Les revenants, la saison 2 est (enfin) en route


Publié le 3 février 2015
Il y a plus de deux ans, une série française a séduit le petit écran, allant jusqu’à convaincre même certains critiques outre-Atlantique, ce qui est assez rare pour le noter. Cette série s’appelle les revenants et possède des arguments de poids qui viennent largement combler certaines lacunes perceptibles. Sans doute semble-t-il étrange de déterrer une série qui commence à être ancienne, mais c’est maintenant officiel après tant d’attente, la saison 2 est en cours de route, ce qui ne peut que nous réjouir et qui mérite bien un petit article sur la première saison.
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Un envoûtement
Dès les premières notes et images du générique, musique composée par le groupe écossais Mogwai qui colle parfaitement à la série, la série attire et intéresse. Entrée en matière mystique, atmosphère délavée, mélancolique, lente et complexe, Les revenants explore le thème du deuil, des secrets des vivants et de ceux qui ne parviennent pas à surmonter leurs difficultés suite à la mort d’un proche. C’est une série au rythme lent, intellectuel et sensible où se côtoient la banalité d’une petite ville française et un surnaturel d’abord discret, puis de plus en plus palpable et inquiétant. Il semble régner constamment dans ce petit village une sorte de brume sans soleil. L’image est pâle, élégamment désaturée, ce ne sera pas un conte joyeux et ces choix esthétiques s’accentuent dans la série à l’approche du final pour donner des sens à des scènes surréalistes qui parviennent à poser une ambiance lourde et inquiétante.
Les revenants ne sont pas des zombies, ce sont juste des gens qui reviennent après des années. Déboussolés, ils tentent de retrouver leur place quand les autres avaient parfois surmonté leur absence. Ils ne sont pas à leur place, semblent décalés dans un monde où leurs connaissances comme les lieux ont changé. Le surnaturel se fait rare dans les séries françaises, seules quelques webséries comme Gabriel s’étaient lancé dans ce domaine boudé des grosses productions. Mais les revenants ne s’emparent du sujet comme le ferait une autre série, des critiques américains avaient en effet salué la série par son traitement très intellectualisé du sujet, comme si comme pour les films d’auteurs français réputés très cérébraux, elle marquait l’apparition d’une patte typiquement hexagonale.
Un casting de premier choix
La série a su trouver les talents nécessaires, et même certaines têtes déjà bien connues : Frédéric Pierrot en père alcoolique rongé par la douleur et la culpabilité, Samir Guesmi en flic d’apparence droit et très (trop) protecteur envers sa fiancée… La jeune fille qui joue Camille est également extrêmement impressionnante et Simon, jeune homme décédé le jour de son mariage est porté à l’écran par Pierre Perrier, image parfaite courante dans les films français des beaux gosses ténébreux/dépressifs/mystérieux/artistes (spécial dédicace à Louis Garrel). Et bien sûr Pierre, le bigot psychologue et abbé Pierre du coin, qui a tendance à vite devenir suspect avec sa tête mielleuse et ses bons sentiments qu’il distribue à la truelle.
Car les vivants ne sont pas beaucoup mieux lotis que les revenants. Rongés, dépressifs, ils cachent tous sans exception une part extrêmement sombre. Il existe une étrange dualité dans chaque personnage, chacun composé d’un Dr Jekyll respectable et d’un Mr Hyde bardé de secrets. Blessures secrètes, douleurs lointaines, culpabilité, les revenants raniment les vieilles meurtrissures et ces personnages torturés ou simplement sont tous parfaitement convaincants.
Mais dotée de certains défauts
On peut bien sûr remettre en question certains choix. Je trouve pour ma part que l’introduction du tueur en série est assez mal incorporée, disons un peu maladroite et apparaît comme assez incongrue. De même, qui laisse des lycéens faire des concours de shots tous les soirs dans le bar glauque du coin ? Ou même cette médium qui n’a des visions qu’en culbutant des hommes consentants ? pourquoi ? Il s’agit sans doute de choix pour apporter maturité et gravité à la série, mais ce sont pour moi des options scénaristiques qui auraient être plus habile dans leur traitement.
Mais ce qui vraiment peut troubler dans cette première saison, c’est que l’on nous laisse avec beaucoup de questions. Le scénario a jalonné de multiples indices et pistes, mais le dernier épisode ne nous éclaire que finalement peu et beaucoup de zones d’ombre demeurent, d’où la joie en apprenant la lancée de la seconde saison. En effet, la fin de cette première saison laissait un certain goût d’inachevé et décevait. Elle laisse la désagréable impression d’avoir affaire à un lost bis qui égraine les pistes à tout bout de champ sans ne serait-ce qu’esquisser une réponse.

 

Série audacieuse et d’excellente facture, Les revenants renouvellent la série française en lui donnant un aspect et une atmosphère particuliers. Avec de bonnes critiques outre-atlantique, elle risque cependant à trop se faire attendre de perdre son public.
Camille Barbry

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