Restriction du port d’armes aux États-Unis : un idéal encore utopique ?


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Publié le 10 novembre 2017

Les États-Unis, nation d’abondance et de richesse, véritable terre d’opportunités, berceau des nouvelles révolutions industrielles et numériques, n’ont cessé (et encore aujourd’hui) de nous faire rêver. Qui n’a jamais eu envie de visiter New York ? Ou d’admirer les paysages sans fin de la Californie ? En effet, cette « terre promise » continue et continuera de nous émerveiller, de nous transporter. Néanmoins, certaines polémiques viennent troubler la tranquillité qui semble y régner. Le mois dernier, Stephen Paddock, a ouvert le feu sur la foule depuis sa chambre d’hôtel, une soixantaine de personnes ont alors trouvé la mort à Las Vegas, lors de la tuerie la plus meurtrière de l’histoire des Etats-Unis à ce jour.  Un évènement qui vient une nouvelle fois raviver les débats sur le port d’armes dans le pays. Alors, quelle place doit-on accorder à cette pratique dans la société américaine? Faut-il supprimer ce droit, considéré par les Américains comme un des fondements de leur liberté ?

Un symbole d’indépendance et de liberté

Le port d’armes, garanti par le 2e amendement de la constitution américaine est considéré comme un symbole de l’indépendance du pays, et par conséquent, une liberté fondamentale qui ne cesse de rappeler aux Américains la force de leur peuple. Ancré dans toutes les mentalités, cet amendement est indiscutable. La National Rifle Association, se targue de répéter qu’il ne s’agit que de la pure défense. Le puissant lobby pro-armes à feu soutient cette hypothèse tout comme les entreprises spécialisées dans le secteur, à l’image de la Boise Gun Company, dont un des managers ne cesse de clamer que « ce ne sont pas les armes qui tuent, ce sont les hommes ».

Enfin, n’oublions pas qu’au pays du dollar «gun is good for business», avant d’être la défense d’une liberté, la vente d’armes génère un chiffre d’affaires de 7 à 8 milliards de dollars par an et produit environ 11 000 emplois, ce qui a de quoi décourager toute réforme pour l’annulation des ventes.

Véritable symbole de la société américaine et business aux impacts non négligeables, la préservation du port d’armes semble irréfutable. Cependant, celle-ci est également au cœur des polémiques du pays et  facteur de fracture, entre une Amérique garante des droits fondamentaux et une plus réformiste.

Un droit de plus en plus contesté

On compterait environ 88 armes pour 100 personnes. Les États-Unis, pays où les violences par armes à feu sont quotidiennes, sont parmi les États occidentaux, celui où la proportion de tués par balle est la plus élevée. Las Vegas, Orlando, Aurora ou Colombine ne sont que des exemples de tuerie parmi d’autres. Mais, à chaque fois, les problèmes que pose le 2e amendement sont montrés du doigt. Sans aller jusqu’à remettre en cause le droit du « carry guns », certains s’inquiètent de leur prolifération et voudraient mettre en place un contrôle et une régularisation plus juste. C’est ce qu’Obama avait d’ailleurs tenté de faire mais sans succès : tout vendeur aurait dû posséder une licence et vérifier le passé judiciaire de l’acheteur. Une vérification sur la santé mentale de certains était aussi requise. L’ancien président n’a cependant pas réussi à mettre en place une législation suffisamment stricte et il en va de pair que ces mesures ont été abandonnées avec l’élection de Donald Trump.

Le président a en effet placé le débat au cœur de sa course à la maison blanche allant jusqu’à dire qu’ «à Paris, personne n’avait d’armes à part les terroristes, mais si les spectateurs avaient eu une arme et le droit de l’avoir sur eux, la situation aurait été différente » concernant les attaques terroristes de Novembre 2015.

Mais alors une solution est-elle actuellement possible ? Peut-on attendre du président des États-Unis un revirement sur ces promesses de campagne au vu des récents évènements ?

Une solution est-elle possible ?

Même après la tuerie de Las Vegas, la situation semble toujours favorable au droit du port d’armes pour deux raisons.

En premier lieu, Trump a été élu grâce au lobby des armes : la NRA a contribué à sa campagne et continue de soutenir les Républicains : 205 Républicains sur 435 membres de la chambre des représentants auraient reçu des donations. Loyal et reconnaissant, le président ne peut aller en sens inverse.

Enfin, même si certaines personnalités sortent de l’ombre pour exprimer leur défaveur à la continuation de la politique sur le port d’armes, ceux-ci ne représentent pas la majorité des Américains et l’opinion publique reste actuellement, et comme elle l’a toujours été, favorable à ce droit.

Ainsi, même si constamment contesté, le port d’armes n’en demeure pas moins un symbole de liberté fondamentale pour les Américains. Liberté, qui comme le dit Tocqueville « répand dans tout le corps social une activité, une force, une énergie». L’arme à feu reste célébrée comme un objet culturel, des westerns et rodéos aux foires et salons organisés. Le sujet interpelle, divise et choque mais piétine si ce n’est qu’il ne reste figé. Reste alors à savoir si, un jour, un compromis sera trouvé entre la liberté que ce droit procure et la dangerosité qu’il engendre.

 

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