son premier tir de missile intercontinental, en direction du continent américain, et plus particulièrement des Etats-Unis.

Pourtant… Janvier 2018 : Jeux Olympiques d’hiver de Pyeonchang… Une équipe de hockey commune aux deux Corées (une première depuis 1991). Différences de mots techniques, pom-pom girls et défilés nord-coréens dignes de l’URSS de Staline, hockeyeuses « sacrifiées » dans un intérêt politique pour les Sud-Coréens… face à cet événement, les divergences et critiques ont été nombreuses.

Mais comment la Corée du Nord est-elle devenue une menace ?

Frontalière de la Chine, de la Russie et de la Corée du Sud, la Corée du Nord subit un des régimes les plus répressifs au monde. Annexée par le Japon 1910, la Corée est divisée en deux Etats en 1945. Elle a subi la logique de la Guerre froide lors de la guerre de Corée (1950-1953). Aujourd’hui, la Corée du Nord est le seul pays dans lequel un véritable pouvoir dynastique, celui des Kim, est encore en place. Aujourd’hui, on dénombre entre 80 et 100 mille personnes détenues dans des camps de prisonniers politiques, situés dans des régions interdites d’accès, et dont l’existence est niée par le régime en place. Les purges sont plus que nombreuses et Kim Jong-un est accusé d’avoir exécuté plus de 70 hauts fonctionnaires du régime, y compris son oncle, numéro 2 du régime, son ministre de la défense et son demi-frère !!

En plus de cette répression interne à haut niveau, la Corée du Nord mène une politique extérieure particulièrement agressive. Tunnels destinés à une éventuelle annexion de son voisin, torpillages de bateaux Sud-Coréens, bombardements d’îles… La Corée du Nord tente à tout prix d’intimider ses voisins et de consolider son pouvoir.

Les différentes tentatives du pays de se doter de la bombe nucléaire constituent un point chaud (on pourrait même dire explosif !) des relations entre les deux Corée. Après s’être retiré du TNP (traité de non-prolifération atomique) en 2003, Kim Jong-il, puis son fils Kim Jong-un ont tenté de se doter de l’arme atomique. Après de nombreux essais, qui ont valu au pays sanctions économiques sur sanctions économiques, la Corée du Nord a finalement réussi son premier test l’année dernière. La Chine, seule alliée du pays voit cependant d’un mauvais œil la prolifération nucléaire dans une région où elle voudrait seule exercer son influence. Les Etats-Unis, quant à eux, s’inquiètent de cette menace posée directement sur eux. Depuis l’élection de Donald Trump, les tensions sont exacerbées et les menaces de moins en moins voilées (« Be careful Rocket Man ! » avait tweeté Donald Trump).

Le pays était isolé par la communauté internationale jusqu’à aujourd’hui. Après les premiers essais nucléaires nord-coréens (sans succès) en 2006, le Conseil de Sécurité de l’ONU a pris des sanctions économiques contre le pays : réductions des exportations de pétrole, interdiction d’accueillir des travailleurs nord-coréens envoyés par le régime à l’étranger, gels des avoirs et interdiction de voyager des proches de Kim Jong-un, embargo sur les armes… Pas moins de dix sanctions commerciales à l’encontre du pays ont été mises en place. Ces sanctions ont été qualifiées « d’actes de guerre » par le dictateur.

Vers la réconciliation… ou tout du moins une coopération

Cependant, depuis le mois de mars, les tensions semblent retomber. La Corée du Sud et la Corée du Nord se sont mises d’accord sur la tenue d’un sommet entre les deux pays, dans le village de Panmunjom, au milieu de la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux pays. Kim Jong-un et le président Sud-coréen Moon Jae-in ont traversé, main dans la main, dans un sens puis dans l’autre cette frontière.  Rencontre symbolique, mais pas que… L’espoir d’une réconciliation dépasse la péninsule coréenne, où la tension était encore à son comble il y a seulement quelques mois. Le risque de prolifération concerne la planète entière, et une guerre entre les deux pays aurait eu des conséquences désastreuses pour les Etats-Unis mais aussi l’Asie toute entière.

Il ne faut cependant pas être naïfs… Ce n’est en effet pas la première rencontre intercoréenne. L’entrée des Etats-Unis dans le jeu va peut-être pouvoir influencer dans le bon sens les négociations. Il est également possible que la Corée du Nord se place, dans ces négociations en position de force, étant donné qu’elle a réussi son programme nucléaire. Autre facteur possible : le poids des sanctions internationales qui pèsent de plus en plus sur l’économie du pays…

Si la déclaration de Panmunjom fait état d’une dénucléarisation complète du pays, rien n’est dit sur les mécanismes de vérification du démantèlement et aucun calendrier précis ne vient encadrer cette décision. Alors à quel point cette information est-elle fiable ? Lors de la rencontre, Kim Jong-un s’est engagé à fermer au mois de mai le principal site d’essais nucléaires, sous les yeux du monde extérieur. Il a en effet promis d’inviter des experts Sud-coréens et Américains, ainsi que des journalistes pour « révéler le processus à la communauté internationale de manière transparente ». Un problème important est soulevé cependant… Selon certains experts, ce site serait déjà hors d’usage et la coopération du dictateur Nord-coréen ne serait donc qu’une simple façade.

Pour continuer sur la voie de la coopération, Donald Trump a accepté de rencontrer son homologue Nord-coréen. Le sommet entre les deux chefs d’Etats a eu lieu à Singapour et a permis de montrer à la communauté internationale la volonté de compromis des deux parties prenantes. La Chine, seule alliée de Pyeonchang, a toujours poussé les Etats-Unis à dialoguer avec la Corée du Nord, et n’entend pas rester à l’écart pendant ces discussions.

En attendant, un sommet entre le Japon, la Chine et la Corée du Sud a eu lieu le 9 mai à Tokyo, pour « confirmer la coopération ». Les trois pays voisins ont des relations particulières avec Pyeonchang et sont impliqués dans la crise avec la Corée du Nord : la Corée du Sud en tant que voisin et ancien adversaire pendant la guerre de Corée de 1950-1953, le Japon en tant qu’allié-clé des Etats-Unis dans la région et cible potentielle des missiles nord-coréens et la Chine en qualité de principal partenaire diplomatique et commercial du pays. Et le rapprochement continue avec l’ouverture d’une ambassade commune aux deux Corées sur la DMZ…

 

 

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